La réflexion et l'intuition sont bien sûr complémentaires. Celui qui va manquer d'intuition dans un domaine donné utilisera forcément la réflexion. Mais de toute manière, après avoir réfléchi 2 jours s'il le faut, à la finalité ce sera l'intuition (aussi minime soit-elle) qui prendra la décision.BeetleJuice a écrit :Je suis pas sur que l'intuition soit indispensable pour les domaines que vous citez, ou même qu'elle soit indispensable tout court. Son intérêt est pratique, parce qu'elle permet de prendre vite une décision, mais en dehors des situations d'urgences, où l'on a pas le temps de tester un choix, prendre le temps de la réflexion n'est pas inutile.Tania a écrit :L'intuition est surtout indispensable pour discerner ce qui n'est pas mesurable: Le beau, le bien, les idées philosophiques, les idées politiques, la morale, les vertus, la justice, l'honnêteté, la sincérité, les aptitudes diverses etc... bref, c'est un machin antiscientifique au possible et c'est pourtant la caractéristique fondamentale de l'esprit.
Il y a deux domaines où l'intuition est fondamentale: L'art et la morale. Nous avons eu de longues discussions à ce sujet et il a été impossible de s'entendre. Pourtant, la capacité à agir moralement juste dépend directement de la capacité à aimer autrui. Au plus un être humain aime autrui et au plus ses actes seront spontanément (intuitivement) justes. La plupart des autres vertus (honnêteté, sincérité, justice, altruisme etc...) découlent directement de ce seul sentiment. Ce qui implique, sans vouloir vous juger personnellement, qu'un manque de capacité à aimer contraint à une majeure réflexion pour les domaines cités. La croyance en la réincarnation repose sur ce constat, si cette capacité à aimer, si importante pour l'homme, diffère parfois de manière radicale entre les êtres humains, c'est qu'on l'hérite de quelque part.BeetleJuice a écrit : Pour les domaines que vous citez, il n'y en a aucun qui n'ai pas fait chez moi l'objet d'une réflexion afin d'en définir les limites (hormis le beau, parce que c'est vraiment trop émotionnel et subjectif pour être réfléchit). Je réajuste régulièrement ces définitions selon que je change ou pas d'avis, mais j'ai toujours un minimum de réflexion derrière ma conception du bien, mes idées philosophiques, ce que je nomme vertu, justice, honnêteté...
Honnêtement, je ne me vois pas m'en remettre à des processus inconscient pour définir le bien et le mal par exemple. Ca serait trop m'en remettre à ma subjectivité alors qu'il faut que j'intègre aussi l'avis des autres avec qui je fais société.
Puisque vous n'aimez pas vraiment ce genre de discours "cucul", c'est encore plus flagrant en art, surtout en musique. Certains artistes intuitifs composent de beaux morceaux, jouent et improvisent sans connaitre la théorie et en étant incapable de lire une seule note de musique sur une partition, et cela en peu de temps, parfois quelques mois suffisent. Tout est exécuté "au feeling", à l'oreille, à l'instinct ou l'intuition. D'autres passent de longues heures de travail sur leur instrument, étudient la théorie, s'aident par la réflexion et arrivent péniblement à un résultat inférieur après des années de travail.
C'est bien sûr lié à plusieurs facteurs comme le sens du rythme et l'oreille musicale (mélodique), mais créer de la beauté nécessite forcément de l'intuition (ou une connaissance intuitive du beau) et ne nécessite pas forcément de la technique, de la réflexion et de la connaissance théorique. Vous voyez là que l'intuitif (la fameuse connaissance intérieure dont parle les ésotériques) et la subjectivité font typiquement partie du domaine de l'esprit. Disons que ce qui parait subjectif à l'intellect ne l'est pas forcément au niveau de l'esprit. Lorsque je sais que je crée un beau morceau, quelque chose qui dégage une grande émotion sans pour cela faire appel à une grande technique, il n'y a que moi qui le sais et ceux qui vibrent comme moi. C'est pour cela que je disais plus haut qu'il n'y a pas plus antiscientifique que l'intuition et le domaine subjectif de l'esprit. Pourtant... ça s'observe et ça existe. Il faut pour cela d'abord observer les extrêmes.
Dans un autre domaine, chacun a son opinion politique ou ses idées philosophiques. Il y a de fortes chances qu'un extrémiste de gauche ne devienne jamais un extrémiste de droite, même avec la plus grande intelligence du monde et après avoir réfléchi toute une vie. Personnellement, je sens que c'est la voie du centre qui est la plus juste, mais voilà, encore une fois c'est subjectif. Pour savoir où est le vrai il faut expérimenter et souffrir, en tout cas en ce qui concerne la morale et la politique. Pour l'art il n'y a pas de souffrance qui entre en ligne de compte.
La capacité à aimer (spirituelle altruiste, rien à voir avec le sentiment de possessivité) intuitive/naturelle/instinctive est donc la vertu majeure qui permet d'atténuer les souffrances.
Tanio