Ah, oui effectivement, on diverge et je suppose que c'est toujours le cas, mais comme pour la conversation, faute de fait évaluable, on est obligé d'en rester à cette divergence.
Sinon, pour donner mon avis sur la discussion initié par Hibou:
Le bien et le mal sont en effet universel à l'être humain mais c'est en réalité impropre de parler de bien et de mal, parce qu'e c'est conoté.
Si on veut avoir une version plus juste, il faudrait parler d'interdit et d'autorisé et de stigmatisation sociale de l'interdit et d'encouragement social de l'autorisé.
En fait, et je portes la discussion uniquement sous l'angle de la science (humain ou non) et non de la philo, là, l'humain est un être instinctivement social, et plus social que la plupart des autres espèces, dans la mesure où sa capacité d'abstraction, d'association d'idée et de réflexion ont crée une sophistication des "compétences" sociales de l'humain.
Donc son comportement est régit par cet aspect de sa nature et comme toute espèce, l'humain a une tendance tout aussi naturelle à favoriser des comportements de survie et notamment des comportements de groupe amenant à faciliter cette survie.
Comme l'humain a un comportement social très poussé du fait de son parcours évolutif et qu'il est conscient de lui même et capable d'abstraction, sa tendance à favoriser les comportements de survie du groupe se traduit chez lui par une série d'interdit et d'autorisation, qui seront de l'ordre du culturel*.
Et comme l'humain est toujours un être instinctivement social et que, donc, sa vie est faite d'apprentissage qu'il transmet en partie au reste du groupe, l'apprentissage des interdits passe par la volonté du groupe (d'où le coté culturellement dépendant de la notion de bien et de mal) qui utilise donc la culture pour propager les comportements qu'elle juge appropriée.
La morale n'est rien d'autre qu'une forme de coercition du groupe sur l'individu pour l'amener à avoir un comportement jugé tolérable à la vie du groupe (d'où l'ostracisme de ceux qui ne respecte pas ce comportement).
Le bien et le mal sont l'expression culturelle de cette tendance à l'ostracisme des intolérables car jugé dangereux pour la survie du groupe.
Evidement, ces notions n'ont pas qu'une valeur morale, elles ont un tas d'implications aussi religieuses que philosophiques, mais c'est dû, justement, à la sophistication du comportement social de l'humain.
D'une certaine manière, on peut voir la morale et donc la notion de bien et de mal qui en dépend, comme l'expression du consensus entre membre d'un même groupe social, qui maintient ce groupe. Si jamais la morale change, le groupe peut être dissous ou se séparer (les cas de divergence et de fracture sociale sont légion au cours de l'histoire)
C'est d'ailleurs parce que chaque consensus de groupe est différent que la notion de bien et de mal est propre à chaque groupe, mais même plus, à chaque individu, dans la mesure où la notion de bien et de mal de l'individu est la synthèse de la morale de tous les groupes sociaux dont il fait partit (avec parfois des morales qui rentrent en collision ou certaine qui prennent plus d'importance que d'autre, d'où un certain nombre de cas de conscience.)
En clair, que faut-il retenir?
-Que la notion universelle de l'humain n'est pas spécifiquement le bien et le mal, mais l'interdit et l'autorisé et plus largement, la balance entre l'individu et le groupe.
-Que la notion de bien et de mal est spécifique à chaque humain, en fonction des groupes dont il fait partie et de l'importance qu'il attache à chaque groupe.
-Que si elle se ressemble d'un groupe à l'autre, c'est avant tout parce que tous les groupes sont constitués d'humains, avec un cerveau qui fonctionne globalement de la même façon que leurs voisins et qui tireront des conclusions à peu près similaires quand à ce qu'est un comportement socialement inacceptable pour un groupe (sans cette proximité dans la manière de pensée, non seulement les sociétés humaines ne s'interpénètrerait pas, mais ne se comprendrait pas et la sociologie ne pourrait pas exister comme elle existe maintenant, ce qui serait regrettable.)
-Qu'elle n'est donc absolument pas liée à une quelconque transcendance métaphysique ou issue d'un démiurge établissant la loi de l'univers. D'ailleurs, l'univers, lui, se moque parfaitement du bien et du mal pour l'essentiel de ses constituants.
Voilà, ça c'est mon avis sur la question, que j'appuie sur ce que je sais de la sociologie et de l'étude du comportement des humains. Bien sur, je peux me tromper sur la définition de la morale, mais je doute me tromper en disant que le bien et le mal ne sont en rien des éléments intangibles au dessus de l'humain et transcendant, mais sont une partie de sa version à lui de la cohésion sociale.
*une culture, chez l'humain n'étant qu'une expression par le social du comportement d'un groupe, qui se transmet de génération en génération. On observe le même type de comportement de manière moins sophistiqué chez certains singes et ça n'est pas du tout abusif, à mon sens, de parler de culture aussi
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)