C'est pas du cynisme, c'est un fait sociologique documenté.Florence a écrit : Les chiffres de l'abstention montrent une chose (entre autres, sans doute), que l'on ne propose pas à la population des sujets ou des représentants qui leur conviennent. En étant un chouïa cynique, tout montre dans nos démocraties actuelles que le monde politique se coopte, se reproduit entre lui et ne représente guère que lui-même.
L'endogamie des groupes dirigeants et la constitution progressive de caste (si transmission familiale) ou de groupe fermé (si cooptation hors de la structure familiale) au sein de ceux qui détiennent le pouvoir est une constante dans la plupart des sociétés humaines et à mon avis, une évolution impossible à totalement faire disparaître, parce que ça va selon la logique des rapports sociaux humains et de la manière dont fonctionne nos réseaux de connaissances et notre empathie.
Cela dit, ça n'est pas un fait nouveau, le système de représentation et de parti politique favorise de fait une évolution de ce type parce que ne peuvent être candidat que ceux qui ont les moyens d'un parti, donc l'aval de ses dirigeants, donc doivent être coopté. L'endogamie dépend ensuite des faits et des générations, elle est plus ou moins forte selon les cas.
Actuellement, elle est insupportable et on la remarque beaucoup parce que notre société mute depuis une vingtaine d'année alors que ce système de cooptation est une relique qui a déjà plus d'un siècle (le népotisme et le fait d'avoir sa petite baronnie locale pour un élu existe depuis longtemps) et qu'il n'est plus possible de faire valoir la même mécanique de partie dans un monde interconnecté où il n'est plus possible d'avoir une idéologie politique ferme et bien différenciée du prédécesseur, parce que la réalité ne permet plus aux Etats occidentaux, riche et dépendant des autres pays, d'agir comme ils veulent.
Et aussi, parce que, comme tout élément endogame, la population qui se coopte finit par se réduire, cumuler les fonctions, entrainant une perversion du système, au delà du supportable pour la population, à mesure qu'on veut garder tout le pouvoir mais pas libérer de nouvelle place en dehors du cercle pour combler les vides et "rafraichir" le cheptel.
Il n'y a donc plus l'illusion de renouvellement qu'apportait l'alternance des parties, ni le renouvellement même léger des politiques, car les carrière politique s'allonge avec la durée de vie et les anciens se maintenant au pouvoir, ne cooptent plus de nouveaux qui sont autant de rivaux (mais ça c'est pas nouveau, on est juste dans une période de non renouvellement, il y en a eu d'autre).
A mon sens, c'est une des causes de la montée des extrêmes, qui vient s'ajouter à l'extrémisme qui se développe facilement en tant de crise, parce qu'on rejette celle-ci justement sur les politiciens classiques qui ne l'empêchent pas, et la peur du changement qui couvent dans la société depuis quelques décennies.
C'est un moment périlleux, parce que c'est typiquement le genre de climat propices pour un sauveur ou selon les cas, carrément pour une abandon de la politique par les citoyens et donc une confiscation définitive de la cooptation et de l'endogamie.