Le coeur est-il plus fort que la raison ?

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Raphaël
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#76

Message par Raphaël » 25 déc. 2013, 02:46

Dave a écrit :Mais, en même temps, on ne parle que d'une seule des forces physiques « fondamentales », non?
Si on parle seulement de la force gravitationnelle c'est parce que c'est celle qui agit de la façon la plus évidente au niveau macroscopique et je ne vois pas l'intérêt de parler des autres.
Aussi, un univers qui deviendrait de plus en plus ordonné, rigide, voire « glacial », ne deviendrait-il pas de plus en plus hostile à la vie (qui, elle, serait comme dans une sorte d'équilibre entre l'ordre et le désordre).
Personne n'a dit que l'univers était destiné à devenir de plus en plus ordonné. Les systèmes ordonnés sont régulièrement détruits pour laisser place à un désordre à partir duquel se reformera un nouvel ordre. Tout ce qui est ordonné est condamné à être détruit un jour. Les plus petits systèmes sont les plus vulnérables, les plus gros comme par exemple les systèmes planétaires et les galaxies peuvent durer des milliards d'années mais finiront par disparaître eux-aussi et seront recyclés en autres choses.
Je ne suis pas sûr de comprendre ta question. Est-ce un questionnement scientifique ou métaphysique ?
En fait, la question d'origine posée par Chanur est, selon moi, d'ordre métaphysique. Alors, oui, mon questionnement (sans être très important) est plutôt d'ordre métaphysique ou logique.
La métaphysique ce n'est pas mon domaine. Désolé mais je n'ai pas les compétences requises pour me lancer dans ce genre de discussion.

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Raphaël
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#77

Message par Raphaël » 25 déc. 2013, 02:52

Pepejul a écrit :La nature de notre perception du son n'est-elle pas aussi responsable de notre goût pour la musique ? Une forme de vie intelligence n'ayant pas notre tympan percevrait-elle la même chose ?
Nul besoin d'aller sur autre planète pour trouver un type de tympan différent. Les éléphants sont un bon exemple: ils ont un tympan, un cerveau et une culture complètement différents des nôtres et pourtant ça ne les empêche pas d'apprécier notre musique.

http://www.youtube.com/watch?v=hjsu3SGAdLs

Il paraît même qu'en Thaïlande on les soigne avec de la musique classique.

http://www.youtube.com/watch?v=RKcks_4u ... C7z8JU5jZU

Personnellement je me sens plus proche des éléphants en ce qui concerne la perception musicale que je peux l'être de certains humains...

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Pepejul
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#78

Message par Pepejul » 25 déc. 2013, 13:47

un tympan de mammifère ça reste grossomodo le même système quel que soit l'animal... je pensais à une perception différente sur le plan physiologique... est-ce que les "harmonies" sont un effet de notre système auditif ou une réalité extrinsèque ?
On a tort d'écrire tord ! Le prochain qui fait la faute je le tords !

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Dash
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#79

Message par Dash » 27 déc. 2013, 16:04

Salut EB,
Etienne Beauman a écrit :Oui on peut poser les bases d'une "esthétique intellectuelle" reposant sur l'ordre mais elle n'a pas plus de valeur ou de pertinence qu'une esthétique basée sur....
Je comprends et t'as raison puisque, de toute façon, le mot esthétique qui provient du grec aisthêtikos, signifie « relatif à la perception », ce qui implique donc nécessairement le concept de la subjectivité. Sauf que s'il suffit qu'un truc soit « relatif à la perception » pour le considérer alors comme étant à 100% subjectifs et qu'on dit qu'il peut y avoir des subjectivités communes à cause des cultures, ben selon moi on commence irrémédiablement à flirter (paradoxalement) de près avec certaines formes de relativisme, de réductionnisme, de psychologisme ou de solipsisme (ou encore avec des « Matrix Theories »). Parce qu'on pourrait tout aussi bien avancer que tous ces derniers pourraient être communs à plusieurs individus pour les mêmes raisons qu'on justifie qu'il y ait des subjectivités communes. Donc si l'on veut demeurer le plus objectif et le plus pragmatique possible, en fait, il n'y a que les effets reproductibles (et potentiellement observables par tous) qui soient gage d'une certaine réalité objective (mais encore). Et c'est d'ailleurs pourquoi c'est ce qui fait toute la différence entre de la science et tout le reste à mon avis. Alors au même titre que nous pouvons observer que certaines lois de la physique ne font pas de « discrimination », si certains trucs de base reproduisent systématiquement de l'émerveillement ou de l'appréciation (ou le contraire) chez des consciences intelligentes, pourquoi alors la source produisant ce genre de perception devrait être considéré différemment que les lois de la physique? En ce sens que ce serait uniquement la perception (le cerveau) qui serait responsable de tout (à 100%)? Le cerveau et la perception sont nécessairement nécessaires (pléonasme, je sais), mais, tout autant que sans matières, les lois de la physique ne pourraient pas, elles non plus, se manifester. Autrement dit, on pourrait tout aussi bien dire que les lois de la physique n'existent pas et ne sont qu'une interprétation de la matière! [Merde, je suis ici victime d'une amphibologie parce que ma phrase est susceptible d'évoquer simultanément ce que je voulais dire ainsi que son contraire. Donc, 1-) Oui, comme on le répète à Mireille par exemple, les « lois » n'existent pas réellement et ne sont qu'une interprétation des interactions observables entre tout ce qui se trouve dans l'univers. Mais, 2-) la matière est la condition nécessaire pour qu'il y ait des interactions et des interprétations de lois] bref, tu commences à saisir pourquoi ça me turlupine?

Mais bon, avant de poursuivre dans ce qui pourra peut-être sembler pour certains être un délire métaphysique ( :fume: ), je veux juste te préciser 2 ou 3 trucs...

Même si je peux sembler parfois investi et même si j'argumente beaucoup, pour moi, ce sujet demeure tout de même assez léger et toute cette discussion est plutôt ludique. Quand les zozos se font plus rares ou discrets sur le forum, j'aime bien en profiter pour exprimer et partager les quelques vestiges d'éventuels « zozoteries » résiduels qui me reste peut-être et qui contribue aux quelques trucs pas tout à fait résolus dans ma Weltanschauung. Autrement dit, je ne parierais pas ma vie que j'ai raison sur ce genre de sujet (et je n'y aie pas d'attaches émotionnelles démesurées), mais, puisque je considère qu'il y a des gens très intelligents sur ce forum, j'en profite pour pousser mes thèses et raisonnements au maximum pour pouvoir observer la qualité des objections~antithèses qui me seront présentées. C'est le genre de sujet pour lequel je pourrais très bien changer mon fusil d'épaule. On se comprend? ;)

Aussi, en échangeant sur ce genre de sujet, nous pouvons très facilement flirter avec l'ontologie et la métaphysique, entre autres avec la notion « d'Être » : être beau/laid, être bon/mauvais (etc.), ça existe ou non? Qu'est-ce que l'Être? Que sont les choses? Mais tout cela m'intéresse plus ou moins, à moins de pouvoir faire des liens avec du concret.

De plus (et BJ avait prévenu depuis le départ), pour ce genre de sujet, avant de pouvoir échanger convenablement, il faudrait prendre le temps de préciser minutieusement ce que les mots que nous employons signifient (mais, bon, nous sommes sur un forum et nous ne pouvons pas écrire des thèses de 400 pages en prenant le soin d'établir un lexique spécialisé et technique à chaque fois). Je me suis longtemps intéressé à la sémantique. Je me suis bien sûr intéressé à la « générale » de Korzybski, mais aussi à celle de la linguistique qui concerne les signifiés. Et en étudiant les champs sémantiques que recouvrent les concepts (plus ou moins variables) qu'évoquent les mots~symboles et en les disséquant pour en extraire le lien qui les relie le plus possible au concret~tangible, je pense qu'on peut réussir à raisonner avec une espèce de « langage machine~formel » qui correspond nécessairement plus à la « réalité » que le « langage naturel » aux concepts flous et qui nécessite de faire des efforts d'abstraction pour saisir le sens de nos interlocuteurs selon le contexte recouvrant leurs propos (pragmatique linguistique). Mes réflexions sur ce sujet (lorsque je ne suis pas devant mon écran) s'effectuent donc avec des « signifiés » pointant le plus possible sur ce qui se passe concrètement, et sont donc moins floues que ceux qui sont utilisés habituellement avec le « langage commun » et avec lequel nous n'avons pas le choix de communiquer sur un forum. Bref, j'veux dire que ce n’est pas évident de partager des réflexions qu'on n’effectue pas nécessairement avec des mots. Et puisque j'ai parlé de « pragmatique », ce qui m'intéresse vraiment (contrairement à la métaphysique, à l'ontologie et à la philosophie) est de trouver l'aspect pragmatique (dans le sens du pragmatisme, cette fois) concernant les plus petites « unités de signifiés conceptuels » qui seront nécessairement communs à toute forme d'intelligence ayant la capacité d'appréhender le monde et l'environnement qui les entoure (même si, lorsqu'ils se combinent et génèrent nombre de « couches conceptuelles », ils se transforment en d'autres concepts étant de plus en plus abstraits et donc de plus en plus subjectifs).

On pourrait passer des heures à disséquer et à simplifier~objectiver le plus possible les concepts auquel les mots réfèrent, mais, pour demeurer relativement simple, par exemple : beau/laid? Que signifient ces mots au juste? Qu'est-ce qu’ils impliquent concrètement?

En réalité, ce que ces mots « cachent » (et ce qui s'effectue concrètement dans le cerveau), ce sont plutôt des discernements et des jugements, on est d'accord? Et sur quoi les discernements et jugements sont-ils basés?... Sur des raisonnements, des sentiments et des émotions (parfois l'un, parfois l'autre et parfois une combinaison de plusieurs), on est d'accord? Sommes-nous d'accord que nos jugements et discernements ne sont pas tous basés sur des émotions? Comme lorsque l'on doit juger lequel d'entre deux cercles est le plus parfait des deux? Où comme quand Denis doit juger de la validité d'une formule mathématique? Normalement (ou dans la majorité des cas) quand on dit (qu'on juge, qu'on discerne) que x est plus beau que y, qu'est-on en train de faire? ...Si ce n'est que d'exprimer qu'on « préfère » x à y! On est d'accord?

Donc, très souvent, qualifier un truc de « beau/laid » n'est qu'une façon comme une autre de signifier qu'on apprécie ou non un truc, d'accord? Sauf qu'aimer, apprécier un truc (ou en préférer un à un autre lors d'une comparaison) ne peut s'effectuer (et donc se juger) qu'en fonction de certains rapports (critères) et ces derniers sont nécessairement multiples. De plus, selon les situations et ce qui est impliqué ou non, ces rapports et critères peuvent être, parfois, de nature totalement différente :

— Ça peut avoir rapport avec une émotion ressentie (joie, tristesse, nostalgie, etc.). Ici, l'émotion est le critère qui affecte le jugement,

— Ça peut avoir rapport avec l'image qu'on désire projeter (concernant le choix d'un vêtement P. Ex.). Ici, l'objectif désiré est le critère qui affecte le jugement,

— Ça peut avoir rapport avec nos papilles gustatives, notre odorat, etc. ici, un ou des sens affectent le jugement par des sensations physiques,

— Ça peut avoir rapport avec les notions de perfection/imperfection. Ici, la raison (la validité des inférences dictées par la logique) est le critère qui détermine le discernement,

— Ça peut avoir rapport la notion du degré de complexité VS simplicité. Ici, la raison (la validité des inférences dictées par la logique) est le critère qui détermine le discernement,

— Ça peut avoir rapport avec une foule d'expériences passées plus ou moins marquantes ou traumatisantes, etc. Ici, le conditionnement passé ou les traumatismes affectent le jugement.

La logique jouant donc parfois un certain rôle dans le processus, mettre tous les « gouts » (qui ne sont autre que des jugements ou des discernements finalement) dans le même bateau et considérer toutes les préférences potentielles d'un individu comme provenant à 100% de critères subjectifs est un peu réducteur à mon avis. Il est évident « qu'aimer/ne pas aimer » un truc relève très souvent de la subjectivité. Et je serais de mauvaise foi si je faisais semblant d'ignorer que nous utilisons ces mots (ainsi que des adjectifs comme beau/laid) en ayant tous collectivement conscience qu'ils réfèrent à des jugements arbitraires et donc subjectifs. Donc, oui, de la façon dont nous avons choisi collectivement de faire usage de ce mots (et de le définir dans le dico), ce mot sert à signifier des jugements biaisés et arbitraires. Par contre, je prétends que certaines conditions de base et commune s'exercent bien avant la « couche subjective » et que ce qui les rend communes se trouve au-delà du champ de la culture humaine et de son cerveau. Ou plutôt que l'espèce humaine n'en possède pas l'exclusivité! Si ce n'est que parce que n'importe quelle forme d'intelligence aura tendance à préférer un cercle parfait à un cercle imparfait, par exemple. Ou une construction complexe et raffinée à une autre plus grossière et simpliste (avant qu'interfèrent les différents biais [comme celui de « l'objectif désiré » qui, parfois, peut imposer de choisir le truc le moins complexe et raffiné]).

Alors, si je devais résumer, je dirais simplement que peut importe se que sont (être) les choses (considération subjective), les conséquences et effets concrets et réels qu'ils sont susceptibles de créer dans leur environnement ainsi que ce qu'ils sont susceptibles de produire (même en tant que perceptions subjectives et donc quelque peu différentes pour chacun) chez des esprits pensants intelligents, suggère qu'ils sont donc intrinsèquement porteurs de potentialités et pas de certaines autres. Ça me semble plausible et cohérent!

Exemple : l'aspect ou le potentiel de dangerosité d'un truc que l'on nomme « bombe H » aura la particularité de « transpercer » n'importe quel « filtre subjectif » de toute forme de conscience intelligente ayant au moins la même sophistication~efficience que celui qui à créé ce truc nommé « bombe H ». Et je pense qu'il en sera de même (mais concernant un potentiel d'admiration) lors de l'observation d'une oeuvre de musique magistrale P. Ex. opposée aux tintements hasardeux de clochettes se balançant au bout de fils et au gré du vent. Avant même que la « couche subjective » de « l'échelle psychologique » des observateurs entre en jeu en biaisant leurs appréciations, seront forcément générées des inférences de nature logico~mathématique propre (mais surtout communes) à toute forme d'intelligence évoluée ou sophistiquée. Autrement dit, le potentiel des éventuelles conséquences possibles sur son environnement ainsi que le taux de probabilité* de comment elle pourra être interprété et jugé par des intelligences et qu'elles effets (sentiments/raisonnements) elle sera susceptible de générer permet, je pense, « d'objectiver », jusqu'à un certain point, ce « qu'est » (et ce que peut faire) une chose.

* à moins de penser qu'un tas de merde possède le même taux de probabilités de créer les mêmes interprétations subjectives ou de générer les mêmes effets sur son environnement et envers des formes d'intelligence avancé, on ne peut prétendre que son « appréciation potentielle » ne relève que de la subjectivité de l'observateur. :?
Etienne Beauman a écrit : Pourquoi devrait on faire cela ?
Parce que si l'on se contente de se concentrer sur ce qui est subjectif, on atteint jamais ce qui ne l'est pas (si l'on veut effectuer des réflexions logiques possédant le moins d'éléments subjectifs possible, dans le but d'obtenir des résultats étant le plus précis et concrets possible, aussi bien tenter d'exclure tous les éléments subjectifs ou ceux faisant office de « variables » étant plus ou moins définies). Les mathématiques ne sont peut-être pas des objets concrets ou tangibles, mais puisqu'ils ne sont pas tributaires de ma subjectivité, de la tienne ou de celle de Denis, ils sont, à tout le moins, particuliers.
Etienne Beauman a écrit :Y a un truc qui m'échappe, c'est quoi ta définition du beau ?
Je suis conscient (et d'accord) que, tel qu'il est utilisé dans le langage naturel et commun, ce mot fait nécessairement référence à des processus qui font intervenir de grandes parts de subjectivité. Je suis aussi conscient (et d'accord) que certaines subjectivités peuvent être commune due à des cultures et des conditionnements qui sont partagés par l'ensemble de l'humanité. Là où je ne suis plus d'accord, c'est quand l'on prétend que, si l'on admet qu'il y a des tendances générales, elles ne seraient dues qu'à (uniquement) des cultures communes et conditionnements communs. Là où je vous rejoins tous, c'est que je pense que certaines tendances de bases sont produites à cause de la structure commune de nos cerveaux, mais, là où je diverge de vous tous, cependant, c'est que je pense que ce n'est pas tant la structure commune de nos cerveaux, en elle-même, qui permet de dégager des tendances, mais plutôt — et surtout — le fait que ces structures permettent (entre autres) une « raisonnabilité » (logico-mathématique) qui est à la base de toute forme de processus de jugement~discernement (==> d'intelligence!).

La « raisonnabilité » est bien un produit de notre cerveau, mais la nuance étant que je trouve qu'il est très improbable que ce denier en ait l'entière exclusivité. D’après moi, soit tous les cerveaux qui permettent l'émergence d'une intelligence aussi sophistiquée que la nôtre possèdent une structure de base similaire, soit il pourrait y avoir plusieurs structures différentes, mais seules celles permettant d'observer des rapports logico~mathématique permettent l'émergence de formes d'intelligences au moins aussi sophistiquées que la nôtre (l'idée de BJ selon laquelle une autre forme d'intelligence ne pourrait comprendre « notre » raison m'est totalement inconcevable).

En fait, j'arrive donc à peu près aux mêmes conclusions que vous tous : à savoir qu'il y a bien quelque chose de « commun » (ou un certain conditionnement) qui produit certaines tendances de bases communes à tous. Mais, moi, j'étends ce raisonnement à tout l'univers plutôt que de le restreindre à la culture humaine et à son seul cerveau. Donc, si la raison, la logique et les mathématiques sont relatives à la perception et au cerveau humain (comme semble le dire BJ) et étaient donc fondamentalement subjectives, pour moi, cette subjectivité en devient alors une qui est nécessairement universelle et commune à tout cerveau dont la structure permet l'émergence d'une forme d'intelligence évoluée. Car « l'environnement global » qui conditionne tout cerveau possédant une structure adéquate pour produire l'émergence d'une intelligence demeure l'univers. Et les « lois » de ce dernier sont les mêmes pour toute intelligence tentant de les observer pour y extraire des « rapports logiques » dans le but de pouvoir les manipuler.

Si l'on présente une formule logique ou mathématique des plus simple à une autre forme d'intelligence évoluée et que cette dernière saisit ce que la formule produit ou énonce, c'est que cette dernière possède donc un critère de « raisonnabilité » commun au nôtre qui lui permet de discerner et de juger de façon identique (mais pas que). Et, dans ce cas, tout le reste de mon raisonnement peut s'établir de lui-même, car, en excluant les biais qui interféreront à un autre niveau, la base du discernement logico~mathématique et donc des rapports et des proportions aura la même incidence (avant l'interférence des biais) qu'il a envers nous (même s’il est mince et se trouve souvent baisé par la suite). Autrement dit, il y aurait des espèces « d'inférences logiques universelles » orientant sensiblement la « perception du beau » avant influence des biais. C'est ça en fait, mon hypothèse! :grimace:

Maintenant, quant à savoir si, dans l'absolu, tout n'est peut-être que relatif, illusion ou subjectif et débattre à savoir si les choses tangibles existent ou non sans les sens capables de les percevoir et bla-bla-bla, ça m'intéresse pas trop, mais si nous avons la capacité d'apprécier des trucs et que cette appréciation fait parfois interférer, à la base, des critères basés sur des notions raisonnables, des « inférences logiques universelles » alors, il n'est pas surprenant que toute forme d'intelligence puisse juger x ou y comme étant plus beau qu’une simple roche parmi des milliers d'autre dans le désert. Mais je suis d'accord que pour ce qui est de pouvoir juger qu'elle est « la plus belle » entre deux oeuvres magistrales, ça deviens impossible et inutile. Si ce n'est, premièrement, qu'à cause de l'incapacité pratique à avoir une connaissance parfaite des paramètres qui biaise tout un chacun (il nous faudrait un « démon de Laplace » pour savoir) et que, deuxièmement, nous convenons tous que nous utilisons des mots comme « beau/laid », « aimer/détester », etc., justement pour signifier et informer que notre choix est nécessairement biaisé par nos émotions et sentiments (donc empreint de subjectivité).

Alors finalement, en pratique, ma façon de gérer tout ça au quotidien revient pratiquement à la même que la vôtre. ;)
Etienne Beauman a écrit :C'est quoi ta définition de l'artistique
Je pense qu'il y a une « base technique de "la beauté" » (due à mes « inférences logiques universelles ») qui est affaire « d'ordre » et donc de rapports et de proportions qui émergent de certaines « complexités » (et autant des cerveaux capables de les appréhender, puisqu'au final, ils ne sont que « des produits » de ces complexités. « Nous sommes tous des poussières d’étoiles. », H. Reeves.). L’art, c'est le fait de mélanger des portions d'éléments ordonnés (des « beautés techniques ») selon des considérations singulières et donc nécessairement biaisées. Elle implique donc nécessairement le concours d'une « vision » qui n'est pas totalement objective. Je pense que, le « critère générique » (le plus objectif) et commun à toute forme d'art (effectuée par une conscience), c'est du mélange arbitraire et plus ou moins harmonieux d'objectivité/subjectivité et/ou d'ordre/désordre.

Pour moi l'art implique nécessairement un mélange d'objectivité et de subjectivité, car sinon, si c'est 100% subjectif, ben un tas de merde déposé par terre au hasard peut être considéré comme étant de l'art et, dans ce cas, c'est du « grand n'importe quoi »! Ça devient une croyance, une chimère comme une autre. À contrario, s'il n’y a pas de part de subjectivité, ben c'est tout sauf de l'art (comme la photo portait d'un passeport P. Ex.). Lorsqu'il y a mélange entre les deux, même si l'on n'apprécie pas (émotionnellement), ça devient reconnaissable (par toute forme d'intelligence à mon avis) et discernable du hasard et du chaos ou de ce qui est conçu simplement à des fins utilitaire et pratique. Mais bon, l'art étant pratiqué dans le but de manifester (et de générer) des perceptions particulières et singulières (et souvent dans le but d'activer des émotions), ses « produits » sont donc des « excitateurs de subjectivité » par excellence! C'est certain!

Désoler de ne pas développer plus longuement ma pensée. :mrgreen:
Penser savoir est une chose, savoir penser en est une autre !

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Raphaël
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#80

Message par Raphaël » 27 déc. 2013, 20:00

Pepejul a écrit :un tympan de mammifère ça reste grossomodo le même système quel que soit l'animal... je pensais à une perception différente sur le plan physiologique... est-ce que les "harmonies" sont un effet de notre système auditif ou une réalité extrinsèque ?
Les éléphants peuvent percevoir les infrasons et la plupart des mammifères peuvent percevoir des sons beaucoup plus aigus que les humains, mais ce n'est pas le point le plus important à mon avis. Quels que soient les capteurs (tympan de mammifère, appareil électronique ou autre) les sons restent toujours ce qu'ils sont, c'est-à-dire des vibrations qui obéissent à certaines règles physiques et mathématiques. Ce qui fait toute la différence c'est le cerveau qui les décode et les associe à des souvenirs et/ou émotions et leur donne une valeur subjective.

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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#81

Message par Nicolas78 » 28 déc. 2013, 01:33

Même si je peux sembler parfois investi et même si j'argumente beaucoup, pour moi, ce sujet demeure tout de même assez léger et toute cette discussion est plutôt ludique. Quand les zozos se font plus rares ou discrets sur le forum, j'aime bien en profiter pour exprimer et partager les quelques vestiges d'éventuels « zozoteries » résiduels qui me reste peut-être et qui contribue aux quelques trucs pas tout à fait résolus dans ma Weltanschauung.

C'est ce qui fait que j'aime bien lire tes pavés :)

Et je profite de cette phrase pour rebondir direct sur la question du sujet du topic.
J'ai toujours crue qu'on ne pouvais pas se sentir bien que dans la logique, il faut faire fonctionner d'autres chose, qui elle même dépendent de la logique et de la critique objective pour fonctionner mieux.
Et il faut en parler je croie, echanger cela permet de se faire du bien :) et parfois de tomber sur des choses intéressantes.

Parce que finalement au fond (pour répondre à la question du topic, de mon point de vue) se qui importe et que, quelque sois la logique ou le sentiments, se qui compte est ce que tu ressent, car même si c'est faux, si tu le prend pas en compte, tu te fera du mal...aprés un mal pour un bien ou un bien pour un mal ? Serpent qui se mort la queue.
Le tout est d’écouter se qu'on ressent, et de choisir, y compris choisir de ne pas l’écouter, c'est déjà l'avoir écouté...c'est primordiale je pense pour ne pas oublier ses émotions.

Même si une chose est fausse, il faut la prendre en compte pour pas la "refouler" (pas à la Freud hein :mrgreen: ) afin de ne pas naviguer toujours dans se sentiments de ne jamais s’écouter.
Sa rendrais aigris de ne pas echanger tout cela....(pour moi en tout cas, je pense que je peux me permettre un petit transfert sans faire trop d'erreurs, surtout chez les gens qui on besoin de communiqué souvent).... le tout est de bien dire que se qu'on dit est un ressentit, pas une preuve.

Bref les sentiments faux ou pas, c'est la ! Donc il faut écouté le cœur ET la raison :) Au cas ou il ne serait pas placé au même endroit dans nos interprétations subjectives :a2: :mrgreen: (messieurs ? :mrgreen:)

Le sujet m’intéresse bcp, mon avis sur le sujet est le suivant : le cœur nous donne des illusions à manger qu'il faut manger, la raison nous apprend à les rendre comestible.

Enfin bon je dit ca...mais au fond c'est de la "philosophie", ne me demandez pas un manuel ou une notice hihih :lol:

Bonne soirée

Edit : je suis "plutot" d'accord avec ta vision de l'artistique, ça me rappelle une discussion que j'avais eu ici sur la beauté et se qu'on ressent face à la beauté comme étant d'origine innée ou acquise (socialement, collectivement ou naturellement sans influence sociale comme tu dit) ou les deux.

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Chanur
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#82

Message par Chanur » 28 déc. 2013, 02:56

Dash a écrit : là où je diverge de vous tous
Non, pas tous ... :)
Dash a écrit : ... un tas de merde déposé par terre au hasard ...
Attention, dans le sens d'Hubert Reeves le tas de merde aussi, c'est de la poussière d'étoile ! :a2:
Le fait que je sache que quelque chose est vrai n'est pas une preuve. :chat:

Dave
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#83

Message par Dave » 29 déc. 2013, 07:34

Salut Dash!


J'aime bien te lire, car tu n'hésites pas t'investir et à exprimer en détail tes raisonnements qui me semblent assez cohérents par ailleurs. Je ne sens pas chez toi l'intention de discréditer ton interlocuteur. Je vais tout de même me faire l'avocat du diable et me permettre un petit commentaire sur un certain aspect que tu as mentionné.


En fait, il ne me semble pas impossible personnellement d'imaginer un lieu (supposons une lointaine planète très grosse et très riche en diversité de forme de matière, peu importe) où des êtres seraient dotés d'une sorte de « cerveau » mille fois plus gros et donc extrêmement plus complexe que le nôtre et aussi dotés de perceptions différentes des nôtres. Peut-être que ce que nous considérerions comme de la déduction logico-mathématique deviendrait pour eux quelque chose de si évident (comme une perception instantanée) qu'ils auraient intégré cette déduction dans une compétence inconsciente ou innée. Nous serions, pour eux, ce que seraient les fourmis pour nous.


Évidemment, ce genre d'imagination ou d'extrapolation par comparaison ne demeure au mieux qu'une métaphore exprimant cette impression de minime possibilité. Je sais bien que ce n'est pas parfaitement imaginable (pas pour moi, du moins), mais l'impossibilité de bien imaginer ou de concevoir ces êtres (entités) clairement n'est pas, pour moi, une garantie raisonnable pour conclure à l'inexistence de tels êtres n'utilisant pas consciemment les mathématiques. Ainsi, la notion de beauté (ou, plus largement, de bonheur) pour ces êtres (s'il en existe toujours une) pourrait bien être très différente de la nôtre.


Là où je mets un bémol (à tort ou à raison), c'est lorsque l'on suppose que la croyance en la possibilité de l'existence de ces êtres (d'une conscience étrangère à la nôtre) pratiquement inimaginable reviendrait à la même chose que la croyance en un Dieu suprême. Pour moi, il y a une différence importante. Croire en une entité « absolue » (totalement irréfutable, par construction) qui influencerait à sa guise un univers « relatif » me semble assez invraisemblable (ce serait une entité sans importance). Par contre, croire en la possibilité de tels êtres qui vivraient bien dans le même univers « relatif » que le nôtre me semble plutôt acceptable rationnellement (ce n'est pas irréfutable à tout jamais, selon moi). Je crois que c'est sur ce point que l'on diverge quelque peu. Pour moi, il peut exister des choses dans la réalité qui ne sont pas (encore) accessibles à notre entendement et qui peuvent néanmoins nous influencer.


C'est certain que, de manière générale, comme toi, j'ai plutôt tendance à dire que les mathématiques sont un langage universel vu leur développement infini et le fait qu'ils puissent être liées à nos perceptions (et plus encore). Mais, ce n'est pas aussi certain qu'on (surtout un mathématicien) pourrait bien le croire, à mon avis. Enfin, ce n'est qu'une idée. Ça ne me permet pas de répondre d'une façon définitive à la question (plutôt philosophique), au contraire.


D'ailleurs, dire que la beauté est purement subjective n'avance à rien, selon moi. D'ailleurs, par l'étude du cerveau (et de la conscience), il devient intéressant de tenter de relever un défi comme celui de mettre en évidence certaines activités communes du cerveau en corrélation avec le sentiment que l'on associe à la beauté, par exemple.

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Etienne Beauman
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#84

Message par Etienne Beauman » 29 déc. 2013, 09:33

Salut,

pas le temps de développer, je pars en vacance dans 1/4 d'heure. 8=)
Dave a écrit :En fait, il ne me semble pas impossible personnellement d'imaginer un lieu (supposons une lointaine planète très grosse et très riche en diversité de forme de matière, peu importe) où des êtres seraient dotés d'une sorte de « cerveau » mille fois plus gros et donc extrêmement plus complexe que le nôtre et aussi dotés de perceptions différentes des nôtres.
En effet.
Il suffit de penser aux dauphins. Quelque soit l'intelligence qu'ils possèdent, pas de bras pas de chocolat maths.
Une créature intelligente particulièrement bien adaptée à son environnement dépensera son temps libre à élaborer ses propres concept, je ne suis pas sûr que la notion d'ordre quand on vit dans l’océan ait un quelconque sens.
Au royaume des cyclopes, les borgnes sont aveugles.
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Dash
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#85

Message par Dash » 30 déc. 2013, 06:22

Salut Nicolas78,
Nicolas78 a écrit :C'est ce qui fait que j'aime bien lire tes pavés :).
Ben ouais, il n'y a pas que Mireille, qui a le droit de partager ce sur quoi certaines de ses pensées vagabondent, de temps à autre. Du moment qu'on ne se prend pas au sérieux, qu'on n’ouvre pas 37 thread sur le même sujet et qu'on demeure réceptif aux arguments des autres, c'est parfois fun (enfin, pour moi).
Nicolas78 a écrit :...se qui compte est ce que tu ressent, car même si c'est faux, si tu le prend pas en compte, tu te fera du mal...
Si tu dis cela dans le sens qu'il ne faut pas nier ce qu’on ressent (comme le fait d'être jaloux, par exemple, même si ce n'est pas justifié), je suis d'accord. Par contre, faut également être capable de considérer que, parfois, ce qu’on ressent nous pousse à interpréter erronément certaines choses.
Nicolas78 a écrit :Bref les sentiments faux ou pas, c'est la ! Donc il faut écouté le cœur ET la raison :)
Je n'aime pas la polysémie qui s'applique au mot « écouté » que tu emploies, car certaines personnes l'utilisent dans le sens de « obéir », mais de par le reste de tes propos, je pense que tu veux seulement dire qu'il faut « en tenir compte » et ne pas nier. Alors, je suis d'accord.
Nicolas78 a écrit :ça me rappelle une discussion que j'avais eu ici sur la beauté et se qu'on ressent face à la beauté comme étant d'origine innée ou acquise (socialement, collectivement ou naturellement sans influence sociale comme tu dit) ou les deux.
Question intéressante! Je ne sais pas si des expériences ont déjà été faites sur de très très jeunes enfants quant à observer s'ils avaient des réactions plutôt « innées » concernant le « beau » et le « laid »?
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Dash
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#86

Message par Dash » 30 déc. 2013, 07:24

Salut Dave,
Dave a écrit :Peut-être que ce que nous considérerions comme de la déduction logico-mathématique deviendrait pour eux quelque chose de si évident (comme une perception instantanée) qu'ils auraient intégré cette déduction dans une compétence inconsciente ou innée.
Je suis d'accord. Mais cela ne fait que repousser le (mon) problème à mon avis. Qu'ils intègrent totalement la « logique » aux points où cela devienne un réflexe inconscient, il n'en demeure pas moins que leur cerveau utilise cette dernière. :?

Dans un ordre d'idée semblable, imaginons un groupe d'humains (ou « autre ») dont les membres auraient des cerveaux (plus efficients) qui ne produiraient plus aucun biais cognitif. Nécessairement, déjà, nous constaterions fort probablement un peu moins d'avis divergeant à propos de certaines perceptions, non? Tout comme 2 sceptiques connaissant un biais x auront un avis nécessairement différent (et donc commun) de celui d'un zozo qui se laisse illusionner.
Dave a écrit :c'est lorsque l'on suppose que la croyance en la possibilité de l'existence de ces êtres (d'une conscience étrangère à la nôtre) pratiquement inimaginable reviendrait à la même chose que la croyance en un Dieu suprême...
Je ne peux pas ne pas être d'accord avec ce que tu dis ensuite, je partage donc le reste. ;)

En fait, j'ai évoqué un parallèle avec « l'irréfutabilité de Dieu » pour deux raisons, dont l'une pour laquelle je n'ai pas encore développé...

...Sur ce forum, j'ai souvent vu des sceptiques (dont moi-même) dire à des zozos : « si Dieu existe, il est cruel et stupide... », etc. (pas besoin de développer, tu t'imagines bien pourquoi, je pense). Sauf que si l'on prétend que des êtres au moins aussi intelligents que nous pourraient avoir une logique ou une raison qui serait tellement éloignée de la nôtre qu'ils ne pourraient même pas saisir le sens de notre (ou d'une autre) « logique de base », il devient donc fallacieux (ou du moins, incohérent) d'utiliser comme argument « la stupidité et la cruauté de Dieu » pour dire aux zozos que le « mystère de ses motivations » est déjà suffisant pour nous faire douter de son existence. :? Si Dieu existe, étant par définition au dessus de toute forme d'intelligence matérielle, il serait donc fort possible que ce soit nous qui ne pouvons pas comprendre « l'extrême logique » de ses « obscures motivations », non? Bref, je ne dis pas cela dans le but de donner du fuel à l’hypothèse de Dieu, mais uniquement parce que j'ai beaucoup de mal avec les raisonnements qui me paraissent incohérents ou à « géométrie variable ».
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BeetleJuice
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#87

Message par BeetleJuice » 30 déc. 2013, 17:15

Bon, ba j'ai perdu le fil de la discussion.
Quelqu'un pour me faire un résumé ? :mrgreen:
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#88

Message par Raphaël » 30 déc. 2013, 17:58

C'est quoi finalement le litige ?

Est-ce que quelqu'un est encore en désaccord avec quelqu'un d'autre sur quelque chose ?

Dave
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#89

Message par Dave » 01 janv. 2014, 07:35

Salut Dash!


J'avoue d'emblée que j'ai l'impression de m'y perdre un peu. Mes exemples d'extra-terrestres sont un peu extrêmes, j'en conviens, mais c'est aussi pour réagir à ton idée d'une « universalité » de la beauté. Je vais tenter de poursuivre malgré tout un certain développement.

Tu dis :
Dans un ordre d'idée semblable, imaginons un groupe d'humains (ou « autre ») dont les membres auraient des cerveaux (plus efficients) qui ne produiraient plus aucun biais cognitif. Nécessairement, déjà, nous constaterions fort probablement un peu moins d'avis divergeant à propos de certaines perceptions, non?
Oui, ça me semble tout à fait logique. Cependant, même s'il me semble très difficile d'imaginer d'autres biais cognitifs que ceux déjà connus (ou une combinaison de ceux-ci), il me semble tout aussi difficile d'imaginer que tous les biais cognitifs possibles sont déjà trouvés. (Par exemple, il me semble que Kant croyait à tort que la « logique » était une discipline « achevée » depuis Aristote.) Comme tu le mentionnes avec raison, je crois, il y a une certaine convergence d'avis (divergents au préalable) en rapport avec des sujets moins pointus, au sein de l'élite intellectuelle en lien avec ces avis. Par contre, si l'intelligence moyenne de l'humain tend, à long terme, à avoir cette intelligence de l'élite intellectuelle d'un temps antérieur, ce n'est pas forcément le signe d'une convergence globale, car ce qui était auparavant des petits avis divergents sur des sujets pointus, complexes et sans grande importance, peut apparaitre de plus en plus divergent avec le temps. Mais, il est vrai que, au fil du temps, l'accumulation continue de connaissances objectives pourrait faire en sorte que le rapport entre les avis divergents et les avis convergents s'amenuise.

Aussi, l'exemple du cercle semble un bon exemple pour montrer l'idée d'une base technique commune (pour la beauté) à tout être intelligent de l'univers. Mais, qu'est-ce qui nous dit qu'une autre forme que le cercle (qui pourrait sembler plus complexe pour notre perception) ne pourrait pas représenter quelque chose d'encore plus fondamental pour des êtres (plus) intelligents ailleurs?


Ce que je comprends principalement de ton idée, c'est qu'il y a une raison objective et logique qui fait que la beauté existe, se manifeste dans notre expérience subjective. Je suis d'accord avec cette façon de penser. C'est sûr que les mathématiques (par exemple) étant très vastes ont peut surement toujours trouver (à un moment donné) des ressemblances (dans le cerveau, supposons) de manifestations physico-chimiques lors d'une expérience de beauté indépendamment de la personne qui la vit.
Il n'en demeure pas moins que leur cerveau utilise la logique.
Oui! Mais, il me semble qu'on peut trouver aussi une base technique (ou ordonnée) à ce qui est laid, arbitraire ou à (à peu près) toute forme de manifestation. Ça devient tellement général. Un peu comme la stimulation de nocicepteurs provoque une douleur, une induction chimique directe peut provoquer une « belle » expérience. Cependant, pourra-t-on, un jour, provoquer cette belle (et non ennuyeuse) expérience par l'élaboration d'une même musique pour tout être intelligent? La réponse me semble négative. En ce sens là, il n'y aurait pas de base objective commune à la beauté.

Personnellement, une pièce musicale que j'aime beaucoup peut devenir très ennuyeuse et même « plate » après un certain temps. Et l'inverse est aussi vrai. Par ailleurs, une musique d'extra-terrestres (belle pour eux) pourrait nous sembler complètement arbitraire (n'ayant pas intégré leurs concepts), non? Et, vu le caractère exponentiel des règles, des processus stochastiques et des possibilités mathématiques dans lequel quelques-unes exprimeraient leur base musicale, il serait très difficile de trouver cette base technique de leur beauté sans comprendre leur façon de vivre.


Je suis d'accord pour dire, comme toi, qu'il pourrait exister une base universelle de la beauté, comme si l'univers avait un sens en lui-même, mais cette idée me semble infalsifiable (ou invérifiable) et ce sens profond me semble difficile, voire impossible, à trouver.


En espérant ne pas compliquer inutilement le débat.

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Dash
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#90

Message par Dash » 09 janv. 2014, 05:54

Salut Dave,

Désolé pour le délai, mais les obligations familiales des fêtes et le retour au travail, etc. :grimace:
Dave a écrit :il me semble tout aussi difficile d'imaginer que tous les biais cognitifs possibles sont déjà trouvés...
En effet! Mais si nous acceptons, pour faire une expérience de pensée, que des êtres pouraient ne plus être affectés par aucun biais cognitif, que pourrait-il bien demeurer qu'ils leur feraient penser différemment à propos d'un même sujet? Ce que je veux dire, c'est que si l'on fait abstraction des biais, de la culture, des informations possédés et du passé des êtres (en fait, tout ce qui les différencie), ne leur reste-t-il pas qu'un seul et unique point commun qui est la capacité de leur cerveau à faire des associations et des déductions? Et à capacité cognitive égale (pour ne pas parler de QI), qu'est-ce qui pourrait bien leur faire obtenir des « avis » différents?

Paradoxalement, je vois même la science comme une preuve de ce que j'avance du fait que lorsque tous les biais sont écartés (pour un sujet précis), tous en arrivent invariablement aux mêmes conclusions*. Là, certains me répondront que c'est parce que tous les humains possède le même type de cerveau, et je veux bien, mais puisque nous validons nos interprétations par l'observation de faits concrets, comment une autre forme d'intelligence dans l'univers pourrait réussir à évoluer au point de manipuler son environnement (au moins au même point que nous le faisons), sans interpréter de façon similaire certaines « lois » de l'univers, puisque pour valider leur interprétation, ils observeront les mêmes lois que nous observons (grosso modo)?

:hausse:

* Je parle des lois (interprétations) simples et évidentes (validé concrètement ) que personne ne remet en cause lorsque tous ont accès aux mêmes informations et données.

Demeurons dans le très simple : aucune forme d'intelligence évolué dans l'univers (et ce, peu importe la structure « exotique » de leurs cerveaux), arrivera à la conclusion qu'il vaut mieux utiliser une forme de carré ou de triangle (au lieu d'un cercle) pour faire rouler un objet simple sur le sol :? ...ce qui nous permet donc de conclure que « l'Intelligence » a comme particularité d'être justement « intelligente » (dans le sens de pouvoir produire des déductions « sensées ») et qu'il y a donc un certain « sens de base » (ou « logique » commune), qu'on ne peut « extraire » de l'intelligence (ou de la « logique »), car sinon, cela n'en serait plus (et que sans cette « essence », ou cette « capacité »), aucune forme de vie ne pourra évoluer au point de pouvoir manipuler son environnement. Je ne vois pas ceci comme quelque chose qui serait insufflé (par un dieu, etc.), mais plutôt comme une espèce de fatalité qui jaillit (émerge) forcément de toute forme de vie à partir d'un certain niveau de complexité (du cerveau).
Dave a écrit :Aussi, l'exemple du cercle semble un bon exemple pour montrer l'idée d'une base technique commune (pour la beauté) à tout être intelligent de l'univers. Mais, qu'est-ce qui nous dit qu'une autre forme que le cercle (qui pourrait sembler plus complexe pour notre perception) ne pourrait pas représenter quelque chose d'encore plus fondamental pour des êtres (plus) intelligents ailleurs?
Je suis d'accord. En fait, j'ai dérapé dans un autre sujet que l'art ou que ce qui concerne les goûts subjectifs (qui sont produit parce que j'appelle la « couche psychologique » des êtres). Ce que je dis, c'est qu'une forme d'intelligence qui en surpasse une autre doit nécessairement être en mesure de comprendre une forme inférieure et que, pour ce faire, c'est qu'il y a nécessairement quelque chose de commun à toute forme d'intelligence. Mais, finalement, je pense que je défonce des portes déjà ouvertes. Je dis juste que puisqu'il y a, à la base, des capacités de déductions communes à toute forme d'intelligence, ben ces dernières sont, à la base, tous orientées vers la même direction (bien avant que les biais n'entrent en jeu).

Par exemple (je reste dans le simplissime), j'imagine que toute forme d'intelligence qui fabriquera des outils et objets aura pour objectif que ces derniers soient le plus solide et durable possible, etc. Et donc que ce genre de qualité recherché naturellement affecte donc nécessairement les choix (et donc les « goûts »), etc. C'est pourquoi je me représente cela comme une espèce de « subjectivité de base commune et universelle » dont toute forme d'intelligence (au moins aussi évoluée ou +) que nous devrait nécessairement partager (avant même leurs biais respectifs, qui s'ajoutent par la suite). Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire? C'est sûr qu'à partir d'un certain point, tout devient subjectif et arbitraire, mais il y a forcement des aspects de base qui seront communs à toute forme d'intelligence (efficience, efficacité, etc.).
Dave a écrit :Ce que je comprends principalement de ton idée, c'est qu'il y a une raison objective et logique qui fait que la beauté existe, se manifeste dans notre expérience subjective. Je suis d'accord avec cette façon de penser.
Oui, exactement, je pense que tu as cerné ce que je tente de partager.
Dave a écrit :Cependant, pourra-t-on, un jour, provoquer cette belle (et non ennuyeuse) expérience par l'élaboration d'une même musique pour tout être intelligent? La réponse me semble négative. En ce sens là, il n'y aurait pas de base objective commune à la beauté.
Je suis naturellement d'accord, parce qu'à ce niveau, les biais et la singularité de tous les individus interfèrent nécessairement. De toute façon, je suis d'accord que, dans l'absolu, toute perception est subjective, si ce n'est que parce que sans cerveau, il n'y a pas de perception. Donc toute perception est relative à la structure et aux capacités du cerveau qui produit une conscience ayant la capacité de percevoir des trucs. En ce sens, je partage l'avis de BJ. Je maintiens juste que, de tous les cerveaux possibles, tous ceux qui pourront produire des intelligences au moins aussi évoluées que la nôtre (ou +) partageront nécessairement certaines interprétations (déduction) de bases et donc communes.
Dave a écrit :En espérant ne pas compliquer inutilement le débat.
C'est pas grave, ceux que ça saoule ne participent pas de toute façon. Et je crois qu'on arrive à la fin parce que j'ai le sentiment que tu comprends ce que je tente d'exprimer. C'est un plaisir d'échanger avec toi Dave. ;)
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Dave
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Re: Le coeur est-il plus fort que la raison ?

#91

Message par Dave » 14 janv. 2014, 19:09

Salut Dash!


Désolé du délai à mon tour. Tu dis :
Qu'est-ce qui pourrait bien leur faire obtenir des « avis » différents?
Intéressant comme expérience de pensée. Supposons que ces êtres sont très intelligents ou très objectifs. Ont-ils encore une conscience (une subjectivité)? Supposons que « oui ». Forcément, ils n'auraient pas le même vécu. Cette petite différence pourrait faire en sorte qu'il serait possible qu'ils aient des avis différents avec un temps de réflexion assez cours. Mais, j'ai tendance à penser effectivement que plus ce temps de réflexion dure longtemps, moins les chances d'un avis différent sont nombreuses. Il reste tout de même une subjectivité (et un effet « papillon ») dans le sens que ce qui doit être évalué et réfléchi en premier puisse être arbitraire et donc différent lorsqu'il y a un manque d'information ou lorsque la question est très complexe.

Par expérience, il y a toujours un manque d'information (une incomplétude?) pour répondre à certaines questions pourtant très objectives. D'ailleurs, ce serait dans le manque d'information que la conscience (humaine) excelle et dépasse encore souvent les capacités d'intelligence artificielle pour traiter adéquatement l'information partielle. Personnellement, je ne connais aucun ordinateur d'échecs qui battrait un relativement bon joueur en utilisant la même capacité de mémorisation du joueur. Au contraire, le programme bat l'humain en particulier grâce à la mémoire de millions de positions différentes qu'il évalue systématiquement. Bon, je m'éloigne un peu du sujet. Aussi, s'ils ont le même vécu également, c'est qu'ils sont la même personne, non? Par exemple, le système de déduction est-il le même pour tout langage formel? J'avoue qu'il y a (pour la déduction, par exemple) surement une inévitable similitude importante et non négligeable, comme tu le mentionnes avec raison.
Je ne vois pas ceci comme quelque chose qui serait insufflé (par un dieu, etc.), mais plutôt comme une espèce de fatalité qui jaillit (émerge) forcément de toute forme de vie à partir d'un certain niveau de complexité (du cerveau).
Oui, je suis d'accord! Pour rester dans la simplicité et appuyer tes propos, si nous pouvons percevoir une intelligence comparable ou supérieure (dans certains aspects) à la nôtre, c'est que, forcément, nous pouvons comparer partiellement cette intelligence avec des critères objectifs préétablis (par nous). Cette intelligence consciente n'est donc jamais totalement étrangère à la nôtre. On reconnait une intelligence étrangère par le fait de pouvoir la concevoir et donc par le fait d'avoir un point commun (comme tu l'expliques) avec cette intelligence, d'où la possibilité de comparaison. On ne peut observer une intelligence sans pouvoir la concevoir quelque part. Au pire, le phénomène que l'on observera sera probabiliste ou incompréhensible pour nous qui ne serons pas en mesure de savoir s’il y a une forme évoluée d'intelligence ou non.

En ce sens, je crois comprendre ce que tu exprimes, et ça a bien du bon sens, je trouve. Donc, si je comprends bien, l'intelligence, même si elle contient une subjectivité irréductible, qui nous échappe et qui est donc incomparable (pas de plus ou de moins évoluée, pas de plus ou de moins performante), elle possède néanmoins une objectivité (peut-être une sorte de conservation structurelle ou d'un équilibre homéostatique dynamique, je ne sais pas) qui fait que le principe qui permet l'émergence de l'intelligence est le même dans le même univers.

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