Pardalis a écrit :
Qui fait vivre le monde? Qui donne des jobs aux citoyens? Qui fait rouler l'économie nationale? Ce sont les compagnies. Alors c'est sûr qu'ils ont plus d'influence sur les décisions économiques que de simples citoyens.
Pour que les citoyens puissent continuer de vivre en santé, de jouir des services, il faut que les compagnies puissent continuer d'exister, de générer des emplois et de faire des profits. Je ne vois pas le problème.
(Jamais deux sans trois -- citations)
Le problème, il apparaît quand il y a divergence, mélange, confusion des intérêts. Les intérêts des entreprises ne sont pas forcément les intérêts de citoyens. Ce ne sont pas encore les conseils d'administrations des entreprises qui décident des lois de la république. C'est le législateur, avec des représentants... du peuple. C'est le principe de base de la démocratie. Donc les entreprises font tourner le monde, mais ils doivent respecter les lois établies par et pour "le peuple". Or, il peut y avoir une proximité d'influence ou d'intérêt entre ces entreprises et les représentants du peuple. On peut être en droit au moins de se demander si ces représentants défendent les intérêts de ceux qui les ont élus, ou ceux pour qui ils travaillent, les entreprises. Quand les intérêts sont communs, c'est très bien, tout le monde s'y retrouve. Mais il n'est pas compliqué d'imaginer une convergence d'intérêts sur un certain nombre de points et une volonté alors de faire apparaître les décisions comme profitable "au peuple" quand elles sont en fait dictées par des intérêts autres. Ce n'est pas forcément de la corruption mais un dilemme bien de notre époque où bien évidemment une nation, ses citoyens, ont besoin de ces entreprises. C'est une question de proportion, de curseur, de juste mesure et... de politique. Parce que s'il y avait des décisions dont on savait qu'elles étaient favorables au peuple ça se saurait, or puisqu'il est question de politique, les moyens pour arriver à préserver ses intérêts sont liés à des croyances, des modèles, des dogmes. Et ça se complique donc quand pour les lobbys, cette confusion de ce que dicte les décisions des politiques, est un terrain de jeu favorable à la "corruption" (la petite, comme la grosse, la petite étant celle qui se laisse influencer par principe sans pour autant avoir un bénéfice direct, puisque c'est malheureusement plus compliqué, quand on peut prendre une décision pour maintenir un lien, quand ça fait partie d'un deal, etc.) parce que de ce fait un politique pourra toujours prétendre que ses choix ont été dicté par une réelle conviction et qu'il défendait non pas des intérêts d'entreprises mais bien ceux des citoyens. L'influence, ça laisse pas de trace. Il est donc normal, non pas d'interdire les entreprises de participer au débat publique, mais de cadrer leur zone d'influence pour rappeler que dans une démocratie les représentants sont bien là pour préserver les intérêts des citoyens et non ceux des entreprises. Encore une fois, les entreprises et les citoyens qui peuvent se révéler être des employés, peuvent avoir des intérêts en commun, mais le législateur (ou le pouvoir exécutif) défend lui uniquement les intérêts du citoyen : quand il défend les intérêts des entreprises ce n'est pas pour leurs beaux yeux mais uniquement parce que c'est profitable aux citoyens. Tu casses ce lien et il n'y a plus d'intérêt à défendre les intérêts des entreprises (or dans certains cas, on peut bien imaginer des dérives).
Tout ça pour dire qu'encore une fois les choses ne sont pas tout noir ou tout blanc, et malheureusement chez toi, c'est souvent tout l'un ou tout l'autre, de préférence quand c'est pour t'opposer à des avis qui te semblent farfelus. C'est bien de rappeler que les entreprises font tourner le monde, mais oublier le reste, c'est tout autant caricatural que te dire qu'il faut saigner les entreprises parce qu'elles seraient à l'origine de tous les maux de la société. Ce n'est qu'une question d'intérêts divergents. Les intérêts des entreprises peuvent être les mêmes que les citoyens mais c'est loin d'être toujours le cas.
J'ai un peu le même soucis avec vos chamailleries concernant la définition de la dictature. La politique, c'est pas de la science (ou de la sémantique). Pour décrire l'état du monde, on va utiliser des termes pour les décrire au mieux mais aucune situation n'est identique, simple à comprendre ou forgée dans le bronze comme s'il était possible d'en faire une photographie précise pour bien en comprendre les enjeux, les moteurs, les constituants... Il ne faut pas seulement se mettre d'accord sur la définition des termes, il faudrait aussi posséder les mêmes informations, leur donner la même importance, etc. Comme à chaque fois qu'on parle de politique, on est donc bien profond dans le subjectif. C'est une évidence, mais ça me parait pas inutile de la rappeler étant donné que les uns et les autres on aurait tendance à vouloir parler de faits qui sont établis pour certains et qui ne le sont pas pour d'autres... En politique, on est un peu obligé de se prononcer, mais il faudrait être bien présomptueux pour prétendre tout comprendre et que l'autre est complètement à côté de la plaque.
Appliqué à votre "débat" sur "démocratie-dictature", ça revient à dire que c'est vain et stérile de continuer à discuter. Le problème ne se pose pas aussi simplement que "les USA sont-ils une dictature ?" On dirait le titre d'un article de magazine. La réponse n'est jamais tranchée. Une fois qu'on s'est mis d'accord (ou pas) sur la définition, il me semble plus correct de parler de comportements, de décisions, de lois pouvant être rapprochés à un mode dictatorial plutôt que de décréter, en fonction d'informations, connaissances, point de vue, différents "oui ou non c'est une dictature". Le débat me semble d'ailleurs d'autant plus ridicule qu'il semble avoir au moins un consensus sur la question : depuis quelques années les USA ont adopté des mesures allant plutôt dans le sens d'une dictature, sans pour autant le devenir pour autant. Pardon si je m'exprime un peu maladroitement mais voir la chose en noir ou blanc, c'est un peu comme croire qu'il y a un degré dans la connerie à partir duquel on peut définir une personne comme étant un con^^. Comme pour la dictature, il faudrait se mettre d'accord d'abord pour définir ce qui est con ou pas, et ensuite, qu'est-ce qui ferait pencher la balance ? à partir de quand, de quel degré de connerie, un con est un con, une "dictature" une dictature ? Les dictatures, comme les cons, ça n'existe pas. Ce sont des facilités d'usage. On pourrait comparer deux régimes dictatoriaux compris comme tel et sur lesquels il n'y a plus débat et remarquer un certain nombre de différences eux. Chaque dictature est différente, difficile de présenter une photographie (une définition) du monstre grâce à laquelle on pourrait identifier de manière certaine un régime (et c'est la même chose pour définir ce qu'est un régime démocratique, chaque système étant différent). Laissons à pardalis l'honneur de présenter les choses ainsi, tout l'un tout l'autre, et essayons d'être un peu plus mesurer sur ce point et parlant plutôt de "dérive dictatoriale", ajoutez-y ensuite si vous voulez les adjectifs "probable", "avérés", qui précisera à quel niveau vous percevez cette dérive. Mais imaginer qu'il y aurait une limite qui une fois dépassée permettrait de pouvoir déterminer si un régime est une dictature ou non, c'est un peu du n'importe quoi.
Cela étant dit, et pour exprimer un avis personnel, je suis loin de penser que Obama ait la tête d'un dictateur (de près ou de loin). Peut-il décider de mettre quelqu'un en prison ? Je ne le crois pas une seule seconde. Les décisions sont moins prises par des hommes seuls que par des institutions, des groupes, des assemblées, c'est à la fois la force et la faiblesse d'un système qu'on a voulu basé sur un principe de séparation des pouvoirs. C'est censé justement protéger des dérives mais c'est aussi un frein incroyable à toute décision surtout quand elle serait aussi énorme que celle de pouvoir mettre en prison quelqu'un en claquant simplement des doigts. Le système américain ne le permet pas. Ce serait d'ailleurs trop simple et bien plus aisé à identifier comme une dictature, si un seul homme avait ce pouvoir de décision. Il faudrait plutôt parler de lois liberticides, de pratiques militaires contraire aux droits internationaux, tout ce qui pourrait être rangé dans les "dérives dictatoriales" sans pour autant faire des USA une dictature. Le problème est toujours le même : ce serait simple de dire que les USA étaient une dictature si un seul homme décidait de tout, s'ils ne respectaient jamais le droit international, si de manière évidente ils défendaient les intérêts particuliers... Le problème, c'est que s'il y a dérive dictatoriale, c'est plus subtile que ça. C'est quand les décideurs (et non un seul) ne prennent plus des décisions dans l'intérêt du peuple mais qu'ils laissent croire le contraire. C'est autre chose avec certaines lois d'exception par exemple, mais s'il y a des dérives il est plus probable qu'on en aura jamais vent. Quand il est question de défense des intérêts de la nation, de questions militaires, il est plus facile de mettre des décisions douteuses derrière tout ça, surtout, on pourrait difficilement croire que des groupes d'individus (encore moins un seul homme) puissent avoir une véritable volonté de tromper les gens, défendre leurs intérêts seuls... C'est sans doute plus complexe que ça, et si certains prennent des décisions allant à l'encontre des intérêts du peuple, il y a plutôt fort à parier que au moins pour certains d'entre eux, ils sont parfaitement convaincus, aussi, de le faire pour le bien commun (corrompu à l'insu de son plein gré, méthode Coué, naïveté, on peut tout imaginer). Quand le législateur vote des lois liberticide, ils sont convaincus que cela profite à la nation et qu'il s'agit d'une mesure nécessaire pour répondre à un problème de sécurité ponctuel ; quand personne trouve anormal d'aller contre le droit international et d'attaquer l'Irak, c'est parce qu'on pense, sincèrement, que c'est nécessaire. Dans une véritable dictature, on ne s'embarrasserait pas, on irait droit au but... Les USA savent faire leur auto critique, et cela dès le Vietnam. Ils l'ont fait avec l'Irak. Ça prend sans doute du temps pour rectifier le tire au niveau de l'exécutif ou du législateur mais s'en rendre compte, c'est déjà un frein à une véritable dérive. Le pouvoir médiatique aux usa, il ne faudrait pas l'oublier, est puissant et semble bien fonctionner. Une dérive menant à une dictature totale est vraiment très peu probable. Les dérives peuvent être nombreuses, mais de là à parler de dictature, faudrait pas pousser. Même l'Iran je ne la qualifierais même pas de dictature donc les usa... C'est une grosse machine qui se croit tout permis, rien de plus (et c'est déjà trop).