Affaire Lamare : pseudo-science en expertise judiciaire ?

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Hallucigenia
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Affaire Lamare : pseudo-science en expertise judiciaire ?

#1

Message par Hallucigenia » 09 juil. 2012, 14:37

Salut,

Alain Lamare était un gendarme de l'Oise, qui a commis plusieurs crimes entre mai 1978 et avril 1979, dans l'Oise en France.

Il était affecté au PSIG (Peloton de surveillance et d'intervention) chargé d'enquêter sur ses propres crimes.

Image

Lorsqu'il a été arrêté, la juge a demandé à des experts judiciaires de se prononcer sur l'état mental de Lamare. Est-il fou (donc irresponsable), ou peut-on le juger ?

Et là, les expertises et contre-expertises sont contradictoires.

1) La première expertise conclue à une personnalité paranoïaque, mais affirme que le gendarme Lamare est responsable de ses actes.
2) Une contre-expertise affirme ensuite qu'au contraire, Lamare était dément au moment des faits, et qu'il ne peut être jugé.
3) À nouveau, une expertise affirme que Lamare est responsable de ses actes... mais cette expertise est annulée pour vice de forme.
4) C'est finalement 3 ans après l'arrestation de Lamare qu'une quatrième expertise sera décisive. Lamare est déclaré irresponsable, et il ne sera jamais jugé.

L'un des experts psychiatres qui a rendu cet avis est Serge Bornstein : docteur en médecine, neuropsychiatre, officier de la Légion d'Honneur.

On le voit dans cette vidéo expliquer ce qui a justifié leur avis sur l'état de démence de Lamare. Ils ont tout simplement fait passer un test de Rorschach au gendarme !

Autrement dit, en se basant sur une interprétation d'un test qui n'a rien de scientifique, on n'a pas jugé l'une des affaires criminelles françaises les plus importantes du 20ième siècle.

C'est d'autant plus incroyable qu'on a un type qui était considéré comme le meilleur gendarme de son escadron, qui avait un comportement parfaitement normal pendant ses heures de travail, et que personne n'a jamais suspecté d'être fou.

Drôle d'affaire...

Amicalement,
Hallucigenia

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kestaencordi
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Re: Affaire Lamare : pseudo-science en expertise judiciaire

#2

Message par kestaencordi » 09 juil. 2012, 15:06

premier constat,

la justice francaise est bien diferente de la justice canadienne,
en droit criminel, une victime,ici n'a absolument rien a dire sur sur l'ensemble des procedure. quelles accusation seront deposées ou meme s'il y en aura, si elle temoignera ou non. encore moins porter la cause en appel.

le cause appartient a la reine point.

j'ai peine a imaginer que le test de Rorschach fut le seul déterminant dans son évaluation quoique...rien ne me surprend plus en justice.
Victoriae mundis et mundis lacrima.
ça ne veut absolument rien dire, mais je trouve que c’est assez dans le ton.

bati
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Re: Affaire Lamare : pseudo-science en expertise judiciaire

#3

Message par bati » 09 juil. 2012, 15:16

Salut,

La psychanalyse... :ouch:
Elle en devient dramatique.
Hallucigenia a écrit : Autrement dit, en se basant sur une interprétation d'un test qui n'a rien de scientifique, on n'a pas jugé l'une des affaires criminelles françaises les plus importantes du 20ième siècle.
C'est l ensemble de la psychanalyse qui n'a rien de scientifique.

Bati,

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Hallucigenia
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Re: Affaire Lamare : pseudo-science en expertise judiciaire

#4

Message par Hallucigenia » 09 juil. 2012, 15:29

Salut Bati,
bati a écrit : La psychanalyse... :ouch:
Elle en devient dramatique.
Aucun rapport avec la psychanalyse.

D'abord, les tests pratiqués sont ceux de Rorschach.

Et puis S. Bronstein n'est pas psychanalyste, mais psychiatre. Il est même expert en psychiatrie criminelle.

J'imagine naturellement qu'il n'a pas utilisé que les tests de Rorschach pour donner ses conclusions au juge, mais c'est quand même moche de se baser sur un "outil" aussi contestable...

Amicalement,
Hallu

bati
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Re: Affaire Lamare : pseudo-science en expertise judiciaire

#5

Message par bati » 09 juil. 2012, 15:39

Hallucigenia a écrit :Salut Bati,
bati a écrit : La psychanalyse... :ouch:
Elle en devient dramatique.
Aucun rapport avec la psychanalyse.

D'abord, les tests pratiqués sont ceux de Rorschach.

Et puis S. Bronstein n'est pas psychanalyste, mais psychiatre. Il est même expert en psychiatrie criminelle.

J'imagine naturellement qu'il n'a pas utilisé que les tests de Rorschach pour donner ses conclusions au juge, mais c'est quand même moche de se baser sur un "outil" aussi contestable...

Amicalement,
Hallu
Désolé, j’étais persuadé que le "test de Rorscach " était un test psychanalytique.

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kestaencordi
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Re: Affaire Lamare : pseudo-science en expertise judiciaire

#6

Message par kestaencordi » 09 juil. 2012, 15:59

Hallucigenia a écrit :
J'imagine naturellement qu'il n'a pas utilisé que les tests de Rorschach pour donner ses conclusions au juge, mais c'est quand même moche de se baser sur un "outil" aussi contestable...

Amicalement,
Hallu
quelque cause médiatisé, ici, montre un laxisme flagrant des expert psy. dr morissette 2 fois. dont 1 parjure. dans un cas un homme est resté 20 mois en institution avant que l'on reconnaisse les mauvaises évaluations faite contre lui. il voulait meme le faire inscrire sur la liste des criminel dangereux. une autre psy a fait une expertise legal sans voir le patient. elle s'est basé sur un rapport d'un autre psy qui ne l'avait pas vu non plus. faut le faire... ces evaluation etaient faite a la demande de la couronne.

l'homme daniel bedard a ete blanchi de tout.
Victoriae mundis et mundis lacrima.
ça ne veut absolument rien dire, mais je trouve que c’est assez dans le ton.

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Re: Affaire Lamare : pseudo-science en expertise judiciaire

#7

Message par Hallucigenia » 09 juil. 2012, 20:05

Salut,
Hallucigenia a écrit :Ils ont tout simplement fait passer un test de Rorschach au gendarme !
En fait on voit un extrait du rapport dans la vidéo, et les experts ont manifestement constitué un dossier bien plus solide que basé sur l'unique test de Rorschach. Ce serait donc un effet du montage et de l'interview qui donne cette fausse impression.

Ce serait surtout étonnant de la part du Dr Bornstein, qui semble être une pointure dans son domaine, de s'être limité à ça.

Cela dit, je serais curieux de connaître la proportion de graphologues, psychanalystes, etc. qui interviennent en tant qu'experts judiciaires auprès des tribunaux. Une petite recherche sur Google semble indiquer qu'ils sont nombreux.

Et ça fait peur d'imaginer que le sort judiciaire de certains prévenus se joue sur des critères et des techniques aussi infondés.

Hallu

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Aéroplaneur
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Re: Affaire Lamare : pseudo-science en expertise judiciaire

#8

Message par Aéroplaneur » 09 juil. 2012, 20:13

bati a écrit :Désolé, j’étais persuadé que le "test de Rorscach " était un test psychanalytique.
C'est plutôt un test projectif, sujet à de nombreuses critiques et qui comporte de grosses faiblesses au plan psychométrique :
Les critiques[modifier]Controverse autour de la validité psychométrique du test :

En dépit de son utilisation très répandue, aussi bien en psychologie clinique que le cadre de l'expertise psychologique médico-légale, le test de Rorschach (tout comme la plupart des autres tests projectifs) fait l'objet de nombreuses critiques et controverses. Ces critiques portent notamment sur le fait que les recherches psychométriques échouent à démontrer la validité du test[12]. Ce débat oppose les tenants de l'approche clinique en psychopathologie face aux tenants de la fondée sur la preuve[13].

Critique de la "validité interne" Plusieurs problèmes intrinsèques au test de Rorschach ont été identifiés au cours des années. Dès les années 1950, des critiques se sont élevées contre l'usage de ce test déplorant notamment l'absence de données normatives (statistiques) dans l'ouvrage princeps de Rorschach. Ces critiques ont été réfutées du fait que le livre d 'H.Rorschach n'est plus l'ouvrage de référence actuel - il date de 1929 - mais garde essentiellement une valeur historique. Par ailleurs, les déterminants isolés par Rorschach présentaient un certain nombre de défauts. Par exemple, la valeur du score R (autrement dit, le nombre de réponses à une planche) influence la variance des autres scores du tests. En 1950 des critiques pensaient plus le sujet donnait de réponses, plus il avait des chances qu'une d'elle soit soit assignée à la catégorie diagnostiques psychotique) (Holtzmann et al, 1961) ce qui s'est révélé comme faux puisque ceci peut être soit interprété dans le registre des défenses narcissiques, soit comme un signe hypomaniaque mais en soi, le nombre de réponse n'est en aucun cas patognomonique[14]. Le système de cotation mis au point par John Exner et publié au cours des années 1980 et 1990, le Comprehensive System (CS) a été une d'offrir une méthodologie standardisée plus précise pour la passation, le recueil, l'interprétation et la cotation des réponses. Le système CS présentait ainsi l'avantage d'offrir une meilleure concordance inter-juges que les méthodologies antérieures. De plus, avec ce nouveau système, un grand nombre de données ont pu être collectées de façon à établir des normes statistiques. Mais cette entreprise a elle-même été confrontée à des difficultés : publications de données erronées, changement des méthodes de cotation au fil des ans.[réf. nécessaire] . Les protocoles de cotation, même standardisés comme le CS, sont également critiqué pour leur manque de validité inter-culturelle : les résultats obtenus sont aussi influencés par la culture d'origine des individus testés. Ainsi, au moins deux études tendent à montrer que des populations telles que les indiens d'Alaska ou les noirs urbains d'Amérique présentaient des caractéristiques très déviantes de la norme du protocole (Krall et al, 1983; Glass et al, 1996). Ce débat traverse l'ensemble de la psychopathologie où la question est de savoir si l'on est assigné à sa culture d'origine où si, dans toute culture d'origine, il existe des troubles psychiatriques et que ceux-ci sont de catégorie universelle.

Critique de la "validité externe" La conception du test se fit relativement rapidement (entre 1917 et 1921) et Rorschach est décédé en avril 1922, moins d'un an après la première publication du Psychodiagnostik. Malgré la brièveté de son développement, Rorschach voyait dans son test un outil promis à un riche avenir dans le diagnostic des pathologies mentales. Or malgré un usage intensif par les psychologues cliniciens, le test de Rorschach, même analysé selon la méthode CS, n'a pas fait l'objet d'évaluations systématique permettant de le comparer à d'autres outils diagnostiques validés[15]. Cette lacune rend difficile l'interprétation des différents scores obtenus. La norme CS a aussi été critiquée pour son manque de spécificité : elle donne lieu à un grand nombre de faux-positifs en diagnostiquant des individus sains comme déviants avec tout ce que ces deux catégories comportent de discutables (Lilienfeld et al, 2000 ; Shaffer et al, 1999). Malgré près de 70 ans de tentatives, et de nombreuses versions du protocole d'interprétation du test de Rorschach, il apparaît très clairement que ni la validité, ni la cohérence des mesures du test n'ont été prouvées par des procédures psychométriques (quantitatives) (Wood et al, 1999, 2000; Eysenck, 1959). Une seule tentative a été couronnée d'un modeste succès dans les années 1970, par Holley (1973) et à titre exploratoire seulement, grâce à une étude utilisant une analyse de type Q (qui se focalise sur la cohérence des cas, plutôt que sur celle des questions). Le test de Rorschach continue d'être pratiqué par de nombreux psychologues cliniciens, certains y voyant un moyen précieux et irremplaçable de recueillir des informations riches et diverses du patient qui font appel à sa subjectivité et à celle du clinicien (Kline, 1983; 2000).

Critique de la théorisation Certains auteurs comme Lydia Chabrier, qui en a fait sa thèse, critique la validité du test du Rorschach du fait même de sa construction. Une erreur épistémologique serai à l'origine d'approches successives abordant cet outil par "tâtonnements empiriques, en fonction de l’étalonnage effectué par Hermann Rorschach, et l'explication théorique est venu se greffer sur cet empirisme"[16].


SOURCE : Wikipédia
Napoléon à Laplace :
– Laplace, votre travail est excellent mais il n'y a pas de trace de Dieu dans votre système.
– Sire, je n'ai pas eu besoin de cette hypothèse.

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Aéroplaneur
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Re: Affaire Lamare : pseudo-science en expertise judiciaire

#9

Message par Aéroplaneur » 09 juil. 2012, 20:23

Depuis que ce test existe et vu sa grande popularité, il est étonnant qu'aucune équipe de recherche n'ait pu en établir clairement un ensemble de normes psychométriques.

C'est ce qui rend ce test questionnable.
Napoléon à Laplace :
– Laplace, votre travail est excellent mais il n'y a pas de trace de Dieu dans votre système.
– Sire, je n'ai pas eu besoin de cette hypothèse.

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