Bonjour,
BeetleJuice a écrit :Ca ressemble plus à un dialogue de sourd entre un physicien qui dit, dès la deuxième prise de parole, que la science ne peut pas aller au delà du mur de Planck et qui s'échine ensuite à subir les éléments péremptoires de son interlocuteur (du type "il n'existe pas d'univers sans cause", qui est un postulat qu'il faudrait prouver) en répétant que malgré tout ce que dit l'autre, on n'en sait rien.
Mr.DFG a écrit :Pourquoi Matthieu Ricard ignore la réponse de Trinh Xuan Thuan afin d'essayer de faire valider sa croyance ? "TXT" avoue que la science n'a pas actuellement les outils ou les connaissances pour expliquer le temps 0 de la "création" et même de tenter de savoir s'il y avait même un avant-l'univers, mais ce n'est pas grave parce que Matthieu Ricard, lui SAIT.
C'est quand même incroyable que vous ne puissiez considérer un échange entre un scientifique et un religieux que comme un
combat. Comme ici sur ce forum d'ailleurs. Vous êtes tellement focalisé sur l'idée d'affrontement plus que de dialogue que vous ne pouvez même pas imaginer que les deux interlocuteurs puissent converger.
Quelques précisions que je re-réitère à titre personnel :
1. Je n'ai jamais cherché à opposer gnose et science, j'ai toujours dit qu'elles étaient complémentaires. La deuxième analyse, la première spécule.
2. Je n'ai jamais dit que la gnose serait supérieure à la science ni l'inverse. C'est vous qui êtes dans le combat permanent. Seriez-vous en Croisade ?
Je m'excuse d'être obligé de vous dire que vous êtes très binaire dans votre façon d'appréhender ces choses. Pourriez-vous essayer de sortir, ne serait-ce qu'une fois, d'une sorte de combat entre le Bien (la science) et le Mal (Gnose, métaphysique...) ? Apparemment non, heureusement, d'autres que vous s'y emploient.
Extrait d'
interview de Trinh Xuan Thuan :
Comment vous présenter ? Comme un astrophysicien bouddhiste ou comme un bouddhiste devenu astrophysicien ?
Trinh Xuan Thuan : Ce sont deux compartiments de ma vie étroitement mêlés, et je serais malheureux si l’un des deux manquait. Mais j’ai d’abord été bouddhiste, puisque j’ai été éduqué dans cette tradition, principale religion au Viêt Nam, où je suis né. Enfant, j’allais souvent à la pagode, et ma mère avait un autel à la maison où je la rejoignais lorsqu’elle récitait les sutras. Pour autant, je connaissais mal cette religion; je ne m’y suis intéressé de près que bien plus tard.
Pourquoi cet intérêt tardif ?
T.X.T. : Jeune, j’étais surtout excité par la connaissance, apprendre, découvrir, soulever des pans de mystère de l’univers. Mais, avec les années, la vie intérieure prend plus de place : je vois ma mère vieillir, et moi-même… Face à cela, la science n’est d’aucun secours. Le bouddhisme, si. Quand il m’apprend, notamment, que l’on ne meurt jamais tout à fait, cela me rassure. Par ailleurs, j’ai rencontré Matthieu Ricard , il y a une dizaine d’années, et
nos longues discussions sur le bouddhisme m’ont encouragé à m’y plonger plus intensément.
Vous avez publié un livre ensemble : "L’Infini dans la paume de la main" (Pocket, 2002), où vous compariez les théories du bouddhisme et les connaissances de l’astrophysique. Le sage et le scientifique se situent-ils sur le même plan ?
T.X.T. : Non, leurs méthodes et leurs buts sont différents. Le but du bouddhiste est qualitatif, voire thérapeutique : il s’agit de vivre mieux. Tandis que celui du scientifique est de comprendre la nature, de découvrir des lois, des régularités dans le cosmos. Car ce n’est pas un chaos complet, et c’est ce qui m’a toujours étonné : qu’il y ait de l’ordre, de la beauté, de l’harmonie dans l’univers.
Vous parlez là comme un bouddhiste plus que comme un astrophysicien…
T.X.T. : Disons que c’est une découverte que tous deux peuvent partager. Mais chacun la fait avec ses propres méthodes. L’intuition et l’esprit pour le bouddhiste, le langage mathématique et l’expérience pour le scientifique. Vous savez, la vraie science est née au XIXe siècle, et le bouddhisme il y a deux mille cinq cents ans :
aucun des deux n’a eu besoin de l’autre pour émerger, il serait donc idiot de vouloir les rapprocher à tout prix. Ce que je cherche plutôt, c’est de la cohérence entre leurs discours : puisque tous deux portent sur une même chose, le réel, et puisqu’ils sont cohérents chacun a sa façon, ils doivent forcément se recouper.
Dans votre dernier ouvrage, "Le Cosmos et le Lotus", vous citez Einstein, qui, déjà, disait que s’il y avait une religion en accord avec la science moderne c’était le bouddhisme…
T.X.T. : Oui, et c’est ce que disent aussi les pères de la mécanique quantique et beaucoup d’autres grands scientifiques. Je prends un exemple : en science, on sait que la lumière peut être à la fois particule et onde. Mais comment être une chose et une autre en même temps ? Cela paraît impossible pour la pensée occidentale, alors que la pensée bouddhiste le conçoit sans difficulté : puisqu’il n’y a pas d’existence en soi, figée, je peux être une chose et son contraire.
Tout bouge, tout change, c’est cela ?
T.X.T. : Oui, c’est l’impermanence, concept de base dans le bouddhisme, mais que l’on peine à envisager ailleurs, notamment dans la science occidentale. Ainsi, celle-ci a longtemps pensé que le ciel était fixe, suivant ce que l’on appelle l’immuabilité aristotélicienne : étant du domaine des dieux, et les dieux étant parfaits, le ciel doit l’être aussi. Or, comment changer ce qui est parfait ? Le ciel, donc, doit être statique, éternel. Il aura fallu attendre Copernic, en 1543, pour admettre son impermanence.
Votre bouddhisme n’oriente-t-il pas vos conclusions scientifiques ?
T.X.T. : Aucun scientifique ne travaille de manière isolée, il est toujours inséré dans une culture, une tradition, une société. Mais, ensuite, ses travaux sont repris par d’autres scientifiques, qui les utilisent et les affinent, et d’autres après eux… Ce qui, je pense, vide peu à peu ses travaux de leur substance subjective, jusqu’à les rapprocher chaque fois un peu plus de la vérité.
Vous avez vécu au Viêt Nam, en Suisse, en France, aux États-Unis… D’où vous sentez-vous ?
T.X.T. : Aujourd’hui, ma vision astronomique de l’homme l’emporte, je me sens du cosmos. L’image qui m’a le plus marqué dans ma vie, c’est lorsque, grâce aux astronautes de la mission Apollo, nous avons découvert la Terre depuis un autre astre, en 1967. En voyant cette petite planète bleue flottant dans l’espace, fragile, il m’est apparu évident que les frontières n’existent pas, ou seulement dans nos têtes. Nous sommes tous liés. Tous poussières d’étoiles.
J'imagine assez aisément que vous allez réagir en disant que c'est un scientifique dévoyé comme le dit peu ou prou
le lien donné par lau'jik.