@ BdC: J'y étais. Je vais vous dire comment ça s'est réellement passé.
C'était il y a longtemps, si longtemps que j'ai perdu le compte des lunes, et puis je n'ai jamais réussi à refaire le point entre les changements de calendriers.
Nous, les gars de l'Attribut (oui, on s'appelait comme ça parce qu'on avait quand même un minimum de culture), on était parti chasser. Les filles et les mioches restant en arrière pour cueillir des groseilles (c'était la saison). Ça faisait déjà deux trois jours qu'on était dehors (pas bien longtemps quoi!) lorsqu'on a été surpris par le feu du ciel (Bon ! Je sais bien qu'on dit l'orage, mais c'est quand même plus poétique, et nous étions très poètes dans l'équipe). Quelques minutes pour nous construire un abris de fortune (c'est à dire, comme à la maison) et on a attendu que ça cesse.
Il faisait chaux et humide. Comme on étaient tous à poils, ça ne changeait pas grand chose. Il s'est mis à pleuvoir ce qui nous a permis de boire un coup, mais du coup, impossible de faire un feu potable pour éloigner les bébètes. On a attendu. Un peu plus loin dans la savane, le feu du ciel s'est mis au vert (quand je vous disais que j'étais poète) et tout un bosquet s'est mis à flamber. Ça a duré un bout de temps. Puis ça s'est calmé et on est ressorti.
De l'autre côté de la savane, l'incendie aussi s'était calmé, faute de combustible et par excès d'humidité sans doute. Je ne sais pas pourquoi on s'est approché du tas de cendre. La curiosité ? Toujours est-il qu'on en a fait le tour. C'était un bosquet d'une dizaines d'arbres avec quelques arbustes. Les cimes avaient cramé et des branches en tombant avaient mis le feu aux broussailles qui étaient abritées.
C'est là qu'on est tombé dessus. Un lièvre, un gros lièvre sans poils, figé dans la mort, noircis par les flammes. Ca aurait été con de laisser tomber un bout de viande sous prétexte que la flamme lui avait bouffé le poil. Alors, on l'a pris, et comme on avait la dalle, on se l'est partagé. Je ne vous cache pas qu'on était un poil dubitatif au départ, et puis finalement on a trouvé ça pas mal, surtout le vieux qui n'avait plus que cinq dents (d'ailleurs c'était son nom). La viande n'avait pas, le même goût; elle était plus tendre, plus facile à mastiquer. On s'est dit qu'il y avait peut-être d'autres bestioles à récupérer, et c'était le cas.
Ce sont les filles qui ont eu du mal à s'y mettre. Mettre des bêtes dans le feu devant la caverne, ça leur semblait du gachis, mais elles aussi avaient des vieilles à nourrir, et des petits. Finalement, il n'a fallu que quelques jours pour vaincre toutes les résistances.
Bon, bien sûr, aujourd'hui, je ne crache pas sur un tartare... Mais je ne suis jamais contre un aller-retour sur le grill.

La crainte des dieux est la fin de la sagesse.