Salut JF,
Jean-Francois a écrit :Mikaël a écrit :Donc, je pense qu'il n'y a pas besoin d'être religieux pour considérer que l'avortement est toujours un mal (même si cela peut parfois être un moindre mal mais dans certaines circonstances bien précises)
Non, c'est vrai... mais faut être sacrément détaché de la réalité dans laquelle se passe les avortements et ne pas trop savoir ce
qu'est un embryon.
C'est pas très gentil de dire ça

Je te rappelle que j'ai étudié la biologie jusqu'en licence, donc je pense savoir ce qu'est un embryon. Certes, sans doute pas dans le menu détail du menu détail comme le ferait un spécialiste en embryologie, mais suffisamment, je pense, pour pouvoir me former un avis objectif sur la question. N'oublie pas non plus que j'étais favorable à l'avortement il y a quelques années de cela.
Jean-Francois a écrit : Ta réflexion est passablement théorique.
Si tu veux renforcer ton raisonnement, va chercher des faits. Il en existe sur la biologie du développement embryonnaire par exemple: à partir de quel âge un embryon manifeste une réponse réflexe certains types de stimulations douloureuses? Vers la 8e semaine. À partir de quel âge le cortex cérébral de l'embryon est-il suffisamment développé pour que l'on puisse penser qu'il est actif? Pas avant la 22e semaine...
Tous ces faits sont intéressants, mais ils sont, je le crains, hors sujet, dans la mesure où je récuse précisément le recours à des caractéristiques objectives des individus pour juger de leur droit à la vie. Et cela pour toutes les raisons que j'ai évoquées dans mon précédent post.
À ma connaissance, il n'existe pas grand support biologique pour affirmer qu'un embryon est une "personne" avant le 2e tiers de la grossesse.
Un embryon n'
a peut-être pas de personn
alité avant 22 semaines, mais peut-être
est-il néanmoins déjà une personne bien avant. Une personne au sens juridique, je reprécise. Si par "personne" on entend : individu possédant une conscience de soi en 1ère personne, alors évidemment qu'un embryon n'est pas une personne (et je ne crois pas qu'un petit enfant en soit pleinement une non plus). Par contre, si par "personne" on entend un individu possédant des droits, alors je pense qu'un embryon doit être considéré comme une personne dès la conception.
Réfléchis aussi au fait que le but premier de reconnaître l'avortement n'est pas d'encourager sa pratique mais bien de tenir compte d'une réalité regrettable: pour toutes sortes de raisons, jamais plaisantes, des femmes risquent d'avoir des enfants dont elles ne peuvent ou, plus rarement, ne veulent assumer la responsabilité. Donc, fais aussi entrer dans ta réflexion des questions sur ce qui adviendrait de cette "personne". Par exemple: est-ce plus mal de l'empêcher d'exister que de la forcer à vivre une vie de misère?
Ce sont des questions que je me pose et me suis posées.
Est-ce que le but du droit est de dire ce qu'il faut faire, ou de justifier systématiquement ce que l'on fait ? Parce qu'on pourrait se dire, semblablement, que la peine de mort doit être rétablie parce que ça peut être trop dur pour les victimes de penser que les criminels restent en vie, il y a un besoin viscéral d'expiation, et puis les prisons coûtent cher, etc. Il ne s'agirait pas, en rétablissant la peine de mort, d'encourager sa pratique, mais juste de tenir compte de cette réalité regrettable... (on peut trouver d'autres exemples).
Rassure-toi, des gens continueront d'avorter ou de se faire avorter même s'il est reconnu qu'avorter est mal : il faut distinguer le domaine de l'illégal et celui du pénal. Il n'est pas toujours opportun d'engager des poursuites, mais il est toujours bon d'affirmer des principes.
Par ailleurs, n'y a-t-il pas d'autres solutions qu'avorter lorsqu'on ne veut ou ne peut assumer la responsabilité d'avoir un enfant ? : il faudrait augmenter les aides genre allocations familiales pour les parents qui ne peuvent assumer un enfant ; et s'ils ne veulent pas l'assumer, il faudrait le faire adopter (il y a plein de couples qui ne demandent pas mieux). Ça serait peut-être pas idéal tout ça, mais je pense que ça serait mieux qu'avorter. La personne qui existe peut toujours décider de mettre fin à ses jours si vraiment elle ne supporte pas l'existence. Celle qui n'existe pas peut difficilement se dire : "tiens, j'existerais bien !". Tu utilises l'expression "empêcher d'exister" pour qualifier l'avortement, mais si l'embryon est déjà une personne existante, alors il convient plutôt de dire : "faire cesser une existence". Empêcher qqch d'exister, c'est opérer en amont de sa venue à l'existence (ex. : contraception), tandis que l'avortement procède en aval, sur qqch ou qqn qui existe déjà (même s'il n'est pas pleinement formé). Et je pense que tu seras d'accord que si c'est
après la naissance que les parents se rendent compte qu'ils ne peuvent assumer leur enfant, il est inadmissible que ces derniers le tue "pour son bien". Par conséquent, si l'embryon est déjà une personne, il est tout aussi inadmissible de l'avorter sous prétexte que ses parents ne pourraient pas assumer un enfant.
Amicalement,
Mikaël