Les médicaments aussi ont des interactions complexes avec des tas de molécules du corps, y compris les nutriments. Je ne vois pas où se situe la différence.
Oui, c’est juste, les médicaments ont aussi des interactions complexes avec des tas de molécules. C’est bien que vous le précisiez pour que je puisse nuancer davantage mes propos. Les médicaments, lorsqu’ils sont testés pour leur efficacité, le sont en fonction d’un effet bien précis sur le corps, comme par exemple diminuer le cholestérol.
Les chances que les médicaments, dans leurs multiples interactions, apportent des bénéfices supplémentaires à ceux qui ont été expérimentés sont beaucoup plus minces que les chances que les bénéfices des nutriments dépassent ceux que nous connaissons avec la science actuelle. Ces chances sont très minces, voire à peu près nulles. Les effets outre que ceux recherchés sont à considérer avec un tas d’effets secondaires indésirables. Tous les médicaments ont des effets indésirables. Les nutriments, si consommés de manière optimale, n’apportent que rarement des effets indésirables, sinon on ne les appellerait pas des nutriments.
Les nutriments sont par définition des substances dont l'organisme a besoin pour fonctionner correctement. Le médicament, quant à lui, n’est pas une substance que l'organisme a besoin pour fonctionner correctement, il est administré lorsqu’il y a une maladie afin de modifier une variable précise, très précise. Mais, comme vous le dites vous-mêmes, les médicaments ont aussi , tout comme les nutriments, des interactions complexes avec le corps.
Mais, si cet auteur a raison, cela signifie qu'il y a encore plus de variables cachées et interdépendantes qui interviennent dans le cas d'un nutriment que dans le cas d'un médicament, et cela rends l'utilisation d'études randomisées en double aveugle encore plus nécessaire
L’utilisation d’études randomisées en double aveugle est encore plus nécessaire pour quoi faire? Pour s’assurer que c’est sécuritaire de consommer un nutriment? De quoi parle-t-on au juste? Quel est le but légitime pour vous, tout savoir, ou prendre une décision éclairée?
Si le but est de tout savoir, tout comprendre, alors oui vous avez raison,il faut des études randomisées à n’en plus finir pour en arriver à bout (est-ce seulement possible?) de saisir les multiples interactions complexes qu’ont les nutriments. Mais si on fait ça, il faudrait faire la même chose avec les médicaments, non? Il faudrait s’assurer d’avoir tout vérifié les interactions possibles. Nous ne le faisons pas, parce que des décisions doivent être prises pour la santé des gens.
Si le but est d’avoir de bonnes raisons pour affirmer que X cause y , alors oui, il est absolument nécessaire de faire des études expérimentales.
Mais est-ce que la science sert à avoir des certitudes, ou à améliorer notre confort et notre santé? À quoi servent les études au bout du compte, si ce n’est nous aider à prendre de bonnes décisions.
Et peu importe les décisions, il y a un risque de se tromper. Mais on n’a pas le choix de décider de faire quelque chose. Ne rien faire est un choix, c’est le choix de ne rien faire. Mais ce choix en lui-même comporte des risques. Par exemple, si nous attendons de tout comprendre, tout savoir, avant de prendre de la vitamine d durant les mois d’hiver, d’avoir les preuves que c’est sécuritaire, nous n’avons pas eu les preuves qu’il était sécuritaire de s’en passer, n’est-ce pas? Peu importe la décision que nous prenons, il y a des risques.
C’est de cela qu’il s’agit, de prendre des décisions, et de supporter un certain degré d’incertitude et de risque.
Il faut prendre des décisions dans la vie, en attendant d’avoir toutes les réponses, est-ce vraiment logique de ne rien faire ? Si quelqu’un venait me voir et me disait « ton enfant, je l’ai vu embarquer dans une voiture avec un étranger tout à l’heure », qu’est-ce que je devrais faire d’après vous, me bouger les fesses pour aller vérifier où est mon enfant, ou attendre que l’étranger me fournisse des preuves que mon enfant est bel et bien avec un inconnu?
C'est ce que l'on veut, non ? Trouver la preuve d'une relation de cause à effet entre une variable X - la prise de compléments de vitamine D quand le taux dans le sang est inférieur à un certain seuil - et une ou plusieurs variables Y - les conséquences positives ou négatives sur la santé.
Une étude randomisée en double aveugle permet d'éviter que des biais, tel que les effets placebo et nocebo, et des variables cachées, ne viennent fausser les résultats. C'est un avantage de ces études, pas un inconvénient, et il est d'autant plus fort que les modes d'actions du X sont complexes.
Oui, les études randomisées sont les seules qui puissent faire la preuve de cause à effet. Et ça constitue les points forts des études randomisées. Mais il n’y a pas que des forces à ces études-là, leur point faible est de ne pas pouvoir même débuter à prendre en compte tous les autres facteurs. Un exemple, une carte routière d’une ville a l’avantage de nous faire voir les rues d’une ville, dans les détails, mais son inconvénient est qu’elle ne nous fait pas voir où se situe la ville, par rapport au reste du monde. Une mappemonde a les inconvénients et les avantages inverses de la carte de la ville
nous sommes d’accord sur ce point, il y a de multitudes de variables à étudier. Si on se concentre sur un détail, cela ne restera qu’un détail. Une goutte dans l’océan.
Assurément, mais d'une part, il faut considérer le niveau de preuve apporté par chaque étude, en fonction de la méthodologie utilisée. Et d'autre part, quels obstacles y aurait-il à la mise en place d'études randomisées en double aveugle ?
Quels obstacles? L’argent… le temps…
De quoi parle-t'on ? L'efficacité et la sécurité de la vitamine D, en soi, ça ne veut rien dire. Un taux dans le sang de 0g/l est certainement néfaste, et un taux de 500g/l est encore plus certainement néfaste. Ce qui intéressant à tester, c'est l'efficacité et la sécurité de la prise de telle dose de complément de vitamine D dans le cas de tel taux de vitamine D dans le sang.
Très juste. Les experts de la vitamine D insistent beaucoup là-dessus, ce que ne font pas les autorités en général. C’est une des failles du discours officiel. Lorsqu’ils font peur au public au sujet de la toxicité possible de la vitamine D, on ne prend pas en compte le taux sanguin. C’est effectivement un point important, de connaitre les liens entre les quantités de vitamine D prises et le taux sanguin. En général, avec chaque augmentation de 1000 IU par jour de vitamine D, on obtient une augmentation du taux sanguin variant entre 7 et 10 ng/ml. C’est un point de départ pour avoir une idée du taux sanguin qu’on aura en prenant une quantité x, à partir de janvier lorsque les réserves de vitamine d du corps auront été épuisées en bonne partie. si une personne a vu son médecin qui lui a fait un test sanguin et qu’elle a un taux très bas de vitamine D, par exemple 7 ng/ml, et que son médecin lui prescrit seulement 1000 UI, son taux sanguin montera jusqu’à entre 14 et 17 ng/ml, elle sera toujours en insuffisance.
Ce qu’il faut savoir, ce n’est pas la quantité de vitamine D à prendre, c’est le taux sanguin à viser.
Le taux sanguin des gens qui vivent dans les pays du sud et qui ont le corps dénudé (exemple les lifeguards) ont des taux sanguins plutôt élevés. Certaines personnes ont, sans prendre aucun suppléments, des taux aussi élevés que 70, voire 80. Entre 30 et 80 ng/ml, on parle de taux sanguin physiologique.
Nathalie a écrit:
« Ce que Heaney explique dans son texte, et c’est tout à fait logique, c'est qu'il faut se baser sur le rapport bénéfice -risque. Si les bénéfices attendus sont élevés, on peut supporter une plus grande incertitude par rapport aux risques. Et vice versa, si les risques sont plus élevés, comme c’est le cas avec les médicaments, on ne peut supporter un niveau de preuve qui soit en deçà d’études randomisées très bien menées. »
Et comment sont évalués les bénéfices et les risques a priori ?
en évaluant un ensemble de facteurs, avec une vue globale, et non avec le nez fixé sur une rue de la carte de la ville…
on évalue la plausibilité biologique. Ne pas prendre en compte que la plupart des tissus humains ont des cellules qui contiennent des récepteurs de la vitamine D serait imprudent et illogique. Si la vitamine D ne servait qu’à la santé des os, alors pourquoi tant de récepteurs sur tant de cellules?
On prend en compte que de multitudes de gènes sont influencés par la vitamine D. sans comprend tout le fonctionnement, on prend note qu’il y a une interaction avec les gènes.
On prend en compte le fait que les études corrélationnelles pointent dans une direction assez précise, à savoir que la vitamine D est utile pour la protection contre de multiples maladies.
On prend en compte les études randomisées, car bien sûr il y en a.
Un apport inadéquat est un apport soit trop faible, soit trop élevé. Les maladies et dysfonctions provoqués par un apport inadéquat ne sont pas nécessairement les mêmes pour un niveau trop faible ou un niveau trop élevé. Mais effectivement, l'hypothèse nulle doit être définie en fonction de l'écart à l'apport optimal, plutôt qu'en fonction de l'écart à un apport nul.
l'hypothèse nulle devrait être définie en fonction non pas de l'écart à l'apport optimal (c’est flou de dire ça, parce que les études servent justement à déterminer l’apport optimal), mais en fonction de l’apport que nos ancêtres ont reçu, et en fonction du taux sanguin qui a prévalu parmi eux (4000 à 12 000 UI par jour, taux sanguin entre 30 ng/ml et 60 ng/ml)
nathalie a écrit : « Les etudes expérimentales randomisées sont-elles à même de tester adéquatement les effets des nutriments ? pour mener à bien une étude randomisée qui vérifie adéquatement l’efficacité d’un nutriment pour une maladie chronique spécifique, il est primordiale de s’assurer adéquatement du contraste entre les apports du groupe expérimental et ceux du groupe contrôle. »
Oui. C'est aussi le cas pour une étude non randomisée.
Avec une étude randomisée, à cause de l’éthique, il est impossible de comparer un groupe qui recevrait ce que nos ancêtres ont reçu (entre 4000 et 12 000) avec un groupe qui ne recevrait aucun supplément de vitamine D et à qui ont leur demanderait de ne jamais sortir au soleil.
L’avantage des études corrélationnelles est de justement pouvoir collectionner des données qui nous seraient inaccessibles par les études randomisées. On peut ainsi comparer ceux qui ont des taux sanguins catastrophiques de 5 ng/ml, avec ceux qui ont 15, 20, 30, 40, 50, 60 et 70 ng/ml.
On pourrait jamais avec une étude randomisée comparer de tels groupes entre eux, des groupes humains du moins.
Oui. Pour évaluer un risque (quel qu'il soit), on se heurte a des problèmes éthiques, qui obligent à recourir à d'autres types d'études avant de faire une étude randomisée en double aveugle, afin de déterminer le niveau de risque acceptable a priori que l'on peut courir aux sujets de l'expérience.
Nous sommes d’accord sur ce point, les études randomisées comportent leurs propres limites, qui doivent être compensées par d’autres types de recherches.
Ce problème est le même qu'il s'agisse de tester le cas d'une trop faible dose ou d'une trop forte dose. Et il se pose aussi pour les médicaments
Non justement, le problème d’éthique associé au fait de ne rien donner aux participants d’une étude sur la vitamine d (ne pas donner aucune vitamine D) ne se pose pas avec les médicaments. Des groupes contrôles qui ne reçoivent aucun traitement, non seulement ne posent aucun problème d’éthique, mais ça se fait couramment.
Oui, mais ne négligez pas l'autre hypothèse, qui est qu'AUGMENTER l'apport du nutriment peut causer ou augmenter des risques de maladie
Les auteurs parlent justement de ça, les études randomisées ne peuvent en général, avec les nutriments, que vérifier que « le plus est le mieux ». Éthique oblige, car on ne compare pas ceux qui reçoivent 0 de ce nutriment à ceux qui reçoivent une quantité plus considérée normale. On tente souvent de comparer le normal avec le « supra normal », et là-dessus vous avez raison, augmenter l’apport d’un nutriment peut causer une maladie.
Si une compagnie pharmaceutique s’intéresse à une substance, une molécule, c’est en général dans cette optique-là, du « plus est le mieux », ce qui est moins sécuritaire.
La science sans la spiritualité est boiteuse, la spiritualité sans la science est aveugle