"Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs"
C'est difficile de l'admettre, pourtant ça me saute aux yeux en relisant tout ça à froid : mais oui, "on récolte ce qu'on sème", et malgré ma sincère bonne volonté de départ j'avoue que sur la durée j'ai personnellement eu beaucoup de mal à accepter la "scepti(cé)cité" telle quelle, sans être ouvertement critique de ce qui m'apparait comme un manque évident de nuance, de subtilité ; critique de cette recherche perpétuelle d'une polarisation excessive des points de vue "en 0 ou 1" alors que la vie, l'art, la beauté, les émotions, c'est analogique, continu, réel ! D'ailleurs, toute la magie du langage est là : car par définition, entre tous deux réels a et b -- e.g. 0 et 1 -- il existe une infinité (!) de réels c tels que a < c < b -- e.g. 1/2, 1/3, etc. Faire le choix explicite d'en rejeter l'utilisation dans le dialogue me laisse curieux et perplexe, car l'approximation binaire «ou ça existe et c'est démontré, ou ça n'existe pas» n'a pour moi de sens que dans un absolu abstrait, déconnecté de la réalité présente, idéalement dans un futur hypothétique où on aurait "laissé tourner" la méthode scientifique pendant des "centaines" d'années jusqu'à atteindre la "convergence de l'algorithme" de manière sinon mesurable idéalement, disons au moins indubitablement consensuelle, ce qui n'est clairement pas aujourd'hui le cas : non, certainement pas, pas un siècle à peine après le dernier "saut" majeur de nos connaissances dites "modernes", très riche, avec l'émergence principalement de la théorie de l'évolution, de la relativité et de la mécanique quantique, qui ont bouleversé la pensée scientifique héritée du XIXème siècle ; "saut" dont une grande majorité de nos concitoyens, d'où qu'on soit, n'a encore au mieux qu'une conscience vague, approximative voire, au pire, une ignorance complète pour encore considèrer le monde comme un ensemble de "briques" dont chacune est comme un "système solaire" en miniature ainsi que l'enseignaient les manuels scolaires jusqu'à (au moins) la fin du XXème siècle*.
D'où le "retour de bâton", très logique finalement, qui vient d'avoir lieu alors que je cherchais justement à l'éviter en préférant maintenir la cordialité de l'échange --mais c'est tout ou en grande partie de ma faute je l'admets volontiers !-- et avec lequel je suis en train de composer ce changement de cap. Je prends ainsi acte des retours négatifs à mon sujet spécifiquement et non en rapport avec la discussion d'origine. D'une part pour tenter de satisfaire le besoin d'exprimer et faire comprendre "dans les coins" mon point de vue, loin des faciles stéréotypes "de groupe", loin des luttes rhétoriques stériles et sans fin. D'autre part, pour arriver à retrouver le sens de mon intuition initiale qu'il faut savoir laisser chacun libre de son point de vue, l'intuition que c'est vain, pour ne pas dire stupide, de faire autre chose que composer avec qui est l'autre dans sa spécifité, dans son entièreté, dès lors qu'il consent à faire de même avec soi. Par curiosité. Pour l'échange. Parce que l'humain est décidément une drôle de bestiole dont il est juste impossible de réduire la population à deux catégories uniquement.
D'où aussi le titre de la présente "performance", dont je laisse "l'audience" complètement libre de sa réaction car tout cela aura eu lieu longtemps avant qu'ils y assistent : je suis loin de me reconnaître dans la croyance traditionnelle "aveugle" qui fait inévitablement imploser toute possibilité de débat rationnel ; pour autant je suis d'avis que l'histoire des sciences depuis la Grèce antique montre qu'il est important de conserver (au moins) un état intermédiaire entre "c'est vrai" et "c'est faux", plutôt que de rejeter intégralement toute hypothèse actuellement "non consensuelle" au sein de la communauté scientifique. Et en même temps, je trouve ça très sain de laisser s'exprimer intégralement tout doute, vis à vis de quoi que ce soit ! Seulement il faut accepter ensuite de "déraciner" ce doute, le cas échéant, en reconnaissant son affinité de nature avec la croyance, avec la subjectivité, et ce malgré la stricte scientificité de son objet : attitude qu'il me vient, au moment d'écrire ces mots, comme première tentative de définition d'un "post-scepticisme", un scepticisme "éclairé"**, à trois états au moins --vrai, faux, "ni vrai ni faux à l'heure actuelle"-- qui fait la part belle à l'échange entre "cultures" scientifique et "profane" (sacrée !), à l'enrichissement réciproque, non au clivage et à l'affrontement quasiment "clanique", "tribal".
Pour conclure il est vrai, et c'est là je pense un point de vue qui n'a pas souvent été exprimé sur ce forum, que la réaction "épidermique" du groupe "zézé", dont il est si désagréable de faire les frais, semble à ma grande surprise une action passive, de défense, provoquée, plutôt qu'active, revendicative : j'invite donc tout un chacun du "zozo" (resp. "zézé") le plus auto-proclamé au "non-zézé" (resp. "non-zozo") le moins étiquetable, à faire part de leur expérience personnelle sur ce sujet, que ce soit pour en attester, en toute honnêteté, ou bien preuves à l'appui contredire cela et ainsi "élargir le débat". Pour ma part, j'ai déjà lar-ge-ment explosé mon "quota" d'expression sur le sujet, je pense donc rester silencieux un long moment pour observer et prendre encore davantage de recul sur la question.
Cordialement.
PS : avant de laisser la parole à qui que ce soit, je ne résiste pas à un petit exemple indicatif rapide de "taxonomie" possible des futurs contributeurs à cette enfilade et d'ailleurs au reste du forum :
- zozo : croyant qui ne cherche pas le dialogue mais l'affrontement, dans le but de s'auto-glorifier en affirmant la supériorité stricte de ses propres opinions personnelles sur celles des autres
- non-zozo : croyant ouvert à l'échange avec les autres, soucieux de partager et de se cultiver sans pour autant être prêt à remettre en question ses références "culturelles" qu'il place indubitablement "au dessus", "à part" de celles des autres
- zaza : ni croyant ni sceptique, mi-croyant mi-sceptique, "vieux sage", "ancien", pour qui toute "sagesse populaire" est d'abord potentiellement un réservoir heuristique de bien-être, qu'il ne faut pas refuser de faire explorer à la méthode scientifique qui n'a à ce jour qu'à peine commencé à le vider
- non-zézé : sceptique curieux et ouvert aux "vérités intuitives" d'origine autre que la stricte méthode scientifique, incapable cependant de "s'extraire du système" des connaissances scientifiques modernes pour explorer par lui-même, de première main, ce qui n'y est ni n'y sera probablement jamais répertorié
- zézé : sceptique qui ne doute pas de ses opinions personnelles déjà bien tranchées mais qui, par dogmatisme** et/ou maladresse de ses interlocuteurs, refuse tout début de possibilité d'hypothèse de remise en question de ses propres valeurs
* : Apparemment, les choses vont heureusement dans le bon sens au moins de ce côté-là :

** : Je cite, un peu prématurément certes vu ce que j'en ai lu, mais juste pour marquer le début d'un nécessaire "état de l'art" sur le sujet qui va probablement être pour moi d'un redoutable intérêt : [quote="Dans «Le scepticisme des Lumières entre pyrrhonisme raisonnable et scepticisme radical», Sébastien Charles"]Le sceptique moderne n’est plus en quête de vérité comme pouvait encore l’être le zététique de l’Antiquité, son scepticisme n’est pas un acte de doute mais de refus, dogmatisme qui est contradictoire avec le scepticisme qu’il prétend professer.[/quote]