La Gnose, le Retour

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voyageur
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Re: La Gnose, le Retour

#26

Message par voyageur » 28 mai 2013, 20:56

Babel a écrit :Votre formule est bellement imagée mais trop pessimiste pour moi.
Pourtant il n'y a rien de pessimiste.

On peut considérer la science et la religion comme des commerces ayant pignon sur rue. Toute leur image tient à la devanture de leur vitrine .

Un magasin présentant une vitrine organisée et unifiée en science, montrant divers outils de mesures, une bible que serait la méthodologie scientifique, des panneaux des divers disciplines, etc. et un gros vide sur la vérité qui fait sens.

Un magasin présentant une vitrine scindée en divers courants (philo-métaphysico-religion) où personne n'est d'accord, montrant chacun ses propres outils, leurs bibles sacrées, etc. et un gros vide sur la réalité.

La mystique et la gnostique sont des magasins ambulants sans vitrine ni devanture, car ne peuvent se fixer nul part.

Si bien que les individus, scientifiques ou religieux, finissent par défendre la vitrine et son contenu : ce sont les marchands du temples. La forme prime sur le fond.
La gnose est faite uniquement pour quelques rares avertis, l'enseignement ou la transmission se fait sous le manteau et ne peut pas être effectué en place publique pour une simple raison : la vérité ne peut être "prise" et devenir prisonnière d'un dogme.

Le type qui regarde chacune des vitrines (scientifique et religieuse), lorsqu'il est "prêt" s'aperçoit que quelque chose cloche, qu'il manque un truc et ne pouvant aller le chercher dans l'une des deux (surtout s'il appartient à l'une d'entre elle) se retourne sur celle qui n'a pas d'existence officielle, qui officie cachée dans l'ombre où jaillit la pleine lumière.

Dans l'intuition dans la recherche scientifique Heisenberg apprend par Einstein qu'il doit sortir du canon de la méthode scientifique s'il veut trouver en usant de son intuition. Mais un scientifique de base ne pourra jamais commencer par là, il doit montrer patte blanche et affirmer son lien de parenté sous peine de se faire désavouer par sa communauté.
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Milou
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Re: La Gnose, le Retour

#27

Message par Milou » 28 mai 2013, 21:34

Babel :
Je me réfère souvent à Spinoza, et votre intervention me fait penser tout à coup qu'il devait, ou pouvait bien, être gnostique, finalement. Parce qu'il indique qu'il écrit d'une manière géométrique et scientifique ("more geometrico") mais il fait allusion à des réalités qui (à mon avis) transcendent la science (j'ai déjà évoqué ses différents niveaux de connaissance)
Pas toujours facile à lire, mais passionnant ; et vu votre niveau au vu de ce que vous écrivez, ça doit être tout à fait à votre portée.
Je dois avouer que, bien que je m'y réfère souvent, je n'ai pas tout à fait réussi à lire (et comprendre à 100%) l'Ethique en entier.... :oops: mais une intuition me dit que c'est une lecture très précieuse... je la reprends de temps à autre et ne désespère pas d'en venir à bout ; mais je pense qu'on ne peut comprendre son propos que si on a fait certaines expériences... par exemple il y a disons 4-5 ans (eh oui, c'est une longue entreprise !!), je ne comprenais presque rien....

("Spinoza, le retour" :a4: )
"L'esprit, c'est comme un parachute : s'il reste fermé, on s'écrase". Frank Zappa
Il ne faut pas parler aux cons... ça ne les instruit même pas.
"Si tu as besoin qu'on t'explique pour que tu comprennes, ça veut dire qu'aucune explication ne pourra jamais te faire comprendre." Haruki Murakami
"Il y a deux façons de se tromper. L’une consiste à croire ce qui n’est pas vrai. L’autre consiste à refuser de croire ce qui est vrai." Søren Kierkegaard

Mireille

Re: La Gnose, le Retour

#28

Message par Mireille » 29 mai 2013, 03:51

Babel a écrit :
Jean-Francois a écrit :La démarche scientifique n'est pas le but, le chemin compte pour beaucoup. Ça doit être une grosse différence avec votre gnose qui semble se complaire dans sa stérilité finale (à force de questions/affirmations métaphysiques insolubles) au point de tuer toute curiosité réelle. (...)Les démarches métaphysiques ne cartographient même pas le réel, elles l'inventent à leur convenance.
Vous me semblez prisonnier de vos préjugés sur la métaphysique et sur la Gnose. Je m'évertue à répéter que la Gnose n'est pas figée mais vivante. Elle n'est pas affirmations mais questionnement permanent.
Bonjour Babel, suite à cette réponse que vous faites à Jean-François, j'aimerais vous demander à partir de quel questionnement le gnostique et le scientifique peuvent-ils se rejoindre ? Auriez-vous quelques exemples concrets de questions que tous deux peuvent se poser et auquel le gnostique peut apporter une réponse à l'homme de science ou du moins appuyer ses recherches ? Merci.
Dernière modification par Mireille le 29 mai 2013, 04:05, modifié 1 fois.

Mireille

Re: La Gnose, le Retour

#29

Message par Mireille » 29 mai 2013, 04:03

Bonjour Milou,

Est-ce que je peux te demander quels sont ses différents niveaux de connasisances dont tu parlais ci-haut et aussi de quels expériences tu parlais, voir ci-dessous, si ce n'est pas trop personnel. J'ai trouvé un site sur spinoza, j'imainge que tu le connais, j'en prendrai connaissance si c'est possible pour moi de comprendre quelque chose : http://spinoza.fr/

je la reprends de temps à autre et ne désespère pas d'en venir à bout ; mais je pense qu'on ne peut comprendre son propos que si on a fait certaines expériences... par exemple il y a disons 4-5 ans (eh oui, c'est une longue entreprise !!), je ne comprenais presque rien....

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eatsalad
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Re: La Gnose, le Retour

#30

Message par eatsalad » 29 mai 2013, 10:30

Babel a écrit : C'est le problème quand on sort une phrase de son contexte. Je répondais ici à la question d'eatsalad qui était : Si on ne croit a rien de transcendantal vous me confirmez que la gnose n'a du coup aucune utilité ? Je ne lui ai jamais dit qu'il n'était pas curieux en soi.
...
Vous continuez à raisonner sur des prémisses que vous m'attribuez faussement. De la même façon que pour la curiosité, quand je parlais de certitudes, c'était de celles qu'eatsalad venait d'exposer en disant ne pas croire au transcendantal.
Bonjour Babel,

Difficile de croire à quelquechose qui nous transcende lorsqu'on ne voit aucune manifestation de cette chose!

Ma curiosité est monopolisé par notre monde réel et ce qui le compose les animaux, les végétaux et les phénomènes physiques..
Je n'ai pas besoin d'inventer un monde éthérée pour satisfaire mon imaginaire, notre monde est tellement varié que mon esprit aurait besoin de plusieurs vies pour tout appréhender!
Babel a écrit : Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Je crois que la majorité des scientifiques sont curieux et ouverts d'esprit dans leurs domaines mais qu'ils sont souvent ignorants de la métaphysique qu'ils ont tendance à caricaturer. Vous remarquerez que je prends un tas de précaution de langage pour ne pas généraliser à outrance.
Et lorsque d'autres scientifiques s'aventurent hors de leur domaine hyper spécialisé, certains bottent en touche en disant que même les plus grands esprits faillissent et peuvent se tromper.
La métaphysique n'étant pas une science mais une discipline philosophique on ne leur en tiendra pas rigueur!
Babel a écrit : Le temps des scientistes du XIXème est effectivement passé, bien qu'on trouve encore un certain nombre de fossiles. Mais je suis nostalgique du temps où le scientifique était aussi philosophe et/ou théologien, où le chimiste était aussi astronome... L'hyper-spécialisation scientifique me semble souvent un frein à la transdisciplinarité.
La somme des connaissances en constante croissance est un frein à la transdisciplinarité, il est couteux et difficile de maitriser un sujet donné, alors plusieurs ca devient titanesque!
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Re: La Gnose, le Retour

#31

Message par Babel » 29 mai 2013, 10:41

Bonjour Voyageur,

La Gnose dont vous parlez, celle dont l'enseignement ou la transmission se fait sous le manteau est la Gnose ésotérique à distinguer de la Gnose exotérique. La Gnose moderne ou néo Gnose (celle des auteurs que je cite) est énonçable, théorisable mais ne s'adresse qu'à l'intellect. La Gnose ésotérique est, elle, une praxis et s'adresse à l'esprit.

Pour reprendre l'analogie de l'attelage, la Gnose exotérique s'adresse au cocher tandis que la Gnose ésotérique doit permettre de trouver le maître du carrosse.

Je me permets de vous conseiller cette lecture : Problèmes de Gnose de Jean Borella.

Vous dites : la vérité ne peut être "prise" et devenir prisonnière d'un dogme. C'est bien pour cela, en effet, que la Gnose n'a pas d'Eglise. Elle propose un chemin personnel et intérieur.
voyageur a écrit :Dans l'intuition dans la recherche scientifique Heisenberg apprend par Einstein qu'il doit sortir du canon de la méthode scientifique s'il veut trouver en usant de son intuition. Mais un scientifique de base ne pourra jamais commencer par là, il doit montrer patte blanche et affirmer son lien de parenté sous peine de se faire désavouer par sa communauté.
Il n'y a pas que dans le domaine scientifique que joue cette auto-censure. Jung, par exemple, n'a pas osé publier de son vivant son Livre Rouge, persuadé que son intérêt pour la Gnose pouvait ruiner sa carrière.
Un philosophe n'échappe à la médiocrité que par le scepticisme ou la mystique, ces deux formes du désespoir face à la connaissance. La mystique est une évasion hors de la connaissance, le scepticisme une connaissance sans espoir. Deux manières de dire que le monde n'est pas une solution. Cioran

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Re: La Gnose, le Retour

#32

Message par Babel » 29 mai 2013, 11:01

Milou a écrit :Babel :
Je me réfère souvent à Spinoza, et votre intervention me fait penser tout à coup qu'il devait, ou pouvait bien, être gnostique, finalement. Parce qu'il indique qu'il écrit d'une manière géométrique et scientifique ("more geometrico") mais il fait allusion à des réalités qui (à mon avis) transcendent la science (j'ai déjà évoqué ses différents niveaux de connaissance)
Pas toujours facile à lire, mais passionnant ; et vu votre niveau au vu de ce que vous écrivez, ça doit être tout à fait à votre portée.
Je dois avouer que, bien que je m'y réfère souvent, je n'ai pas tout à fait réussi à lire (et comprendre à 100%) l'Ethique en entier.... :oops: mais une intuition me dit que c'est une lecture très précieuse... je la reprends de temps à autre et ne désespère pas d'en venir à bout ; mais je pense qu'on ne peut comprendre son propos que si on a fait certaines expériences... par exemple il y a disons 4-5 ans (eh oui, c'est une longue entreprise !!), je ne comprenais presque rien....
Bonjour Milou,

Votre intuition est juste de vouloir considérer Spinoza comme gnostique. Qui d'autre qu'un gnostique aurait pu écrire :

L'Esprit sent et expérimente qu'il est éternel.

Et si ça peut vous rassurer, j'ai un mal fou moi aussi à le lire. Voltaire a dit de lui : Spinoza est le seul à avoir raisonné correctement mais il est illisible.

Il existe un site dont l'auteur a tenté de rendre plus accessible Spinoza en le "traduisant". C'est très bien fait et ça peut vous être utile.

On trouve des traces de la Gnose (qu'on peut quelquefois appeler philosophia perennis) partout, dans la mystique, la philosophie, la littérature, l'art... C'est un cheminement souterrain qui va de l’hermétisme à l’alchimie, de la Kabbale au soufisme. On entend de clairs échos chez Copernic, Kepler et Newton, on la retrouve à la Renaissance, on l'entend dans «la Flûte enchantée» de Mozart, dans des aspects de la franc-maçonnerie et le romantisme, chez Nietzsche, Kafka, Joyce, Bataille, Artaud et aujourd’hui, sous des masques divers, en particulier chez des scientifiques.

Comme j'essaie de l'expliquer, sans doute trop poussivement, la Gnose n'est pas réductible à une pensée unique et c'est pourquoi elle est difficile à appréhender. Elle est multiple et une à la fois.
Dernière modification par Babel le 29 mai 2013, 12:15, modifié 1 fois.
Un philosophe n'échappe à la médiocrité que par le scepticisme ou la mystique, ces deux formes du désespoir face à la connaissance. La mystique est une évasion hors de la connaissance, le scepticisme une connaissance sans espoir. Deux manières de dire que le monde n'est pas une solution. Cioran

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Re: La Gnose, le Retour

#33

Message par Babel » 29 mai 2013, 11:27

eatsalad a écrit :Difficile de croire à quelque chose qui nous transcende lorsqu'on ne voit aucune manifestation de cette chose!
Vous avez raison bien entendu. C'est pourquoi, en principe, on se tourne vers la Gnose après avoir expérimenté une expérience personnelle vécue comme transcendante. C'est la principale différence d'avec les "religions classiques" qui demandent une foi "aveugle".
eatsalad a écrit :Ma curiosité est monopolisé par notre monde réel et ce qui le compose les animaux, les végétaux et les phénomènes physiques..
La mienne également même si je dois y ajouter l'Art en général.
eatsalad a écrit :Je n'ai pas besoin d'inventer un monde éthérée pour satisfaire mon imaginaire, notre monde est tellement varié que mon esprit aurait besoin de plusieurs vies pour tout appréhender!
Ce que vous ne comprenez pas, c'est qu'il ne s'agit pas d'une invention. Appelez-le illusion si vous voulez, mais pas invention qui a tout à voir avec le mensonge.

Si les termes "gnose", "esprit", "âme" vous donnent des boutons, vous pouvez éventuellement voir du côté de la phénoménologie, notamment Husserl :

Mathématicien de formation, Husserl s'intéresse d'abord à la philosophie des sciences, notamment à partir de la question des objets mathématiques. Puis, frappé par les rapports entre logique et mathématique, il en vient à étudier leur fondement commun. Enfin, à la manière de René Descartes, dont il revendique le projet, Husserl cherche à re-fonder la totalité des sciences à partir d'une expérience indubitable (ou apodictique). « Avec lui, la philosophie change totalement d'allure, et passe radicalement de l'objectivisme naïf au subjectivisme transcendental »

Bien à vous.
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#34

Message par eatsalad » 29 mai 2013, 11:44

Babel a écrit :Ce que vous ne comprenez pas, c'est qu'il ne s'agit pas d'une invention. Appelez-le illusion si vous voulez, mais pas invention qui a tout à voir avec le mensonge.
Si les termes "gnose", "esprit", "âme" vous donnent des boutons, vous pouvez éventuellement voir du côté de la phénoménologie, notamment Husserl :
...
Bien à vous.
Pour être précis invention n'est pas forcément synonime de mensonge !

C'est pas que ca me donne des boutons mais sur les 3 cités je n'en ai expérimenté qu'un : l'esprit. Les deux autres j'en ai entendu parler, mais je n'ai jamais vu, senti ou toucher ! de nombreuses personnes m'en ont parlé mais elles étaient rarement d'accord entre elles pour le définir..
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Re: La Gnose, le Retour

#35

Message par Babel » 29 mai 2013, 11:51

eatsalad a écrit :Pour être précis invention n'est pas forcément synonime de mensonge !
Bien entendu mais dans le contexte de votre phrase, ça me laissait penser que vous lui donniez plus ou moins ce sens. J'y ai senti un caractère péjoratif. Mais au temps pour moi si je me suis trompé.
Un philosophe n'échappe à la médiocrité que par le scepticisme ou la mystique, ces deux formes du désespoir face à la connaissance. La mystique est une évasion hors de la connaissance, le scepticisme une connaissance sans espoir. Deux manières de dire que le monde n'est pas une solution. Cioran

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Re: La Gnose, le Retour

#36

Message par eatsalad » 29 mai 2013, 11:55

Babel a écrit :
eatsalad a écrit :Pour être précis invention n'est pas forcément synonime de mensonge !
Bien entendu mais dans le contexte de votre phrase, ça me laissait penser que vous lui donniez plus ou moins ce sens. J'y ai senti un caractère péjoratif. Mais au temps pour moi si je me suis trompé.
Sans être péjoratif, c'est vrai que n'y mets pas beaucoup de crédits!
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Re: La Gnose, le Retour

#37

Message par Jean-Francois » 29 mai 2013, 14:54

Babel a écrit :Si les termes "gnose", "esprit", "âme" vous donnent des boutons, vous pouvez éventuellement voir du côté de la phénoménologie, notamment Husserl
Ça c'est un des problèmes dans votre discours: ce qu'est la gnose n'est pas franchement très clair et ça tend vers l'idée polymorphe qui échappe à la moindre critique. C'est pratique pour étirer les discussions* mais cela fait de votre gnose une sorte de "gnose-savonnette"**, qui glisse toujours ailleurs lorsqu'on essaie de la saisir.

La question posée par Mireille est intéressante. Et si vous pouviez aussi envisager celle-ci:
"Pourquoi ce que vous appelez mes préjugés ne pourraient pas plutôt être une conséquence de l'incapacité des défenseurs de la métaphysique (ou de la gnose) à en justifier l'importance?"

Jean-François

* Exemple: vous m'avez dit regretter d'avoir utiliser le terme "spiritualité" ("[...] mot fourre-tout que je n'aurais pas dû amener dans le débat") alors que vous vouliez parler de "religions séculaires"... mais a) vous avez réemployer le terme "spiritualité" dans le premier message de cette enfilade et b) la gnose telle que vous la concevez ne semble pas être une "religion séculaire".
** Pour éviter "gnose des trous" :lol:
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)

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Deux descriptions du même bobo

#38

Message par Denis » 29 mai 2013, 17:13


Salut JF,

Tu dis :
..."gnose des trous"...
J'aime bien ton expression. Belle trouvaille.

J'aime bien aussi ton "gnose-savonette" qui décrit le même bobo d'une autre façon.

:) Denis
Les meilleures sorties de route sont celles qui font le moins de tonneaux.

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Re: La Gnose, le Retour

#39

Message par Babel » 29 mai 2013, 23:03

Mireille a écrit :Bonjour Babel, suite à cette réponse que vous faites à Jean-François, j'aimerais vous demander à partir de quel questionnement le gnostique et le scientifique peuvent-ils se rejoindre ? Auriez-vous quelques exemples concrets de questions que tous deux peuvent se poser et auquel le gnostique peut apporter une réponse à l'homme de science ou du moins appuyer ses recherches ? Merci.
Bonjour Mireille,
Les meilleurs exemples que je peux vous donner sont des ouvrages faisant dialoguer science et métaphysique par le dialogue entre deux de leur représentants. Par exemple, vous pouvez lire la correspondance entre C.J. Jung et Wolfgang Pauli, les dialogues entre David Bohm et Krishnamurti ou encore l'entretien entre Matthieu Ricard (bouddhiste) et Trinh Xuan Thuan (astrophysicien).

Je vous recopie un extrait de ce dernier entretien afin que vous puissiez vous rendre compte qu'un tel type d'échanges et de dialogue peut être fructueux quand il y a une envie réciproque de partager et comparer ses propres champs de connaissance.

Trinh Xuan Thuan (TXT) : il fait un long résumé de l'histoire de la théorie du big-bang puis...La théorie du big bang est donc devenue la nouvelle représentation des débuts du monde, car elle seule permet d'expliquer des observations en apparence aussi disparates que la fuite des galaxies, le rayonnement fossile et la composition chimique des étoiles.
Matthieu Ricard (MR) : Mais comment un tel début s'est-il produit ?
TXT : nouvelle longue explication puis... L'infiniment petit a accouché de l'infiniment grand.
MR : Cette théorie, aussi convaincante soit-elle en ce qui concerne l'évolution de l'univers, ne résout pas la question de la causalité du big-bang. Un ami érudit tibétain à qui je parlais du big-bang s'est exclamé : "L'univers, le temps et l'espace qui commencent dans un grand boum, ex nihilo sans cause ? Mais cela revient à postuler l'existence d'un Créateur qui est sa propre cause !"
Selon la Tradition bouddhiste, le temps et l'espace ne sont que des concepts liés à notre appréhension du monde des phénomènes, ils n'ont pas d'existence propre. Le début apparent du temps et de l'espace ne peut se manifester sans causes ni conditions, autrement dit rien ne peut commencer à exister ou cesser d'exister. Le big -bang ne peut donc être qu'un épisode au sein d'un continuum sans début ni fin.
TXT : Tu poses la question troublante de ce qui s'est passé "avant" le big bang. Je mets "avant" entre guillemets, car si le temps apparaît avec le big-bang, ce concept n'est pas défini. La science ne nous permet pas de remonter jusqu'à l'instant de la création. Pour l'instant il existe un mur de la connaissance, le mur de Planck (...). Le temps et la longueur de Planck ne constituent pas des limites intrinsèques mais surviennent à cause de notre ignorance. (...) Une durée infinie peut même se cacher derrière le mur de Planck.
MR : La Tradition considère que les phénomènes ne sont pas véritablement "nés", au sens où ils seraient passés de l'inexistence à l'existence. (...) Les phénomènes ne peuvent pas être considérés comme une collection d'entités autonomes existant par elles-mêmes. Le grand philosophe indien du IIème siècle, Nagarjuna disait : "Les phénomènes tirent leur nature d'une mutuelle dépendance et ne sont rien en eux-mêmes". Leur évolution n'est ni arbitraire ni déterminée par une instance divine, mais suit les lois de cause à effet au sein d'une interdépendance globale, d'une causalité réciproque.
(...) Un ancien texte dit aussi : "Un milliard de causes ne pourraient faire exister ce qui n'existe pas". Si quelque chose apparaît, cela signifie qu'un potentiel de manifestation était déjà présent.
TXT : La physique dit que ce potentiel de manifestation est fournie par l'énergie du vide. Mais la question demeure : comment ce vide a-t-il été créé ? Est-ce qu'il y eut un néant, puis une brusque discontinuité et l'apparition d'un vide plein d'énergie et, simultanément, du temps et de l'espace ?
MR : Une discontinuité sans cause qui prend place dans quelque chose qui n'existait pas ? Le début d'un univers particulier ne peut survenir sans causes ni conditions. Le monde des phénomènes ne peut naître du néant. Un point essentiel de notre tradition est que les phénomènes et le temps ne peuvent véritablement commencer pas plus qu'ils ne peuvent cesser. (...) Les notions de début et de fin de l'univers appartiennent à la vérité relative. Du point de vue de la vérité absolue, elles n'ont aucun sens. (...) Selon nous, il n'y a ni rien (le nihilisme) ni quelque chose (le réalisme matérialiste). Cela semble défier le sens commun mais l'intellect a ses limites et ne peut embrasser la nature de la réalité par de simples concepts. Seule une connaissance directe qui transcende la pensée discursive peut appréhender la nature du monde des phénomènes sur mode non-duel, dans lequel les notions de sujet et d'objet n'ont plus aucune signification.
La science parle d'un univers-objet. Pour le bouddhisme, l'univers n'est pas indépendant de la conscience, et sans tomber pour autant dans l'idéalisme (selon lequel le monde ne serait qu'une projection de la conscience), on dira que le sujet et l'objet se façonnent mutuellement. (...) Selon nous, la conscience, elle non plus, n'a pas de début. La dualité matière-conscience est un faux problème, puisque ni la matière ni la conscience n'ont de réalité indépendante. Le problème de l'absence d'origine première des phénomènes et de la conscience relève de ce qu'on appelle l' "inconcevable". Cette notion de début est inconcevable non pas à cause de l'éloignement dans le temps ou dans l'espace, mais parce que l'esprit conceptuel participe de l'apparition causale, émerge de celle-ci et l'alimente. Il ne peut donc pas se placer "au-dehors" de la chaîne de causalité pour déterminer sa propre origine.
TXT : Cela sonne comme le théorème d'incomplétude de Gödel en mathématiques selon lequel il n'est pas possible de démontrer qu'un système est cohérent en restant à l'intérieur de ce système. Ce théorème implique qu'il y a toujours une limite à notre connaissance d'un système donné, notre univers par exemple, parce que nous faisons partie de ce système. Quoi qu'il en soit, la science actuelle ne peut rien dire sur ce postulat de la coexistence de la conscience avec la matière depuis l'origine des temps.
MR : Ce caractère inconcevable est lié à la nature ultime des phénomènes, la vacuité, ou interdépendance, et dissipe l'illusion "réificatrice" qui nous fait percevoir ces phénomènes comme des entités autonomes. Inconcevable n'est pas pour autant synonime d'ignorance. Bien au contraire, ce mode de connaissance direct, non duel, au-delà des concepts, est une caractéristique de l'Eveil.
L'Eveil arrive quand l'esprit n'établit plus de séparation entre sa conscience et le monde.
Un philosophe n'échappe à la médiocrité que par le scepticisme ou la mystique, ces deux formes du désespoir face à la connaissance. La mystique est une évasion hors de la connaissance, le scepticisme une connaissance sans espoir. Deux manières de dire que le monde n'est pas une solution. Cioran

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Re: La Gnose, le Retour

#40

Message par Babel » 29 mai 2013, 23:22

Jean-François a écrit :Ça c'est un des problèmes dans votre discours: ce qu'est la gnose n'est pas franchement très clair et ça tend vers l'idée polymorphe qui échappe à la moindre critique. C'est pratique pour étirer les discussions* mais cela fait de votre gnose une sorte de "gnose-savonnette"**, qui glisse toujours ailleurs lorsqu'on essaie de la saisir.
Il me semblait pourtant avoir été clair à ce sujet :

1. La Gnose occidentale date des premiers siècles après JC. En dresser un historique complet serait légèrement rébarbatif sur un forum. C'est un peu comme si vous me demandiez d'en dresser un de l'histoire de la philosophie.

2. La Gnose n'est pas une structure comme une Eglise, elle n'a pas de corpus de textes comme les religions révélées. Elle est donc en effet polymorphe.

3. La Gnose est universelle, on en trouve trace dans toutes les religions, révélées ou non. Elle est oecuménique et à visée syncrétiste. Certains la nomment Tradition, d'autres philosophia perennis :

Leibniz : "La vérité est plus répandue qu'on ne pense, mais elle est aussi enveloppée, et même affaiblie, mutilée, corrompue par des additions qui la gâtent ou la rendent moins utile. En faisant remarquer ces traces de la vérité dans les anciens (ou, pour parler plus généralement, dans les antérieurs), on tirerait l'or de la boue, le diamant de sa mine et la lumière des ténèbres ; et ce serait, en effet, perennis quaedam philosophia (une certaine philosophie éternelle)."

Aldous Huxley : "Philosophie éternelle : l'expression a été trouvée par Leibniz. Mais la chose, cette métaphysique qui reconnaît qu'il y a une réalité qui est la substance même des choses matérielles, de la vie et de l'esprit ; cette psychologie qui voit dans l'âme quelque chose de semblable ou même d'identique à la réalité divine ; cette éthique qui place les buts de l'homme dans la connaissance d'un fondement transcendant et immanent à tous les êtres, cette chose est universelle et immémoriale. Les rudiments de la philosophie éternelle peuvent être trouvés dans les avoirs des peuples primitifs de toutes les régions du monde, et, sous sa forme la plus développée, elle a une place dans les plus grandes religions."
Jean-François a écrit :Pourquoi ce que vous appelez mes préjugés ne pourraient pas plutôt être une conséquence de l'incapacité des défenseurs de la métaphysique (ou de la gnose) à en justifier l'importance ?
Quand je vous parlais de vos préjugés, je faisais référence à ce qu'il me semblait être une méconnaissance de votre part de la diversité des phénomènes religieux. Notamment de ce mouvement hors églises qu'est la Gnose dont vous sembliez ne pas connaître l'existence. Rectifiez moi si je me trompe.

La Gnose ou la métaphysique n'ont pas plus à justifier de leur intérêt que la science d'autant que leurs apparitions furent forcément concomitantes. Si elles traversent les siècles c'est qu'elles répondent à des questionnements existentiels que la science ne peut offrir.

Le plus souvent, on se tourne vers la Gnose suite à une expérience individuelle ressentie comme transcendante.

Que vous n'ayez ni besoin ni désir de chercher un possible sens au monde ressort de votre libre-arbitre.

Si vous me demandez à quoi peut bien servir la métaphysique, il vous suffit de jeter un oeil derrière votre épaule : depuis que l'homme est homme, il produit des oeuvres littéraires, philosophiques, artistiques qui ne parlent presque que de ça. C'est votre droit de ne pas vous y intéresser mais c'est une bonne part de l'humanité que vous raillez quand vous caricaturez ces idées.

J'aimerais vous poser quelques questions à mon tour.

Etes-vous d'accord pour dire, qu'au moins en partie, toutes les "zozoteries" que vous combattez, des ETs, aux théories du complot, en passant par toutes les sectes et mouvements new-age, sont une des conséquences du recul des religions séculières ? Recul évident tout au moins en Occident et en Europe.

Pensez-vous qu'un des rôles de la science est d'éduquer les individus pour les amener à penser de manière rationnelle ? Si oui, peut-elle y parvenir ?

Souhaitez-vous la disparition de toute forme de croyance ? Serait-ce selon vous un progrès pour l'humanité et souhaitable pour l'individu ?
Un philosophe n'échappe à la médiocrité que par le scepticisme ou la mystique, ces deux formes du désespoir face à la connaissance. La mystique est une évasion hors de la connaissance, le scepticisme une connaissance sans espoir. Deux manières de dire que le monde n'est pas une solution. Cioran

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Mr.DFG
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Re: La Gnose, le Retour

#41

Message par Mr.DFG » 29 mai 2013, 23:56

Je remarque dans votre example un problème; juste ici:
Babel a écrit :TXT : Tu poses la question troublante de ce qui s'est passé "avant" le big bang. Je mets "avant" entre guillemets, car si le temps apparaît avec le big-bang, ce concept n'est pas défini. La science ne nous permet pas de remonter jusqu'à l'instant de la création. Pour l'instant il existe un mur de la connaissance, le mur de Planck (...). Le temps et la longueur de Planck ne constituent pas des limites intrinsèques mais surviennent à cause de notre ignorance. (...) Une durée infinie peut même se cacher derrière le mur de Planck.

MR : La Tradition considère que les phénomènes ne sont pas véritablement "nés", au sens où ils seraient passés de l'inexistence à l'existence. (...) Les phénomènes ne peuvent pas être considérés comme une collection d'entités autonomes existant par elles-mêmes. Le grand philosophe indien du IIème siècle, Nagarjuna disait : "Les phénomènes tirent leur nature d'une mutuelle dépendance et ne sont rien en eux-mêmes". Leur évolution n'est ni arbitraire ni déterminée par une instance divine, mais suit les lois de cause à effet au sein d'une interdépendance globale, d'une causalité réciproque.
Pourquoi ?

Pourquoi Matthieu Ricard ignore la réponse deTrinh Xuan Thuan afin d'essayer de faire valider sa croyance ? "TXT" avoue que la science n'a pas actuellement les outils ou les connaissances pour expliquer le temps 0 de la "création" et même de tenter de savoir s'il y avait même un avant-l'univers, mais ce n'est pas grave parce que Matthieu Ricard, lui SAIT.

Et donc, un dialogue vide...
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BeetleJuice
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Re: La Gnose, le Retour

#42

Message par BeetleJuice » 30 mai 2013, 00:00

Je vous recopie un extrait de ce dernier entretien afin que vous puissiez vous rendre compte qu'un tel type d'échanges et de dialogue peut être fructueux
Je vois pas ce que l'échange recopié à de fructueux.
Ca ressemble plus à un dialogue de sourd entre un physicien qui dit, dès la deuxième prise de parole, que la science ne peut pas aller au delà du mur de Planck et qui s'échine ensuite à subir les éléments péremptoires de son interlocuteur (du type "il n'existe pas d'univers sans cause", qui est un postulat qu'il faudrait prouver) en répétant que malgré tout ce que dit l'autre, on n'en sait rien.

Donc c'est pas un dialogue, c'est un astrophysicien qui explique ce qu'il sait et un moine qui tente de boucher les trous de la connaissance en y plaquant sa croyance et sa philosophie.
On en revient grosso-modo à la gnose des trous que craignait à juste titre Jean-François.

Si un échange fructueux entre science et religion c'est ça pour vous, pas étonnant que vous ne vous entendiez pas avec les sceptiques, vu qu'eux, n'ambitionne pas de remplir les trous de la connaissance avec de la philosophie ou de la métaphysique, mais admettent simplement que s'il y a des trous, il y a des trous et continuent de chercher.

Remplir les trous de la connaissance pratique avec des postulats, ça peut être stimulant pour l'esprit si on teste par la suite ces postulats, mais ce n'est pas ce que fait la métaphysique ou, dans votre cas, la gnose.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.

(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)

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Denis
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Un quai menant à l'horizon

#43

Message par Denis » 30 mai 2013, 00:02


Salut Babel,

Pas mauvais, ton dialogue entre Trinh Xuan Thuan et Matthieu Ricard.

Il m'a rappelé ma comparaison "fétiche" (illustrant le contraste entre les approches zozo/zézé) que j'ai plusieurs fois énoncée sur le forum. Toi qui aimes les comparaisons~métaphores (ex. ton truc sur le cocher et le carosse), tu devrais l'apprécier :
  • Imagine qu'un zézé et un zozo sont au bord de la mer. L'horizon lointain (plus précisément, ce qu'il y a au-delà) représente l'inconnu. La rive représente le connu et l'eau représente le "plus ou moins connu". Nos deux amis, souhaitant apprendre ce qu'ils ne savent pas, décident de construire un quai qui les mènera aussi loin qu'ils pourront. Le zézé construit son quai à partir de la rive, en s'appuyant constamment sur du connu grandissant. Le zozo, lui, essaye de construire son quai en partant le l'horizon. Misère!
Penses-tu que cette comparaison tient encore le coup si on remplace zozo/zézé par gnostique/scientifique (ou par mystique/sceptique) ?

:) Denis
Les meilleures sorties de route sont celles qui font le moins de tonneaux.

Jean-Francois
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Re: La Gnose, le Retour

#44

Message par Jean-Francois » 30 mai 2013, 01:26

Babel a écrit :Il me semblait pourtant avoir été clair à ce sujet
Alors c'est le sujet qui ne l'est pas. On peut qualifier de "gnostiques" plein de courants de pensée, au point où vous qualifiez de "gnostique" certaines personnalités qui ne se sentirait peut-être pas concernées par le terme.

J'ai lu l'entrée sur Wikipédia, ça semble refléter cet état. Ce flou plus-qu'artistique est certainement pratique pour qualifier à peu près tout et n'importe quoi de "gnostique/métaphysique": "depuis que l'homme est homme, il produit des oeuvres littéraires, philosophiques, artistiques qui ne parlent presque que de ça". En gros, la gnose/métaphysique c'est un supermarché existentiel ou chacun pioche/reconnait ce qui lui plait?
Quand je vous parlais de vos préjugés, je faisais référence à ce qu'il me semblait être une méconnaissance de votre part de la diversité des phénomènes religieux. Notamment de ce mouvement hors églises qu'est la Gnose dont vous sembliez ne pas connaître l'existence
Je connaissais l'existence de sectes gnostiques mais n'ai jamais approfondi la question.
La Gnose ou la métaphysique n'ont pas plus à justifier de leur intérêt que la science d'autant que leurs apparitions furent forcément concomitantes
Si vous datez la "Gnose" des premiers siècle après JC, ce n'est pas tout à fait juste: les balbutiements de la science moderne datent de la seconde moitié du 2e millénaire et il faut attendre les environs du XVIIIe avant qu'elle n'acquière une certaine maturité.
Si elles traversent les siècles c'est qu'elles répondent à des questionnements existentiels que la science ne peut offrir
Vous diriez la même chose de l'astrologie? Si elle "traverse les siècles", c'est qu'elle offre des réponses que la science ne peut offrir à des questionnements ou besoins existentiels?

Remarquez, je pense effectivement qu'inventer des questionnements existentiels pour faire semblant d'y répondre n'est pas du ressort de la science. Sauf que cela ne rapproche pas la gnose de la science.
Que vous n'ayez ni besoin ni désir de chercher un possible sens au monde ressort de votre libre-arbitre
C'est bizarre: vous commencez par me dire qu'on vient à la Gnose suite à une sorte d'illumination (ce qui est aussi vrai pour certains catholiques ou musulmans ou new ageux ou etc.), puis vous me dites que cela dépend d'un libre-arbitre. Pourquoi cette illumination ne serait pas divinement dirigée? C'est tout aussi vérifiable.
C'est votre droit de ne pas vous y intéresser mais c'est une bonne part de l'humanité que vous raillez quand vous caricaturez ces idées
Ne vous vantez pas comme ça, vous n'êtes pas "une bonne partie de l'humanité" :lol:
Etes-vous d'accord pour dire, qu'au moins en partie, toutes les "zozoteries" que vous combattez, des ETs, aux théories du complot, en passant par toutes les sectes et mouvements new-age, sont une des conséquences du recul des religions séculières ?
Toutes les zozoteries, non, pas chez tous les individus non plus. Conséquence partielle, je suis d'accord.
Pensez-vous qu'un des rôles de la science est d'éduquer les individus pour les amener à penser de manière rationnelle ? Si oui, peut-elle y parvenir ?


Le rôle de la science est de comprendre la réalité des choses. Elle peut aider les individus à penser de manière rationnelle, elle améliore les conditions de vie, elle influence les choix sociopolitiques, elle offre des arguments indéniables contre les superstitions mais son rôle premier n'est pas l'éducation.
Souhaitez-vous la disparition de toute forme de croyance ? Serait-ce selon vous un progrès pour l'humanité et souhaitable pour l'individu ?
Je pense qu'il est impossible de faire disparaitre toute forme de croyance donc souhaiter leur éradication totale serait stupide. Mais il serait déjà bien de réduire l'importance de celles qui, dans une certaine mesure, déshumanisent l'humain en lui accolant une part surnaturelle et qui génèrent des "questions existentielles" passablement futiles tout en suggérant des pseudo-réponses.

Jean-François
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Re: La Gnose, le Retour

#45

Message par Tania » 30 mai 2013, 02:09

Bonsoir Babel,

Génial ce M. Ricard, c'est marrant, il dit pratiquement mot pour mot ce que dit Ubaldi, l'un étant bouddhiste et l'autre étant un philosophe Italien. Ils ont dû se concerter... (bon, je ne sais pas trop quand, Ubaldi est mort en 1972).

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Re: La Gnose, le Retour

#46

Message par lau'jik » 30 mai 2013, 02:15

En passant par le site de l'OZ j'ai trouvé ça (pas tout lu, envie de dormir, bonne nuit) :
http://www.zetetique.fr/index.php/dossi ... s-melanges
Il y est question de Trinh Xuan Thuan.
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Dash
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Re: La Gnose, le Retour

#47

Message par Dash » 30 mai 2013, 02:19

Salut Babel,
Babel a écrit :Je vous recopie un extrait de ce dernier entretien afin que vous puissiez vous rendre compte qu'un tel type d'échanges et de dialogue peut être fructueux quand il y a une envie réciproque de partager et comparer ses propres champs de connaissance. [ échange entre TXT et MR...]
Dans le meilleur des cas, cela revient à dire ce que je disais à Raphaël (je ne sais plus dans quel post) : à savoir qu'à propos de ce genre de questions insoluble, ce n'est qu'une question d'interprétation. Parce qu'on peut remarquer que TXT et MR disent pratiquement la même chose (si je fais fi des remarques de BeetleJuice, etc.), l'un avec les termes de la science, l'autre avec ceux de la philosophie.

Sauf qu'il y a un ou deux détails d'importance :

L'interprétation de TXT tente au plus possible de se caler sur les observations scientifiques ( Plank, etc.) alors que celles de MT est produite par « philosophie » ainsi que par expérience personnelle « transcendante » (supposement). L’une évite donc au plus possible les débordements potentiels alors que l'autre est susceptible d'être récupéré par tout un chacun pour justifier tout et n'importe quoi.

Aussi...
MT a écrit :Cela semble défier le sens commun mais l'intellect a ses limites et ne peut embrasser la nature de la réalité par de simples concepts. Seule une connaissance directe qui transcende la pensée discursive peut appréhender la nature du monde des phénomènes sur mode non-duel, dans lequel les notions de sujet et d'objet n'ont plus aucune signification.
Le problème avec ceci, et ce, même si ça permettait de saisir des choses (admettons), c'est que ce n'est pas tout le monde qui semble « accéder », interpréter et ensuite en tirer les mêmes conclusions. Du coup, en tant que société, collectivement parlant, il n'y a pas moyen de départager le vrai du faux et donc de retirer et de considérer comme étant exacte quoi que ce soit. De plus, cela semble concerner uniquement l'aspect « spirituel » ou « intérieur » de celui qui le fait, car jamais personne (prétendant acceder à cela) n'apporte de solution concrète à des problèmes praticopratiques.

Ce que je veux dire, c'est que ce ne sont pas des gens comme MT qui corrigent une équation qui permet à la science de trouver la solution à ceci ou cela. :?

Il faut se rendre à l'évidence que si à ce qu'on accède en étant dans cet état ne peux se prouver n'y s'appliquer concrètement (bénificier à tous), ça reviens à dire que cela ne concerne que celui qui l'expérimente et personne d'autre.

L'échange entre les deux est intéressant, mais je ne vois pas en quoi elle est « fructueuse » sinon que de démontrer que deux personnes sensées en arrivent sensiblement aux mêmes conclusions quant aux principales questions insolubles. En ce sens et par rapport à la question de Mireille, MT n'apporte pas de réponse à l'homme de science et ne lui fournis rien qui puisse résoudre quoi que ce soit. :?

Je ne vois donc pas trop comment ils pourraient se « réunir » et qu'est-ce qu'ils pourraient bien faire? Créer une institution, un enseignement qui promeut de tenter de méditer pour accéder à la connaissance non-duel? De dire à chacun de tester par eux-mêmes? Et après? Que faire lorsque deux personnes interprèteraient différemment leur expérience, comme Tania et Voyageur P. Ex. ?

Que faire? Créer un « ordre » parmi ceux qui semblent les plus sensés et qui interprètent pareil et décréter qu'ils sont les « gardiens » de la Vérité?

On en revient inexorablement au même et c'est inéluctable. On ne peut rien faire, collectivement, avec ce genre de truc.

Qu'est-ce que vous, vous voudriez que la réunion de la science et de la Gnose produise, concrètement? Quel serait votre scénario idéal?
Penser savoir est une chose, savoir penser en est une autre !

Tania
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Re: La Gnose, le Retour

#48

Message par Tania » 30 mai 2013, 02:42

Dash a écrit : ...Le problème avec ceci, et ce, même si ça permettait de saisir des choses (admettons), c'est que ce n'est pas tout le monde qui semble « accéder », interpréter et ensuite en tirer les mêmes conclusions. Du coup, en tant que société, collectivement parlant, il n'y a pas moyen de départager le vrai du faux et donc de retirer et de considérer comme étant exacte quoi que ce soit. De plus, cela semble concerner uniquement l'aspect « spirituel » ou « intérieur » de celui qui le fait, car jamais personne (prétendant acceder à cela) n'apporte de solution concrète à des problèmes praticopratiques...
Bonsoir Dash,

Ce n'est qu'une question de logique sur une question fondamentale insoluble autrement que par la logique, et rien d'autres. Ce que dit M.R ne peut pas être autrement, c'est le seul et unique moyen d'expliquer l'existant. Si tu as une autre idée, aussi farfelue soit-elle, expose-là et je te dirai comment je la sens.

C'est une erreur de penser que ça ne sert à rien. Dans une telle perspective les univers sont cycliques et cela demande forcément une énergie éternelle. Du coup, le scientifique qui y croit, va tout mettre en oeuvre pour trouver cette énergie. Lorsque contre toute attente il l'aura trouvée, les autres crieront au génie!

Il se trouve pour le moment qu'on a découvert que l'expansion de l'univers s'accélérait et qu'il existait quelque part une énergie du vide (ou noire). Il manque peu pour que la théorie des cycles soit démontrée. Et tu verras que malgré toutes les difficultés qui restent encore à surmonter, cette théorie sera démontrée. Et tu sais pourquoi? Grâce à l'acharnement des scientifiques qui y croient!

Ce n'est pas sur les interprétations des détails qu'il faut se focaliser (les doctrines et diverses religions), mais sur les questions fondamentales.

Tania

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Re: La Gnose, le Retour

#49

Message par Dash » 30 mai 2013, 06:32

Bonsoir Tania,
Tania a écrit :...cette théorie sera démontrée.
Ben, si c'est le cas, et à ce moment précis, ce sera super! ...mais en attendant, puisqu'il y a déjà eu des centaines de présomptions, d'idées, d'hypothèses et de théories qui se sont finalement révélées erronées ou totalement fausses, ben il est juste plus prudent d'attendre que ce soit confirmé et démontré.

Tsé, dans les faits concrets, tous les mystiques et « spirito-newageux » que j'ai connus (à l'époque) n'avaient pas moins de problème, de difficulté et de contraintes que n'importe quel autre individu en ce qui concerne les problèmes de la vie courante (amour, famille, enfants, amis, professions, finances, santé, etc.). Plusieurs n'étant pas plus heureux que les autres. D'autres, après un drame, sont tombés en dépression, ne comprenant pas pourquoi cela pouvait leur arriver, à eux, etc.

Votre façon de procéder n'apporte rien de plus que n'importe quel individu sain, équilibré et sensé peut vivre sans vos croyances, sinon que de se fourvoyer, en faisant plein de faux liens, sur une multitude chose.
Penser savoir est une chose, savoir penser en est une autre !

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Re: La Gnose, le Retour

#50

Message par Tania » 30 mai 2013, 09:06

Dash a écrit :Bonsoir Tania,
Tania a écrit :...cette théorie sera démontrée.
Ben, si c'est le cas, et à ce moment précis, ce sera super! ...mais en attendant, puisqu'il y a déjà eu des centaines de présomptions, d'idées, d'hypothèses et de théories qui se sont finalement révélées erronées ou totalement fausses, ben il est juste plus prudent d'attendre que ce soit confirmé et démontré.

Tsé, dans les faits concrets, tous les mystiques et « spirito-newageux » que j'ai connus (à l'époque) n'avaient pas moins de problème, de difficulté et de contraintes que n'importe quel autre individu en ce qui concerne les problèmes de la vie courante (amour, famille, enfants, amis, professions, finances, santé, etc.). Plusieurs n'étant pas plus heureux que les autres. D'autres, après un drame, sont tombés en dépression, ne comprenant pas pourquoi cela pouvait leur arriver, à eux, etc.
Pour connaitre un bonheur durable il faut se conscientiser, se transformer et ne devenir que vérité. La différence, quand tu le sais, c'est que tu comprends pourquoi t'es malheureux et tu mets plus d'ardeur et de volonté pour corriger tes comportements. Un homme averti en vaut deux! ;)
Tania a écrit : Votre façon de procéder n'apporte rien de plus que n'importe quel individu sain, équilibré et sensé peut vivre sans vos croyances, sinon que de se fourvoyer, en faisant plein de faux liens, sur une multitude chose.
Celui qui est sain(t) équilibré et sensé démontre par ses actes une forte intelligence intuitive (Consciousness) dont il n'est même pas conscient lui-même (awareness).

Tania

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