Salut Mireille!
Tu dis :
Si notre intelligence est née d'un système que l'on ne peut pas soustraire ce principe de ce système puisque notre intelligence est née de ce système. Donc on ne peut nier qu'il y ait un principe d'intelligence dans l'univers.
Je crois qu'il faut être vigilant ici. J'ai regardé attentivement la structure de tes deux phrases. Elle semble inadéquate ou difficile à comprendre (pour moi, du moins). Je te propose une autre formulation :
« Si l'intelligence est une caractéristique d'un système (comme le cerveau) et s'il est impossible d'extraire ou d'expliquer entièrement cette intelligence de ce système, alors il existe un principe intelligent. »
C'est la façon dont j'ai compris ton affirmation. En gros, j'ai ajouté la conjonction « et » entre « système » et « que », j'ai pris « soustraire » dans le sens d'« extraire » et/ou « explicable », et j'ai enlevé la partie redondante, car il n'est pas toujours impossible de mettre complètement en évidence et d'expliquer clairement une caractéristique d'un système. Malgré cette possible signification, je ne suis pas certain que l'on puisse conclure à l'existence d'un principe intelligent à partir des conditions que tu aurais établies. Il me faudrait plus d'explications précises à ce sujet. Aussi, qu'entends-tu par « principe »?
Ça me fait tout de même penser à la citation de Pascal :
« Il n'y a rien de si inconcevable que de dire que la matière se connait soi-même. »
, ou à la critique de Schopenhauer sur le matérialisme philosophique.
J'ai l'impression que ton affirmation va plutôt dans le sens de l'existence d'une subjectivité irréductible qui serait la principale caractéristique de toute conscience. Il y aurait toujours quelque chose à résoudre, un mystère en soi-même.
Le questionnement difficile que vous soulevez courageusement est peut-être simplement (en partie, du moins) le prolongement (l'extension) d'un malaise d'origine physique, d'une incomplétude ou d'un sentiment de contradiction probablement inévitable à toute entité consciente. Ainsi, rechercher une certitude, un principe logique universel, un sens à l'univers incontestable, c'est-à-dire chercher quelque chose qui forcément « transcenderait » la durée, pourrait être une entreprise vaine dans le sens que c'est dans la continuité et la durée même de nos malaises que dépend cette recherche. Comment l'être limité (par le temps et l'espace) que nous sommes peut-il comprendre parfaitement ce qui est sans limites? Comment la pensée peut-elle comprendre ce qui ne peut passer par elle?
Par contre, on peut effectivement entrevoir l'existence d'un principe intelligent, mais sans pour autant savoir en quoi consiste ce principe exactement. C'est ce que tu proposes, je crois. Le problème, à mon sens, c'est qu'on peut tout aussi bien imaginer légitimement un principe contraire à l'intelligence dans l'univers (ayant comme exemple un système purement mécanique).
Le problème pourrait donc se résoudre simplement dans la compréhension de la façon dont on se questionne et non dans une réponse jugée définitive. Cette compréhension demande que l'on soit attentif et que l'on observe sans jugement l'ensemble du mouvement dont son propre questionnement (son propre raisonnement) est élément. Évidemment, se doter d'une bonne connaissance scientifique est très souhaitable. Mais, lorsque le malaise (psychologique) est présent, le simple fait de l'observer en face, directement, sans fuir dans les croyances, les étiquettes et les préjugés rend possible sa disparition, puisqu'il contiendrait une certaine illusion démasquée. On peut dire (grossièrement) que notre cerveau nous joue des tours.
Personnellement, si j'aide quelqu'un (y compris moi-même) dans son bien-être, sa compréhension, sa responsabilisation et son autonomie, c'est là que je vois un sens à la vie. Pour ce qui est de la recherche de la vérité (mais pas forcément du bonheur), je n'ai rien trouvé de mieux que la logique et la science. Cependant, ce n'est pas parce qu'une chose nous semble totalement logique et vraie qu'elle l'est nécessairement. On peut avoir oublié des subtilités qui, elles, rendent l'ensemble de notre propre logique très précaire et douteuse. J'imagine que ça ne doit pas être facile pour la personne qui, pendant toute sa vie, était convaincue et s'efforçait d'agir de façon cohérente avec sa spiritualité et qui s'aperçoit soudainement de l'illusion dans laquelle elle était baignée ou d'un oubli qui change complètement la manière dont elle aurait dû agir.
Enfin...