Salut voyageur,
Tu dis :
Je demande un complément d'information sur les règles du jeu ReDiCo avant de poursuivre.
OK pour un peu de "style libre".
1) Qu'entendez-vous exactement par "opinions orthogonales" dans Si 1/3 < X < 2/3, les joueurs ont des opinions orthogonales (Code O) ?
Le terme "orthogonal" vient d'une analogie avec la notion de vecteur. Deux vecteurs sont orthogonaux s'ils sont à angle droit.
Dans cette image,
les vecteurs A et R
tirent dans des sens pratiquement opposés alors que les vecteurs A et N
tirent dans des sens voisins. Le vecteur P, lui, tire dans une direction pratiquement orthogonale à A. À angle droit.
Dans un débat d'idées, on peut comparer les divers arguments à des
souqueurs à la corde. Les arguments qui tirent dans le même sens sont dans la même équipe. Un argument qui tirerait "à angle droit" ne serait ni dans une équipe, ni dans l'autre.
Pareil pour les opinions. Si on est d'accord à propos d'une proposition P (codes A ou a), on tire dans la même équipe. Si on est en désaccord (D ou d), on tire dans des équipes opposées. Si on n'est ni d'accord, ni en désaccord, nos opinions sont dites "orthogonales", par analogie avec les vecteurs. Quant aux bornes 1/3 et 2/3, elles sont arbitraires. Pareil pour les bornes 1/10 (entre les codes A et a) et 9/10 (entre les codes D et d).
2) Puisque la réponse des joueurs s'effectue en évaluant les propositions par pourcentage, est-ce à dire qu'un 50% signifie "ni oui, ni non"? Et équivaut à un genre de je ne sais pas?
Non. 50%, c'est plus fort (plus informatif) que "ni oui, ni non".
Quant on
sait on évalue à 100% (si on sait que c'est "oui") ou à 0% (si on sait que c'est "non"). Quand on ne
sait pas, ça n'empêche pas d'avoir une option de vraisemblance maximale.
Par exemple, je ne
sais pas dans quel pays vit, présentement, le chat le plus âgé de la planète. Je ne sais donc pas s'il vit au Luxembourg plutôt que dans un autre pays. Mais si j'avais à évaluer la proposition
P : "Le chat le plus âgé vit au Luxembourg", je ne l'évaluerais certainement pas à 50% sous prétexte que
"je ne le sais pas".
Une évaluation à 50%, ça signifie plus que
"je ne le sais pas". Ça signifie plutôt
"je n'ai pas d'option de vraisemblance maximale", ou
"j'estime que les arguments du "oui" et du "non" se valent", ou
"je n'en ai absolument aucune idée", ou, à la limite,
"c'est du chinois". Dans le cas de la proposition P (le chat du Luxembourg), ce n'est pas du chinois et j'ai clairement une option de vraisemblance maximale : le
"non". Même si je ne sais pas si P est vraie, je l'évaluerais
"collé sur zéro" (aux alentours de 0.01%).
3) Comment évaluez-vous une proposition de type ironique? Je prends le premier exemple qui me vient : " le ReDiCo est un super jeu". Ironie= je dis l'inverse de ce que je pense.
Denis : ?% | Voyageur : 100% | Quivoudra : ?%
Je suppose que présentée de cette façon, rien ne vous laisse supposer que ma proposition est ironique du coup vous répondrez par un 100%. Vous en conclurez par un code A (les joueurs sont en Accord fort) alors que ce sera le contraire !?
Je cite la loi 3 : En REDICO, le proposeur évalue le premier ses propres propositions. Toutefois, rien ne stipule la règle de cette évaluation.
Même si, on peut lire en introduction (ce que j'aurais mis en loi 1) "Et on se dit ce qu’on en pense en les évaluant de 0% à 100%.", ce qui exclu l'ironie, cela n'est pas stipulé noir sur blanc dans aucune loi, donc ironiser ne constituerait pas une infraction aux règles du jeu et permettrait même de faire un pied de nez à la caractéristique 4. Oui, non, peut-être, sans conviction?
Tant mieux si le Redico met des bâtons dans les roues à l'ironie (et au second degré) qui, dans un débat d'idées en style libre, est une véritable plaie. Autant que
les épouvantails et
les insultes. Autant que, aux échecs, envoyer délibérément sa fumée de cigare au visage de l'adversaire.
Bien sûr, on ne peut pas empêcher un farceur de dire le contraire de ce qu'il pense (ni d'évaluer les propositions au hasard). Si sa mauvaise attitude devient trop détestable, on n'a qu'à appliquer la
Loi 11 et le laisser niaiser en solo.
Quant à la Loi 3 (
"En REDICO, le proposeur évalue le premier ses propres propositions"), elle permet de sauver un tempo (dans la déclaration, par chacun, de son opinion), en plus d'obliger à n'émettre que des propositions claires qu'on est soi-même disposé à évaluer.
4) serait-il possible d'avoir un ou deux exemples concrets afin d'illustrer la loi 14?
La
Loi 14 dit :
"En REDICO, quand une proposition est “question de fait”, chacun évalue au mieux la probabilité (subjective) que ce prétendu fait soit vrai. Si la proposition à évaluer est plus floue et déborde sur les “questions de goût ou d’opinion”, on indique une sorte de “degré global d’accord”."
J'ai déjà donné un exemple (le chat du Luxembourg) d'une proposition qui joue dans l'axe
"vrai/faux". Dans un tel cas, on donne son avis en déclarant quelle est, selon nous, la probabilité que la proposition soit vraie.
Quand ça ne joue pas dans l'axe
"vrai/faux" et que c'est plutôt question de goût (ou de choix moral), plutôt que se taire, on déclare son
degré d'accord général. Par exemple, j'évalue à 99% la proposition
"Mieux vaut détruire (sans victime) le AIDAcara que détruire (sans victime) la tour de Pise". Autre exemple : j'évalue à 0.001% la proposition
"Elton John est un plus grand musicien que Telemann".
Même si ça ne joue pas dans l'axe
"vrai/faux", rien n'empêche d'avoir une opinion, et de la déclarer. N'est-ce pas précisément ça, discuter~débattre : dire clairement ce que l'on pense et ce que l'on pense de ce que l'autre pense?

Denis
Les meilleures sorties de route sont celles qui font le moins de tonneaux.