spin-up a écrit :Selon cette page, Lorentz parle de mouvement absolu, qui n'existe pas comme je t'ai expliqué plus haut: pour définir un mouvement, il faut définir un référentiel. Il n'y a pas de point fixe absolu dans l'espace donc il n'y a pas de mouvement absolu pas plus qu'il n'y a de contractions de longueurs absolues.
En fait, il faut bien comprendre l'idée sous-jacente à la Relativité dite de Lorentz-Poincaré. Pour Lorentz et Poincaré il y avait un milieu de propagation des ondes lumineuses, et ce, bien que Poincaré ait évoqué le principe de relativité dans l'un de ses articles daté de 1904.
Poincaré avait bien remarqué qu'aucune expérience de physique ne permettait de mettre en évidence ce milieu de propagation des ondes supposé. Toutefois, il n'a pas osé laisser franchement tomber cette hypothèse. L'inutilité de cette hypothèse a au contraire été fortement soulignée par Einstein. Einstein en a fait le point de départ de l'établissement des transformations de Lorentz (les transformations exprimant l'invariance des lois de la physique lors d'un changement de référentiel inertiel d'observation).
Dès lors, l'hypothèse d'existence d'un référentiel privilégié (autre que ceux liés à la courbure ou à la topologie de l'espace-temps en Relativité Générale tels que le référentiel comobile des espace-temps de Friedmann-Lemaître, le référentiel inertiel immobile de l'espace-temps statique hypertorique ou encore le référentiel de Lemaître de l'espace-temps de Schwarzschild) devenait une hypothèse mathématiquement superflue.
En fait, on peut dire quelque chose de plus fort : la mise en évidence d'un référentiel privilégié (du point de vue des lois de la physique et non vis à vis de la courbure ou de la topologie de l'espace-temps) n'est possible que s'il existe des phénomènes physiques violant l'invariance de Lorentz. En particulier, si on fait l'hypothèse que la réduction du paquet d'ondes lors d'une mesure quantique est un simple changement d'état
de la connaissance d'un observateur et non un phénomène physique objectif instantané et spatialement étendu (donc objectivement non local, notamment dans les situations de violation des inégalités de Bell), l'interprétation lorentzienne de la Relativité n'est pas nécessaire.
Le mainstream point de vue sur ce sujet est très bien exprimé par Asher Peres dont je donne la tonalité via une ou deux citations extraites de
Quantum Information and Relativity Theory Asher Peres, Daniel R. Terno
http://arxiv.org/abs/quant-ph/0212023
Asher Peres a écrit :Many physicists, perhaps a majority, have an intuitive realistic worldview and consider a quantum state as a physical entity. There is no experimental evidence whatsoever to support this naive belief. On the contrary, if this view is taken seriously, it may lead to bizarre consequences, called “quantum paradoxes.”
These so-called [quantum] paradoxes originate solely from an incorrect interpretation of quantum theory. It is only the misuse of quantum concepts, guided by a pseudo-realistic philosophy, that leads to paradoxical results.
In this review we shall adhere to the view that ρ is only a mathematical expression which encodes information about the potential results of our experimental interventions. “Measurements” is an unfortunate terminology, which gives the impression that there exists in the real world some unknown property that we are measuring.
L'interprétation lorentzienne de la Relativité est par contre nécessaire si l'on attribue au vecteur d'état le caractère de modèle physique objectif de l'objet considéré (c'est à dire un modèle qui représenterait l'objet lui-même indépendamment de toute référence à un observateur). Toutefois, l'interprétation réaliste de la fonction d'onde, ainsi que l'hypothèse d'un référentiel quantique privilégié (violant l'invariance de Lorentz au niveau interprétatif mais compatible, par contre avec l'interprétation lorentzienne de la Relativité) est très minoritaire parmi les physiciens. On trouve dans cette lignée les travaux (notamment mais pas seulement) de
[*]John Bell
[*]Nicolas Gisin
[*]Valerio Scarani
[*]Antony Valentini
cf (par exemple) Signal-locality, uncertainty, and the subquantum H-theorem I Antony Valentini, International School for Advanced Studies, Strada Costiera 11, 34014 Trieste, Italy (Originally published in Physics Letters A 156, No.1-2, June 1991)
A noter qu'il existe une autre possibilité d'interprétation réaliste de la fonction d'onde permettant, cependant, de préserver l'invariance de Lorentz. Il s'agit de l'interprétation dite time-symmetric de la mécanique quantique. Le principe de causalité s'y interprète comme une émergence statistique. L'interprétation time-symmetric de la mécanique quantique conserve par contre
[*]l'interprétation réaliste de la fonction d'onde et de la réduction du paquet d'onde
[*]l'invariance de Lorentz
[*]la symétrie T au niveau fondamental (et donc l'absence de causalité à un niveau fondamental)
Ce 3ème point, essentiel, est contraire au main stream point de vue. Le main stream point de vue privilégie le non-réalisme et attribue un caractère fondamental (et non d'émergence statistique) à l'irréversibilité de la mesure quantique. Il atteint cet objectif philosophique en plaquant l'irréversibilité d'écoulement du temps à un niveau fondamental. Pourtant, il s'agit assez vraisemblablement d'une émergence statistique ? Comment définir une notion d'irréversibilité sans degrés de liberté échappant à l'observateur par intrication du système observé et de l'appareil de mesure avec son environnement (cf le phénomène de décohérence ainsi que Environment as a Witness: Selective Proliferation of Information and Emergence of Objectivity in a Quantum Universe, Harold Ollivier, David Poulin, Wojciech H. Zurek
http://arxiv.org/abs/quant-ph/0408125).
Il est vrai qu'attribuer un caractère relatif à l'observateur macroscopique (c'est à dire à ses limitations d'accès à l'information) au sens passé-futur d'écoulement du temps est profondément choquant vis à vis de nos préjugés d'observateur macroscopique. On peut comprendre le souhait de préserver coûte que coûte une interprétation positiviste moins déstabilisante en permettant, notamment, d'attribuer un caractère objectif à la causalité (hypothèse d'objectivité dont l'abandon n'est, à ce jour, pas encore nécessaire).
Cette interprétation time-symmetric a d'ailleurs permis de suggérer les expériences de mesures dites faibles qui sont maintenant expérimentalement confirmées, cf par exemple :
A time-symmetric formulation of quantum mechanics, Yakir Aharonov, Sandu Popescu, and Jeff Tollaksen
http://jamesowenweatherall.com/SCPPRG/A ... eSymQM.pdf
Aharonov a écrit :Quantum mechanics allows one to independently select both the initial and final states of a single system. Such pre- and postselection reveals novel effects that challenge our ideas about what time is and how it flows.
The Two-State Vector Formalism, Lev Vaidman (Submitted on 10 Jun 2007)
http://arxiv.org/abs/0706.1347
Psyricien a écrit :Les liens qu'il donne racontent vraiment n'importe quoi d'ailleurs.
Non, mais ça peut surprendre si on ne connaît pas du tout la Relativité de Lorentz-Poincaré. C'est une interprétation de la Relativité qui, en fait, se résume à envisager l'hypothèse d'existence d'un référentiel privilégié à ce jour inobservable. Dans cette interprétation là, la contraction de Lorentz et la dilatation temporelle de Lorentz ont la même interprétation que dans l'espace-temps statique hypertorique (espace-temps où les "deux" Relativités se confondent, même au niveau interprétatif cette fois).
Psyricien a écrit :La Relativité de Lorentz ? Kézako ?
C'est la Relativité dite aussi de Lorentz-Poincaré. Pas de différence physique ou mathématique avec la Relativité,
sauf au niveau purement interprétatif.
En fait, quand on s'intéresse à l'écoulement du temps en mécanique quantique, on trouve effectivement le besoin d'un référentiel privilégié (un feuilletage en feuillets 1D de type temps pour être plus précis). C'est une des raisons (mais pas la seule) qui ont stimulé la modélisation de la gravitation dans le cadre d'un éther. cf les travaux de Mayeul Arminjon, par exemple "Ether theory of gravitation: why and how?" Mayeul Arminjon
http://arxiv.org/abs/gr-qc/0401021.
On parvient toutefois à faire émerger un écoulement du temps privilégié (équivalent à un référentiel privilégié donc) sans avoir à abandonner la covariance relativiste. Ce résultat s'obtient à partir d'une notion d'état d'équilibre, et du flot temporel qui en découle via le théorème de Tomita Takesaki, dans le cadre des algèbres de Von Neumann. Il est intéressant de consulter à ce sujet les travaux de Carlo Rovelli, Alain Connes et Pierre Martinetti concernant l'hypothèse dite du temps thermique.
[*]Diamonds's Temperature: Unruh effect for bounded trajectories and thermal time hypothesis P. Martinetti, C. Rovelli
http://arxiv.org/abs/gr-qc/0212074
[*]Von Neumann Algebra Automorphisms and Time-Thermodynamics Relation in General Covariant Quantum Theories A. Connes, C. Rovelli
http://arxiv.org/abs/gr-qc/9406019
[*]"Forget time", Carlo Rovelli
http://arxiv.org/abs/0903.3832[/list]
Psyricien a écrit :Lorentz n'a jamais introduit le principe de relativité !!!
Lorentz non, mais Poincaré oui (dans un article daté de 2004).
Psyricien a écrit :Bref encore un qui se rêve chercheur ... mais raconte de belles énormités !!!
Non, mais sa page demande une lecture soignée surtout pour ceux qui n'ont jamais (même vaguement) entendu parler de la Relativité de Lorentz-Poincaré (et du caractère seulement interprétatif, à ce jour, de sa distinction avec la Relativité Restreinte).
Psyricien a écrit :Cette phrase par exemple :
Relativité de Lorentz et Relativité Restreinte donnent lieu aux mêmes prédictions dans le domaine de validité de la Relativité Restreinte
Est clairement fausse, car ce qu'il nomme "Relativité de Lorentz" est incompatible avec une myriade de faits

.
En fait, non. Il n'y a pas d'erreur dans cette affirmation. La Relativité de Lorentz est seulement
compatible avec d'éventuelles violations d'invariance de Lorentz. Elle offre donc un cadre leur permettant de s'y exprimer, mais
elle ne prédit pas l'existence de telles violations. La Relativité de Lorentz n'est donc pas, en tant que telle, incompatible avec la Relativité Restreinte. Elle autorise d'éventuels phénomènes physiques violant la Relativité mais ne prédit nullement de tels phénomènes.
Le groupe de symétrie de la Relativité de Lorentz est le groupe d'Aristote (un sous-groupe à 7 paramètres du groupe de Poincaré. Ce sous-groupe exprime l'invariance par translation spatio-temporelle et par rotation spatiale, donc la conservation de l'énergie, de l'impulsion et du moment cinétique). La Relativité de Lorentz s'exprime donc naturellement dans le cadre de l'espace-temps d'Aristote (plus connu sous le nom d'espace-temps de Newton E1 x E3).
Les "3" autres symétries, celles qui complètent le groupe des rotations par les boost Lorentziens (exprimant le principe de relativité du mouvement) pour en faire le groupe de Poincaré sont, en quelque sorte, "à la carte". Plus précisément, tous les phénomènes physiques observables à ce jour respectent l'invariance de Lorentz (du moins si on se refuse, comme le fait Asher Peres, à attribuer un caractère objectif à la réduction du paquet d'onde lors d'une mesure quantique).
En Relativité de Lorentz, l'invariance de Lorentz peut-être interprétée comme une propriété de symétrie respectée
par les phénomènes physiques eux-mêmes et non par un espace temps en quelque sorte préexistant (l'espace-temps de Minkowski) dans lequel les phénomènes physiques auraient l'obligation absolue de "s'ébattre".
La Relativité de Lorentz se contente (plus prudemment, mais donc moins "prédictivement") de modéliser cette symétrie exactement comme en Relativité Restreinte (par l'invariance des lois de la physique vis à vis des transformations de Lorentz). Toutefois, l'hypothèse d'absence d'observation de violation d'invariance de Lorentz par quelque phénomène physique que ce soit, à toutes les échelles d'observation possibles et imaginables, y compris celles qui ne sont pas atteignables à ce jour, n'est pas exigée.
En fait, la notion d'espace-temps perd sa pertinence à l'échelle de Planck. Du coup, il est quand même assez tentant (pour ne pas dire incontournable) d'interpréter l'invariance de Lorentz comme le modèle d'une émergence de nature thermodynamique statistique. Cela ne pose pas de problème en Relativité de Lorentz puisque que cette symétrie est considérée comme respectée par les phénomènes observables à notre échelle et non par un espace-temps préexistant (en fait, pour être correct, il faudrait quand même élargir ce point de vue
à toutes les symétries et pas seulement à l'invariance de Lorentz auquel cas, l'espace-temps d'Aristote devient lui aussi un espace-temps construit
sur les phénomènes physiques
et non un espace-temps préexistant hébergeant les phénomènes).
Psyricien a écrit :En fait, on y apprend que, selon lui, la vitesse de la lumière est "Indépendante du mouvement de la source et dépendante du mouvement de l'émetteur." ????????????? Mais la source de la lumière, c'est bien l'émetteur ... comment est-ce qu'on peut dépendre d'un truc si on en est indépendant ? Cette phrase n'est même pas auto-cohérente ... misère.
Remarque tout à fait justifiée par contre. Il faut corriger cette phrase ainsi : en Relativité de Lorentz, la vitesse de la lumière (sous-entendu vis à vis du référentiel inertiel privilégié supposé) est indépendante du mouvement de la source (un peu comme le son dans un milieu de propagation. Elle ne dépend pas de la vitesse du marteau qui va cogner sur une poutre ou de la vitesse du dauphin qui parle à ses collègues par émission d'ultrasons), mais (en interprétation lorentzienne de la Relativité) la vitesse de la lumière
par rapport à l'observateur dépend de la vitesse de l'observateur (sous-entendu
quand elle est mesurée avec les unités de distance, de temps et la simultanéité ayant cours dans le référentiel privilégié).
C'est vrai qu'une coquille comme celle là, l'auteur aurait quand même du faire l'effort de la corriger, et ce d'autant plus que la Relativité de Lorentz est peu connue (même dans les milieux scientifiques, j'ai pu le constater).
Psyricien a écrit :On peut lire ça aussi :
Compatible avec la RL car la composition des vitesses Lorentziennes est additive.
Bah non, on n'additionne pas des vitesses dans la réalité, ça ne marche que pour les toutes petites vitesses ... c'est incompatible avec les faits.
Attention, quand on procède à l'addition "Lorentzienne" des vitesses (en faisant intervenir des choses choquantes comme c+v ou c-v par exemple), il faut utiliser
les mesures de distance, de durée et la simultanéité du référentiel privilégié.
L'addition des vitesses évoquée, quand elle est exprimée dans les unités de mesure de distance, de durée et la simultanéité propres aux référentiels inertiels d'observation impliqués, se traduit bien par la composition relativiste bien connue des vitesses. Pour l'établir, il faut juste écrire quelques équations un peu pénibles à manipuler algébriquement mais il n'y a aucune difficulté particulière à établir l'équivalence mathématique. Si tel n'était pas le cas, la Relativité de Lorentz aurait des prédictions différentes de celles de la Relativité Restreinte et serait incompatible avec les faits d'observation.
Psyricien a écrit :Définition :
wiki a écrit :En physique classique, un référentiel est un système de coordonnées de l'espace de trois dimensions dont l'origine est un corps ponctuel réel ou imaginaire. Il permet à un observateur de quantifier les positions et déplacements. Souvent, on utilise un repère cartésien et on privilégie les référentiels inertiels.
Un référentiel n'est rien d'autre qu'un système de coordonnées pour repérer la position des objets dans l'espace temps.
En fait, cette définition est très incorrecte.
[*]un système de coordonnées repère
des évènements
[*]un référentiel repère
un état de mouvement.
Mathématiquement, une bonne définition de la notion de référentiel (par opposition à son assimilation très incorrecte à la notion de système de coordonnées) est celle de feuilletage en feuillets 1D (pas obligatoirement de type temps d'ailleurs. Sous la sphère de Schwarzschild, les feuilles 1D formant le référentiel de Schwarzschild sont de type espace).
Psyricien a écrit :Un référentiel inertiel est un référentiel dans lequel tout corps en mouvement rectiligne uniforme tend à conserver ce mouvement si aucune force ne lui est appliquée.
Ça par contre, c'est juste.
Psyricien a écrit :Les TLs sont les transformations qui permettent d'effectuer la transformation des coordonnées d'un référentiel inertiel vers celles d'un autres référentiel inertiel.
Oui, mais pas seulement. Ce sont celles qui laissent invariantes les équations modélisant les lois fondamentales de la physique.
Psyricien a écrit :Pas étonnant que tu rames autant, si tu prends pour argent comptant les propos d'autres zozo de ton calibre

./quote] Jugement peut-être un peu rapide mais il est vrai que, dans l'ensemble, les personnes qui peuvent comprendre cette page sans faire un effort d'analyse approfondi sont des scientifiques de profession. Je ne suis pas convaincu que c'était le public initialement visé par son auteur (qui a peut-être sous-estimé la difficulté d'exposer ce type de réflexion sur une page ouverte à tous les publics et ce, en plus, sur une interprétation de la Relativité peu connue).
Psyricien a écrit :Merci, cette page m'aura bien fait rire. G>
C'est mieux que rien, mais je ne crois pas que vous rencontreriez de vraies difficultés pour la comprendre (ainsi que ses motivations en physique quantique) si vous souhaitiez baser vos conclusions sur une analyse détaillée de ce document (et les compléments apportés dans ce post)