[Discussion privée] Féminisme et prostitution

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Hallucigenia
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[Discussion privée] Féminisme et prostitution

#1

Message par Hallucigenia » 31 août 2012, 13:31

Salut Tryphon,

Je propose que nous débattions ici tous les deux (et uniquement tous les deux) de l'article de Morgane Merteuil, publié ici :


Note : comme le tag l'indique, cette discussion est privée. Il s'agit d'un débat en tête-à-tête, entre Tryphon et moi. Si quelqu'un d'autre a un commentaire, merci de le faire sur ce sujet.

Hallu

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Re: [Discussion privée] Féminisme et prostitution

#2

Message par Tryphon » 31 août 2012, 18:31

Il va de soit que nous ne sommes pas d'accord quand à l'excellence du texte de Morgane Merteuil : "On est des putes et vous êtes quoi ?".
Avant de commencer je tiens à préciser que :

- Je ne suis pas pour l'abolition de la prostitution
- Je ne milite pas dans des groupes féministes
- Je ne suis pas venu défendre la cause de certain partis politique
- Je ne suis pas puritain


Je voudrais en introduction citer Morgane Merteuil : "je suis scpetique sur le mot "spécialiste" de toutes manières : les spécialistes de la prostitution, ce sont les putes :)" ( réponse à Victor Toulouse, groupe du STRASS Facebook https://www.facebook.com/groups/STRASSsyndicate/ )
-Pourtant il me semble qu'il existe d'autres spécialistes de la prostitution: proxénètes, clients, famille des hommes, femmes, enfants qui se prostituent, associations et bénévoles qui travaillent auprès des prostitués, etc.

Alors bien que pas pute et pas spécialiste ( ce qui répond à la première question posée dans le titre) , je vais me permettre de donner mon avis sur le sujet, parce que nous vivons dans un monde où le marché du sexe, prend des proportions terrifiantes , que la crise sévit , que le sort de mon prochain m’intéresse et que j'ai travaillé auprès des enfants prostitués, dans un département Français à 8000 kilomètres de notre chère métropole. ( J' y reviendrai plus tard)

"Les « débats » sur le travail sexuel sont souvent prétextes à un déferlement de violence de la part de celles et ceux qui ont compris que pour faire disparaître une catégorie de la population, il faut commencer par trouver les moyens de la faire taire, de discréditer sa parole" Voici la première phrase sur laquelle je veux rebondir.

Parlons donc du plus vieux métier du monde comme si ça le rendait plus acceptable ou de la plus vieille humiliation du monde ( au choix). Si certains en ont acceptés avec joie ( car moins "exploités") les principes, déclarant leur indépendance ( mais pas trop quand même), certains n'ont pas eu d'autres alternatives, ces autres là ont été totalement enfermés et c'est bien les méandres de la prostitution et la loi du fric, des injustices sociales qui les ont fait taire. La prostitution n'est pas un travail comme un autre , de même qu'une caissière n'est pas une architecte, de même qu'une Dame aux Camélias n'est pas Cosette. Quand bien même certains en tirent des avantages, d'autres en meurent et je trouve de très mauvais ton face à cet aspect du métier de tenter de donner une image radieuse d'avenir à ce métier qui tue. N'est-il pas dangereux d'en faire sa promotion ?
"Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale.
- Chamfort-

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#3

Message par Tryphon » 31 août 2012, 18:37

Rectification : je voulais comparer la Dame aux Camélias avec Fantine.
"Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale.
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Re: [Discussion privée] Féminisme et prostitution

#4

Message par Hallucigenia » 31 août 2012, 21:47

Bonsoir Tryphon,
Tryphon a écrit : Avant de commencer je tiens à préciser que :

- Je ne suis pas pour l'abolition de la prostitution
- Je ne milite pas dans des groupes féministes
- Je ne suis pas venu défendre la cause de certain partis politique
- Je ne suis pas puritain
Nous sommes d'accord sur ces 4 points. J'aurais pu les écrire moi-même. :a4:

J'ajoute que je suis favorable à la légalisation de la prostitution, à la réouverture des maisons closes (mais pas les bordels à l'ancienne, plutôt des coopératives autogérées de prostituées), et à tout cadre juridique permettant d'offrir de meilleures conditions sanitaires aux prostituées, une meilleure sécurité face aux agressions, une meilleure protection policière et judiciaire, et une diminution de leur précarité.

Sur ces questions, je suis donc sur la même ligne que le STRASS (Syndicat du travail sexuel) et ActUp Paris, entre autres.

Comme Morgane Merteuil, je suis opposé aux abolitionnistes qui souhaitent pénaliser les clients des prostituées.

Bien sûr, il faut lutter sans pitié contre les trafics d'êtres humains, contre l'esclavage sexuel, et contre le proxénétisme. Mais pénaliser les clients ou les prostituées, c'est une idiotie.

Je suis également favorable à ce qu'on permette aux handicapés et aux malades un accès à un assistanat sexuel via la prostitution, lorsque ceux-ci en sont demandeurs.
Tryphon a écrit :La prostitution n'est pas un travail comme un autre (...).
N'est-il pas dangereux d'en faire sa promotion ?
La prostitution est un travail. Comme un autre ou pas... bah, aucun travail n'est comme un autre. Donc c'est compliqué à dire. Mais c'est un travail, qui peut être librement choisi, et bien vécu.

À ce propos, j'ai posté un jour une vidéo sur une prostituée de Bruxelles, que j'ai trouvée autant émouvante qu'admirable. Voici le lien :
sonia-la-pute-de-bruxelles-t6799.html

Donner la parole à ces prostituées, ça me semble hyper important. Ce sont elles que je veux défendre, et qui sont menacées par tout un tas de lois en France (loi sur le racolage, loi prévue sur la pénalisation des clients, etc.).

Voilà... bon, nous sommes pour l'instant plus dans nos présentations respectives que dans le débat, mais c'est sans doute utile en début de discussion. Il serait temps maintenant que nos points de désaccord deviennent un peu plus saillants. ;-)

À toi la balle !

Amicalement,
Hallucigenia

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#5

Message par Tryphon » 01 sept. 2012, 13:28

-Je ne suis pas pour l’abolition de la prostitution car j’ai conscience que c’est un combat qu’on ne peut pas gagner entièrement, les orifices des hommes, des femmes des enfants continueront d’être vendus. Mais je peux tenter de lutter au maximum contre ces crimes pour en minimiser l’étendue non en agitant le drapeau de la prostitution comme une juste liberté, mais en informant les uns et les autres de ce qui ne se vend pas en me basant sur une justice représentative d’une société qui ne se ferait pas complice d’un tel commerce.
D’autre part, sa façon d’être proposée en France conduirait à une politique répressive qui toucherait une fois de plus les prostitués. (J’insiste pour le –és- à la fin, parce que les grands E, oublient le reste et que je crois que la lutte contre la prostitution n’est pas un combat féministe mais un combat pour le respect de la dignité humaine).

-La prostitution est vieille comme le monde, la violence aussi, ce n’est pas pour autant que je ne dois pas lutter contre.
Hallucigénia a écrit :J'ajoute que je suis favorable à la légalisation de la prostitution, à la réouverture des maisons closes (mais pas les bordels à l'ancienne, plutôt des coopératives autogérées de prostituées), et à tout cadre juridique permettant d'offrir de meilleures conditions sanitaires aux prostituées, une meilleure sécurité face aux agressions, une meilleure protection policière et judiciaire, et une diminution de leur précarité.
- Je ne suis pas favorable à la légalisation ou plutôt à la banalisation de la prostitution en travail comme un autre, tout simplement parce que c’est une activité qui transforme les orifices de l’être humain en produits.

- Je ne suis pas pour l’ouverture des maisons closes, car bien que choisissant ses horaires, les prostitués, ne choisissent pas leur client et qu’ils dépendent d’un tenancier ou d’une tenancière.

- je ne suis pas pour une autogestion groupée qui transformerait les prostitués en proxénètes d’autres prostitués moins « populaires », ce qui est parfois le but de certain prostitués dans la hiérarchie de ce monde particulier.

Travailler en indépendant pourquoi pas, mais cela se discute et doit se conformer avec les règles du code du travail, de la médecine du travail et des limites à donner à cette activité (Comme le droit de dire non par exemple, les horaires, de pouvoir porter plainte sans être mis à l’index, d’être pris en compte par la médecine du travail et d’en accepter toutes les règles, d’accepter aussi d’être jugé psychologiquement apte ou pas à l’exercice de ce métier ; ex : si la personne se drogue, si elle le fait uniquement pour échapper à la misère, si elle peut supporter à long terme le fait de mettre en boutique son intérieur, bref protéger l’être humain ).

Et comme Sonia ; dans un local destiné à cette activité choisit par l’Etat lui-même. Et je suis tout à fait pour la pénalisation du client qui sortirait de ce cadre bien précis.
Car accepter qu’un prostitué mette sa vie en péril pour nous « rendre service » ce n’est pas le respecter. Profiter de la misère humaine ne doit pas être toléré.

hallucigénia a écrit : La prostitution est un travail. Comme un autre ou pas... bah, aucun travail n'est comme un autre. Donc c'est compliqué à dire. Mais c'est un travail, qui peut être librement choisi, et bien vécu.

À ce propos, j'ai posté un jour une vidéo sur une prostituée de Bruxelles, que j'ai trouvée autant émouvante qu'admirable. Voici le lien :
sonia-la-pute-de-bruxelles-t6799.html

Donner la parole à ces prostituées, ça me semble hyper important. Ce sont elles que je veux défendre, et qui sont menacées par tout un tas de lois en France (loi sur le racolage, loi prévue sur la pénalisation des clients, etc.)
Que veux-tu me prouver avec l’entretien de Sonia ? L'image de la pute maternelle bien qu'émouvante ne change pas grand-chose à mes positions, cela ne prouve pas que c’est un métier comme un autre. Son entretien me fait d'ailleurs penser au troisième monologue d'une pièce de Christian Rullier : « Femmmes » ( avec trois M) qui traite du fameux triptyque se voulant représenter ce qui constituerait une femme idéale : une mère une sainte et une putain. J’ai tout même l’impression que ses futures études d’anthropologie lui coïncident mieux et qu’elle se dirige vers cet épanouissement plus conforme à ce qu'elle est.

Je ne ne vais pas me lancer dans la critique détaillée de cette vidéo, ou alors une prochaine fois, je reste bien dans l'analyse du texte de Morgane Merteuil. Et ce n'est pas cette particularité de Sonia de Bruxelles,ni de Morgane Merteuil que je veux défendre, car elles vont bien, elles le disent.

Et même de façon assez virulente je cite :"Vous vous adressez à nous depuis un îlot privilégié (ou que vous estimez tel), en vous disant que nous nous réjouirions de vous y rejoindre : mais la vérité pourtant est que nous avons préféré devenir putes que devenir vous."

Tout ça décrédibilise entièrement les demandes de soutien que fait passer le STRASS et malheureusement poussent encore plus profondément dans l'oubli tout ceux qui sont victimes de la prostitution moi ce sont ces personnes que je veux défendre, ou d'autres personnes qui se sentiraient tentées par le côté "attractif" de ce commerce. Je ne pense pas que c'est en donnant un visage décomplexé à cette activité que l'on peut agir correctement, je ne crois pas que Morgane fasse partie des Minorités , mais bien des personnes dont le parcours est atypique et voulu (ce qui ne permet pas effectivement de ne pas lui accorder de respect).

Bien entendu il n’ y a pas que la prostitution qui fasse souffrir, il y a des multitudes de souffrances, dans le monde du travail , dans le couple etc. Mais est-ce au nom de cela que je dois accepter et encore et encore plus que la dignité humaine soit bafouée et ce jusque dans ses orifices ? Jusqu’où nous laisserons- nous bouffer ?
"Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale.
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#6

Message par Hallucigenia » 01 sept. 2012, 19:19

Salut Tryphon,
Tryphon a écrit :Je ne suis pas pour l’abolition de la prostitution car j’ai conscience que c’est un combat qu’on ne peut pas gagner entièrement, les orifices des hommes, des femmes des enfants continueront d’être vendus.
Déjà, pour moi la prostitution des enfants n'est pas vraiment le sujet, de même que la prostitution forcée. (Il faut lutter contre ça, nous sommes d'accord.)

Mais la prostitution entre adultes consentants, je ne vois pas vraiment le problème. Tu dis être contre l'abolition parce que le combat est perdu d'avance. Moi je suis contre l'abolition parce que j'estime qu'il ne faut pas mener ce combat.

Les prostituéEs ont un rôle social, et je ne vois aucun intérêt à éliminer la prostitution de nos sociétés.
Tryphon a écrit :D’autre part, sa façon d’être proposée en France conduirait à une politique répressive qui toucherait une fois de plus les prostitués.
D'accord là-dessus. La répression, même des clients seulement, ne fera qu'aggraver la situation sanitaire des prostitués. Comme l'a fait la loi Sarkozy sur le racolage.
Tryphon a écrit : - Je ne suis pas favorable à la légalisation ou plutôt à la banalisation de la prostitution en travail comme un autre, tout simplement parce que c’est une activité qui transforme les orifices de l’être humain en produits.
C'est une vision réductrice de la prostitution. Même si c'est ce que viennent chercher certains clients, ce n'est pas toujours le cas. C'est que dit Sonia dans la vidéo : environ 30% seulement viennent pour "tirer leur coup". 30% viennent pour chercher de la tendresse, et 30% pour des "pratiques spéciales".

Et dans la prostitution, il y a aussi les massages, où les clients viennent chercher un contact avec une femme (avec éventuellement un orgasme), mais où il n'y a pas pénétration des orifices de la femme.
Tryphon a écrit :Je ne suis pas pour l’ouverture des maisons closes, car bien que choisissant ses horaires, les prostitués, ne choisissent pas leur client et qu’ils dépendent d’un tenancier ou d’une tenancière.
C'est l'objection que j'ai aussi contre les maisons closes. Les prostituées devraient en effet avoir toujours la possibilité de refuser un client.
Tryphon a écrit :Travailler en indépendant pourquoi pas, mais cela se discute et doit se conformer avec les règles du code du travail, de la médecine du travail et des limites à donner à cette activité (Comme le droit de dire non par exemple, les horaires, de pouvoir porter plainte sans être mis à l’index, d’être pris en compte par la médecine du travail et d’en accepter toutes les règles, d’accepter aussi d’être jugé psychologiquement apte ou pas à l’exercice de ce métier ; ex : si la personne se drogue, si elle le fait uniquement pour échapper à la misère, si elle peut supporter à long terme le fait de mettre en boutique son intérieur, bref protéger l’être humain ).

Et comme Sonia ; dans un local destiné à cette activité choisit par l’Etat lui-même.
Pas sûr qu'une réglementation aussi stricte soit nécessaire, ni utile.
Tryphon a écrit :Que veux-tu me prouver avec l’entretien de Sonia ?
L'idée était bien souligner que certaines femmes vivent la prostitution sans qu'on doive les considérer comme des victimes.

"Les prostituées sont toutes des victimes" -> c'est la position ridicule des abolitionnistes, et c'est contre eux qu'est dirigé le l'article de M. Merteuil.
Tryphon a écrit :Et ce n'est pas cette particularité de Sonia de Bruxelles,ni de Morgane Merteuil que je veux défendre, car elles vont bien, elles le disent.
Mais moi, ce sont justement elles que je veux défendre. Ce sont ces prostitués-là qui sont menacées par les lois répressives.
Tryphon a écrit :Et même de façon assez virulente je cite :"Vous vous adressez à nous depuis un îlot privilégié (ou que vous estimez tel), en vous disant que nous nous réjouirions de vous y rejoindre : mais la vérité pourtant est que nous avons préféré devenir putes que devenir vous."

Tout ça décrédibilise entièrement les demandes de soutien que fait passer le STRASS
Je trouve au contraire que c'est plutôt efficace comme formulation. N'oublie pas qu'elle s'adresse aux "féministes" abolitionnistes.
Tryphon a écrit :Mais est-ce au nom de cela que je dois accepter et encore et encore plus que la dignité humaine soit bafouée et ce jusque dans ses orifices ?
À nouveau, je trouve que tu mélanges la "prostitution" et la "prostitution forcée". Pas moi, je considère la prostitution forcée comme de l'esclavage sexuel, mais la prostitution en tant que telle ne bafoue pas la dignité des protagonistes.
Tryphon a écrit :je reste bien dans l'analyse du texte de Morgane Merteuil.
D'accord, revenons-y. :a3:

Amicalement,
Hallucigenia

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#7

Message par Tryphon » 01 sept. 2012, 20:49

hallu a écrit :Déjà, pour moi la prostitution des enfants n'est pas vraiment le sujet, de même que la prostitution forcée. (Il faut lutter contre ça, nous sommes d'accord.)
C'est donc bien ce qui me gêne dans vos opinions communes Morgane et toi, dire cela est un déni évident. Je ne vois pas au nom de quoi les enfants , femmes, hommes forcés n'appartiennent pas aussi à ce sujet, il s'agit tout de même de la grande misère de ce commerce; balayer cela d'un revers de main sous prétexte que certains l'ont intégrés de manière plus libre, me paraît malhonnête. De même que se contenter de dire je cite :"Pourtant, nous sommes des femmes, mais pas que, conscientEs des dérives existant à l'intérieur de l'industrie dans laquelle nous travaillons. Pour lutter contre ces dérives, pour lutter pour notre reconnaissance, contre les atteintes à nos droits, nous nous organisons. Sans vous, certes, chèrEs sauveurSEs des femmes : nous sommes pour l'autogestion." C'est bien d'en avoir conscience , bravo ! Et quand ce travail sera légalisé pour les désireux, ça changera quoi pour ceux qui ne le désirent pas ? Les dérives...pas graves ils auto géreront.
Hallu a écrit :Mais la prostitution entre adultes consentants, je ne vois pas vraiment le problème
Il y a une énorme différence entre consentement sexuel et consentir à un service sexuel tarifé . Ce n'est ,pas vraiment du consentement , c'est du commerce, du business.
hallu a écrit :Tu dis être contre l'abolition parce que le combat est perdu d'avance.
Tu es prié de me relire sur ce coup , je n'ai pas dis ça. :menteur:
Hallu a écrit :C'est une vision réductrice de la prostitution. Même si c'est ce que viennent chercher certains clients, ce n'est pas toujours le cas. C'est que dit Sonia dans la vidéo : environ 30% seulement viennent pour "tirer leur coup". 30% viennent pour chercher de la tendresse, et 30% pour des "pratiques spéciales".
Il s'agit de l'estimation de Sonia par rapport à sa clientèle Hallu, tu veux que je me base sur ça ? Et tiens ils font quoi les 10% qui restent ? Sonia a du coeur certes mais peut-on se baser sur son sens du calcul et faire de ses estimations des généralités ?
J'en connais une autre tiens d'estimation de Sonia face à son seul vécu, il paraitrait que qu'un peu plus de 50% des prostituées en Belgique sont heureuses, quand aux autres, pffff...On ne sait pas trop. Que dire d'un métier ou un travailleur sur deux ne s'en remet pas ?

Je m'imagine avec effroi un texte qui banaliserait un métier d'avenir , parce que c'est un métier n'est-ce pas ?, version Morgane dont le titre serait : " On est des proxénètes et vous, vous êtes quoi ? " Relis le texte en remplaçant putes par proxénètes, tu verras, ça marche très bien.
"Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale.
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#8

Message par Hallucigenia » 01 sept. 2012, 23:29

Tryphon a écrit :
hallu a écrit :Déjà, pour moi la prostitution des enfants n'est pas vraiment le sujet, de même que la prostitution forcée. (Il faut lutter contre ça, nous sommes d'accord.)
C'est donc bien ce qui me gêne dans vos opinions communes Morgane et toi, dire cela est un déni évident. Je ne vois pas au nom de quoi les enfants , femmes, hommes forcés n'appartiennent pas aussi à ce sujet, il s'agit tout de même de la grande misère de ce commerce; balayer cela d'un revers de main sous prétexte que certains l'ont intégrés de manière plus libre, me paraît malhonnête.
Ce qui nous intéresse Morgane, moi, et tant d'autres, c'est de donner des droits plus justes aux prostitués. La prostitution enfantine et la prostitution forcée n'entrent pas dans ce cadre : ces enfants, ces femmes et ces hommes-là, il faut les sortir de leur situation. Il ne s'agit en aucun cas d'encadrer leur esclavage sexuel.

C'est pour ça que je dis que c'est un peu hors-sujet (en particulier par rapport à l'article de Morgane), parce que les lois proposées par le STRASS ne concernent bien évidemment pas ces personnes-là.

Je ne vois pas bien ce que vient faire le thème de l'esclavage sexuel chez les enfants... lorsque l'on parle de prostitution chez des adultes consentants.
Tryphon a écrit :Et quand ce travail sera légalisé pour les désireux, ça changera quoi pour ceux qui ne le désirent pas ? Les dérives...pas graves ils auto géreront.
Mais il y a des lois contre l'esclavage sexuel : il suffit de les faire appliquer ! C'est d'ailleurs la seule chose que je reproche vraiment au système allemand : l'État allemand est bien content de toucher les taxes de la prostitution, mais bien plus frileux à engager des budgets pour lutter contre le trafic d'êtres humains.

Cela dit, c'est quand même dingue qu'on ramène systématiquement sur le tapis cette question des personnes contraintes dès que les personnes "volontaires" cherchent à s'organiser. Les escort-girls indépendantes comme Morgane ne sont tout de même pas responsables des dérives mafieuses.
Tryphon a écrit :
Hallu a écrit :Mais la prostitution entre adultes consentants, je ne vois pas vraiment le problème
Il y a une énorme différence entre consentement sexuel et consentir à un service sexuel tarifé . Ce n'est ,pas vraiment du consentement , c'est du commerce, du business.
C'est du consentement contre rémunération. Je ne vois toujours pas le problème.
hallu a écrit :Tu dis être contre l'abolition parce que le combat est perdu d'avance.
Tryphon a écrit :Tu es prié de me relire sur ce coup , je n'ai pas dis ça. :menteur:
C'est peut-être toi qui devrait te relire. ;)
Tryphon a écrit :Je ne suis pas pour l’abolition de la prostitution car j’ai conscience que c’est un combat qu’on ne peut pas gagner entièrement, les orifices des hommes, des femmes des enfants continueront d’être vendus.
Tryphon a écrit :
Hallu a écrit :Même si c'est ce que viennent chercher certains clients, ce n'est pas toujours le cas. C'est que dit Sonia dans la vidéo : environ 30% seulement viennent pour "tirer leur coup". 30% viennent pour chercher de la tendresse, et 30% pour des "pratiques spéciales".
Il s'agit de l'estimation de Sonia par rapport à sa clientèle Hallu, tu veux que je me base sur ça ? Et tiens ils font quoi les 10% qui restent ?

Bien sûr, c'est une estimation qui n'a pas de valeur scientifique. Mais ça montre bien que les relations dans le cadre de la prostitution ne se limitent pas à une "pénétration d'orifice", comme tu le suggérais. C'est d'ailleurs aussi ce que suggèrent les féministes, qui conseillent aux clients de se masturber plutôt que d'aller voir les putes ( :ouch: ). C'est une vision réductrice de la prostitution, beaucoup de clients viennent pour parler et avoir de la tendresse, au point qu'un nombre non négligeable d'entre eux ne viennent même pas pour un coït. La misère affective est sans doute autant pourvoyeuse de clients que la misère sexuelle.
Tryphon a écrit : J'en connais une autre tiens d'estimation de Sonia face à son seul vécu, il paraitrait que qu'un peu plus de 50% des prostituées en Belgique sont heureuses, quand aux autres, pffff...On ne sait pas trop. Que dire d'un métier ou un travailleur sur deux ne s'en remet pas ?
Et combien d'éboueurs sont heureux ? Combien de mineurs ? Le problème n'est pas de savoir si ils/elles sont heureux de faire ce métier, mais s'ils ils/elles en sont contraints ou pas. Et le mieux pour leur proposer une porte de sortie facile à franchir, c'est d'abord de leur accorder des droits. Le harcèlement policier, d'elles ou de leurs clients, c'est la pire des solutions.

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Re: [Discussion privée] Féminisme et prostitution

#9

Message par Tryphon » 02 sept. 2012, 13:25

Hallo Hallu

Hallu a écrit :C'est pour ça que je dis que c'est un peu hors-sujet (en particulier par rapport à l'article de Morgane), parce que les lois proposées par le STRASS ne concernent bien évidemment pas ces personnes-là.
Bien ,tu me donnes une réponse claire: le combat de Morgane et du STRASS ne considère pas les dérives de ce métier , ni les souffrances engendrées par l'envie d'acheter les services sexuels de l'autre , ni par ceux qui en tire du bénéfice. Nous sommes bien d'accord , ce ne sont pas les victimes qui en parlent puisqu'elles n'en tirent aucun bénéfices et qu'elles ont beaucoup moins accès à la parole que les "putes-people".

Pourtant tout part d'une demande , d'un manque, d'une exigence de consommateur qui grâce à son argent estime pouvoir accéder à tout. C'est sur cette même demande que Morgane par exemple et d'autres prostitués volontaires veulent légaliser leur situation. Il faut tout de même comprendre que cela pose de sérieux problèmes éthiques, même et ça je le comprend très bien, même si ils ne souffrent pas de ce service rendu.
Cette demande qui , même avec une prostitution légalisée ne sera jamais satisfaite, les prostitués volontaires ayant le choix des clients, n'acceptant pas certaines pratiques et exerçant de forts tarifs.


Hallu a écrit :Cela dit, c'est quand même dingue qu'on ramène systématiquement sur le tapis cette question des personnes contraintes dès que les personnes "volontaires" cherchent à s'organiser. Les escort-girls indépendantes comme Morgane ne sont tout de même pas responsables des dérives mafieuses.
Je ne dis pas que les escort-girls indépendantes sont responsables des dérives mafieuses, il va de soit qu'un nouveau monde de la prostitution s'est ouvert, ou la femme s'est dégagée de son proxénète, mais pas forcément des envies des hommes de pouvoirs qui chassent leur stress à grands coups de parties fines et de champagne.

La société actuelle est responsable de tout cela , en acceptant cette demande, en fermant les yeux ou bien encore en donnant à ce genre de commerce un caractère banal ou justifié, c'est la société qui ne fait plus de différence entre le libertinage , la liberté sexuelle, l'intimité et la consommation à outrance, qui ne fait pas la différence entre un produit et un être humain. Cette société qui contraint tout autant Morgane ou Sonia qui ont toutes deux en commun l'envie d'étudier, de réfléchir , ce monde dans lequel aucun travail ne leur donnait la possibilité de se dégager du temps pour le faire faute d'argent et à qui ont a pas donné d'autres alternatives.

Est-ce normal ? Est-ce que ce processus est acceptable ? N'aurait-il pas été plus juste que Morgane et Sonia , puissent devenir sans passer par la case prostitution, un grand écrivain ou anthropologue tout en ayant une sexualité désirée , une sexualité libre ? J'espère qu'elles y arriveront.

"Brune, petite, des seins, des cuisses, des fesses, Morgane Merteuil ressemble plus à une étudiante en lettres modernes - elle vient de terminer un master-2 sur Camus et les nihilistes, à Grenoble - qu’à une compagne de soirée format Zahia. Son métier, elle l’a débuté en «bar américain», il y a deux ans. «Je cherchais un boulot pour payer mes études.» Cinq à six soirs par semaine débutent alors les longues conversations avec des clients arrosés : «Le but est de leur donner envie de payer une bouteille de champagne à 200 euros.»«Faire ma comédienne dans les bars, ça m’a beaucoup amusée, lâche-t-elle dans un sourire. Officiellement, il ne doit rien se passer, alors qu’en vrai ce sont des genres de maisons closes.»" (http://www.liberation.fr/societe/010123 ... -aux-corps)
Hallu a écrit :Bien sûr, c'est une estimation qui n'a pas de valeur scientifique. Mais ça montre bien que les relations dans le cadre de la prostitution ne se limitent pas à une "pénétration d'orifice", comme tu le suggérais. C'est d'ailleurs aussi ce que suggèrent les féministes, qui conseillent aux clients de se masturber plutôt que d'aller voir les putes ( :ouch: ). C'est une vision réductrice de la prostitution, beaucoup de clients viennent pour parler et avoir de la tendresse, au point qu'un nombre non négligeable d'entre eux ne viennent même pas pour un coït. La misère affective est sans doute autant pourvoyeuse de clients que la misère sexuelle


" la misère affective est sans doute pourvoyeuse de clientt ". Est-ce que la prostitution la guérit véritablement ? A toi de me le prouver.
"Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale.
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#10

Message par Tryphon » 02 sept. 2012, 14:16

Ah oui mais enfin !!! :ouch: Il y a tout de même une différence entre perdre un combat d'avance et ne pas le gagner tout à fait ! :grimace:
"Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale.
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Re: [Discussion privée] Féminisme et prostitution

#11

Message par Hallucigenia » 04 sept. 2012, 17:06

Salut Tryphon,

Je t'avoue honnêtement m’essouffler quelque peu dans cette discussion, ne voyant plus trop où seraient nos désaccords principaux. Je vais tenter de relancer ça, mais je ne promets pas d'aller beaucoup plus loin si nos désaccords se situent sur des points de détails, en particulier dans le domaine éthique ou moral. Car de mon point de vue, c'est avant tout la santé publique qui importe, et nous n'en avons même pas encore parlé. (C'est principalement de ma faute, sans doute). Je me fiche pas mal de la morale (entre adultes consentants, si je devais encore le préciser).

Quand je parle de donner des droits et de protéger les prostitués "volontaires", tu évoques les dérives et les personnes contraintes. C'est louable, certes, mais pour moi le sujet est relativement secondaire.

Je vais quand même revenir sur quelques points :
Tryphon a écrit :Bien ,tu me donnes une réponse claire: le combat de Morgane et du STRASS ne considère pas les dérives de ce métier , ni les souffrances engendrées par l'envie d'acheter les services sexuels de l'autre , ni par ceux qui en tire du bénéfice. Nous sommes bien d'accord , ce ne sont pas les victimes qui en parlent puisqu'elles n'en tirent aucun bénéfices et qu'elles ont beaucoup moins accès à la parole que les "putes-people".
Sauf que donner des droits à toutes les prostituées, même celles dont la situation est difficile... c'est aussi les défendre. Si elle avait plus de droits, et si ceux-ci étaient mieux respectés, une prostituée "contrainte" pourrait plus facilement porter plainte auprès de la police, et faire condamner son proxénète. Et du coup, elle pourrait mieux s'en sortir.

C'est un peu l'idée de la loi en Allemagne, où des brigades spécialisées vont visiter les bordels, et interroger les filles pour déterminer celles qui font ce travail sous la contrainte. Malheureusement comme je l'ai déjà dit, avec des moyens beaucoup trop faibles, ce qui a pour conséquence un jeu du chat et de la souris entre trafiquants, proxos et policiers. Mais au moins, ça permet aux filles qui travaillent en indépendantes de ne pas subir une inutile répression policière.

Et une société me semble aussi plus juste quand la police est là pour venir en aide aux personnes qui subissent des contraintes, plutôt que quand son rôle consiste à harceler sans distinction toutes les prostituées (et leurs clients) - même celles qui ne souhaitent pas être traitées en victimes.
Tryphon a écrit :Cette société qui contraint tout autant Morgane ou Sonia qui ont toutes deux en commun l'envie d'étudier, de réfléchir, ce monde dans lequel aucun travail ne leur donnait la possibilité de se dégager du temps pour le faire faute d'argent et à qui ont a pas donné d'autres alternatives.
Mais à nouveau, toutes les prostituées n'exercent pas forcément sous la contrainte. Si j'étais une jeune et jolie étudiante de 20 ans, par exemple, je préfèrerais gagner 350 euros en une seule fois, en une soirée, en accompagnant un riche monsieur au resto et dans son lit, plutôt que de bosser tous mes week-ends pendant un mois, 8 heures par jour, dans un fast-food. Pour la même somme d'argent, mon choix serait vite fait. C'est ce choix qu'a fait Morgane, en conscience, et il n'est pas question de "contrainte" là-dedans.
Tryphon a écrit :Est-ce normal ? Est-ce que ce processus est acceptable ? N'aurait-il pas été plus juste que Morgane et Sonia , puissent devenir sans passer par la case prostitution, un grand écrivain ou anthropologue tout en ayant une sexualité désirée , une sexualité libre ? J'espère qu'elles y arriveront.
C'est une question morale, et je ne me place pas sous cet angle, d'autant que la prostitution ne me semble ni forcément immorale, ni forcément avilissante, ni forcément dégradante. Quant à leur sexualité, dans les deux cas de Sonia et Morgane, elles en font bien ce qu'elles veulent. Elles différencient le sexe avec leurs clients du sexe avec leur petit ami, et leur sexualité me semble suffisamment mature et maitrisée pour que notre jugement "moral" ne soit pas à prendre en compte quand on discute des droits à leur donner (ou pas).
Tryphon a écrit :
Hallu a écrit :La misère affective est sans doute autant pourvoyeuse de clients que la misère sexuelle
Est-ce que la prostitution la guérit véritablement ? A toi de me le prouver.
Cela me semble une telle évidence que je ne vois pas ce qu'il y aurait à prouver. Quand un homme va voir une prostituée, ce n'est pas simplement un pénis qui va voir un vagin. Il y a un contact, des paroles, des caresses. Il est bien évident que ça a un impact sur l'affect du client. Comme d'aller se confier 20 minutes à un curé ou à un psy. L'intimité physique en plus.

Je sais que tu n'es pas abolitionniste, tu l'as dit. Mais ce que tu sembles minimiser, c'est ce qu'ignorent volontairement les abolitionnistes : cette dimension "humaine" des échanges tarifés entre clients et prostitués.

Je ne plaisante pas à propos des abolitionnistes : regarde un peu ce que peut écrire P. Jean, leur "chef de file" en France (les soulignés sont de moi):
[url=http://anonym.to?http://patricjean.blogspot.de/2012/08/cher-monsieur-goldman-je-viens-de-lire.html#comment-form]Sur son blogue[/url], P. Jean a écrit : Je représente un réseau d'hommes, qui rassemble près de 1.100 membres, de maris fidèles jusqu'au libertins de tout poil mais qui disent non à la prostitution parce qu'ils considèrent que louer le corps d'une femme (ou d'un homme d'ailleurs) est une violence dans tous les cas. Non, on ne peut tout acheter.
(...)
Quel plaisir à le trouver en quelques minutes avec une femme sans désir qui vous applique quelques gestes mécaniques
(...)
Une seule réponse: payer pour dominer. L'argent est un symbole de pouvoir et l'échange d'un billet pour un acte sexuel replace le client, toujours un homme, dans la relation virile cultivée ancestralement entre l'argent, la masculinité, le pouvoir et la possession des femmes. Autrement dit, cette transaction permet à celui qui paie d'exercer le pouvoir sur l'intimité d'une personne, le plus souvent une femme, en toute légalité.
C'est en se basant sur cette vision ultra-réductrice de l'acte prostitutionnel que les "féministes abolitionnistes" veulent pénaliser les clients. Pour eux, la prostituée est réduite à un vagin, avec des "gestes mécaniques" : à les entendre, ce n'est même plus une femme que les hommes viennent voir. Ils ne viendraient que pour se vider les c..., et rien d'autre : ce seraient des pervers, qui ne cherchent qu'à affirmer leur domination par l'argent.

Je ne vais pas mâcher mes mots pour qualifier cette vision de la prostitution : ce n'est qu'un paquet de conneries. À côté de la plaque.

Puisque cette vision des abolitionnistes prétend s'appliquer à tous les cas de prostitution, sans exception, un unique contre-exemple suffira à en démontrer l'absurdité. Alors considère un jeune de 16 ans qui va voir une prostituée pour se faire dépuceler. (À l'époque des maisons closes, la pratique était très courante, mais nul doute qu'elle existe encore.) Ce jeune homme n'est pas un "pervers qui vient acheter la domination sur une femme pour affirmer le patriarcat", comme ce serait systématiquement le cas d'après les pseudos-féministes. C'est juste un post-ado, travaillé par ses hormones, qui se paye une première expérience avec une dame, ce qu'il ne trouve pas "gratuitement" par ailleurs. Dans la très grande majorité des cas, ces jeunes gens vont voir leur "première fois" avec timidité, et en lui témoignant un profond respect. Il n'y a pas de volonté de possession ou de domination de la part du client, mais bien simplement l'achat d'un service sexuel.

Les abolitionnistes ignorent la diversité de la prostitution, des situations, et des motivations non seulement des prostitués à exercer ce métier, mais aussi des clients à aller les voir. Les abolitionnistes réduisent cet échange à une domination masculine parfaitement inepte... dans le cadre du "patriarcat".

Ah... le patriarcat ! Une théorie infalsifiable, au même titre que le "complexe d’œdipe" ou la "lutte des classes". Cette notion de patriarcat ferait bien d'être renvoyée dans le néant intellectuel d'où elle provient. Les combats égalitaristes seraient certainement plus pertinents et plus efficaces si les féministes abandonnaient cette grille d'analyse infondée, dogmatique et sclérosée de la société.

Allez, je m'arrête là pour aujourd'hui, je sens que je m'énerve tout seul. :a1:

Amicalement,
Hallucigenia

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Re: [Discussion privée] Féminisme et prostitution

#12

Message par Tryphon » 05 sept. 2012, 14:28

Hallu a écrit :Je t'avoue honnêtement m’essouffler quelque peu dans cette discussion, ne voyant plus trop où seraient nos désaccords principaux. Je vais tenter de relancer ça, mais je ne promets pas d'aller beaucoup plus loin si nos désaccords se situent sur des points de détails, en particulier dans le domaine éthique ou moral. Car de mon point de vue, c'est avant tout la santé publique qui importe, et nous n'en avons même pas encore parlé. (C'est principalement de ma faute, sans doute). Je me fiche pas mal de la morale (entre adultes consentants, si je devais encore le préciser).
Hallu ce que tu dis est malhonnête , tu ne t’essouffles pas vraiment car depuis le début, tu as voulu éviter nos points de désaccords en prétextant que c'était hors sujet. Les victimes de la prostitution tu ne veux pas en parler, le STRASS n'en parle pas vraiment non plus effectivement: le STRASS ne parle que de son cul.
Act -Up bien que suivant certain propos du STRASS a le mérite de s’intéresser à ce qui l'entoure et de s'en alerter, de proposer d'autres arguments bien plus valables, comme la santé et la sécurité plutôt qu'une reconnaissance d'un nouveau métier d'avenir. Je ne suis pas venu défendre les putes de luxe et autres escortes, les grands manitous de l’industrie sexuelle, parce qu'après tout si ça n'avait pas d'influence directe sur le monde glauque de la prostitution et de l'exploitation de l'être humain qui fait des ravages, je m'en taperai le coquillard.
Le risque que j' y vois est cette tendance à la banalisation, à la relativisation de ce métier , néfaste pour tout un tas de monde. Cela n'élève pas les demandes de Morgane Merteuil :grande prostituée intello-élitiste qui voudrait que sa soit disant liberté sexuelle révolutionnaire ( anticapitaliste, je me marre), soit encadrée par l’État, alors qu'elle ne porte aucun intérêt à ceux et celles qui de toute façon resteront dans le caniveau . Du haut de sa mansuétude, elle nous ferme le clapet en sifflant: "toi tu n'es pas pute tais-toi".
Alors oui , je ne veux pas défendre de futurs grands chefs d'entreprises qui ne se posent aucune question sur le monde qui les entoure et qui ne pensent qu'aux bénéfices.

Il est intéressant d'étudier le phénomène d'acceptation et certaines de ses répercutions sur l'autre facette du décors , beaucoup moins fun, et de quelles façons ces deux mondes sont liés ensembles, et si tu ne veux pas t' y intéresser , il est effectivement impossible que notre discussion aboutisse à quoi que ce soit et que nos idées différentes ne puissent jamais s'affronter.



Je te cite un extrait de cet article qui date de 6 ans, et qui vaut la peine d'être lu entièrement :

"Le tourisme sexuel de masse se développe ainsi au croisement de l’univers des mobilités touristiques. Pour beaucoup d’Occidentaux, il représente une forme de colonisation nouvelle et adaptée à notre époque. Certains d’entre eux voudraient à tout prix établir une distinction entre la prostitution forcée et la prostitution volontaire ou « libre ». Sous le prétexte que, dans certaines villes du Nord – ou dans des enclaves fortunées ou aisées des pays déshérités –, la prostitution de luxe, dite « libre », pourrait parfois permettre à certaines filles (ayant échappé à la contrainte des proxénètes) de « disposer librement de leur corps ». En revanche, ils admettent que, dans la plupart des pays du Sud – ainsi que dans des enclaves de misère des villes du Nord ou de l’Est –, la prostitution est toujours une activité exercée sous la contrainte (proxénétisme, violences, viols) (2). Mais comment combattre la prostitution dans les pays pauvres du Sud, si on prétend que, dans les pays riches du Nord, elle résulterait de choix individuels ? http://www.monde-diplomatique.fr/2006/08/MICHEL/13831

Ce ne sont pas des points de détails, il y a un enchaînement terrible au niveau de la demande et la crise étant bien établie , les risques sont très lourds et je trouve ça relativement prioritaire.
hallu a écrit :Sauf que donner des droits à toutes les prostituées, même celles dont la situation est difficile... c'est aussi les défendre. Si elle avait plus de droits, et si ceux-ci étaient mieux respectés, une prostituée "contrainte" pourrait plus facilement porter plainte auprès de la police, et faire condamner son proxénète. Et du coup, elle pourrait mieux s'en sortir.

C'est un peu l'idée de la loi en Allemagne, où des brigades spécialisées vont visiter les bordels, et interroger les filles pour déterminer celles qui font ce travail sous la contrainte. Malheureusement comme je l'ai déjà dit, avec des moyens beaucoup trop faibles, ce qui a pour conséquence un jeu du chat et de la souris entre trafiquants, proxos et policiers. Mais au moins, ça permet aux filles qui travaillent en indépendantes de ne pas subir une inutile répression policière
Effectivement , parlons de l'Allemagne et de la plus haute sécurité qu'il y règne et de ses forfaits illimités : http://fr.myeurop.info/2011/07/27/la-cr ... loses-3077

Extrait d'une réaction de tenancière légale :"Vous défendez les droits de ces femmes, mais je défends leur gamelle face à un client qui se fait rare en période de crise ! Mes filles ont de plus en plus faim et j’ai une entreprise à faire tourner. Le forfait illimité est une promotion commerciale pour tenter de relancer la boutique "

Nous pouvons aussi parler de la légalisation de la prostitution aux Pays-bas, rien qui ne prouve quelque chose de meilleur : http://www.lemonde.fr/style/article/201 ... 75563.html

Extrait :AUJOURD'HUI, DE 50 À 90 % DES "TRAVAILLEUSES" actives derrière les vitrines ou dans les "salons de massage" le feraient sous la contrainte. Et dans le quartier De Wallen, la célèbre "zone rouge" d'Amsterdam, seules 2 % des quelque 6 000 prostituées avouent aimer leur travail, a indiqué une enquête. De nombreuses femmes originaires d'Afrique, d'Europe de l'Est et d'Asie se voient toujours confisquer leur passeport à l'arrivée et sont contraintes de se livrer à de "l'abattage" en échange de quelque 2 000 euros par mois pour les plus chanceuses. Un souteneur gagnerait, lui, en moyenne 500 000 euros par an en maintenant plusieurs femmes sous sa coupe.


Pour le reste je l'ai lu mais je ne vais pas rebondir sans cesse ; cela ferait un gros paquet d'écriture imbuvable , alors je me contenterai de te demander pour quelles raisons, lorsque tu étais étudiant , tu n'as pas accepté de te faire sodomiser par un gros Monsieur bien riche , afin de gagner du temps et de l'argent ? Peut-être n'étais-tu pas dans la nécessité ?
Dernière modification par Tryphon le 05 sept. 2012, 15:59, modifié 1 fois.
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Re: [Discussion privée] Féminisme et prostitution

#13

Message par Hallucigenia » 06 sept. 2012, 09:32

Salut Tryphon,
Tryphon a écrit : Hallu ce que tu dis est malhonnête , tu ne t’essouffles pas vraiment car depuis le début, tu as voulu éviter nos points de désaccords en prétextant que c'était hors sujet. Les victimes de la prostitution tu ne veux pas en parler, le STRASS n'en parle pas vraiment non plus effectivement: le STRASS ne parle que de son cul.
Je vais essayer une dernière fois de te faire comprendre ma position. Une métaphore va peut-être t'aider.

Comparons la prostitution avec le sport cycliste : dans ce sport, il y a du dopage (i.e. la traite). Je suis pour que les courses de vélo soient légales, et qu'on multiplie les contrôles pour éviter le dopage. Et j'estime qu'il faut arrêter de placer systématiquement une équivalence entre "sport cycliste" et dopage, en prétendant que ce sport est intrinsèquement mauvais, puisque générateur de dopage.

Je veux un cadre légal pour les coureurs propres, et mon propos ne concerne pas les coureurs dopés. De la même manière, je veux un cadre légal pour la prostitution volontaire, mais l'esclavage sexuel n'est pas mon sujet. Si les cas d'esclavage sexuel et de traite des êtres humains doivent être réprimandés, le droit commun y pourvoit.

Donc si effectivement la seule et unique chose qui t'intéresse, c'est de parler du dopage (et de l'esclavage sexuel chez les enfants), nous ne parlons pas du même sujet. Perso je discute de la sexualité tarifée entre adulte consentants.
Tryphon a écrit :Pour le reste je l'ai lu mais je ne vais pas rebondir sans cesse ; cela ferait un gros paquet d'écriture imbuvable , alors je me contenterai de te demander pour quelles raisons, lorsque tu étais étudiant , tu n'as pas accepté de te faire sodomiser par un gros Monsieur bien riche , afin de gagner du temps et de l'argent ?
Que je me sois prostitué (ou pas) pendant mes études, avec qui, et pour quelles raisons, ce ne sont pas tes oignons. C'est totalement ridicule de m’interroger sur mon cas particulier, alors qu'on parle de politique générale.

Cela dit, ta remarque me surprend agréablement. Je m'attendais plutôt au coup classique, où celui qui défend la légalisation de la prostitution est suspecté d'être client. (C'est encore arrivé pas plus tard qu'hier, avec P. Jean évidemment, qui accuse son contradicteur d'être "peut-être client prostitueur lui-même").
Tryphon a écrit :Effectivement , parlons de l'Allemagne et de la plus haute sécurité qu'il y règne et de ses forfaits illimités
Oui, parlons de l'Allemagne, où malgré certaines dérives comme ces (rares) bordels qui proposent des offres flat-rate, les conditions sanitaires de la prostitution sont incomparablement meilleures qu'en France.

Regardons les chiffres des cas déclarés de sida/VIH en France et en Allemagne. Trois fois moins de cas de vih en Allemagne, pour une population de 10 millions supérieure. (L’Allemagne applique aussi une politique de réduction des risques en matière de drogue, ce qui creuse encore l'écart. Il y a plein de facteurs qui jouent sur les chiffres du sida, mais la prostitution en est un.).

Quant à la Suède, les chiffres sont éloquents quant aux conséquences des lois abolitionnistes.

Image


La Suède, où d'après un rapport du Gouvernement du Canada (p81) :
Parce qu’il y a plus de concurrence et moins d’argent à faire, les personnes qui vendent leurs services sexuels sont plus disposées à prendre des risques, par exemple à ne plus insister sur le port du condom. Et comme la police utilise les condoms comme preuve de prostitution, les personnes prostituées sont moins susceptibles d’en avoir sur elles.
Toutes les associations et organisations de lutte contre le sida préfèrent largement les maisons closes (et les encadrements légaux de la prostitution) aux situations de répression et de clandestinité. Sans compter que cet encadrement diminue aussi la violence à laquelle sont confrontés les travailleurs du sexe.

Il est là, l'enjeu de santé publique qui me préoccupe.

Alors, je suis d'accord pour qu'on émascule les pourritures qui prostituent des enfants, et qu'on les laisse croupir 20 ans en prison. Mais pour tous ceux qui exercent cette activité librement, entre adultes consentants, la légalisation est la meilleure des solutions.

Amicalement,
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Re: [Discussion privée] Féminisme et prostitution

#14

Message par Tryphon » 06 sept. 2012, 15:02

Hallo Hallu !
hallu a écrit : Je vais essayer une dernière fois de te faire comprendre ma position. Une métaphore va peut-être t'aider.
Tu sais ? J'en ai vraiment assez de tout ces parallèles à la noix sans corrélation . Parfois ça me donne envie de rire d'autres fois de ruer dans les brancards. J'en vois des vertes et des pas mûres. On compare le prostitué, avec celui qui retourne les steaks au Macdo pour payer ses études, on aligne la caissière , le mineur , l'éboueur avec le monde de la prostitution en se basant sur quoi ? Le plaisir ? La liberté sexuelle ? ( soit disant revendiquée) ? Non . En se basant sur la difficulté de certains boulots et le besoin d'argent , en induisant que tous, toutes nous sommes putes et ce serait donc la lumineuse raison de faire de la prostitution, un travail" comme les autres". Et bien non, Morgane Merteuil le dit elle même et fait très bien la distinction: nous sommes putes , vous non; taisez-vous.

Si nous sommes tous, toutes des putes, pourquoi ne pas nous laisser parler ? Nous devrions nous comprendre entre putes. Voilà , Hallu , c'est ce raisonnement que je n'aime pas, je le trouve d'une idiotie magistrale et pas convaincant, surtout qu'on peut continuer comme ça à l'infini en suivant cette logique de l'absurde: Je suis proxénète, c'est un boulot difficile, j'ai besoin d'argent: je suis une pute. Je suis un voleur, c'est un boulot difficile, j'ai besoin d'argent, je suis un caissier.

- Je te tombe un peu dessus, mais , ta métaphore reste intéressante :
Hallu a écrit :Comparons la prostitution avec le sport cycliste : dans ce sport, il y a du dopage (i.e. la traite). Je suis pour que les courses de vélo soient légales, et qu'on multiplie les contrôles pour éviter le dopage. Et j'estime qu'il faut arrêter de placer systématiquement une équivalence entre "sport cycliste" et dopage, en prétendant que ce sport est intrinsèquement mauvais, puisque générateur de dopage.

Je veux un cadre légal pour les coureurs propres, et mon propos ne concerne pas les coureurs dopés. De la même manière, je veux un cadre légal pour la prostitution volontaire, mais l'esclavage sexuel n'est pas mon sujet. Si les cas d'esclavage sexuel et de traite des êtres humains doivent être réprimandés, le droit commun y pourvoit.

Je te répondrai donc par une autre métaphore :

A la base le cyclisme est un sport.
On peut aimer le sport et être assez compétant pour en faire sa profession; c'est vrai.On peut tout autant pour améliorer ses résultats être contraint , soit par ses dirigeants , soit par sa volonté d'aller plus vite de choisir/ être obligé de prendre une voie illégale en se dopant. Solution:" multiplier les contrôles et forcément les sanctions qui vont avec".

Et j'arrête là mes andouilleries parce que finalement pourquoi prendre tant de pincettes, nous nous le sommes dit au départ, nous ne sommes pas puritains, alors parlons franchement, la prostitution , c'est transformer son cul ou le cul de l'autre en service et le vendre. Si on peut le vendre c'est que certains pensent que le sexe peut s'acheter. Et je déteste cette demande. C'est de la triche. Et personnellement je n'aimerai pas que la triche soit banalisée, encore moins qu'elle devienne un exemple à suivre. Parce que si il y a bien un sport que je voudrais défendre , c'est le sexe et le sexe libre. Pas la vente libre de sexe ( que tu peux classer dans une autre catégorie de sport si ça te chante).

Se faire du bien sexuellement devrait être à mon sens la dernière chose à vendre, il n'existe pas de technique particulière , ni de haut degré de compétences, et il se construit selon l'intimité de chacun, dans une découverte mutuelle, un plaisir partagé. Untel sera heureux dans la position du missionnaire avec sa partenaire, d'autres s'amuseront avec des plumes ou leur propre merde, à deux , à trois , à dix. Il n' y a rien à dire à cela, aucun jugement à porter . C'est certes un échange qui demande quelques efforts, on ne peut pas imposer tout ses fantasmes à l'autre, mais le plus grand pied que l'on peut puisse prendre sur la terre, c'est le plaisir partagé et jouir librement de cela, c'est cette liberté là que j'aimerai que l'Humain défende.
Lorsque le STRASS me convaincra entièrement que se prostituer est la vente de plaisir sexuel partagé , j'étudierai la question plus en profondeur. Et pour l'instant , il me dit tout le contraire; besoin d'argent, caresse d'égo, étude à faire, désir de communication, manque, besoin irrépressible, désir de domination, pouvoir d'achat.

Oui , je n'aime pas cette demande, mais cela ne m'empêche pas d'avoir de l'égard pour ceux qui se prostituent, ce n'est pas à eux, elles que j'en veux. Nous ne sommes pas là toi et moi pour être d'accord, nous sommes là pour expliquer nos désaccords. Tu auras compris que je ne porte aucun intérêt aux clients, et leurs demandes semblent parfois sans limites. Quand on aura accepté par le biais d'une légalisation leur demande que restera-t-il de nous de la sexualité libre et du plaisir ? Nous aurons tout vendu et la vente d'intimité est à la mode, téléréalité, vie privée exposée sur Facebook et j'en passe.

Qu'allons nous faire de nos plaisirs intimes si on nous impose via la surconsommation de porno, et la banalisation de la prostitution une image fausse de la sexualité ? Voilà je m'emporte, mais tout de même , ce sont des questions qui méritent d'être posées.

Tout ces sujets doivent être posés sur la table et débattus, pour l'instant le dialogue est difficile et tout le monde se renfrogne, quand je lis les combats que se mènent sur le net les deux clans ennemis, je me dis qu'on y est pas arrivé. Et je lis, je tente de comprendre, je vais chez les uns, chez les autres. D'ailleurs en parlant d’éventuelles solutions, j'ai trouvé sur la page de Patrick Jean un commentaire d'une intervenante dont je te cite un extrait : "D'autre part, je travaille avec plusieurs avocats qui ont oeuvré aux Nations Unies sur cette question et nous pensons qu'une véritable pénalisation de la contrainte sous toutes ses formes et de la traite des êtres humains, en ciblant les hauts niveaux de pouvoir sont des luttes qui permettraient, si elles sont victorieuses, d'enrayer 90% de la prostitution en Europe occidentale. Au Bois de Boulogne, il y aussi toute la question des trans et des homosexuels. Cette activité prostitutionnelle recouvre pour eux encore une autre dimension. ( Sylvie Lausberg)", cette piste me semble un peu plus juste , et commencer à sanctionner par le haut , plutôt que par le bas me semble une piste à suivre.
Hallu a écrit :Que je me sois prostitué (ou pas) pendant mes études, avec qui, et pour quelles raisons, ce ne sont pas tes oignons. C'est totalement ridicule de m’interroger sur mon cas particulier, alors qu'on parle de politique générale.
Mais dis moi toi , tu oublies assez vite tes projections, et si j'étais étudiante etc , je te cite :Si j'étais une jeune et jolie étudiante de 20 ans, par exemple, je préfèrerais gagner 350 euros en une seule fois, en une soirée, en accompagnant un riche monsieur au resto et dans son lit, plutôt que de bosser tous mes week-ends pendant un mois, 8 heures par jour, dans un fast-food. ...C'est peut-être cette petite phrase qui est à la base de ma réaction non ?

Voilà ...Encore un gros paquet, je m'arrête là , mais je tiens à réfléchir avec toi sur la prévention et les risques sanitaires , je n'ai pas encore étudié les documents que tu m'as fais parvenir, et ça c'est aussi à prendre sérieusement en compte. Je ne laisse absolument pas cela de côté, et ça fait partie des raisons pour lesquelles je ne suis pas pour l'abolition de la prostitution.
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