Salut Mireille,
J'ne suis pas certain d'aller dans la « direction » que tu voulais aller, mais puisque tu n'étais pas très claire, j'y vais selon ce qui me vient, naturellement...
Mireille a écrit :...d’où origine l’impression que des idées se sont formées à partir d’une source extérieure à notre propre monde pensant ?
Je pense que ça vient principalement des gens qui sont (ou ont été) impressionnés par les idées et les paroles de certains autres (comme par les prophètes des grandes religions, entre autres). Mais aussi à cause que certains auteurs~conférenciers~
preachers font exprès (pour certaines raisons) d'entretenir cette impression. Mais je vais revenir sur ce point un peu plus bas, avant, je veux aborder certaines idées qui, justement, s'imposent d'elles-mêmes dans ma tête à ce moment même...
Tu vas probablement aborder le fait (ou penser) que tu as déjà vu BdM parler de trucs qu'il ne connaissait pas du tout ou que d'autres, comme René Guénon (entre autres), ont apparemment accès à des « idées » qui leur viennent « d'ailleurs ». Je ne pense pas que de débattre de leurs cas personnels soit d'une grande utilité dans la mesure où ils ne peuvent rien prouver et démontrer puisqu'ils sont décédés.
Personnellement, je serais très curieux d'observer (ou de prendre connaissance d'une expérience scientifique où l'on constaterait) un homme capable de parler de quelque chose dont il ignore complètement. Mais, il faut faire attention, Mireille, avant de penser que quelqu'un a accès à des trucs qu'il ignore parce que, parfois, l'écart entre la capacité d'abstraction d'un individu et d'un autre peut très bien laisser croire au dernier que le premier réussit à parler de ce qu'il ignore et donc, fortement l'impressionner.
Je me suis moi-même cru différent et « spécial » quand j'étais plus jeune parce que j'avais une capacité d'abstraction beaucoup plus développée que les gens qui m'entouraient. Quelqu'un qui possède une métacognition développée et qui excelle pour faire de l'abstraction peut très bien, en effectuant des analogies au niveau des processus d'un domaine particulier et en les recoupant avec plusieurs autres (voir la systémique et la cybernétique, entre autres), arriver à anticiper et comprendre assez bien comment fonctionne des systèmes qu'il n'aura pourtant jamais étudiés. Si, en plus, il possède le talent pour choisir des mots qui remplaceront efficacement les termes techniques qu'il lui est impossible de connaitre, il pourra très bien discuter (jusqu'à une certaine mesure) avec des gens qui n'y verront que du feu (pas dans le sens qu'il dira des conneries, mais dans le sens qu'ils ne sauront pas qu'il vient juste de s’y mettre et d'y penser).
Pour me satisfaire, il faudrait que le sujet de l'expérience soit quelqu'un, disons, comme toi (qui ne possède manifestement pas une grande connaissance scientifique) et qui, du jour au lendemain, parce qu'elle prétendrait avoir soudainement accès à « quelque chose », se metterait soudainement à corriger les erreurs dans les formules que Psyriciens, ABC et Curieux partagent sur le forum (voir le sujet « réductionisme »), par exemple (ou simplement échanger avec eux à leur « niveau » de connaissances). Là, je serais assez impressionné! Au moins pour me poser des questions.
Mais encore, ce type d'expérience est difficile à réaliser, car comment s'assurer que le sujet ne connaissait pas du tout ce dont il parlera? J'ai moi-même déjà effectué à mes proches et amis un tour de magie très impressionnant qui m’a demandé des années de préparation (pas pour pratiquer un mouvement, il n'y en avait pas. Par nécessité pour que ça fonctionne, car le secret de se tour est justement que personne ne se doute que le magicien~mentaliste est assez fou pour préparer le coup des années auparavant. La patience est une arme redoutable...). Imagine que je suis en fait un passionné de RR, RG et de PQ, mais que ça fait 5 ans que je participe sur le forum sans en démontrer aucune manifestation. Me suffirait de dire à tous que j'ai accès à « quelque chose » et de me mettre ensuite à discuter avec Psyriciens, ABC et Curieux pour que cela impressionne plusieurs personnes, dont toi la première! Avoue-le! ...et, pourtant, il n'y aurait rien d'extraordinaire si l'on sait que je dévore tous les livres à ce sujet, en secret, à la maison (ce qui n'est pas le cas, ce n'est qu'un exemple inventé

).
Mireille a écrit :ce qu’il appelle l’intuition intellectuelle lui venait d’une connaissance supérieure relié à lui.
Je pense que certains préfèrent croire que cela leur vient de « quelque chose de supérieur » à eux et je crois que certains autres (ayant compris que les gens sont impressionnables) préfèrent se dissocier volontairement de leur propos pour ne pas que les gens les adulent. Un peu comme lorsque tu disais qu'il faut utiliser un mécanisme de répulsion pour que les gens ne s'accrochent pas à nos idées, si on les sent trop impressionnables. Autrement dit, certains ont probablement une « bonne intention » en faisant croire que cela ne vient pas d'eux. Par contre, d'autres (malintentionnés ou avec l'objectif de « manipuler ») ont saisi que ça peut également provoquer tout à fait l'effet contraire chez une certaine catégorie de gens. C'est-à-dire que ceux qui espèrent (ou qui croient) qu'il y a « quelque chose de supérieur » à l'Homme (qu'ils soient religieux, spiritualistes ou simplement « ouverts d'esprit » à ce sujet), auront toujours plus de facilité à accepter une parole dont ont dit qu'elle provient de « quelque chose de supérieur » plutôt que si le conférencier ou le
preacher dit simplement : «
vous savez, c'est juste ce que moi je pense, personnellement » (avec un air piteux en plus). Pourquoi? Parce que dans la tête des gens, l'Homme est faillible et peut se tromper, alors que si ce qu'il dit provient de quelque chose de « supérieur » à lui, ça devient beaucoup plus facile de ne plus tenir compte des défauts de personnalité de celui qui parle et donc de croire qu'il n'est qu'un moyen de diffusion (un « canal »). Par conséquent, les « fidèles » ne sont plus portés à vouloir contredire la pensée d'un homme qu'il considère leur égal, mais se résignent à seulement poser des questions (qui pourront donc toutes être résolu avec n'importe quelle explication ad hoc). Si l'on veut faire un parallèle, au niveau de l'effet produit, la « connaissance qui vient d'ailleurs » pour un
preacher spiritualiste équivaut (face à ses fidèles) à la démonstration par l'expérience de labo pour le conférencier scientifique devant ses pairs, dans la mesure ou cela permet aux deux conférenciers de se dissocier de ce qu'ils avancent pour ne parler de ce « qui est, dans les faits » (sauf que pour l'un, c'est la démonstration concrète et pour l'autre, la croyance, l'espoir et l'impressionnabilité qui fait le travail).
Tu sais, Mireille, les génies ou les surdoués qui possèdent de gros QI ou des capacités hors du commun ne sont pas tous « diagnostiqués » et certains ont compris (très jeune) qu'ils pouvaient leur être préférable et profitable de ne pas trop exposer et dévoiler leurs « différences » (au moins pour que ça ne deviennent une évidence pour tous). Et parmi ces derniers, tous ne deviennent pas scientifiques ou astronautes. Parmi ceux-là, il y en a certainement qui s'intéressent à la philo, à là métaphysique, etc., et qui choisissent de créer des systèmes de pensée pour toute sorte de raisons (des plus bonnes aux plus mauvaises intentions). Face aux « petites gens ordinaires », ils pourront leur faire croire n'importe quoi.
Et sinon, en fonction des sujets auxquels l'on pense, je pense qu'il y a des pensées, des structures, des concepts qui sont des espèces de « fatalités potentiels » auxquels toute personne brillante passera par à peu près les mêmes étapes et aura donc exactement les mêmes idées au final (les différences d'opinions ne seraient, en fait, produites uniquement qu'à cause de facteurs subjectifs découlant de l'expérience personnelle, qui diffère pour chacun). Cela doit être inhérent à ce qu'il y a de commun dans la structure du cerveau de tout homme. Ce « labyrinthe structurel idéal » ferait office de « matrice » ou de « canevas d'idée », en quelque sorte, et plus certains réussissent à y effectuer des réflexions de façon efficiente et objective (non perturbé par la subjectivité, la personnalité), plus cela donnerait, naturellement, l'impression d'accéder à quelque chose de « supérieur » à eux. Ou bedon, à quelque chose qui semble « universel » (même si c'est erroné, parce qu'il y a aussi des subjectivités communes et biais potentiels communs, dus à la structure commune de notre cerveau). Ce qui est normal, puisqu'à la base, nous avons tous, sensiblement, le même type de cerveau.
Je me souviens, à 13 ans, lors d'une soirée à discuter de la vie et de la mort, dans ma chambre avec des copains, avoir réussi à leur faire croire qu'il existait forcément une « intelligence supérieure » responsable de tout ce qui existe dans l'univers. Comment? Je leur avais sorti un argument qui correspondait en tout point (sauf avec mes propres mots de l'époque) au « grand horloger » employé par R. Descartes dans ses « Méditations métaphysiques ». Pourtant, à cette époque, nous n'avions pas de bibliothèque familiale à la maison et tout ce que je lisais se résumait aux « livre dont vous êtes le héros ». Tout ce que je savait à propos de Descartes se résumait à : «
Je pense, donc je suis » que j'avais entendu à la TV (je n'ai pas fréquenté l'école assez longtemps pour avoir des cours de philo). Ce qui démontre, selon moi, que les réflexions (correctes ou erronés) seront de toute façon sensiblement les même pour tous ceux qui se pencheront sur un sujet précis, à connaissances égales (et selon la similarité de l'incidence des facteurs subjectifs qui entrent en jeu). À mon avis c'est cela qui nous permet, parfois, si l'on réussit à capter et à s'imprégner suffisamment de la subjectivité de quelqu'un que l'on connaît bien, d'arriver à anticiper le parcours de ses propres réflexions et d'avoir pratiquement l'impression de pouvoir lire dans ses pensées (télépathie, etc.). C’est d'ailleurs comme ça que l'humour fonctionne et qui fait qu'on peut parfois être plusieurs à penser à une même possibilité potentielle de gag lors d'un souper entre amis. Parce qu'entre amis, la subjectivité des uns et des autres est très souvent en phases selon la culture commune produite par « l'historique » de l'amitié (ainsi que de la culture partagée de l'endroit où l'on vit, l'actualité, etc.).
Bref, tout ça pour dire que je pense (à moins qu'une expérience scientifique démontre le contraire) qu'il y a mille et une autres options qui peuvent relativement facilement expliquer pourquoi certains peuvent avoir l'impression que certaines pensées les dépassent et proviendraient « d'ailleurs » ou d'une source « universelle ».