J'adore le foot, cette souffrance infligée aux glorieux tenants de la zététique en branches ou du théorème de Schoënlebe en pack de douze. Cette omniprésence médiatique de commentaires dupliqués vantant les héros qui ont gagné parce qu'ils étaient les meilleurs et pleurnichant sur les vaincus qui se sont bien battus, est franchement réjouissante. Les empoignades viriles (encore que la gente féminine ait son mot à dire désormais) qui s'ensuivent - s'agissant des productions des monstres sacrés - valent également leur pesant de cacahuètes (rangeons les bananes, c'est interdit).
J'adore le foot parce que c'est un brillant résumé de la vie. La futilité portée au pinacle, la vengeance du grand rien. Qu'un footballeur, par ailleurs souvent présenté comme un idiot par ceux qui n'ont pas non plus un QI surdimensionné, soit plus connu qu'un de nos grands hommes (insistons sur grands, bien qu'à y regarder ils soient souvent petits dans tous les sens du terme) est tout aussi réjouissant et n'a rien de bien choquant. C'est un des rares sports où tout le monde à sa chance. On peut y être physiquement quelconque, voire recalé et y briller (Platini). On n'a pas besoin d'avoir usé son fond de culotte sur les bancs de l'école pour y avoir son mot à dire (Ribéry). Et puis surtout on finit par tirer un maximum de gonzesses (dixit George Best, sacré George), alors qu'aux échecs les grands maîtres finissent avec des tendinites du poignet (le minuteur, sans doute).
La différence entre un joueur de foot et un homme politique, c'est que le premier dit n'importe quoi avec l'excuse de l'insu de son plein gré.
Patrice Evra, président! Pour plus de foot à la téloche!
