Conte de Lao Tseu

Littérature, Cinéma, Musique, ...
Répondre
Photon
Messages : 550
Inscription : 20 févr. 2014, 15:41

Conte de Lao Tseu

#1

Message par Photon » 29 mars 2014, 20:46

Je ne sais plus sur quel post quelqu'un avait parlé de Lao Tseu. Certains de ses écrits peuvent sembler très obscures, mais heureusement pas tous.
Donc un petit partage d'une partie de ma philosophie de vie.

Un pauvre chinois suscitait la jalousie des plus riches du pays parce qu’il possédait un cheval blanc extraordinaire. Chaque fois qu’on lui proposait une fortune pour l’animal, le vieillard répondait :

- « Ce cheval est beaucoup plus qu’un animal pour moi, c’est un ami, je ne peux pas le vendre. »

Un jour, le cheval disparut. Les voisins rassemblés devant l’étable vide donnèrent leur opinion :

- « Pauvre idiot, il était prévisible qu’on te volerait cette bête. Pourquoi ne l’as-tu pas vendue ? Quel Malheur ! »

Le paysan se montra plus circonspect :

- « N’exagérons rien dit-il. Disons que le cheval ne se trouve plus dans l’étable. C’est un fait. Tout le reste n’est qu’une appréciation de votre part. Comment savoir si c’est un bonheur ou un malheur ? Nous ne connaissons qu’un fragment de l’histoire. Qui sait ce qu’il adviendra ? »

Les gens se moquèrent du vieil homme. Ils le considéraient depuis longtemps comme un simple d’esprit. Quinze jours plus tard, le cheval blanc revint. Il n’avait pas été volé, il s’était tout simplement mis au vert et ramenait une douzaine de chevaux sauvages de son escapade. Les villageois s’attroupèrent de nouveau :

- « Tu avais raison, ce n’était pas un malheur mais une bénédiction. »

- « Je n’irais pas jusque là, fit le paysan. Contentons-nous de dire que le cheval blanc est revenu. Comment savoir si c’est une chance ou une malchance ? Ce n’est qu’un épisode. Peut-on connaître le contenu d’un livre en ne lisant qu’une phrase ? »

Les villageois se dispersèrent, convaincus que le vieil homme déraisonnait. Recevoir douze beaux chevaux était indubitablement un cadeau du ciel, qui pouvait le nier ?

Le fils du paysan entreprit le dressage des chevaux sauvages. L’un d’eux le jeta à terre et le piétina. Les villageois vinrent une fois de plus donner leur avis :

- »Pauvre ami ! Tu avais raison, ces chevaux sauvages ne t’ont pas porté chance. Voici que ton fils unique est estropié. Qui donc t’aidera dans tes vieux jours ? Tu es vraiment à plaindre. »

- « Voyons, rétorqua le paysan, n’allez pas si vite. Mon fils a perdu l’usage de ses jambes, c’est tout. Qui dira ce que cela nous aura apporté ? La vie se présente par petits bouts, nul ne peut prédire l’avenir. »

Quelque temps plus tard, la guerre éclata et tous les jeunes gens du village furent enrôlés dans l’armée, sauf l’invalide.

- « Vieil homme, se lamentèrent les villageois, tu as de la chance, tu avais raison, ton fils ne peut plus marcher, mais il reste auprès de toi tandis que nos fils vont se faire tuer. »

« Je vous en prie, » répondit le paysan, « ne jugez pas hâtivement. Vos jeunes sont enrôlés dans l’armée, le mien reste à la maison, c’est tout ce que nous puissions dire. Dieu seul sait si c’est un bien ou un mal. »



Sagesse de Lao Tseu


Cette histoire très connue à le mérite de relativiser en permanence un fait ou un évènement en fonction du contexte qui l’entoure…
Nous avons tous un cheval blanc mais veut-il nous conduire quelque part où simplement nous apprendre à voyager ?
Nous ne voyons qu'un tout petit bout de notre réalité. Qui sait à quoi peuvent être utiles les expériences que nous vivons !

Avatar de l’utilisateur
Denis
Modérateur
Modérateur
Messages : 19184
Inscription : 03 sept. 2003, 23:22

Un conte semblable

#2

Message par Denis » 30 mars 2014, 00:21


Salut Photon,

Merci pour ton joli conte. Il m'a rappelé ce vieux gag :

Un type saute en parachute.
Malheureusement, son parachute ne s'ouvre pas.
Heureusement, au sol, il y a un gros tas de foin.
Malheureusement, dans ce tas de foin, il y a une fourche, pointes en l'air.
Heureusement, le tombeur manque la fourche.
Malheureusement, il manque aussi le tas de foin.

Ça ressemble beaucoup à ton conte.

:) Denis
Les meilleures sorties de route sont celles qui font le moins de tonneaux.

Avatar de l’utilisateur
PhD Smith
Messages : 5024
Inscription : 04 août 2011, 23:23

Re: Conte de Lao Tseu

#3

Message par PhD Smith » 30 mars 2014, 01:16

Permettez à ma misérable personne d'intervenir :china:

Le conte de Photon ne se trouve pas dans l'exemplaire du Lao-Tseu que je possède. :china:
Le texte du Tao-Teu-king se compose de poèmes que le gardien chinois Yin Xi a mélangé en les jetant par terre. Depuis, on ne sait plus dans quel ordre le texte initial était :china:
Voici le texte N°76:
:china: a écrit :En naissant, les hommes sont tendres et faibles
la mort les rend durs et raides.
En naissant, les herbes et les arbres
sont tendres et délicats,
la mort les rend secs et maigres.
Ce qui est dur et raide accompagne la mort.
Ce qui est tendre et faible accompagne la vie.

Forte armée s'anéantira.
Grand arbre se brisera.
Ainsi la dureté et la raideur sont inférieures.
La tendresse et la faiblesse sont supérieures.
Le texte de Photon vient du gourou indien Rajneesh qui aux States roulait devant ses disciples en Rolls :china: :china: .
Imagepraedicator veridicus, inquisitor intrepidus, doctor egregiusImage

Mireille

Re: Conte de Lao Tseu

#4

Message par Mireille » 30 mars 2014, 01:49

Denis a écrit :Salut Photon,

Merci pour ton joli conte. Il m'a rappelé ce vieux gag :
Bonsoir Denis,

Ton conte n'est pas aussi jolie que celui de Photon, mais il a l'avantage de ne pas bercer l'esprit sur une mer d'illusions.
Photon a écrit :« Je vous en prie, » répondit le paysan, « ne jugez pas hâtivement. Vos jeunes sont enrôlés dans l’armée, le mien reste à la maison, c’est tout ce que nous puissions dire. Dieu seul sait si c’est un bien ou un mal. »
En fait, c'est bien plus son fils qui aurait pu dire si c'était un bien ou un mal qu'il se soit fait amputé de ses jambes pour ne pas aller à la guerre pendant quelques années plutôt que d'y avoir été, de peut-être y survivre et de garder ses belles jambes toute sa vie, bien plus que Dieu.

Je me représente la soumission a un Dieu comme l'église des éclopés, un refuge pour ceux et celles qui ne peuvent pas marcher seul.

Photon
Messages : 550
Inscription : 20 févr. 2014, 15:41

Re: Un conte semblable

#5

Message par Photon » 30 mars 2014, 10:14

Denis a écrit :Salut Photon,

Merci pour ton joli conte. Il m'a rappelé ce vieux gag :

Un type saute en parachute.
Malheureusement, son parachute ne s'ouvre pas.
Heureusement, au sol, il y a un gros tas de foin.
Malheureusement, dans ce tas de foin, il y a une fourche, pointes en l'air.
Heureusement, le tombeur manque la fourche.
Malheureusement, il manque aussi le tas de foin.

Ça ressemble beaucoup à ton conte.

:) Denis
En effet cela y ressemble beaucoup sauf que l'effet chez moi n'est pas le même, le tien m'a beaucoup fait rire. La variante de Lao Tseu m'a fait réfléchir.
Les deux ne sont pas mal dans leur genre.

Je ne manquerai pas de conter la tienne demain :mrgreen:

Photon
Messages : 550
Inscription : 20 févr. 2014, 15:41

Re: Conte de Lao Tseu

#6

Message par Photon » 30 mars 2014, 10:23

PhD Smith a écrit :Permettez à ma misérable personne d'intervenir :china:
Et qu'est qui vous rends donc si misérable? :mrgreen:
PhD Smith a écrit :Le conte de Photon ne se trouve pas dans l'exemplaire du Lao-Tseu que je possède. :china:
Le texte du Tao-Teu-king se compose de poèmes que le gardien chinois Yin Xi a mélangé en les jetant par terre. Depuis, on ne sait plus dans quel ordre le texte initial était :china:
Voici le texte N°76:
:china: a écrit :En naissant, les hommes sont tendres et faibles
la mort les rend durs et raides.
En naissant, les herbes et les arbres
sont tendres et délicats,
la mort les rend secs et maigres.
Ce qui est dur et raide accompagne la mort.
Ce qui est tendre et faible accompagne la vie.

Forte armée s'anéantira.
Grand arbre se brisera.
Ainsi la dureté et la raideur sont inférieures.
La tendresse et la faiblesse sont supérieures.
Puis je dire que je trouve cette version grossière? :mrgreen: (c'est totalement subjectif bien sûr).
La traduction du chinois n'est pas toujours évidente et il existe plusieurs versions, il faudrait que je prenne le temps de chercher un exemplaire en chinois et de l'emmener à qui de droit pour en avoir sa version.
D'ailleurs si quelqu'un l'a, je prendrai volontiers :a2:

"Quand l'homme vient au monde, il est souple et faible ;
quand il meurt, il est raide et fort.

Quand les arbres et les plantes naissent, ils sont souples et tendres ;
quand ils meurent, ils sont secs et arides.

La raideur et la force sont les compagnes de la mort ;
la souplesse et la faiblesse sont les compagnes de la vie.

C'est pourquoi, lorsqu'une armée est forte, elle n'emporte pas la victoire.
Lorsqu'un arbre est devenu fort, on l'abat.

Ce qui est fort et grand occupe le rang inférieur ;
ce qui est souple et faible occupe le rang supérieur"

PhD Smith a écrit :Le texte de Photon vient du gourou indien Rajneesh qui aux States roulait devant ses disciples en Rolls :china: :china: .
Il faudrait que j'en fasse la recherche, mais il semble que ce gourou ne fait que reprendre une histoire racontée par Lao Tseu.

Photon
Messages : 550
Inscription : 20 févr. 2014, 15:41

Re: Conte de Lao Tseu

#7

Message par Photon » 30 mars 2014, 10:29

Mireille a écrit : Bonsoir Denis,
Ton conte n'est pas aussi jolie que celui de Photon, mais il a l'avantage de ne pas bercer l'esprit sur une mer d'illusions.
Je serai curieuse Mireille de savoir quelles sont les illusions que peuvent te donner ce texte. Nous interprétons souvent de manière différente selon les personnes.
Mireille a écrit :
Photon a écrit :« Je vous en prie, » répondit le paysan, « ne jugez pas hâtivement. Vos jeunes sont enrôlés dans l’armée, le mien reste à la maison, c’est tout ce que nous puissions dire. Dieu seul sait si c’est un bien ou un mal. »
En fait, c'est bien plus son fils qui aurait pu dire si c'était un bien ou un mal qu'il se soit fait amputé de ses jambes pour ne pas aller à la guerre pendant quelques années plutôt que d'y avoir été, de peut-être y survivre et de garder ses belles jambes toute sa vie, bien plus que Dieu.

Je me représente la soumission a un Dieu comme l'église des éclopés, un refuge pour ceux et celles qui ne peuvent pas marcher seul.
Il faut reprendre les choses dans leur contexte je pense, la relation à "Dieu" est différente selon les cultures. Tu donnes un avis occidental, pourtant il faut prendre celui oriental du texte.

Florence
Messages : 11484
Inscription : 03 sept. 2003, 08:48

Re: Conte de Lao Tseu

#8

Message par Florence » 30 mars 2014, 10:51

Photon a écrit :
Il faudrait que j'en fasse la recherche, mais il semble que ce gourou ne fait que reprendre une histoire racontée par Lao Tseu.
"Attribuée à" Lao Tseu, ou à Confucius, ou à tel ou tel maître Taoïste, bouddhiste, hindouiste, etc. selon l'obédience et les intérêts de qui la raconte.

Il s'agit d'un style de contes moralisateurs très répandus dans le monde entier sous une forme ou une autre et qui généralement prédatent leur formalisation par l'écrit.
"As democracy is perfected, the office of President represents, more and more closely, the inner soul of the people. On some great and glorious day, the plain folks of the land will reach their heart's desire at last and the White House will be adorned by a downright moron." - H. L. Mencken

Photon
Messages : 550
Inscription : 20 févr. 2014, 15:41

Re: Conte de Lao Tseu

#9

Message par Photon » 30 mars 2014, 10:58

Je pense que nous sommes à une époque où l'obédience est tellement diverse que chacun peut le voir comme il le veut et ce même sans cet attribut.

D'ailleurs pourquoi ne pas en donner plusieurs significations selon les interprétations?
Des volontaires?

Mireille

Re: Conte de Lao Tseu

#10

Message par Mireille » 30 mars 2014, 17:39

Bonjour Photon,
Photon a écrit :Mireille a écrit:
Bonsoir Denis,
Ton conte n'est pas aussi jolie que celui de Photon, mais il a l'avantage de ne pas bercer l'esprit sur une mer d'illusions.

Je serai curieuse Mireille de savoir quelles sont les illusions que peuvent te donner ce texte. Nous interprétons souvent de manière différente selon les personnes.
C'est une forme d'assujettissement à un destin qui encourage la croyance qu'un autre que soi , ici Dieu, décide de ce qui s'y passera ou non. Je n'aime pas ces contes qui donne l'impression que d'accepter notre vie telle quelle se présente est pour le mieux, à mon avis, c'est enlevé un des attributs de l'esprit les plus précieux que nous avons, notre volonté à changer notre vie. Il faut dire que je suis foncièrement rebelle à toute forme d'autorité si elle n'est pas parfaitement justifiée.

Photon
Messages : 550
Inscription : 20 févr. 2014, 15:41

Re: Conte de Lao Tseu

#11

Message par Photon » 30 mars 2014, 17:46

Mireille a écrit : C'est une forme d'assujettissement à un destin qui encourage la croyance qu'un autre que soi , ici Dieu, décide de ce qui s'y passera ou non. Je n'aime pas ces contes qui donne l'impression que d'accepter notre vie telle quelle se présente est pour le mieux, à mon avis, c'est enlevé un des attributs de l'esprit les plus précieux que nous avons, notre volonté à changer notre vie. Il faut dire que je suis foncièrement rebelle à toute forme d'autorité si elle n'est pas parfaitement justifiée.
Ton discours est très interessant Mireille, pourrais tu donner ton interprétation du texte exactement?

Merci d'avance :D

Mireille

Re: Conte de Lao Tseu

#12

Message par Mireille » 30 mars 2014, 18:03

La conclusion de ce conte ne te suffit pas Photon ?

"Dieu seul sait si c’est un bien ou un mal."

Photon
Messages : 550
Inscription : 20 févr. 2014, 15:41

Re: Conte de Lao Tseu

#13

Message par Photon » 30 mars 2014, 18:08

Mireille a écrit :La conclusion de ce conte ne te suffit pas Photon ?

"Dieu seul sait si c’est un bien ou un mal."
Absolument pas Mireille. Je ne me contente pas des conclusions des autres uniquement! Ce n'est pas parce que c'est écrit que je suis obligée d'y adhérer!

Mireille

Re: Conte de Lao Tseu

#14

Message par Mireille » 30 mars 2014, 18:13

Je répondais à ta demande d'interprétation Photon.

Photon
Messages : 550
Inscription : 20 févr. 2014, 15:41

Re: Conte de Lao Tseu

#15

Message par Photon » 30 mars 2014, 18:42

Donc on dira que tu l'interprêtes comme la morale!
tu es d'accord?

Avatar de l’utilisateur
Denis
Modérateur
Modérateur
Messages : 19184
Inscription : 03 sept. 2003, 23:22

La nuance est fine

#16

Message par Denis » 30 mars 2014, 19:44


Salut Photon,

À propos de nos deux contes, tu dis :
En effet cela y ressemble beaucoup sauf que l'effet chez moi n'est pas le même, le tien m'a beaucoup fait rire. La variante de Lao Tseu m'a fait réfléchir.
Entre "faire réfléchir" et "faire rire", la nuance est fine.

:) Denis
Les meilleures sorties de route sont celles qui font le moins de tonneaux.

Photon
Messages : 550
Inscription : 20 févr. 2014, 15:41

Re: Conte de Lao Tseu

#17

Message par Photon » 30 mars 2014, 19:52

Chez moi pas vraiment :mrgreen:

Lorsque je rie (honte à moi), pendant un moment je ne réfléchis pas, je rie et rien de plus, je sens mes muscles qui travaillent (parfois j'ai mal aux côtes et suis à la limite de l’étouffement), la bonne humeur irradie, la détente s'ensuit! Limite j'oublie ce qui vient de se passer!

Réfléchir ne donne pas exactement le même résultat :p

Avatar de l’utilisateur
May
Messages : 57
Inscription : 06 mars 2014, 18:21

Re: Un conte semblable

#18

Message par May » 08 mai 2014, 22:44

Un type saute en parachute.
Malheureusement, son parachute ne s'ouvre pas.
Heureusement, au sol, il y a un gros tas de foin.
Malheureusement, dans ce tas de foin, il y a une fourche, pointes en l'air.
Heureusement, le tombeur manque la fourche.
Malheureusement, il manque aussi le tas de foin.

Ça ressemble beaucoup à ton conte.

:) Denis
:lol: j'adore !

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit