Hallucigenia a écrit :Tim a écrit :Je dois avouer avoir sacrément du mal à comprendre comment une telle étude a pu être publiée dans un journal à comité de lecture
En fait, tout dépend de la revue. C'est certain que passer le comité de lecture de
Science ou
Nature, c'est une autre paire de manche (même si
une erreur est toujours possible)
Vi, c'est une question multifactiorielle.
D'une part, produire des journaux scientifiques est un bon investissement car les clients sont aussi la main-d'oeuvre. En effet, les scientifiques fournissent - gratuitement - le matériel et les arbitres, et, en quelque sorte, ils paient pour le produit fini (que ce soit au travers de frais de publication ou d'abonnements institutionnels aux revues). L'investissement de la maison de publication tient en la transformation et la diffusion du produit. C'est ainsi que Elsevier est reconnu pour avoir fait des profits faramineux en jouant essentiellement sur les frais (de publication et d'abonnement). Mais ce n'est pas la seule maison à bien s'en sortir.
Cela, plus le fait qu'il y a pas mal plus de chercheurs aujourd'hui qu'il y en avait il y a 20 ans et que la masse de publications a cru de manière exponentielle, a fait que les journaux se sont multipliées. Pour les maisons d'édition "sérieuses", plus de journaux signifie plus de revenus. Pour d'autres, ces journaux sont essentiellement des usines de transformation de matière scientifique
en merde en rien de bien crédible car il n'y a aucun processus de révision par les pairs autre que symbolique. (Un des problèmes avec ces dernières est qu'elles offrent une plateforme idéale pour des plagieurs/fraudeurs qui peuvent y publier des articles publiés ailleurs, après modifications cosmétiques, pour augmenter leur CV.)
Comme la recherche publiée est plus souvent qu'autrement financée par des fonds publics, cette situation fait en sorte que ces fonds financent directement les (intéressants) profits de certaines maisons d'édition. En plus, cela fait que la recherche publique n'est, en général, pas accessible au public qui l'a payée. De nombreuses voix s'élèvent contre cette situation (même dans des journaux "généralistes"* comme Nature ou Science) et j'ai même entendu dire que plusieurs institutions (universités, etc.), principalement américaines, envisageaient de couper leurs abonnements mais aussi de refuser aux chercheurs la permission de publier dans certains journaux reconnus pour abuser du système.
De plus en plus, la tendance est de publier dans des revues "ouvertes" qui diffusent essentiellement en format électronique. Il faut payer pour publier car c'est la seule source de revenus de la revue et qu'il faut bien payer les gens qui font tourner la boîte. (D'autres, surtout celles qui publient sur papier aussi, fonctionnent sur le principe du "pay per view" en plus ou à la place de frais de publication**.) Malgré cela, ces revues peuvent être de très haut calibre (PLoS*** Biology, par exemple) car aucun compromis n'est fait sur la qualité de la critique par les pairs.
Jean-François
* Généralistes car ils publient autant de la physique que de la chimie ou de la biologie. Ce ne sont pas des journaux qu'on peut qualifier de vulgarisation
** Il peut coûter quelques milliers de dollars US pour publier un article que n'importe qui pourra lire ("open access").
***
Public Library of Science. Il en existe de nombreuses autres.