Dans la profession, les retards de Cabu dans la
livraison de ses planches étaient légendaires
Ils maudissaient les religions, et les voilà martyrs.
Ils ne respectaient rien, et on les vénère en héros.
Ils haïssaient le patriotisme, et font de leur pays un phare, celui de la libre expression.
Mais Cabu, Wolinski, Honoré…
Ceux-là avaient commencé le combat en des temps médiévaux, quand un simple gros mot en public vous faisait bannir de tous les médias.
Alors bien sûr, à notre époque où l'insulte généralisée remplace la dérision, on peut comprendre que la gazette dont ils étaient l'âme commençât à avoir du mal à intéresser.
Allaient-ils alors, après leurs complices Cavanna, Choron, Gébé, Reiser, Fournier, disparaitre à leur tour discrètement?
Et ben non. Comme Molière, notre premier satiriste, ils ont quitté ce monde non dans leur lit, mais sur le théâtre de leurs exploits, et dans un feu d'artifice.
A un âge presque canonique.
Suffisant donc pour être canonisés…
(à bout portant).
Couverture de l’hebdomadaire tchèque "Respekt".
Une plume, ont le sait, peut déclencher une guerre.
Elle peut aussi y mettre fin.
Mais une plume ne peut arrêter une balle.
Distraits, peut-être, comme tous les artistes, ils l'avaient oublié.
Ils le sauront pour la prochaine fois.
« Il a tiré le premier »
Noter que "drew", prétérit de "draw", possède les deux sens de "tirer" et "dessiner".
Sans en faire partie, nous leur devons beaucoup. Entre autres choses, en extrapolant légèrement, leur dernier acte vient par exemple de me décider dans le choix d'une signature appropriée à ce forum. Son auteur, qui fréquenta les colonnes de Charlie Hebdo à la fin de l'âge d'or, l'a émise à la fois comme un bilan personnel, et une prophétie.
Allez! Ce n'est qu'un début!
La vie continue!
praedicator veridicus, inquisitor intrepidus, doctor egregius
[/URL]
Denis
