Cogite Stibon a écrit :
Pour détailler un peu plus, quand on a une controverse sur un sujet de connaissance, on peut avoir :
- des faits empiriques non anecdotiques (ex : une étude montrant que la proportion de toxicomanes parmi les enfants issus de familles homoparentale est, par rapport à la proportion de toxicomanes parmi les enfants issus de familles monoparentales ou "traditionnelles", toutes choses égales par ailleurs, supérieure de n%, inférieure de n%, ou équivalente, de façon statistiquement significative)
- des théories non démontrées par des faits empiriques, mais réfutables, et donc scientifiquement testables. (ex : "Il n'existe aucune différence d'aucune sorte entre les enfants issus de famille homoparentales et les autres". "Les modèles établissant la corrélation entre la structure familiale et la toxicomanie montre que le taux de toxicomanie des enfants issus de familles homoparentales devrait être supérieur, toutes choses égales par ailleurs, de 5% à 20%, de façon statistiquement significative")
- des théories non démontrées et non réfutables, donc non scientifiquement testables (ex : "L'homoparentalité a forcément un impact négatif sur le développement de l'enfant, même si cet impact ne peut pas forcément être prédit ni observé" ou "Toutes les personnes qui osent seulement envisager la possibilité d'un impact négatif de l'homoparentalité sur le développement de l'enfant sont des homophobes." )
Ce qui m'intéresse, ce sont les arguments des deux premières catégories.
Votre classification est un peu serrée. Je dirais que mes appréhensions reposent sur des éléments appartenant à une situation charnière entre les deux premières catégories.
Par exemple:
- Il y a des faits empiriques (non anecdotiques) qui montrent que, comparativement, les enfants éduqués par des parents hétérosexuels «différenciés» se développent mieux statistiquement (dans plusieurs segments) que ceux éduqués par deux parents hétérosexuels «non différenciés». Or, la différentiation des parents dans le parentage hétérosexuel est intimement liée à des différences de comportements principalement (mais pas uniquement) conditionnés par la culture. En d'autres mots, les parents endossant, dans une large mesure, les stéréotypes sexuels ont des enfants qui se développent mieux. Cette conclusion théorique provisoire, issue de recherches empiriques (non anecdotique) est un des principaux acquis de «l'École française» en psychologie du développement.
Ce n'est certainement pas une "preuve" que les parents de même sexe auront des enfants qui se développeront moins bien. Mais ça incite à le craindre et je ne suis pas le seul à loger à cette enseigne. Presque tous les chercheurs que je connais en psychologie du développement émettent des doutes explicites lorsqu'on les interroge sur le sujet en coulisse. Et si ce n'était de la peur d'alimenter les préjugés homophobiques et/ou de se faire eux-mêmes taxer d'homophobie, ils s'exprimeraient en bien plus grand nombre contre les prétentions de l'APA.
Observez combien les chercheurs en psychologie du développement ont été d'une extrême timidité devant cette controverse qui concerne pourtant directement leur spécialité. Comme moi, ils ne se sont absolument pas laissé convaincre par les recherches comparatives vaseuses brandies par les activistes gais et lesbiennes. Par exemple, lorsque la controverse a explosé sur cette question en France durant les dernières années, les psychologues du développement ont patiné sans se compromettre publiquement. Sommé de prendre position dans le débat, Jean le Camus, une figure dominante de ce milieu a fini par se ranger un "peu plus" du côté des partisans des familles homoparentales que du côté des contre, mais sans jamais parler de l'adoption. Et il l'a fait avec un luxe de réserves et de nuances qui témoigne de l'inconfort de ce milieu. Jamais, Le Camus n'affirme qu'il est empiriquement prouvé qu'il n'y a pas de différences dans le développement des enfants. Il dira plutôt ici et là que
d'autres l'ont affirmé (APA, par exemple). Il dira aussi que ces recherches ont été conduites dans un climat de controverse qui ne permet pas de les considérer sereinement. Qu'ont manque de recul. Qu'on n’a aucune donnée sur le développement à long terme. Il affirmera qu’il est clair qu’il n’y a
«pas de consensus des psychologues» sur cette question, etc.. La seule concession équivoque qu'il fera au sujet de ces recherches vaseuses que je critique dans cette topique est qu'elles n'ont simplement
«pas montré le contraire», donc qu'elles n'ont pas montré que les enfants se développaient moins bien dans les familles homoparentales. Le seul élément qu'évoque Le Camus en faveur des partisans homoparentaux est un fait anecdotique que je ne conteste pas: en clinique, on observe que des parents de même sexe peuvent être des très bons parents.
« Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. » George Orwell