Dave a écrit :J'avoue que, personnellement, je n'oserais jamais affirmer une telle chose. À vrai dire, j'ai tendance à penser comme vous, mais la validation de cette affirmation me semble hors du champ de la science pour la simple raison de l'impossibilité de définir rigoureusement la notion d'« intention » d'une manière complètement scientifique
Si on prend ce que vous dites au pied de la lettre, il faudrait conclure qu'il n'existe aucune manière de définir scientifiquement quoi que ce soit sauf, peut-être, à l'intérieur d'un système formel (mathématiques par ex.). De plus, cela revient à dire que le terme "intention" ne sert à rien puisqu'il caractérise tout
a priori. Cette manière de voir les choses rendrait caduque l'étude scientifique d'à peu près tout car il est presque impossible d'offrir une définition rigoureuse de concepts et même de structures qui soit valable dans l'absolu.
Par exemple, essayez de définir ce qu'est un muscle en tenant compte qu'il existe différentes formes de muscles (striés, lisses) et quasi-muscles (cellules myo-épithéliales), de nombreuses variations phylogénétiques, qu'aucun des éléments qui composent la cellule musculaire n'est propre à celle-ci, qu'aucune des propriétés associées aux muscles ne leur est réellement propre (ex., les cellules ciliées de l'oreille se contractent), etc. Vous conviendrez, j'espère, que la science peut s'intéresser aux muscles même si elle ne dispose pas d'une définition absolue.
Cela car il n'est pas moins rigoureux d'établir une définition opérationnelle (une série de critères à remplir) basés sur l'observation. Observer les muscles de manière à les caractériser le mieux
possible; observer que des comportements intentionnels ne sont clairement manifestes que chez les animaux possédant un système nerveux développé
puis établir une définition opérationnelle de l'"intention" à partir de cette définition. Ensuite, on peut chercher à savoir ce qui se passe aux "limites" de la définition pour voir si elle peut être étendue (par ex., est-ce qu'une anémone qui fuit une étoile de mer en "nageant" le fait intentionnellement). À mon avis, c'est ce qui rend aussi fascinantes les expériences sur les comportements d'utilisation d'outils par singes ou des corvidés.
Selon votre manière de poser les choses, la démonstration de comportements intentionnels chez des animaux éloignés de l'homme est presque triviale parce que l'"intention" est une caractéristique
a priori de tout et n'importe quoi. Vous pourriez même affirmer que le montant du lit qui vous cogne l'orteil l'a fait exprès
Autrement dit, je ne saurais vraiment pas comment prouver cette affirmation autrement que par la simple décision de redéfinir l'intention comme étant « strictement » une caractéristique d'un système nerveux, ce qui nous est familier
C'est ce que fait la science pour à peu près tout. Prenez la vie: pensez-vous qu'il existe une définition
absolue tout en étant rigoureuse de la vie? Non, et cela n'a pas empêché la science de progresser dans la compréhension de ce qu'est la vie en partant de ce qui est familier et en étendant la définition aux fur et à mesure des découvertes. On postule le moins possible, puis on vérifie et on raffine.
C'est pourquoi il incombe à ceux qui pensent que les plantes sont douées d'intention de démontrer le fait. S'ils veulent rester dans le cadre d'une démarche scientifique bien entendu.
Jean-François