Je poste ci-dessous un message que j'avais posté dans un autre forum et qui concerne récente de notre espèce
Homo sapiens sapiens. Ce message revient sur les preuves génétique de métissages ayant eu lieu entre
Homo sapiens sapiens et des populations d'hominidés aujourd'hui disparus tel que l'Homme de Néanderthal. Mes excuses si ce message peut sembler pédant mais je me suis dit que cela pouvait constituer une intéressante mise au point avec les dernières connaissances acquises sur le sujet.
____________________________________
Nous savons aujourd'hui que l'homme moderne est très probablement apparue en Afrique. Mais récemment des études génétique portant sur de l'ADN Néanderthalien ont montré qu'en quittant l'Afrique l'homme moderne s'est selon toute vraisemblance métissés avec des Néanderthaliens si bien que les populations non-africaines auraient une part d'ADN Néanderthalien estimé entre 1% et 4%. Notons toutefois que ces 1% à 4% représentent des séquences à plus de 99% des séquences identiques à celles des
Homo sapiens n'ayant pas d'ancêtre Néanderthaliens (et cela est également valables pour les contributions génétiques d'autres hominidés archaïques dont il sera question plus bas dans mon présent message). Ce qui réduit à une toute petite part les allèles Néanderthaliens composant le génome des populations non-africains. Cet épisode de métissage passé entre les populations humaines sorties d'Afrique peut s'illustrer de manière très simplifiée par le schéma suivant.
La contribution Néanderthalienne aurait eu lieu lorsque l'homme moderne a quitté le continent africain. Cette contribution Néanderthalienne n'ayant été jusqu'ici que retrouvée au sein de populations non-africaines. Notons toutefois que l'on trouvera probablement cette même contribution Néanderthalienne chez des africains, y compris donc des noirs-africains, via des échantillonnages plus vastes. Car d'autres études avaient démontré l'existence de flux de gènes allant de l'Eurasie à l'Afrique bien longtemps après la sortie des premiers hommes modernes du continent africain.
Mais comme souligner ci-dessus c'est un schéma bien simpliste de la réalité. Car de récentes études génétiques montrent qu'il y aurait eu bien d'autres mélanges durant la préhistoire. Non seulement des mélanges avec les Néanderthaliens, mais également des mélanges avec d'autres hominidés archaïques à ce jour inconnus ou tout du moins mal identifiés. Tout cela donnant un panorama complexe de notre évolution récente et des relations que nous avons avec des populations humaines aujourd'hui disparues. Mais tout cela amenant également à d'intrigantes questions sur le sort de ces populations humaines archaïques que nous avons donc remplacé.
Il y a tout d'abord le mysstérieux
Hominidé de Denisova connu que par une phalange et quelques dents. Premièrement L'ADN mitochondriale retrouvé dans ces restes montre que le dit Hominidé de Denisova serait davantage éloigné de nous-même que ne l'est Néanderthal. C'est-à-dire que Néanderthal et nous-mêmes aurions un ancêtre commun plus récent que notre dernier ancêtre commun avec l'Homme de Denisova. Deuxièmement des études génétiques montrent que la lignée de l'homme de Denisova a contribué entre 4% à 6% du génome des Mélanésiens actuels!
Une récente étude a d'ailleurs analysé le génome de plusieurs populations d'Asies du Sud-Est pour parvenir à reconstitué une partie des flux de gènes passés, y compris donc la contribution génétique qu'aurait eu la lignée de l'homme de Denisova au sein des populations Mélanésiennes actuelles, ce qui nous donne le schéma suivant.
Ne vous laissez pas impressionner par le schéma ci-dessus et observez tout d'abord les différentes lignées. À gauche nous avons la lignée africaine représentée ici par les Yoruba. Tout à droite nous avons la lignée de Néanderthal puis celle de l'Hominidé de Denisova. Par la suite nous avons les subdisivisons de ces lignées mères et les flux de gènes entre ces dernières aboutissant aux lignées asiatiques et océaniennes actuelles. Nous constatons que l'ascendance des populations asiatiques est, sans surprise, essentiellement africaine. Mais l'on constate tout d'abord une contribution de 1.3% d'ADN Néanderthalien (les pourcentages calculé sont en réalité des estimations pas des chiffrages exactes). Cette ADN Néanderthalien aurait contribué aussi bien aux populations Est-asiatiques (Chinois) qu'à celle des Mélanésiens. Puis il y aurait eu un deuxième flux de gènes issu concernant cette fois uniquement les Mélanésiens et issus cette fois de la lignée de l'Homme de Denisova. Cette contribution étant estimé à 7%! Mais par la suite cette contribution de 7% aurait été dilué de moitié par une contribution de la lignée des Onge (peuplade habitant aujourd'hui les Îles Andaman), réduisant de près de moitié la contribution de l'Homme de Denisova. Cette contribution aurait encore été d'avantage réduite au sein de la lignée ayant mené aux Mamanwa suite à des mélanges avec la lignée ayant mené aux Chinois. Ainsi nous aurions comme prévus une contribution Néanderthalienne commune à toutes les populations d'Asie (et plus généralement à toutes les populations eurasiatiques) puis une contribution issue de l'Hominidé de Denisova exclusive aux populations Mélanésiennes. Cette dernière contribution ayant cependant été quelque peu dilué par de récents mélanges avec des populations asiatiques qui elles étaient dépourvues de la contribution génétique en question.
Cependant ne nous y trompons pas ces scénarios restent sujets à caution.
Car une autre étude, récente elle aussi, soutient que les populations Est-Asiatiques comme les Chinois auraient elles aussi une contribution génétique issues de l'Hominidé de Denisova! Ainsi le modèle schématisé ci-dessus serait entièrement à revoir puisque contrairement à ce qu'il soutient, les chinois auraient eux aussi une part non-négligeable d'ADN issu de l'Hominidé de Denisova dans leur génome!
Donc jusqu'ici vous le voyez déjà bien, l'histoire de notre espèce et de son expansion à travers le monde ne s'est pas faite simplement. Il y a eu contact et mélanges avec des populations d'hominidés archaïques. Mais donc ces contacts et mélanges ont au final pris l'allure d'une véritable absorption et même d'un remplacement des populations en question! Pourquoi notre espèce a-t-elle à ce point là supplanté ces hominidés archaïques? On n'en est à ce jour absolument pas sûr tout au plus peut-on supposer que notre espèce était, par exemple, porteuse d'innovations culturelles et technologiques uniques ayant donc permis à nos ancêtres un meilleur accès aux ressources.
Mais à ce titre il reste encore à mentionner un autre possible fait, en ce qui concerne les métissages passé entre les hommes modernes et des hominidés archaïques aujourd'hui disparues.
Il y a tout d'abord eu
cette récente étude relatant l'existence de possibles mélanges entre les populations africaines et un mystérieuse lignées d'hominidés archaïques, mélange qui aurait eu lieu il y 35'000 ans seulement! Cette contribution génétique semble cependant avoir été relativement faible, à la hauteur de 2% seulement. Mais mieux cette lignée d'hominidés archaïques serait, tout comme l'Hominidé de Denisova, davantage éloigné de l'homme moderne que ne l'est l'Homme de Néanderthal! Cela signifierait qu'une lignée d'Hominidés archaïques, inconnue à ce jour a cohabité avec les populations d'homme modernes en Afrique il y a 35'000 ans seulement.
Mais une récente découverte tant à montrer que la présence d'une lignée archaïque sur le continent africain est probablement bien plus récente. Puisqu'une équipe de paléoanthropologues à décrit récemment l'anatomie du haut d'un crâne retrouvé au Nigeria, crâne daté de 11'000 à 16'000 ans seulement et dont l'anatomie est archaïque c'est-à-dire ici étrangement similaire à celui de l'Homme de Néanderthal!
Crâne de l'Hominidés archaïque retrouvé au Nigeria et daté de 11'000 à 16'000 ans seulement!
The Later Stone Age Calvaria from Iwo Eleru, Nigeria: Morphology and Chronology
Tout cela nous amène donc à nous poser de nombreuses questions! Tout d'abord comment et pourquoi cette lignée d'homme archaïque serait parvenu à vivre jusqu'à une date relativement récente aux côtés de l'homme moderne avant de disparaître mystérieusement? Et d'ailleurs comment ou en quelle occasion a-t-elle disparue?
Cela est également à remettre dans un contexte plus général, contexte qui est celui de l'apparition de l'homme moderne en Afrique et son expansion à travers le monde. Car donc
Homo sapiens sapiens serait certes apparu en Afrique, mais sur le même continent aurait persisté une autre lignée humaine, lignée qui se serait métissé dans une certaine mesure avec les hommes modernes resté en Afrique avant de disparaitre récemment. De la même manière les populations d'hommes modernes ayant quitté l'Afrique auraient elles aussi cohabité avec des lignées d'Hominidés archaïques (dont Néanderthal est l'un des plus célèbres représentant), se seraient également métissées avec ces dernières dans une certaine mesure avant que celles-ci s'éteignent à leur tour sans que l'on soit sûrs des causes de ces disparitions.
Ce qui est étrange c'est également que la faible contribution génétique de ces divers lignées humaines archaïques. Car pourquoi l'homme moderne les a à chaque fois supplanté au point que seul un faible pourcentage du génome des populations humaines actuelles témoignent de la contribution de ces lignées archaïques en question?
Enfin se pose la question des effet phénotypiques que pourraient avoir ces contributions génétique sur les populations humaines actuelles. Par exemple le faible pourcentage d'ADN Néanderthalien a-t-il une influence notable sur le phénotype des populations eurasiatiques? la seule réponse objective à cette question est que nous n'en savons strictement rien! Tout au plus peut-on affirmer que si cette contribution archaïque à des effets phénotypique, ceux-ci doivent être relativement limités. Car hormis de concerner qu'une toute petite partie du polymorphisme génétique, nous constatons que des variations alléliques inter-populations sont souvent récentes et/ou ne sont pas attribuables aux contributions archaïques. Par exemple la contribution Néanderthalienne ne semble pas expliquer la peau claire des européens puisque des populations eurasiennes elles-aussi porteuses de la même contribution Néanderthalienne, ont la peau foncée.
Bref plus de questions que de réponses, tout au plus nous pouvons affirmer aujourd'hui que l'homme moderne dans son expansion s'est donc vraisemblablement mélangé dans une certaine mesure avec les populations archaïques qui vivaient à l'époque avant de les remplacer. Cela signifie donc qu'il existait jusqu'à une période récente (il y a un peu plus de 10'000 seulement) une bien plus grande diversité biologique du genre humain. Celle-ci ayant été en grande partie perdu lors de différentes vagues d'expansions de l'homme moderne sur tous les continents, expansions dont les modalités exactes nous échappent en grande partie.
Dans tous les cas plus la recherche avance plus notre histoire évolutive récente s'avère complexe et incroyablement fascinante!