kestaencordi a écrit :je les entends et les lis dans la meme phrase. sans savoir s'il est juste de les associes.
Non, c'est injuste. Le Front national est républicain, mais c'est du républicain d'extrême-droite héritiers des extrémistes de salon des années 20 qui se rangeront derrière Pétain plus que des ligues violentes d'extrême-droite.
En clair, le FN ne veut pas renverser la République, mais faire une république de "méritant" (donc de bons français blancs, capable de prouver leur ascendance française sur X générations et qui vivent selon le fantasme de "l'art de vivre" à la Française), qui rétablit l'ordre, chasse la racaille et permet à la fraction des mauvais français (immigrés pas de la bonne couleur ou/et de la bonne religion) d'être des citoyens de secondes zones et de se taire.
C'est des ultra-conervateurs à la fois nostalgique des années 50 et de la République coloniale du début du XXème siècles qu'ils idéalisent totalement.
Si le fascisme devait venir des Lepen, se serait après élection, quand la réalité viendra réclamer son dû et rappellera le fait que diviser le monde en deux camps et nourrir des fantasmes d'un passé magnifiée ne permet pas de gérer un pays de manière un minimum démocratique, parce que ça réclamerait que les faits aient tord.
Or le seul régime qui est capable de mener une politique où les faits ont tord, c'est un régime autoritaire.
Et par autoritaire, je n'entends pas forcement une dictature, une République qui ferait un usage intensif de sa police et de son armée et qui ne voterait que des lois selon une éthique unique serait autoritaire et Républicaine.
Le pluralisme a besoin de contradiction pour gérer la réalité et de s'arranger avec et c'est précisément ce que déteste tous les extrémistes.
Kraepelin a écrit :Est-ce à dire que de la graine de fasciste couve chez un Français sur cinq?
Du Fascisme, non, mais comme le dit Florence, de la recherche d'un chef sauveur, oui, et sur plus d'un français sur cinq en fait.
Marine LePen ne fait que convenir à la fois à ce besoin maladif des français de se trouver un chef qui commandera le changement et au besoin maladif d'une frange de la population d'avoir un Etat tout puissant qui vaincra le reste du monde et protègera le "modèle français" assiégé.
C'est pas le fascisme, c'est simplement une incapacité chronique des français depuis des décennies à être démocratiques et donc à comprendre que le bien peut venir sans être le fait d'un plan mené par un chef. C'est toute la contradiction d'une société qui se réclame d'avoir des droits mais refuse ses devoirs en n'élisant jamais des représentants qu'elle aurait à surveiller, mais des tuteurs qui la mèneront à la baguette et contre qui elle pourra se révolter de temps en temps et devenir révolutionnaire à peu de frais.
La France est prisonnière à la fois du mythe de sa Révolution, du mythe de sa résistance pendant la 2GM, de la gloire guerrière de Napoléon ou De Gaulle et surtout de l'incapacité à comprendre que ce qui comptait dans la révolution, ça n'est pas la révolte, c'est la construction politique qui a suivit et que la diffusion des idées de liberté n'est pas née du fait de tout casser.
C'est toute la différence entre la France et la plupart de ces voisins. L'acte fondateur de la "démocratie" dans beaucoup de pays, c'est la proclamation d'une constitution et donc le début d'une construction politique.
L'acte fondateur de la République Française, pour la plupart des gens, ça n'est pas le serment du jeu de paume, mais la prise de la Bastille, donc un acte violent contre un pouvoir...faut pas s'étonner ensuite qu'il y ait autant de sympathisant pour les candidats qui prétendent frapper le système si l'origine de la pensée politique en France vient d'un acte de violence.
Florence a écrit :
C'est très bien illustré par la référence constante au Général de Gaulle
Pas que, il y a aussi, dernièrement, la ridicule entrée de la gastronomie française dans le patrimoine de l'unesco et le nombre croissant de mémorial ouvert depuis quelques décennies.
Il y a de plus en plus une forte crispation dans la société française autour de l'identité et du passé qu'on transforme de plus en plus en mythe et en référence absolue et incontestable.
Or une société qui se crispe à ce point sur son passé alors que sa société vit une profonde crise est une société qui se rangera d'autant plus facilement derrière un chef charismatique.
C'est ce qui me fait dire que s'il doit y avoir un pays dans le monde, aujourd'hui, qui est capable de basculer dans un régime autoritaire et d'être le déclencheur d'un certain chaos (je ne parle pas de guerre) c'est bien la France. Evidement, il y en a aussi d'autre, à commencer par la Hongrie, en Europe, mais son poids politique reste quand même plus modéré.
Il y a clairement un péril qu'il serait bon (mais ne rêvons pas trop) que les responsables politiques, mais aussi les associations qui représentent des courants idéologiques, les intellectuels, les journalistes... prennent en compte et rapidement.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)