Jean-Francois a écrit : C'est toi qui défends une validité historique dans l'AT,
Non! J'accorde une valeur historique au
livre des rois. Ce n'est pas la même chose.
Jean-Francois a écrit : … il faudrait donc que tu tiennes compte du fait que ce sont les évangiles qui sont mis de l'avant depuis presque les tous débuts du christianisme comme représentation de la vie de Jésus.
Quel rapport avec l'AT? Tu n'es pas facile à suivre!
Jean-Francois a écrit : Il n'y a aucun texte que nous connaissons (toi et moi) dans lequel l'auteur parle de Jésus comme s'il l'avait connu. Cela règle la question des épitres: personne ne sait si elles sont relatées par les disciples même si certains le croient.
En effet! Je crois qu'il n'y a aucune espèce de certitude de ce genre.
Jean-Francois a écrit : Donc, du côté des témoignages de disciples, Socrate est mieux servi.
Un peu mieux, oui! Le caractère implicite du contact est plus facile à supposer. Je n'ai d'ailleurs jamais dit le contraire. Ce que je montrais avec Socrate c'est simplement l'impropriété du critère de réalité historique que tu donnais à ce moment:
«il n'a rien écrit, rien produit, rien conquis, rien foutu.... d'ailleurs».
Ici, tu commences à entrer dans les nuances de la valeur relative des textes et des allusions qui s'y trouvent. Ce sont des indices discrets qui ne sont pas des preuves, mais qui ont un poids relatif qui s'accumule dans un sens ou dans l'autre. Ça augmente ta marge de manœuvre assez pour croire dans l'existence de Socrate. Si tu l'étirais encore un peu tu ne pourrais plus affirmer qu'aucun Jésus historique n'a existé. D'ailleurs, pratiquement aucun spécialiste ne le fait. Et les rares qui s'y sont risqué étaient tellement manifestement des anticléricaux que leur aveuglement s'explique autrement. Ça ressemble aux biologistes qui nient l'évolution des espèces. Ils sont rares et curieusement toujours issus de milieux intégristes chrétiens…
Jean-Francois a écrit :J'admets sans problème que l'AT et le NT qu'ils sont différents à plusieurs points de vue.
Bien!
Jean-Francois a écrit :Quand on fait dans le "il est possible que", on peut très bien prétendre que Adam correspond, historiquement, à un chef tribal dont on ne sait rien. Absolument personne ne peut infirmer cette affirmation car personne n'en sait rien.
Je ne fais pas dans le «il est possible que»!
C'est un peu difficile à expliquer parce que ça relève d'une étude des formes littéraires de l'époque dont je ne suis pas spécialiste. Je suis un peu obligé de croire ceux qui le sont (1). Ce que je comprends de ce que disent les spécialistes, c'est que certains textes, ou sous-ensembles de textes, bibliques adoptent des formes très précises et connues des spécialistes parce que ces formes sont communes à de nombreux textes de même nature de cette époque dans l'ensemble des pays voisinant le même territoire. (
À une même époque, tout le monde écrit le même genre de texte de la même façon: proclamation, texte diplomatique, contrats de marchands, conte, conte mythologiques, théatre, texte de loi, etc.). La forme littéraire informerait donc en elle-même sur le caractère du texte et, implicitement, sur sa valeur historiographique relative. (
En reconnaissant la forme, le spécialiste ne peut pas confondre un texte de loi avec un contrat de marchands ou avec un conte pour enfants). Pour prendre un exemple contemporain, si un texte que nous lisons tous deux commence par
«Il était une fois dans une contrée lointaine … et finit par
«Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants», nous sauront sans lire le reste qu'il s'agit presque à coup sûr d'un "conte pour enfants". La valeur littéraire, éducative, morale ou philosophique du texte peut alors être très grande, mais ça valeur comme document historique ne vaudra pas un clou. Ce que je comprends, donc, c'est que les contes à partir desquels la genèse a été composée ne valent pas un clou au plan historiographique. Est-ce plus clair?
Jean-Francois a écrit : Tu dis plus loin: "[l]a valeur historique bonne ou médiocre d'un de ses livres ne présage rien sur la valeur des autres livres". Sauf que la valeur historique à accorder au NT est aussi assez médiocre.
Médiocre, peut-être, mais pas aussi médiocre que les poemes de la genèse. Et nous sommes bien à faire le compte de ce genre de petites nuances.
Jean-Francois a écrit : Même s'il y a plus d'allusions qui semblent historiques, il est souvent difficile de savoir si elles le sont vraiment. Rien que la date de naissance - présupposée - de Jésus est douteuse. Son lieu de naissance n'est pas mieux attesté. Etc.
En effet, il est difficile de savoir! Les biblistes sont sûr que l'on a brodé large en fonction des besoins de l'Église naissante, mais ils ne peuvent pas délimiter clairement ou commence le brodage et où il finit.
Jean-Francois a écrit : En terme d'argument direct, tu n'en présentes aucun qui fasse de Jésus un personnage plus historique que les trois autres.
Les arguments sont moins les miens que ceux des biblistes.
Jean-Francois a écrit :Et puis, pour les chrétiens, la bible est composée des deux testaments.
Et alors? Si tu veux dire que les chrétiens intégristes croient dans l'existence de personnages de fables bibliques et dans plein d'autres affaires qui ne tiennent pas debout, je ne te contredirais pas.
Jean-Francois a écrit :Tu ignores encore le sens de la charge de preuve: ce serait aux croyants de démontrer l'existence d'un Jésus historique. Les non-croyants peuvent difficilement démontrer la non-existence de Jésus. Au mieux, ils n'arriveront qu'à montrer que ce qui est présenté en faveur de son existence ne tient pas.
Pas vraiment! Il n'y a pas de preuve absolue de l'existence d'un Jésus historique. Même pas une pierre tombale. Même pas une allusion explicite dans un document d'époque (si le Jésus historique a existé, c'était presque un quidam du point de vue romain). Je ne prétends pas non plus qu'il y en a. Je montre juste qu'il y a une prépondérance des indices qui incite les spécialistes à croire dans l'existence d'un Jésus historique.
(1) J'ai suivi des cours de paléographie, mais pour des formes beaucoup plus récente. Je comprends ce qu'ils veulent dirent, mais pour le reste je dois une peu les croire sur parole. C'est aussi le cas pour le boson de Higgs.
« Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. » George Orwell