Il y a plusieurs choses qui doivent être prises en compte à mon avis. La première est qu'il existe divers systèmes politicoreligieux, Certains sont plus souples, plus primitifs, plus philosophiques que d'autres. Une religion animiste ne présente pas les mêmes schémas qu'une religion monothéiste, par exemple. Mais je suppose qu'on parle ici des religions dominantes.Patapouffe a écrit :La sélection naturelle nous dit que les être vivants évoluent en fonction de leur capacité à survivre. Si la religion permet de contrôler les gens, il est probable qu'elle ait permise à des personnes faibles de survivre, donc de contourner la sélection naturelle. D'un point de vue différent, la religion peut être vue comme une façon pour l'homme de s'adapter à son environnement et exercer un contrôle sur d'autres pour améliorer la survie. Bref, est-ce que la religion doit être vue comme un phénomène qui contourne la sélection naturelle ou fait-elle partie de celle-ci ? C'est plutôt cette question que je me pose.
Il y a des religions dites naturelles qui traduisent une émotion de l'être face aux grands mystères de la nature. Dans ces religions, bien souvent primitives, la femme joue un rôle déterminant : elle incarne la réalité d'un principe féminin de perpétuation, de fécondité, d'harmonie avec les forces de la nature. La femme est comparée à la nature : elle le joue le rôle divin d'être une sorte de bouclier contre la mort. Il existe donc une notion ancienne, très primitive, d'esprit de la femme-déesse vue comme une force ayant la capacité d'intercéder entre l'homme et des puissances surnaturelles et indiscernables. Les étapes de l'évolution de la femme sont un sujet de fascination : la vierge, la chasseresse, la guerrière, la mère, la prêtresse - tous ces symboles sont toujours perpétués, il proviennent principalement des courants polythéistes.
Ainsi par exemple, à l'époque des guerres puniques, les oracles de la Sybille imposèrent à Rome une quête de la Grande-Déesse : pour avoir la victoire sur leurs ennemis, les Romains devaient trouver et rapporter à Rome la pierre sacrée de Cybèle (Kybêlè) qui se trouvait en Phrygie . C'était très stratégique : il s'agissait de saper l'ennemi de son plus grand pouvoir psychologique et de faire bénéficier Rome de la puissance mystique et prophétique des vestales. La pierre de Cybèle est la pierre du Temple, et ce temple, c'est tout ce qui nous entoure et qui abrite le monde vivant. Je ne rentrerais pas plus dans le détail mais c'est pour dire combien le fondement des grandes religions, voire des civilisations, ne repose pas seulement sur des critères machistes.
Les anciens poètes de l'antiquité, les mythographes, n'ont jamais cessé de donner la plus grande importance aux déesses ou aux Muses, et les anciens temples comptaient certainement plus de grandes prêtresses que de grands prêtres. Par ailleurs, dans la mythologie classique, la trame du destin de tout ce qui existe n'est pas tissée par des dieux mais par des déesses : les Parques.
Alors comment expliquer la dévalorisation sexiste et la dominance machiste?
Le premier facteur sont les guerres incessantes, les conquêtes, qui ont propulsé à l'avant les castes guerrières, largement dominées par les hommes. Ainsi les grands systèmes politicoreligieux, très autoritaires, comme le mazdéisme, ont-ils favorisé l'homme plutôt que la femme, car le système était établi sur la capacité de l'homme à combattre. le mazdéisme est fondé sur un type de croisade nommé "la guerre du juste en faveur du droit" - dans ce genre de système, l'homme qui n'est pas un guerrier n'est pas un homme, tout simplement. La fonction du guerrier est de se sacrifier pour son dieu pour résumer. Si la femme n'avait pas eu à son compte ses fonctions naturelles, elle aurait été éliminée, aussi ne conservait-elle qu'un statut d'esclave au service du guerrier, le guerrier étant lui-même l'esclave de son dieu. Du moins nôtre société moderne a-t-elle tendance à considérer ces conditions de vie comme de l'esclavage, mais à ces époques, l'esclavage était-il bien pire, bien au-dessous de la condition féminine ou de celle des animaux.
Vu que le mazdéisme fut largement dominant, en particulier chez les peuples arabo-sémitiques, leur culture politicoreligieuse de ces caractères.
Mais étrangement, on les retrouve aussi dans d'autres modèles religieux. Ces autres modèles ont pû connaître des influences, sinon les raisons peuvent en être les mêmes : l'homme à la guerre, la femme restant fidèlement en poste pour assurer la perpétuation de la "race".
Les choses sont ce qu'elles sont. On ne peut pas juger. Pour un guerrier, l'attaque est la meilleure des défenses lorsque les ennemis ne préviennent pas, et la rigueur le meilleur moyen de survivre - bien que, évidemment, ça ne justifie pas la cruauté. Mais dans de tels systèmes, l'homme du peuple n'avait pas le loisir de considérer sa femme comme un compagne; de sa domination autoritaire, de son inflexibilité, dépendait la survie de sa famille, de sa tribu, de sa nation. Et dans ce modèle, une femme n'aurait jamais accepté que son compagnon soit une "chiffe molle".
Un système politicoreligieux ne moule pas seulement les hommes, il moule aussi les femmes qui alors en acceptent l'autorité et les fondements. Nôtre réaction vis à vis de ces systèmes est laïque : Un système laïque a tout à gagner à reconnaître l'égalité objective homme-femme, simplement parce que les précieuses nuances qui existent entre les sexes ne peuvent en aucun cas permettre de justifier l'asservissement, la domination. Aujourd'hui ce n'est plus le sexe ou la force qui est le critère mais le fric.
Bien évidemment, tout ça ne contourne pas fondamentalement la sélection naturelle, c'est dans la continuité de ce qui se passe dans les sociétés animales. les structures restent identiques : castes guerrière, ouvrières, essaim, conquête, domination par les fonctions - les fonctions répondant aux nécessités; adaptation, spéciations, assimilations, etc, etc. Simplement chez l'être humain, le contexte culturel prisme la fonction naturelle qui peut être réfléchie et utilisée, complexifiée par l'ingéniosité.
) social fait partie de la sélection naturelle ou non. On peut toujours dire que tout est naturel, donc oui, ce qui ferait de l'adjectif naturel ici un pléonasme. À l'origine, la sélection naturelle désignait ce qui se passait dans la nature sans intervention (directe du moins) de l'homme. Appliquer ce concept à l'Homme est maladroit.