La 1) est curieuse, car "je" n'ai pas de définition. "Ma" définition est celle communément acceptée par le milieu scientifique, si je ne m'abuse, qui consiste à dire plus simplement, que le Qi mesure la capacité à résoudre des problèmes nouveaux, et reflète la vitesse de traitement de l'information.
Elle est sans doute curieuse, car tu n'as pas eu la capacité à résoudre une question nouvelle ?
1)
Je te demandais ta définition de l'Intelligence et tu me renvoies à "la" définition du QI ou à celui-ci. Autrement dit, pour toi, les tests de QI "sont" l'Intelligence, et ils mesurent la capacité à résoudre des problèmes nouveaux, et reflète la vitesse de traitement de l'information. Cela me rappelle Binet et son célèbre "l'intelligence, c'est ce que mesure mon test" ou "Je nomme intelligence ce que mesurent mes tests". Un peu circulaire, non ?
Mais le meilleur test de QI apparemment, serait les tests de temps de réaction.
Les corrélations TR avec les scores de QI sont généralement comprises entre -0,20 et -0,40, mais peuvent parfois être de -0,60. Comme tu le sais sans doute, pour exprimer la part de variance commune entre deux distributions et à partir de coefficients de corrélation, on les met au carré et on multiplie par 100, ce qui nous donne entre 4 % et 36% de variance commune. Je te laisse apprécier le lien entre QI et temps de réaction...
Tu sembles aussi prendre les QI comme des mesures au sens "mesures scientifiques" comme le seraient la température, la masse, etc ?
Ou encore, tu penses que les scores de QI mesurent
linéairement l'intelligence ou ce qu'ils sont censés mesurer (et donc que l'intelligence serait linéaire - ce qui est discutable àmha) (?).
En fait, mais tu le sais sans doute, un score de QI, c'est seulement et simplement
un rang assigné à une personne eu égard à sa population parente, selon une procèdure discutable de transformations des scores vrais/bruts.
C'est à dire que lors de la construction du test, on transforme (étalonnage) les scores brut obtenus empiriquement, "artificiellement", de telle façon à les faire se distribuer selon une courbe de Gauss (il existe d'autres façons d'étalonner). L’étalonnage "mange" donc de l'information. Il "force" à discriminer ou discrimine des personnes pourtant très proches en réalité (sur les notes brutes) - et ce pour les scores autour de la médiane de la distribution et/ou il ne discrimine pas des personnes pourtant éloignées l'une de l'autre (plus on va vers les asymptotes). Autrement dit, le QI discrime (trop?) finement les individus proches de la médiane et pour lesquels pourtant les scores brut sont proches, tandis que plus on s'éloigne de la médiane (100) il met dans une même classe, des individus qui ont pourtant des scores bruts éloignés.
Ainsi un QI de 100, cela signifie, suite à cette transformation (étalonnage), que 50 % des personnes de la population parente ont plus et 50 % ont moins. Rien de plus, ni de moins, aurais-je envie de dire.
Le choix de cette moyenne à 100 relève de raisons historiques. L'écart-type de cette transformation et donc celui des scores de QI est dû à des contraintes statistiques (bayésiennes) et non pas forcément psychologiques ou de performance.
Ainsi, si l'on choisi 100 comme moyenne, il en résulte, par cette transformation, un écart-type de 15 (d'autres tests choisissent un autre ecart-type). Autrement dit, entre 90 et 110 de QI, il y a 50% de la population.
Que le QI reflète ou non l'intelligence, ses scores ne sont donc qu'une
une approximation de la réalité de la distribution empirique et vraie des performances réalisées. De plus, chaque test présente une erreur de mesure, en général de +-5 points. A nouveau, même si on test-retest (pour tenir compte par exemple l'effet de régression vers la moyenne) et même si l'on moyenne et pense donc que l'erreur de mesure se répartira aléatoirement et de façon équivalente lorsque l'on opposera deux groupes, quand on trouve des différences entre deux groupes à l'intérieur de cet intervalle (90 à 110), il faut être très prudent (ce sont finalement des personnes très proches en score brut, que l'on discrime (trop?) finement suite à l'étalonnage. L'étalonnage des extrêmes, notamment pour les scores hauts est peu discriminant. Bref.
Autrement dit, le QI n'est qu'un indicateur et ne représente pas une mesure au sens scientifique. Beaucoup trop de recherches, à mon goût en tout cas, font comme si un score de QI étaient une mesure précise, juste et hautement sensible. Non.
2)
Si je m'en tiens à "ta" définition, alors donner un trombone ou une boîte en carton, à des sujets adultes ou enfants et de leur demander d'indiquer tout ce que l'on peut faire avec ces objets, et ce dans un temps donné et fixé, relève de l'intelligence. (?)
C'est ce que l'on appelle "académiquement" la créativité (ou pensée divergente à l'opposé de la pensée convergente à l’œuvre à l'école et les tests de QI). Si je prends une définition de la créativité :
la capacité à imaginer et produire (généralement sur commande en un court laps de temps ou dans des délais donnés), une grande quantité de solutions, d'idées ou de concepts permettant de réaliser de façon efficace puis efficiente et plus ou moins inattendue un effet ou une action donnée. Je pense que tu seras d'accord pour dire que cela relève de l'intelligence et de "ta" définition.
Pourtant, quand on réalise de telles taches de pensée divergente, on s'aperçoit que ce que l'on appelle ici
la créativité est faiblement corrélée avec les scores de QI (sauf pour les QI élévés et faibles, pour faire très court). En gros, et justement entre 90 et 110 de QI (50% de la population donc), il n'est pas possible de prédire la créativité au moyen des scores de QI.
Torrance avait montré dans les années 60 qui si l'on s'en tient au seul QI pour mesurer cette "performance" de l'esprit ou de pensée divergente - la créativité - on éliminerait ainsi
70% des sujets les plus créatifs. Tu imagines aisément le nombre de personnes qui passent à la trappe avec le seul QI comme mesure de l'intelligence.
je dirais qu'il faut regarder si un test de QI est biaisé ou non ethniquement, et s'il a un bon niveau de fidélité (représenté par le "reliability coefficient").
Il n'existe à proprement parler aucun test qui soit culture-free (aculturels), seuls certains sont plutôt équilibrés quant à la culture (culture-fair). Parmi les plus connus pour cet aspect, il y a les matrices progressives de Raven. Pourtant, des études montrent que la pratique ou non de la géométrie, de même que les connaissances en celle-ci fait certains individus (ayant de telles pratiques, entrainement et connaissances) sont plus l'aise et performants sur les matrices de Raven (pareil pour les subtests de tests de QI faisant appel aux nombres, etc).
Bref, j'aimerais savoir comment tu regardes et tu peux convenir aisément qu'un test serait biaisé ou non culturellement/ethniquement...
Tu sais sans doute également que l'on peut s'entrainer aux tests de QI. Ainsi, une pratique régulière de ceux-ci ferait augmenter la performance (de manière générale). Il ne reste plus qu'à apprendre les principes, quelques tips des tests de QI pour devenir intelligent ? ^^
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Autrement dit, se servir uniquement des tests de QI pour appréhender l'Intelligence, c'est passer àmha à côté de bien des aspects de l'Intelligence ou de l'esprit humain. Out la créativité, l'ouverture d'esprit, le leadership, les formes d'intelligences sociales, l'intelligence émotionnelle, la motivation, etc. Réducteur.
Enfin, il existe d'autres variables qui peuvent affecter les tâches de QI et les contaminer, comme la motivation. Par exemple, une personne qui a un faible score à un test de QI peut en fait, simplement ne pas avoir été motivée pour cette situation. Une autre stressée à la simple idée qu'on l'évalue. Etc.
En conclusion, je te dirais bien qu'un test de QI ne sert uniquement qu'à discriminer (trop?) finement les individus dans la zone 90 à 110, et ce suite à un étalonnage qui discriminerait (trop?) "artificiellement" les individus, alors que ces individus ne sont, en réalité et performance brute, peu éloignés les uns des autres. Et bien sûr et surtout que les tests de QI ne mesurent pas différentes formes d'intelligence, mais finalement et uniquement, certaines formes de raisonnement comme celles mises en œuvre à l’École. Réduire l'Intelligence à cela - la réussite à l’École - est dépassé et réducteur (?).
Et puis, les tests de QI ou la mesure de l'intelligence partent du postulat qu'elle serait linéaire, et ce même à +15 -15 écart-type, les tests de QI laissent croire que l'intelligence serait unitaire ou que le QI mesurerait tous les aspects de l'intelligence. Or, ou plutôt c'est pourquoi, on préfère aujourd'hui des batteries de tests (QI, motivation, leadership, créativité, intelligence émotionnelle, artistiques, etc.).
Bien cordialement,
Gilles