Salut Greem
Greem a écrit :Ça me blase que des gens a priori rationnels n'aient pas encore rangé ce concept de libre arbitre là où il devrait être : à la poubelle !
Votre propos me semble ironique à deux niveaux. Il se trouve que Descarte, le fondateur du rationalisme moderne, fut probablement un des plus grands défenseurs du libre arbitre. (Le déterminisme universel de Spinonza et sa non-liberté sont un courant marginal dans l’histoire du rationalisme philosophique car trop paradoxale)
De plus, votre phrase, tout comme votre ouvrage à vouloir nous convaincre de notre non-liberté contient un paradoxe pesant : si vous ne croyez même pas que nous pouvons choisir volontairement et librement d’idée, alors pourquoi vous acharnez-vous à vouloir nous faire changer d’avis par la raison ? Je ne comprend pas, vous vous estimez prédéterminé à nous faire changer librement d’idée sur l’idée qu’on est libre ???
Il y a aussi cette histoire du test avec cette fameuse machine qui peut prévoir les gestes avant la conscience. Mais ce que la plupart ne semblent pas visualiser ici, c’est que si un jour on fabrique une machine pouvant prévoir les actions volontaires (ce qui n’est pas le cas ici), nous serons inévitablement devant un paradoxe. Si l’observateur voit d’avance ce qu’il fera, quelle force surnaturelle viendra le contraindre de ne pas changer d’idée ? Et s’il change d’idée, il réfutera l’efficacité de la machine. C’est un des plus solides paradoxes de la SF.
À mon sens, la liberté humaine, comme notion philosophique, nécessite un libre arbitre soudé à la raison et à la volonté. La liberté est basée sur la connaissance rationnelle des déterminations nécessaire et le développement de l’intuition pour gérer la contingence. Plus vous savez ce qui vous détermine et ce qui détermine l’existant, plus vous êtes libre. Liberté et déterminisme son comme cul et chemise. Ce sont les raisons suffisantes aperçues qui constituent l’infrastructure même de notre liberté et le champ possible d’expression de celle-ci.
Mais je persiste à croire que ce que vous percevez comme de la magie est ce rapport étrange qui existe entre le monde conceptuel et abstrait (le monde métaphysique de la conscience) et le monde physique et matériel.
Par exemple, Phyricien dit que la liberté c’est la capacité d’un système à se déterminer librement. Mais moi, je nomme ce phénomène une simple détermination interne aperçue. La liberté définie par la science est, à mon sens, un concept purement descriptif qui a très peu à voir avec la description philosophique de cette notion. Lorsqu’il dit qu’une machine est libre, je ne suis catégoriquement pas d’accord. L’ingénierie humaine ne peut construire que des systèmes déterministes donc, non déterminé par eux même. Maitriser une force de la nature c’est maitriser sa détermination, connaitre sa causalité et la dirigé pour produire un avantage utilitaire.
Et comme je disait, la liberté humaine, dans une optique métaphysique, inclut l’action volontaire et rationnelle de la conscience sur la réalité.
Dans cette optique ce qui nous détermine le plus, c’est notre mosaïque conceptuelle. C’est notre personnalité par le monde des idées, nos échelles de valeurs. Évidemment, il y a des prédéterminations biologiques, d’éducations, génétiques, environnementales et sociales. Mais ce sont les déterminations symbolique et abstraite ,totalement fabriqué par la conscience, qui nous influence le plus. Ce sont nos véritables déterminations internes et nous sommes libres de les modifiés pour chercher le bonheur.
L’essence de la puissance humaine, de sa liberté et de son bonheur, est à ce titre conceptuelle. C’est à l’intérieur des frontières du monde des idées que nait notre liberté. Mais nous ne somme pas enfermé dans ses frontières puisque les concepts abstraits ont pouvoir sur l’univers concret. Notre liberté peu donc s’exprimer dans le monde concret jusqu’à la limite de nos connaissances et de notre technologie.
Notre espèce est à ce titre absolument révolutionnaire dans l’histoire de la biosphère. Comme humanité biologique nous sommes le support à un phénomène informationnel amenant une nouvelle organisation de la matière ; la technosphère.
Nous sommes physiquement l’humanité, mais nous sommes métaphysiquement la noosphère.
Le monde conceptuel ; l’information symbolique circulante est l’essence d’une nouvelle puissance géologique. D’une nouvelle thermodynamique dans la biosphère.
Comment de kilojoule l’idée de la poulie, de la roue, ou de la constitution chimique de la matière, on t’elle épargné à l’humanité. Quelle est la puissance thermodynamique potentielle d’une idée. Ce sont les idées qui dirigent cette planète. C’est le monde des idées qui est responsable de cette biosphère.
Aussi, pour ne pas trop m’égarer dans des réflexions "vernadskienne", je ne crois pas à la liberté d’indifférence et cette histoire de canette de cola identique de Étienne. Comme vous l’avez bien souligné, rien n’est jamais absolument identique pour la conscience. Il y a au moins une différence au niveau spatiaux temporelle. Sinon les deux canettes ne seraient pas deux identités conceptualisées. C’est le principe logique des indiscernables.
Choisir arbitrairement sans aucune connaissances de cause, n’a, à mon sens, rien à voir avec la liberté. La liberté humaine, c’est la capacité du sujet pensant de faire le meilleur choix rationnel par connaissance des divers déterminismes ou par une théorie intuitive logique des jeux.
La liberté humaine c’est l’histoire du sujet pensant.
Vous voyer, toi, moi, Étienne et Pyricien n’avons pas la même définition du concept de liberté. Mon hypothèse, c’est que chaque point de vue fait le choix libre de sa définition de la liberté selon ses échelles de valeurs, son savoir, son monde conceptuel libre et son inconscient. Nous avons donc tous une conception métaphysique de notre liberté bien à nous. Chacun aperçoit l’imperfection de sa liberté et de son bonheur. Ce qui constitue l’essence rationnelle de la volonté, c’est le principe du meilleur ; le désir de perfectionner l’existant. Je crois que nous voulons toujours le meilleur, selon nos échelles de valeurs et nous nous estimons toujours libres de courir après le bonheur.
Mais puisque vous niez le libre arbitre, j’aimerais avoir votre définition précise de la notion de responsabilité. Oû se situe la responsabilité et la bienveillance dans une optique fataliste ?
Car de mon point de vu, tuer le concept de libres arbitres c’est de vouloir faire de la philosophie le plus aride des déserts.