On parle parfois des illusions de la droite ou de celles de la gauche, mais les deux ailles politiques ne sont pas seules à entretenir des illusions. Dans le contexte de la grève étudiante, j'entends beaucoup d'acteurs de la scène s'étrangler face à la désobéissance des étudiants et brandir comme des repères moraux «la suprématie de la loi dans une société de droits» et du «respect du pouvoir parlementaire en démocratie». Ces principes sont bien généreux, mais ils n'ont de prise que si nous entretenons vis-à-vis eux une certaine part d'illusions. Pour y souscrire, nous devons "croire" que le processus démocratique est relativement libre de contraintes. Nous devons "croire" que les élus sont des représentants légitimes de l'ensemble de la population. Y croyons-nous?
On reproche aux "jeunes" leur cynisme politique que je confesse partager avec eux. Suite au chapelait interminable du scandale des enveloppes brunes, des politiciens et des hauts fonctionnaires "retraités" qui se font offrir de beaux postes dans les entreprises privées à qui, par hasard, ils ont accordé des concessions, qui viendra me convaincre que nos élus défendent d'abord l'intérêt commun?
Au-delà de ces petites corruptions ciblées qui croient que les intérêts de toutes les classes sociales sont représentés proportionnellement à leur poids démographique?
Les recherches empiriques ont montré que l'issu d'une élection était presque linéairement proportionnel à la couverture de presse pendant une campagne électorale. Ceux qui sont élus au parlement ne sont pas nécessairement ceux qui sont les meilleurs. Ce sont ceux qui ont la meilleure couverture de presse. Et la couverture de presse elle-même dépend d'un ensemble de déterminants. Qui sont les propriétaires de journaux, de radio, de télé et qu'elles sont les partis politiques les mieux financés, de façon ouverte ou occulte? Cela a-t-il un impact sur la couverture de presse? Qui en doute?
Certains étudiants "cyniques" croient que le gouvernement se désengage des ses responsabilités face au financement des collèges et des universités parce qu'il a trop consenti d'allégements fiscaux et de subventions aux entreprises et aux pharaons du capitalisme. Certains journalistes font beaucoup de bruit à propos de la progressivité des impôts qui chargent beaucoup la classe des revenus supérieur à 75,000$. Mais pourquoi ce silence à propos de la dégressivité des impôts des classes de revenus (réel) supérieure à 500,000 $ ? Warren Buffett s'interrogeait sur la logique d'une fiscalité américaine qui le taxait proportionnellement moins (lui le milliardaire) que sa secrétaire? Je lui conseillerais d'aller consulter certains milliardaires Canadiens qui eux parviennent à ne pas payer d'impôt du tout depuis des années.
Cynique? Oui, je plaide coupable!
Le cynisme et les illusions du centre
Le cynisme et les illusions du centre
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