La fin des hommes pour 2400

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lhommealacigarette

La fin des hommes pour 2400

#1

Message par lhommealacigarette » 11 nov. 2010, 12:55

Roland Hureaux est l’auteur d’un ouvrage sur le sujet, "Le temps des derniers hommes" publié en 2000 chez Hachette mais c’est son article publié dans l’excellente revue "l’histoire" en décembre 2000 (numéro 249) que je reprends ci-dessous.

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Personne ne l’a crié sur les toits. Pourtant l’humanité vient de changer de cap. Depuis un demi-siècle, parler de la population mondiale, c’était évoquer le risque de l’explosion démographique. Or, même si le nombre des hommes, qui vient d’atteindre le chiffre de 6 milliards, continue à augmenter, l’humanité se dirige désormais de manière progressive vers une réduction du nombre des naissances dont on ne voit pas à ce jour où elle pourrait s’arrêter.

C’est dans la vieille Europe que le mouvement a commencé, il y a environ trente ans. Les différents pays sont alors passés au-dessous du taux de fécondité de 2,1 enfants par femme qui, au dire des démographes, est le minimum permettant aux générations de se renouveler à l’identique.

A partir de 1968 la Suède, la Finlande, l’Allemagne, le Danemark, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la France (en 1974), l’Italie, l’Espagne sont tous tombés au-dessous de ce seuil, parfois très bas. Allemagne : 1,3 (0,9 dans les Lander de l’Est) ; Espagne, Italie, Russie : 1,2. La France, qui se maintient entre 1,7 et 1,8, demeure un des moins mauvais élèves de la classe - une classe où personne n’a la moyenne ! En dehors des États-Unis qui sont remontés à 2 grâce aux immigrés hispaniques, les pays anglo-saxons d’outre-mer ou le Japon ne se portent pas mieux.

Cette évolution a donné lieu à de nombreuses spéculations sur le déclin inexorable du vieux continent - voire de la « race blanche » -, face à la montée de jeunes nations qui témoignaient, elles, jusqu’à une date récente, d’une belle vitalité démographique. Le fait nouveau est que, les uns après les autres, mais de manière inexorable, les autres continents prennent le même chemin que l’Europe.

En Asie, le taux de fécondité est tombé au cours des vingt cinq dernières années de 5,1 à 2,8 ; il est de 1,8 en Chine, 3,4 en Inde. En Amérique latine, il est passé de 5 à 3. Hors quelques pays isolés (Yémen, Afghanistan) le monde musulman suit le mouvement. Malgré les ayatollahs, la fécondité des femmes iraniennes a chuté de 7,2 à 2,3 en vingt ans ! Et la Tunisie est passée cette année au-dessous du seuil de renouvellement. En 2020 pratiquement tous les pays seront déficitaires. Seule l’Afrique noire est en retard, mais le mouvement est amorcé : la fécondité y est descendue de 6,6 à 5,6.

Certes, les phénomènes démographiques bénéficient de la vitesse acquise : les femmes nées au cours du dernier demi-siècle sont très nombreuses et donc, même moins fécondes, devraient encore mettre beaucoup d’enfants au monde. C’est pourquoi la population mondiale devrait continuer à augmenter, quoique moins vite que dans le passé, pour atteindre vers 2080 un maximum situé entre 8 et 9 milliards d’hommes : personne ne croit plus qu’on ira au-delà. Ensuite, elle chutera rapidement.

Pour un continent comme l’Europe, où le taux moyen de fécondité est de 1,4, le déficit est d’un tiers à chaque génération : pour 100 Europeens aujourd’hui, il n’y en aura que 66 à la prochaine génération, 44 à la suivante, puis 29, 19, etc. Jean Bourgeois-Pichat, ancien directeur de l’INED avait calculé dès 1988, que si l’on prolongeait partout les courbes actuelles de chute des naissances jusqu’au niveau présent de l’Allemagne, il n’y aurait quasiment plus d’Européens en 2200, et plus d’hommes en 2400 !

Il retrouvait ainsi les prédictions faites par Adolphe Landry, l’un des pères de la démographie française, ministre radical-socialiste de la III, République et président du Conseil général de la Corse, dans son ouvrage classique, La Révolution démographique, publié en 1934. Selon lui, la « rationalisation de la vie », inséparable du monde moderne, suscite nécessairement une restriction des naissances en deçà du niveau d’équilibre nécessaire au maintien de la population, qui doit peu à peu s’étendre à toute l’humanité.

Il n’avait pas prévu la chute brutale de la mortalité dans le tiers-monde entre 1950 et 1970, cause de l’explosion démographique de la seconde moitié du XXe siècle. A présent, ses prédictions redeviennent d’actualité. On peut bien entendu espérer que les faits leur opposeront un démenti. Mais en observant ce qui se passe aujourd’hui à travers le monde, on ne voit pas encore pour quelle raison !

Le terme d’explosion démographique, dont on a usé et abusé depuis cinquante ans, risque ainsi de s’avérer exact dans sa littéralité : après la dilatation brutale, l’effondrement, voire la disparition. L’humanité pourrait, selon ce schéma, connaître le destin de ces étoiles en fin de course qui, avant de disparaître, jettent une dernière lueur, plus fulgurante que jamais, sous la forme de ce que les astronomes appellent une supernova. Jusqu’à preuve du contraire.

Roland Hureaux

la chambre bleue

Re: La fin des hommes pour 2400

#2

Message par la chambre bleue » 11 nov. 2010, 16:45

Amusant, cet argument fut très populaire au XVIIIème siècle et je crois Montesquieu l'avait évoqué dans "Les lettres persanes".

Mais en 1720, personne ne savait comment évoluerait l'Humanité pendant 300 ans...Eh bien pour ce monsieur Hureaux, c'est pareil !!

Sachant tout de même que si nous n'étions plus qu'un milliard dans cent ans, ce serait la meilleure nouvelle qu'on puisse entendre...

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lhommealacigarette

Re: La fin des hommes pour 2400

#3

Message par lhommealacigarette » 12 nov. 2010, 13:54

Prenons la politique de natalité au japon, qui est un echec considérable , une chute de 50% en 47 ans, et sa ne semble pas pour s'améliorer, certe il s'agit de simple projections mais Les premières régions atteintes par la disparition démographique : l’Europe, la Russie, le Japon, la Chine.

Il a fallu 40000 ans, depuis l’homme préhistorique, pour en arriver à 2,5 milliards d’individus. Il a fallu trente-sept ans pour que la population du globe double, entre 1950 et 1987, passant de 2,5 à 5 milliards d’habitants. Selon l’O.N.U., il faudra plus de temps pour qu’elle double à nouveau et l’hypothèse d’une explosion démographique paraît exclue.

Dans presque tous les pays industrialisés, cette fécondité est désormais inférieure au taux de remplacement et, dans leur majorité, les pays européens s’orientent vers une diminution de leur population.
D'aprés l'ONU des 2050 1 enfant sur 2 naitra en afrique, et le renouvellement des naissances en europe / russie sera trés faible.


ps: Je tiens à vous rappeller qu'en 1720 on ne possedait pas encore les ordinateurs et les données globales pour établir des statistiques viables.

yquemener
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Re: La fin des hommes pour 2400

#4

Message par yquemener » 12 nov. 2010, 15:49

lhommealacigarette a écrit :Prenons la politique de natalité au japon, qui est un echec considérable , une chute de 50% en 47 ans, et sa ne semble pas pour s'améliorer, certe il s'agit de simple projections mais Les premières régions atteintes par la disparition démographique : l’Europe, la Russie, le Japon, la Chine.
Essayez d'avoir 3 enfants quand vous vivez dans 25 m², le problème est principalement là. Mettez le même couple dans 200 m² et vous verrez si la population n'augmente pas plus rapidement. Le système se régule et va se stabiliser. Je ne crois pas à une baisse durable de la population.
lhommealacigarette a écrit :ps: Je tiens à vous rappeller qu'en 1720 on ne possedait pas encore les ordinateurs et les données globales pour établir des statistiques viables.
Prévoir une évolution démographique sur plusieurs générations est un exercice casse-gueule. On peut avoir la puissance de calcul que l'on veut, on n'a pas de modèles ni de données suffisantes pour prédire l'évolution du moral des populations, l'évolution des technologies et des modèles sociaux sur une si longue période. Malthus aurait eu un super-ordinateur à son époque, il aurait continué de penser que la contraception était une chose tellement indéfendable qu'aucun gouvernement ne la légaliserait jamais ni ne l'encouragerait et que la régulation de la population viendrait des guerres.

On peut imaginer plusieurs évolutions à venir qui modifieraient considérablement les données démographiques : explosion si on se met à vivre deux ou trois cents ans. Diminution drastique si une secte encourageant le célibat se met à avoir du succès.

Dans l'immédiat, je ne vois aucun inconvénient à ramener la population mondiale à 1 milliard d'individus en diminuant les naissances.

la chambre bleue

Re: La fin des hommes pour 2400

#5

Message par la chambre bleue » 12 nov. 2010, 16:55

lhommealacigarette a écrit : ps: Je tiens à vous rappeller qu'en 1720 on ne possedait pas encore les ordinateurs et les données globales pour établir des statistiques viables.
Mon Dieu, j'y avais pas pensé..! :ouch: :lol:

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