Salut Feel,
Tu dis :
on peut faire la même chose avec les fées ou le monstres du Loch Ness et modifier leurs définitions pour qu'ils puissent exister eux aussi. Si une personne me demande si je crois aux farfadets ou à la licorne rose, je répondrai «Non» et pas «Dites-moi d'abord ce que vous entendez par là...»
Admets quand même que la polysémie du mot
"dieu" est beaucoup plus large que celle de
"monstre du Loch Ness" ou de
"licorne rose".
Si on n'a pas le droit de raffiner la question et qu'on DOIT choisir entre
"oui" ou
"non" (sans nuance de gris), le mieux à faire est de prendre une sorte de définition médiane, disons la définition de l'homme de la rue. Tant pour Dieu que pour les fées.
Tu dis :
j'aurai des scrupules à définir Dieu comme étant "tout".
En effet, c'est une définition marginale, plus "vide en attributs" que la définition médiane de l'homme de la rue.
Wikipedia a écrit :Dans les religions monothéistes, Dieu est une entité suprême, unique, immatérielle, dotée d'une puissance surnaturelle et d'une perfection absolue. Ce Dieu est le créateur du monde et son nom prend toujours une majuscule. Il est infini, omniscient, éternel et tout-puissant.
Je n'ai pas beaucoup d'objections contre les attributs
"infini" et
"éternel". Après tout, je considère que la table de multiplication est infinie et éternelle.
J'en ai plus contre
"omniscient" et
"tout-puissant", qui évoquent une sorte de surhomme truffé de qualités humaines. On n'est pas loin de
"bon",
"aimant",
"juste",
"miséricordieux", etc. Tout ça, infiniment.
Bref, si je
dois choisir entre
"oui, j'y crois" ou
"non, je n'y crois pas" (sans teinte de gris), alors je n'y crois pas, à ce
"Dieu médian de l'homme de la rue", truffé de qualités surhumaines. Pas plus qu'au Père Noël.
Toi non plus, certainement.
L'ennui, c'est que ceux qui y croient justifient habituellement leur croyance
en laissant provisoirement tomber les attributs qui font problème. Ils se contentent de
"infini",
"éternel" et
"cause première", et ils font comme si, une fois la brèche existentielle ouverte pour ces attributs abstraits, tous les autres attributs s'y engouffraient automatiquement,
a posteriori.
Je considère que c'est un glissement sémantique épouvantablement vicieux, qui justifie amplement le commentaire d'Einstein.

Denis
Les meilleures sorties de route sont celles qui font le moins de tonneaux.