Poulpeman a écrit :Pour ma part, je crois que la manipulation des masses a la plus grande part de responsabilité.
Je n'en suis pas si certain.
La surconsommation est de fait une composante des sociétés humaines. Ce qui a changé ce n'est pas l'apparition de la pub, mais l'apparition d'une classe moyenne importante capable de surconsommé quand jadis il n'y avait que les plus riches qui pouvait se le permettre.
Si on regarde la plupart des sociétés dans l'histoire, la surconsommation est l'appanage des riches et de ceux qui y aspire. Que ça s'exprime par l'évergétisme et l'auto-célébration auquel se livrait les élites romaines pour affirmer un statut, la notion de générosité indispensable à la noblesse germanique du haut moyen-âge, le train de vie couteux quasi-imposé aux nobles du bas-moyen âge et de l'époque moderne...
Sauf que, pendant longtemps, la société a été plutôt très inégalitaire et la classe moyenne a été restreinte ou possédant un statut social qui leur imposait une certaine austérité pour se démarquer.
Le grand bouleversement du capitalisme tel qu'il s'est imposé, c'est l'augmentation des moyens de la classe moyenne et, avec les gains techniques en productivité, la baisse généralisé du coût des consommables (car produit en masse, mais cette production de masse vient avant le développement massif de la pub, donc on peut difficilement lui imputer la genèse de la surconsommation.)
La classe moyenne voyant ses capacités d'achat accroitre tandis que les inégalités reculaient (l'époque d'après guerre est marqué par une baisse assez conséquente des inégalités, à cause de la forte croissance et de la forte inflation notamment), si bien que dans l'imaginaire collectif, atteindre le haut du panier, le statut de riche, n'a jamais semblé aussi facile pour l'individu moyen.
De fait, la multiplication des comportements d'achats à partir des années 50 (et même avant aux USA) est d'avantage une multiplication des signes extérieur de réussite de la classe moyenne dans l'optique de montrer qu'ils atteignent mieux.
Contrairement aux siècles précédents, où la surconsommation était un signe d'une élite dont le statut n'était pas que du à sa richesse, mais à des fondements légales ou culturels, le XXèmes siècle a été marqué par une disparition de ce statut particulier des élites, donnant à chacun l'impression de pouvoir l'atteindre et en parrallèle, par une augmentation assez générale du niveau de vie et notamment de celui de la classe moyenne.
Il n'est pas surprenant que la surconsommation s'y soit greffée. Surtout après sortie de guerre où les privations et la récession ont frappé un peu partout.
Si le fondement de l'american way of life, qui a servi de propagande, reposait sur des possessions aussi symbolique qu'une automobile (objet de luxe pendant longtemps), une télévision, un lave-linge ou de l’électroménager. C'était des signes extérieurs de réussites.
Bien sur, après ça, le confort allant en augmentant, les signes se sont déplacée vers des objets à l'utilité moins immédiatement discernable, mais d'une certaine manière, la mal était déjà fait et avant la pub de masse.
Imputer à la pub une dynamique de société me parait extrême. Je ne nie pas son influence, mais les évolutions qui précèdent l'arrivée de la pub de masse portaient déjà en germe une société consommatrice. La pub n'a fait que surfer sur le mouvement et l'amplifier à l'heure où la consommation se heurtait à la technique, qui n'était plus capable d'augmenter le confort par des avancées aussi symboliques que l'automobile ou l'électroménager.
C'est un moyen d'entretenir le système qui a déjà démarré de toute manière.
Le consommateur use-t-il de ce système pour faciliter sa reconnaissance sociale ou le fait-il parce que la pub lui a appris à le faire depuis sa plus jeune enfance ? Je répondrais pareil que précédemment : l'environnement semble jouer le plus grand rôle.
Je n'ai pas dit que l'environnement ne jouait pas un rôle, mais c'est injuste d'imputer à une composante d'un système l'ensemble du dysfonctionnement de celui-ci.
C'est chercher un bouc émissaire et se dédouaner alors que le consommateur a aussi une responsabilité. C'est en tentant de suivre ses habitudes d'achats que la pub s'adapte, donc il l'influence, même inconsciemment et à de fait sa part dans le système où il trouve malgré tout son compte.
Remarque au passage : il n'y a pas de pression exercé par les consommateurs
Si, mais elle est indirecte et inconsciente, tout comme l’électeur exerce indirectement une influence importante sur le comportement des élus.
Elle ne peut pas être autrement d'ailleurs, puisqu'il s'agit d'une influence par un groupe, donc une "propriété émergente" du groupe en question.
Si les entreprises se font une guerre sur les prix c'est avant tout pour attirer le consommateur, il exerce donc indirectement une influence, sans quoi les entreprises ne se donnerait pas la peine de chercher à les séduire. Il a donc une responsabilité (responsabilité, non pas faute.).
S'il agissait différemment, le système fonctionnerait différemment puisqu'il est au coeur de ce système qui tente de l'amadouer et qui se greffe sur lui. Le tout est qu'il en prenne conscience, mais comme le consommateur, c'est "une foule", il ne peut avoir que des comportements émergents qui sera la somme des prises de consciences individuelles et fatalement il a une longueur de retard sur celui qui lui vend.
Oui, on est clairement dans un cercle vicieux où le système s'auto-alimente.
Tout système s'auto-alimente, c'est quand il cesse de s'auto-alimenter que ça devient un problème.
Comme tout système social a une inertie assez forte, quand le système commence à cesser d'être vertueux, les composants du système ont tendance à tout faire pour le maintenir.
On en a l'exemple avec la crise actuelle, où le crédit facile des années 90 a profité aux établissements de crédit et aux consommateurs qui ont vu leur niveau de vie maintenu et même augmenter par ce crédit. Dès lors que le crédit n'était plus aussi facile, comme tout le monde avait intérêt à ce qu'il le reste, les établissements de crédit ont massivement construit des produits financiers sophistiqués pour continuer à prêter facilement et le public s'en accommodait, jusqu'à ce qu'il ne puisse objectivement plus rembourser et que la réalité rattrape le système, qui s'était embourber dans un cercle vicieux où tout le monde voulait le beurre et l'argent du beurre (des crédits faciles pour les consommateurs, de la rentabilité pour les établissements de crédit...ceux-ci ayant en, plus un appétit de rentabilité qui a augmenté plus vite que l'appétit de crédit des emprunteur...ce qui n'arrange rien.)
Le système de consommation a le même problème. D'un coté des acheteurs avec un revenu qui stagne et une tendance à la consommation de biens culturels en hausse (puisque les bien de confort sont déjà largement répandu), de l'autre des entreprises qui ont un objectif de rentabilité qui a augmenté parce que le système de l'actionnariat c'est vicié dans le même temps.
Enfin des effets de la surconsommation qui commence à se faire sentir et qui sont, en quelque sorte, le principe de réalité qui vient rappeler aux deux autres partie que la fête est finie.
Chacun se tient par la barbichette et accuse les autres pour ne pas être le premier à craquer et donc à perdre, et de fait, tout le monde va y perdre, que ça soit les consommateur qui devront brutalement revoir leur style de vie, les entreprises qui vont brutalement y perdre de ne pas s'adapter à ce que la réalité impose.
Mais il y a des responsabilités des deux cotés et des influences des deux cotés.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)