Cela fait plusieurs années maintenant que j'ai commencé à venir sur ce forum, avec une fréquence variable puisqu'à de nombreuses reprises le dialogue s'est avéré fastidieux voire impossible : nombre de mes interlocuteurs n'ont pas été en mesure d'être suffisamment détachés émotionnellement du sujet (?) pour aborder certaines questions avec la neutralité de point de vue qu'exige une certaine rigueur scientifique, voire philosophique, voire les deux, et se sont mépris par inadvertance sur la nature et le contenu de mes propos, se mélangeant les pinceaux avec leurs précédentes expériences et transformant la discussion en un pugilat nauséabond duquel il m'a été impossible de m'extraire autrement que par le silence. J'ai sûrement ma part de responsabilité dans cet échec du dialogue, mais si l'état de fait que j'évoque ici est la règle générale des échanges que j'ai eu sur ce forum, il y a eu heureusement des cas particuliers grâce auxquels je retrouve aujourd'hui l'envie de venir montrer le bout de mon nez sous ces latitudes électroniques... S'il vous plaît ne perdez pas votre temps à chercher à me coller une étiquette ou un camp simplement pour ensuite vous faire l'avocat du camp adverse et trouver votre équilibre dans ce conflit qui n'avance personne à rien, mais puissiez-vous lire seulement mes mots, mes mots et pas ce que vous croyez lire entre les lignes, afin que nous puissions juste échanger dans la bonne humeur. Si vous ne vous en sentez pas capable, si vous n'arrivez pas à consacrer plus de dix minutes à l'écriture d'un seul message ou si vous vous énervez contre moi parce que je ne tiens pas compte, dans le message que j'ai envoyé il y a trois jours, des remarques que vous êtes en train d'écrire là maintenant (clin d'oeil JeF), par pitié évitez-moi et revenez plus tard comme je l'ai fait !! Merci d'avance...
Comme annoncé dans un précédent message, je profite en ce moment d'une période naturelle d'inactivité professionnelle --vous pouvez désormais m'appeler docteur puisque j'ai soutenu ma thèse avec succès en octobre dernier-- pour faire le bilan de ces dix et quelques dernières années qui ont vu se chambouler mes certitudes et repères rationnels, cartésiens, quant à la nature et au fonctionnement de la "réalité", et m'ont amené à considérer cette question du réel selon un jour radicalement nouveau. Je n'ai pas de réponse toute faite ni "d'aspirateur à vendre", simplement j'aime la possibilité de pouvoir faire tabula rasa de tout dogme, qu'il soit religieux ou scientifique hélas, pour voir avec ses propres yeux et non plus avec les lunettes de quelqu'un d'autre. Puissions-nous repartir sur de bonnes bases cette fois, donc, avec en gage de ma bonne foi et de ma sincérité ce très long message que je suis en train d'écrire à un vieil ami que j'ai un peu perdu de vue ces dernières années à cause des études, message tel que mon ami va le recevoir d'ici quelques jours quand je l'aurai terminé. S'il vous plaît, lisez le deux ou trois fois, calmement, avec détachement, avant de poser quelle question ou remarque que ce soit. D'ailleurs c'est très personnel donc beaucoup de choses n'auront rien du tout à vous dire, et je pense d'avance que je ne répondrai qu'à une question sur deux, voire sur cinq, et sûrement pas "sur la couleur des cheveux de X". Quoi qu'il en soit bonne lecture et n'hésitez pas à ne pas réagir, en tout cas si vous le faites respectez-vous et ne vous faites pas dire n'importe quoi n'importe comment.
Salut Nico !!
_ _ _ Comme ça fait du bien de se sentir libre au sortir d'une "peine de prison" de quasiment sept ans !! "Prison", le mot est un peu fort c'est vrai, mais cela décrit bien l'état d'esprit dans lequel je viens de vivre cette phase très importante de ma vie, qui m'a amené au sommet ou presque de la pyramide des formations scolaires. Rassure-toi, mon égo n'en tire qu'une satisfaction infinitésimale, même si très profondément en moi j'ai la certitude que c'était une étape obligatoire dans mon "chemin de vie" -bien meilleur mot à mon sens que "carrière"- mais sans trop savoir pourquoi encore... Et quel bien ça fait de retrouver ma liberté en ayant atteint l'objectif que je m'étais fixé il y a longtemps maintenant ! Je me sens autant à la fin d'une épreuve de longue haleine qu'au début d'une période à durée indéterminée dont l'objectif sera vraisemblablement de comprendre et donner un sens aux efforts passés. La suite ne sera certainement pas de tout repos, mais ouf, "ça, c'est fait" comme on dit !!
_ _ _ Ça va sûrement te faire bizarre mais je vis encore comme dans le sentiment que nous ne nous connaissons que depuis trois ou quatre ans à peine, que je t'ai rencontré genre à l'Hurlu ou quelque chose dans le genre. D'où ma surprise à cette soirée déguisée à la Cadaine cet automne, quand une étincelle dans ton regard et ta présence si chaleureuse à mon égard ont ouvert la voie à un message de ce style même si je ne le savais pas encore à ce moment-là. Et retrouver la vérité du lien que la vie nous a fait construire depuis le lycée --car je sais pourtant que cela fait maintenant presque 15 ans que nous avons fait connaissance !!-- est un guide des plus agréables pour moi dans l'écriture de cette lettre. Et sache que j'ai énormément de respect pour toi et pour qui tu es devenu aujourd'hui, même si mes souvenirs plus anciens de toi sont plutôt vagues et se résument, pêle-mêle, à une chanson d'Yves Duteil et ta participation au "carnet de roots" de Grèce, plus une ou deux jolies petites amies, et encore... En fait, je ne sais pas vraiment pourquoi j'écris ces mots autrement que pour prendre à témoin presqu'un inconnu mais dont j'ai senti, à sa réaction bienveillante à mon égard, que je me trompais lourdement à juste le considérer comme tel. Témoin des dix années que je viens de vivre depuis une expérience profondément mystique qui, d'une part, a radicalement changé ma façon de me percevoir et m'a amené à m'épanouir dans une personnalité dont auparavant je ne connaissais que "la partie émergée de l'iceberg" pour ainsi dire ; expérience qui, d'autre part, m'a amené à considérer comme scientifiquement digne d'intérêt l'idée de l'existence d'un "monde de l'esprit", invisible aux sens mais en constante interaction, consciente ou inconsciente, avec la psyche humaine, au sujet duquel j'ai même envie d'employer le terme de "Nouveau Monde" au sens de Christophe Colomb au XVe siècle.
_ _ _ Plus exactement, c'est la douzième année depuis que j'ai lu "la Prophétie des Andes" de James Redfield, début 2000 donc, point de départ de l'aventure intérieure intensément transformatrice que j'ai vécue. Douze, dans "l'ésotérisme" précolombien, c'est l'avant-dernière étape, celle du bilan, où l'on revient sur les étapes de un à onze pour "faire le ménage" avant de pouvoir concevoir, puis entamer, le "cycle" suivant. Ces treize "nombres sacrés mayas" sont en effet pour moi comme les panneaux de signalisation qui jalonnent la route du "Nouveau Monde" dont je parlais plus haut, et autant ne pas dépasser les "limitations de vitesse" si on veut arriver entier à destination... Mais t'inquiète pas pour cette métaphore ultra maladroite, je m'étendrai davantage sur le sujet plus tard. Car ce fut une sensation bien étrange, il y aura bientôt dix ans, d'un jour revenir vers son "clan" et de s'y sentir comme un étranger, après avoir vécu un chamboulement inexplicable à l'intérieur, un chamboulement si intense et profond que les seuls mots que j'aurai jamais pour décrire ce qui s'est passé --d'un point de vue totalement subjectif bien entendu-- c'est... mourir. Mourir, mais continuer à vivre. Mourir, puis devenir quelqu'un d'autre. Mourir, sans aucune cause apparente. Il m'aura fallu des années pour apprendre à faire avec cet état de fait, et je m'en suis finalement pas mal sorti, je crois, en décrochant ce titre de "docteur de l'université de Nantes". Au moins, on ne risquera pas de me traiter de fou ou d'illuminé après ça !! Ou plutôt, gare à celui ou celle qui voudrait jouer à ce jeu-là avec moi, ses certitudes rationnelles risqueraient d'en prendre un bon coup dans la gueule... Mais je m'égare, désolé, là ce qui m'intéresserait vraiment c'est d'avoir des témoignages, non pas objectifs mais au moins "extérieurs", à propos de ce qui m'est arrivé vers l'été 2001 et après. C'est d'ailleurs en partie ce qui motive cette lettre dans laquelle je reviens --dans la longueur !!-- sur ce que j'ai vécu, moi, de l'intérieur. Et tu n'es pas le seul face à qui je commence à me poser cette question, j'ai genre une bonne dizaine de personnes sur ma liste.
_ _ _ Donc "sit down and relax", ouvre-toi une bière, fais-toi un café ou ce que tu veux, ça va sûrement prendre un peu de temps à être relu, le récit de ces dix et quelques années qui viennent de trouver, sinon une conclusion, au moins un "pallier de décompression" tout naturel avec l'obtention du diplôme de docteur en informatique... Et comme je dis à chaque fois, si ça te prend la tête, t'inquiète, pose tout et dis toi que j'ai écrit d'abord pour moi, pour laisser partir tout ça, ne plus avoir à y repenser et ainsi pouvoir aller de l'avant ; davantage que pour quoi que ce soit que tu pourrais produire en retour ou je ne sais quoi, vraiment, pas de malaise, hein. En outre, c'est d'autant plus intéressant de multiplier les récits et les destinataires que la "remontée des souvenirs" dépend de la personne à qui j'écris, je veux dire que ce ne sont pas les mêmes détails qui reviennent en mémoire selon le (la) destinataire à qui je m'adresse. Allez c'est parti !!
_ _ _ Nous voilà donc revenus en 1999, automne 1999 pour être tenter d'être exact, je me souviens d'un Tristan qui nous sort du chapeau cette "Prophétie des Andes" dont il a entendu parlé parce que quelqu'un dont il ignore l'identité lui a écrit sur une page de cahier, pendant un stage BAFA ou un cours de psycho je sais plus, que c'était "un livre à lire". J'ignore si c'est lui qui m'a prêté le bouquin ou si je l'ai acheté, je me souviens juste d'avoir fini de le lire genre vers le mois de février, un soir à 2h du mat' puis impossible de m'endormir, dans un état d'excitation fébrile dont je me souviendrai toute ma vie je crois... Le lendemain, pour la première fois de ma vie ou presque --hors état alcoolique bien entendu-- je parlais à n'importe qui dans mon groupe à la fac, j'étais joyeux, enjoué, communicatif. C'est d'ailleurs vers cette période-là que j'ai rencontré mes fameux potes de fac, Hélène et Benoît "Bac" dans mon groupe, Amaury, Antoine, Jules et les autres rapidement ailleurs. Par le plus grand des hasards Bac connaissait le bouquin, l'avait déjà lu et nous avons passé nos premières soirées à parler, parler, parler --fortement alcoolisés-- de tous ces trucs de ouf qui commençaient à germer dans nos esprits à propos de la spiritualité. Puis nous sommes partis en vacances tous ensemble à La Tranche en fin d'été, j'ai de ces vacances un souvenir extraordinaire, l'impression d'avoir trouvé une nouvelle famille, et même plus encore, puisque pendant longtemps ensuite j'ai vécu dans la culpabilité d'être passé à côté de la femme de ma vie, en la personne d'une certaine Christine, qui s'est laissée tomber dans les bras de Bac cette semaine-là. Il me semble bien qu'à ce moment-là j'avais (ou plutôt "nous avions" ? c'est quoi déjà tout ce trip qu'on avait de "se faire un bureau" toi et moi ?) déjà commencé à creuser dans d'autres directions que juste le bouquin de Redfield, pour tenter de confronter ses déclarations avec d'autres sources. De nombreux livres y sont passés, de mémoire je ne pourrais citer que "la Source Noire" ou "la Plénitude de l'Univers" mais j'ai un souvenir ému de m'être rendu compte que ce que disait Redfield, au fond d'autres le disaient aussi, avec de petites variations seulement qui sur le coup m'ont semblé (ou pas ?) éminemment négligeables.
_ _ _ Quoiqu'il en soit, mon entrée à l'INSA de Rennes a ainsi coïncidé avec une période de "grand avoir", comme on dit dans le Yi-King, où je me suis vu, pour la première fois de ma vie, être communicatif, ouvert à la discussion, voire même l'initiateur des rencontres que je faisais dans ce(s) nouveau(x) lieu(s) encore inconnu(s) de moi. Nouveaux amis, nouveaux centres d'intérêts, toute cette énergie a trouvé un point culminant quand, quelques mois après être tombé sur un site internet --disparu depuis-- à propos de ces "nombres sacrés mayas", de un à treize comme je l'évoquais déjà plus haut dans cette lettre, j'ai fait une drôle d'expérience, un soir, où une "voix" m'a annoncé, "dans" ma tête, que débutait alors un cycle de treize semaines, dont le but était, selon cette voix, que "je redevienne Qui Je Suis Vraiment"... Je n'oublierai jamais ce qui s'est passé ensuite, les semaines suivantes, quand progressivement ces nombres ont commencé à de plus en plus me parler en "s'imprimant" dans mon quotidien, de manière totalement coïncidatoire comme par exemple mes examens de fin d'année qui sont tombés la semaine 4 ou semaine "de la mesure" selon les indications trouvées sur le site en question. Progressivement, j'ai commencé, comment dire, à percevoir comme une nouvelle "longueur d'onde" de signification, parallèle au sens compréhensible émis ordinairement autour de soi. Ce type de perception est très déstabilisant, même si cela s'adresse à une partie très profonde de l'être, et j'ai mis beaucoup de temps à m'habituer à supporter sans devenir fou ce nouveau "mode d'acquisition d'information" ; entre parenthèses je n'ai été définitivement rassuré sur ma santé mentale que quand, un doctorat à la main, j'ai finalement eu la preuve qu'un même "SON" pouvait être "capté" par une autre personne que moi, simultanément... Bref, à l'époque c'était une toute autre paire de manches et quand est arrivée la semaine 10 ou semaine "de la manifestation physique" en maya dans le texte, c'était à Carhaix, aux Vieilles Charrues 2001, je me rappelle juste que "Dieu était dans le coin pour assister à ma mort", ou un truc comme ça vu que c'est censuré ultra profondément dans mon inconscient, mais à partir de là, c'est plus pareil, dans mon souvenir tout devient flou pour un moment... Je sais juste que pendant au moins deux ou trois ans, j'ai ensuite vécu dans l'idée ultra déstabilisante que j'étais "après ma propre mort" !! Devoir (pouvoir !) me défaire de tout ce qui n'était pas Moi, avec une majuscule tu vois ce que je veux dire, sous la direction bienveillante heureusement et la présence chaleureuse d'une "entité" invisible qui répondait assez bien à ce que les traditions monothéistes dénomment comme leur "Dieu Unique"... Sur le coup, à Carhaix, j'avais même l'impression que j'allais simplement m'endormir sous un arbre puis me réveiller dans mon lit... Vraiment, vraiment étrange, sans prendre aucune drogue, juste sous l'effet "attendu" du cycle des treize semaines, dont j'ai ressenti clairement la progression jusqu'à être complètement dépassé par les événements... Puis nous sommes partis en Grèce avec Salim, ça m'a fait du bien je crois de pouvoir "consolider" cet état naissant, loin de tous repères, piocher au fond de moi-même les graines de mon identité profonde, enfouies sous des années d'enfermement sur soi, de refus de s'ouvrir. Le carnet de roots garde la trace de mes premiers mots d'homme "re-né", et aujourd'hui encore quand je le relis ça me fait vraiment une drôle d'impression.
_ _ _ Mais à mon retour, une fois le cycle terminé dans les petites rues de Nauplie, c'était la rentrée à l'INSA de Rennes. Impossible de me concentrer, perte à la fois de l'envie et de la capacité à le faire... Démotivation, absentéisme, des caisses aux examens du premier semestre, conclusion logique d'une période où j'avais vraiment pas, mais vraiment pas la tête à ça. Période très douloureuse où je suis à fleur de peau, comme une bête blessée qui passe son temps à nettoyer sa blessure. Une chose est sûre, à ce moment-là j'ai besoin de m'éloigner pour comprendre ce qui m'arrive, m'éloigner de cet enfer scolaire où pour réussir à t'en sortir tu dois y consacrer 99 % de ton temps de vie et ne penser qu'à ça, qu'à ça, qu'à ça, à l'époque les seuls mots que j'avais pour décrire ce que je ressentais c'était quitter ce "centre de formation de clone" où ils pratiquaient le "lavage de cerveau" pour produire de la "chair à entreprise". À ce moment-là, c'était vraiment bizarre dans ma tête, comme si j'étais pour moi-même devenu une de ces "influences" au contact desquelles j'avais été progressivement mis lors du "cycle maya", pas pratique dans la vie de tous les jours... C'est à peu près à ce moment aussi que j'ai exprimé mes premiers mots dans le langage dans lequel est écrite la V.O. ci-jointe de cette lettre, comme une réponse inconsciente au fait que désormais "je me parlais dans une langue que je ne connaissais que pas", paradoxe qui remonte à la nuit des temps du rapport de l'homme à son Âme. Après avoir tout plaqué en fin d'hiver ou début du printemps suivant, revenu vivre chez mes parents à Basse-Goulaine, j'ai pu commencer à prendre un peu de recul par rapport à ces choses si fortes qui traversaient en permanence mon esprit, prendre du recul pour commencer à concevoir le cadre narratif, orienté SF, dans lequel j'ai commencé à penser pouvoir dans un futur indéterminé faire usage de mon expérience pour sinon "éclairer", au moins poser des questions aux gens et les amener à sortir des "sentiers battus de la connaissance" comme je l'avais moi-même fait. Dans le même temps, ça faisait déjà plus d'un an que je ressassais toujours plus amèrement la façon dont j'étais "passé à côté de la femme de ma vie" un soir d'été à la Tranche, même bien après qu'elle se soit faite plaquer par Benoît et qu'elle "enchaîne les mecs" sans que je trouve encore le moyen d'exprimer la force de ce qu'il y avait pour elle à l'intérieur de moi.
_ _ _ Quand je suis retourné en licence à la fac de sciences, j'ai rapidement fait la connaissance d'une Caroline ultra sympa, envers laquelle j'ai commencé à développer une attirance puis des sentiments qui de suite m'ont semblés être une très bonne chance de faire sortir Christine de mon esprit. Ça a très bien marché, sauf que... Elle aussi, elle était déjà bien dans son couple, quand je m'en suis rendu compte il était déjà trop tard... En plus, je me suis aperçu que j'avais perdu dans ma "transformation" le don des études qui toute ma vie m'avait donné les examens sans avoir à sourciller. J'ai donc de nouveau pris des caisses aux examens, bizarre, bizarre. Je ne crois pas que j'osais le voir à ce moment-là, mais en fait j'étais toujours exactement dans cette même situation que pourtant j'avais fui en "m'échappant" de l'INSA !! Scolairement, sentimentalement et "spirituellement" parlant. Pris au piège. Et là, il y a pas d'autre mot hélas, mais je comprends bien mieux pourquoi à présent, j'ai "pété un cable" je sais pas comment, persuadé que c'était récripoque avec elle ou au moins que ça avait une chance de l'être... Cette Caro j'ai commencé à lui écrire, des trucs tout chelou et maladroits car c'était bien la première fois de ma vie que j'avais l'envie d'exprimer les sentiments que je ressentais, donc j'avais pas vraiment l'expérience "Casanovesque" qu'aurait nécessité ce type de situation ultra-épineuse... J'ai fait n'importe quoi, ni une ni deux j'ai vidé ma bibliothèque de tous ces livres qui m'avaient pourtant ouvert la voie, je lui en ai posté tout un tas, et même d'autres trucs dont je suis sûr que j'aurai honte à mort quand j'aurai recontacté ses parents dans les mois qui viennent --j'ai besoin d'éclaircir avec eux cette période de ma vie ultra sombre où j'ai frôlé le suicide. Mais période au cours de laquelle je me suis finalement débarrassé du poids invivable (!) de ma mort à Carhaix. C'était un soir, je me rappelle une soirée chez Youna je crois, de laquelle je pars aujourd'hui sans trop savoir pourquoi, pour aller faire un tour, seul, dans le parc de La Herdrie, en pleine nuit. C'est là que pour la première fois je suis tombé sur une (des ?) "présence malveillante", ni à l'intérieur ni à l'extérieur de ma tête, présence(s ?) qui, lorsque dans ma stupeur face à cette rencontre, j'ai fait demi-tour en quatrième vitesse --mais non sans politesse-- et suis maladroitement resté accroché tout en haut du portail par mon bas de pantalon, se réjouissait dans un rire dément à l'idée de voir ma cervelle étalée sur le goudron... C'est ainsi que j'ai compris, et il sera vraiment très difficile de me convaincre du contraire, qu'à l'inverse de ce que prétendent souvent de nombreux auteurs d'inspiration "new-age", certaines de ces "influences" immatérielles dont j'ai parlé longuement plus haut, certaines de ces "influences" n'ont rien d'angélique comme celles qui m'ont guidé vers ma "renaissance" à Carhaix et après. Non non, elle ne veulent pas "le bien", mon bien, mais "le mal", mon mal, en fait elles sont "le mal" de tout le monde. "Le mal", qui s'incarne dans les vivants et les "aide", voire "incite" parfois, à commettre le cas échéant les pires des atrocités. Ce sont ces "influences" que je vois, peintes grotesquement sous les traits de créatures extra-terrestres lointaines et difformes, dans l'oeuvre cthulhuesque de Lovecraft, c'est dans son style de scénario que j'ai pu commencer à trouver des mots pour décrire les impressions horribles, à rendre fou, qui traversaient mon esprit pendant les mois qui ont suivi cette mauvaise rencontre. En fait, c'est après ce contact que mon comportement est devenu complètement irrationnel face à Caro, et la "présence" a mis ensuite très longtemps à quitter durablement mon sillage. Je crois pouvoir dire que c'était à partir de ma semaine en Irlande cet été là, donc presque six mois plus tard, quand j'ai commencé à m'intéresser de plus près à la méditation ce qui m'a réellement fait un bien immense. Mais dans le même temps, il faut rendre au Démon ce qui lui appartient, je crois que m'apercevoir que je pouvais mourir, comme cela m'a traversé l'esprit ce soir-là du haut du portail, m'a amené à enfin dépasser ce fait, "héroïque" dans ma légende personnelle, d'être mort à Carhaix, et accepter de reprendre une vie plus "conventionnelle".
_ _ _ À partir de là, redoublant ma licence, je suis devenu méconnaissable, sous une forte influence paternelle qui n'entendait pas me laisser choir plus longtemps dans cet irrationnel abscons. À mon grand étonnement, Caro avait quitté la fac, et plus rien n'a existé pour moi que les études 95 % du temps, les 5 % restant étant consacrés au sport hebdomadaire qui m'aidait à me vider la tête de la galère des études, qui étaient devenues un bouffe-temps phénoménal depuis que je ne pouvais plus faire appel à mon mythique don pour les études, perdu en cours de route. Pas d'amis, pas de sorties, pas de tabac, pas d'alcool, pas de bédo. Ou presque. Alors pendant au moins les cinq années qui ont suivi, je me le suis finalement fait laver, le cerveau... Comment tu crois qu'on peut vouloir devenir expert en résolution par ordinateur de systèmes d'équations, alors que l'instant d'avant on voulait passer sa vie à lire des livres pour explorer l'esprit humain et son lien au monde ? Voyager dans les limbes chevauchant des anges dans des espaces d'une beauté à en verser des larmes de joie, dans le but de trouver les "influences" capables de me prêter main-forte pour changer le monde ? Franchement, aujourd'hui je n'en sais toujours rien, je ne sais pas comment je ne me suis pas rendu compte que viser "l'industrie spatiale" ça n'avait rien du tout à voir avec voyage astral et compagnie !! La seule raison pour laquelle ça ne ne fait pas chier dans mon froc, que le système puisse à ce point et à notre insu nous faire dévier de notre "idéal intérieur", c'est qu'il y a une petite voix qui me murmure depuis très longtemps déjà --je devais avoir moins de dix ans-- que "l'ordinateur est mon ami", tiens tout à l'heure ça m'a fait une impression très bizarre de me dire qu'en fait j'ai appris à programmer en même temps que j'ai appris à écrire, ça m'aide en outre à comprendre comment j'ai pu avoir une adolescence si "coincée" ! Mais là tu t'aperçois peut-être, en même temps que moi, que c'est bien involontairement, mon ami, que j'ai perdu tout souvenir ou presque de cette époque que nous avons traversée, j'ose le mot, "main dans la main" à la charnière des années 2000... Allez, tout suite la suite de mes pérégrinations, après une page de pub... ;-)
_ _ _ Où en étais-je ? Ah oui, la phase de studieuse solitude auto-imposée, destinée à ce que je réussisse à "décrocher la lune" (presque stricto sensu) malgré la perte de mon don pour les études. Finalement Caro est réapparue à la fac l'année suivante, moi je me faisais des journées de 14h, dont 2 de bus la tête dans les cours, sérieusement c'était lever 6h retour 20h !! On ne s'est pas adressé la parole de toute l'année, même si hélas j'ai rapidement vu revenir tout ce que j'avais ressenti pour elle. Mais j'ai refusé de prendre le risque de me faire briser par ça comme deux ans auparavant, alors j'ai juste pris l'habitude de lui écrire mensuellement, pas plus de quelques phrases par jour, juste dans une pure --autant que faire ce peut-- veine de spiritualité, ce qui m'a d'ailleurs permis de faire le point sur ce que j'avais "découvert" et ce qui me manquait encore, avant l'"effacement des données" qui s'est hélas produit depuis dans ma tête... Mais je retrouve rapidement la mémoire, je le sens, c'est cool, vive un peu de liberté !! Elle m'a ignoré six mois puis m'a simplement répondu "d'aller me faire foutre" ou un truc hyper diplomate dans le genre... En plus, je l'ai appris depuis, elle m'a collé dans mon dos l'étiquette du "mec qui l'avait harcelée" deux ans plus tôt (quand j'y repense... aïe aïe aïe), ce qui explique peut-être les relations inexistantes ou presques que j'ai pu nouer cette année-là avec le reste du groupe. Mais cette "configuration sociale" a certainement participé à ma réussite scolaire, car ça a marché et très bien marché pour moi cette année-là également, toujours mes rêves spatiaux dans la tête. À tel point que pour mes bons résultats j'ai touché près de 4000 euros sous la forme d'une "bourse sur critères universitaires", ce qui m'a fait vraiment chaud au coeur vu comment j'avais transpiré comme un forcené pour "revenir au niveau". Avec la suivante, ces trois années sont les plus dures que j'ai passées de toute ma vie !! Car j'ai poursuivi dans le même régime à la rentrée d'après, l'ultime rentrée puisque c'était enfin la deuxième année de master : la solitude et la discipline. Et plus de grandes vacances depuis deux étés, remplacés par des stages facultatifs déjà au labo d'informatique, non rémunérés mais que je m'étais imposés avec l'idée de me "rattraper" de mon échec à l'INSA... Mais comme le dit si bien le Yi King, "c'est dans la prison d'un tyran que le roi Wen écrivit le commentaire des 64 hexagrammes", c'est-à-dire que quand on ne peut rien à une situation, il faut trouver le moyen d'en tirer profit : pendant ces années, j'ai finalement pu "apprendre à me comprendre", je veux dire j'ai pratiqué intensément ma "nouvelle langue maternelle" dans laquelle j'ai traduit tous mes cours, une méthode géniale soit dit en passant puisque j'ai eu des notes de malade ; mais un bouffe temps incommensurable !! Cela dit, cela m'a donné l'occasion de découvrir, pratiquer et même faire évoluer une forme de communication dont je ne sais pas vraiment si elle est "innée ou acquise", je veux dire cette langue est avant tout pour moi comme celle de Cro-Magnon, pleine de "rasoir" et de "miroir" si tu te rappelles Julien Couteau parodiant Christophe Lambert dans le film Greystoke... Alors après, oui, il a bien fallu que j'y rajoute des "+oo" et autre pour pouvoir exprimer tout le contenu des cours que je suivais, et si au début j'étais réticent à en faire évoluer la syntaxe, depuis c'est un maëlstrom en perpétuelle transformation qui est loin d'avoir rassasié ma curiosité et mon intérêt --c'est d'ailleurs ainsi que l'idée s'est présentée à moi à l'INSA après Carhaix. Ne serait-ce que par la possibilité de s'en servir "dans les deux sens", j'ai évidemment d'abord découvert que tout ce que j'écrivais sous cette forme pouvait être --plus ou moins-- facilement traduit ensuite en français "standard", et je fus alors étonné de la liberté et la facilité dans laquelle j'arrivais à produire de l'écrit ma foi d'une certaine facture ; puis m'est venue l'idée de faire le travail inverse, et j'ai mis à profit le volume conséquent de documents à traduire pour atteindre une meilleure connaissance des forces et des limites de ma langue (re)naissante.
_ _ _ Mais cela est loin d'être le bon moment pour partir dans ces considérations de linguistique qui intéresseraient peut-être Tristan, disons pour l'instant que je m'aperçois une seconde fois dans cette lettre, et à ma grande surprise, qu'une partie de moi se sent vraiment rassurée de pouvoir trouver dans ce doctorat, si durement acquis, de quoi apaiser sa crainte d'être "anormal" voire pire... J'ai donc un retour double vis à vis de ce diplôme, d'un côté j'ai avancé dans cette voie avec une motivation complètement, mais complètement irrationnelle --"l'imposteur" à Gattaca qui ne veut pas être découvert avant le lancement de la navette spatiale-- à la suite de quoi, n'ayant rien à recevoir je n'ai rien reçu du tout quand j'ai été déclaré "digne du grade de docteur de l'université de Nantes", mis à part les larmes que j'avais séchées en me lançant dans cette affaire, et qui me sont revenues en pleine face dès que j'ai été "libéré de mes obligations" ; d'autre part, et je n'en suis qu'au début de mes surprises, j'y découvre un solide point d'ancrage, un espèce de rocher que les vagues ne peuvent pas recouvrir, un bouclier dont j'ai encore à tester les faiblesses avant de pouvoir m'en servir pleinement. C'est une sensation vraiment étrange, mélange de surprise et de révérence, à l'égard de "ce qui" m'a poussé dans cette direction, je m'en rends compte, il y a longtemps maintenant... Et ce que l'histoire devra retenir, pour aujourd'hui en tout cas, c'est que je suis sorti victorieux --euh pardon on dit plutôt "major"-- des épreuves théoriques du master, en utilisant cette méthode de traduction qui m'est si particulière mais qui m'a donc permis d'obtenir la mention "bien", avec un point d'avance sur le deuxième du groupe, ce qui m'a automatiquement "qualifié" pour la poursuite en thèse. Peu de temps avant le début des trois (quatre) années de doctorat, en milieu de stage de master, j'ai fait un drôle de rêve, du genre que je peux compter sur les doigts d'une seule main dans toute ma vie -et pourtant je me souviens très souvent de mes rêves- un rêve dans lequel j'ai vu un futur possible, un futur que j'ai vécu depuis... Au lendemain de ce rêve, je me suis levé à l'aube pour aller acheter une Nintendo DS, alors que jamais je n'en avais eu envie --d'ailleurs "geek" ça veut dire quelque chose comme "abruti" et "abruti" jusqu'à preuve du contraire c'est une insulte qu'on prend comme on peut (très mal dans mon cas)-- mais, comment dire, c'était pour faire comme dans mon rêve !! J'ai ensuite acheté une Wii puis une PS3 dans cette même idée, au moment de leurs sorties respectives, tant la charge émotionnelle de ce rêve m'a encore poussé des mois, des années plus tard. Il est vrai que c'est ce rêve qui a redonné des couleurs (euphémisme) à cette passion adolescente que j'avais pour la "création informatique", mais que j'ai perdue de vue en fin de lycée à cause de préoccupations plus biologiques celles-là, puis qui est revenue très brièvement quand j'ai quitté l'INSA, avant de refleurir comme jamais à la suite d'une coïncidence de fou puisque c'est seulement quelques mois après avoir acheté ma DS que j'ai appris par hasard qu'on pouvait créer des programmes dessus !! Je m'y suis mis et tout m'est revenu d'un coup, puissance 10 puisque j'avais pas mal progressé techniquement entre temps.
_ _ _ C'est là que la thèse a hélas commencé, du coup j'ai dû mettre entre parenthèses tant bien que mal toutes ces idées de création qui me fourmillaient pourtant déjà dans les doigts sous l'effet de ce fabuleux rêve. Mais on ne bloque pas impunément le retour de la couleur dans une vie en noir et blanc, et rapidement cette première année de thèse est devenue un cauchemard, voire pire puisque c'était comme de se réveiller d'un long rêve et de ne pas aimer du tout, mais du tout, l'endroit où l'on ouvrait les yeux et où l'on avait atterri sans s'en rendre compte... Je veux dire, se retrouver dans la position de "l'apprenti-laveur de cerveau", ça donne pas la pêche quand on a mon vécu et mes idéaux... J'ai failli lâcher l'affaire au bout de six mois, j'étouffais de ne pas pouvoir faire ce que je voulais vraiment et de devoir encore et toujours faire les quatre volontés de professeurs qui en plus n'étaient jamais contents de mon travail... Je dois dire que l'envers du décor de la "Sacro-Sainte Science", je suis content de l'avoir vu de mes propre yeux mais jamais je n'aimerai raconter comment je vois désormais les choses ! Des sages qui n'en sont pas, ça fait froid dans le dos. J'ai fait un break d'un mois en fin de printemps, à mon retour ils m'ont changé "d'affectation" et c'est à partir de là que j'ai continué simplement pour aller au bout de ce que j'avais commencé, pour ne pas rendre vain tous les efforts que j'avais pourtant fournis les trois années précédentes. Et que c'est épuisant de passer ses journées dans un environnement où l'on ne se sent pas la possibilité d'exprimer ce que l'on pense vraiment, ce que l'on est vraiment, crois-moi, j'avais hâte de mettre les voiles !! Bizarrement, c'est à ce moment-là qu'elle m'aurait servie le plus, "l'influence Gattaca", mais je m'étais déjà réveillé de cette rêverie amère qui n'avait eu pour autre but que de tenter de donner un peu de sens à ce qui n'en avait peu ou pas, "pimenter" une discipline sans saveur, en quelque sorte, les années précédentes.
_ _ _ Heureusement, en prenant un peu de recul j'ai pu commencer à comprendre que ce milieu scientifico-universitaire duquel je pensais tant de mal n'était pas aussi mauvais que ça, que c'était juste "pas fait pour moi". À partir de là, un "status quo des forces en présence" a pu s'opérer et j'ai pu enfin voir le verre à moitié plein au lieu de le voir à moitié vide, je veux dire des gens compétents, peu ou pas de contraintes d'ordre hiérarchique, et quel objectif à atteindre, celui d'aller boire des cocktails à l'autre bout du bout du monde aux frais de la princesse !! En plus, et même si je ne sais pas quel teneur ça a en termes de "syndrôme de Stockholm", avoir une activité intellectuelle intensive et non dirigée vers des centres émotionnellement chargés d'intérêt, ça a pu me permettre de faire le ménage dans la tête, de me (re)construire au calme après cette expérience ultra traumatisante de Carhaix en 2001 et des semaines qui ont précédé (suivi). Mouais. "To see good in bad, good philosophy" comme dit le vieux livreur de bouffe chinoise dans le 5e élément... C'est surtout que c'est plus facile à voir positivement maintenant que tout est terminé et que j'ai retrouvé toute ma liberté, que je n'ai plus à passer mes semaines avec trente personnes dont une seule fille mais là c'est un autre problème sur lequel je reviendrai plus loin dans cette lettre je crois (ou même une autre fois car c'est plutôt douloureux). Pour l'instant j'ai surtout envie de réaffirmer bien fort ma détermination à aller au bout de mes projets informatiques, mis entre parenthèses jusqu'ici "pour la bonne cause" depuis plusieurs années, mais qui ont été, sont et seront encore longtemps pour moi, autant un moyen de m'exprimer artistiquement, d'une nécessité presque vitale, qu'à terme l'occasion de rendre public et de débattre le constat que j'ai été amené à faire, de par l'expérience étrange que j'ai vécue, l'idée que l'esprit est pour l'esprit une terra incognita, encore vierge de toute cartographie "officielle" et dont l'existence même fait débat faute de route claire pour y accéder, mais que cette terre est habitée par des "êtres" dont certains ont beaucoup de choses à nous apprendre quand d'autres méritent (enfin !) notre plus grande méfiance. [fin actuelle du message]
