Bonjour,
Avant de répondre à certains commentaires précédents, je voudrais tenter de clarifier un tout petit peu le débat, ou le contexte, je ne sais trop comment dire.
Il semble très difficile d'aborder le sujet des EMI d'une façon disons sereine, parce que tout de suite (avant tout approfondissement) interviennent des postures idéologiques qu'elles soient religieuses ou scientifiques.
Ces postures empêchent de regarder de près ces expériences, d'en approfondir l'exploration. C'est bien dommage et les premiers qui en font les frais sont les "experienceurs" eux-mêmes, condamnés à se taire encore et encore.
On peut facilement ajouter: le traitement sensationnaliste par certains medias, l'appât du gain de certains éditeurs, ceux qui s'inventent une EMI (Eben Alexander et, à mon avis personnel Neale Walsch) pour s'auto-proclamer prophète ou devenir gourou, les pseudo-scientifiques et j'en oublie sans doute.
On commence à avoir une idée de ce qu'il faut déblayer avant de pouvoir regarder tout cela d'une façon un peu plus objective, rationnelle et ouverte.
S'ajoute encore, et là c'est très sérieux, un énorme problème de langage, de sémantique. L'une des principales difficultés que rencontrent les personnes ayant vécu ces expériences, c'est de trouver les mots pour les raconter. Ils utilisent des périphrases parce que certains mots semblent être immédiatement connotés, estampillés par les religions.
Le terme "tunnel", ça va. Lumière, amour, là ça commence déjà à coincer, parce que ces termes sont utilisés par les religions. Pourtant il me semble que les religions n'en ont pas l'usage exclusif !
Le terme "décorporation" est aussi, me semble-t-il, un problème. Il suggère que quelque chose sort du corps. Or c'est peut-être une façon simpliste de considérer les choses. J'y reviendrai de façon plus précise.
Les termes "âme" "esprit" alors là c'est le pompon; ils vont être tantôt tout de suite acceptés par les spiritualistes, alors même que franchement il est extrêmement difficile de les définir et chacun y met on ne sait quoi derrière, ou alors ces mots vont immédiatement être rejetés par les matérialistes. Bref, on peut être à peu près certain qu'il y aura un dialogue de sourds. Mais évidemment quand on ne définit pas ce dont on parle, on peut raconter tout et n'importe quoi.
Ma position c'est que tout cela a très mal commencé avec ce titre "la vie après la vie". Le livre de Moody est très intéressant et me semble parfaitement honnête. Pas le titre ! Alors même que dans sa conclusion Moody dit: « Je tiens à proclamer que je n’ai aucunement la prétention illusoire d’avoir apporté la preuve qu’il existe une vie après la mort. » Cherchez l'erreur !
Tant que nous ne serons pas archi-clairs avec ce fait que les personnes ne sont pas mortes, je crains que nous ne puissions avancer. Et l'ambiguité fait le jeu de tous les obscurantismes....
Ce problème de sémantique est à mon sens très sérieux et j'espère que lors de nos échanges, on pourra le garder à l'esprit.
Bien sûr qu'une exploration scientifique a commencé, sinon je ne serai pas sur ce forum.
Je vais très souvent me référer aux travaux de IANDS-France et du CSG. Pour être claire, je me sens profondément en accord avec la démarche du docteur Jourdan qui étudie ces expériences hors de tout contexte religieux. Sa démarche est scientifique. Il déplore que trop peu de scientifiques s'y intéressent. Ces expériences, quand on les regarde de près, sont extrêmement complexes; elles intéressent peut-être de nombreuses disciplines scientifiques et malheureusement trop peu s'y intéressent, peut-être de crainte d'y laisser leur crédibilité ou leur réputation. Cette histoire "d'après-vie" mise en avant par les médias est un répulsif instantané pour les scientifiques du moins en France et peut-être en Europe voire plus.
Le docteur Jourdan me disait qu'aux Etats Unis et peut-être aussi au Québec, ces expériences sont souvent relatées et explorées dans un contexte religieux. Ce n'est pas le cas en France (mais nous avons bien sûr nos pseudo-scientifiques....). En France, nous ne baignons pas dans la religion. Nous sommes une société laïque et personnellement cela me convient parfaitement. Laïque ne veut pas dire que nous rejetons les religions ou la spiritualité mais nous considérons que c'est affaire personnelle et intime.
Je suis entièrement d'accord avec cette position du docteur Jourdan qui dit: "il y a d'un côté les matérialistes réductionnistes ou rationalistes qui disent ce sont des hallucinations, on n'en parle plus, de l'autre les spiritualistes qui disent c'est l'âme ou l'esprit qui sort du corps, on n'en parle plus. ça ce ne sont pas des explications ! " (beaucoup de "istes" en somme !)
Le docteur Jourdan parle dans son livre "Deadline-dernière limite" (sous-titre: plaidoyer pour une étude scientifique des Expériences
dites de Mort Imminente) d'un matérialisme élargi ou d'un matérialisme ouvert. J'ai lu sur ce forum (désolée je ne sais plus où, ni qui a dit ça) que la science, par définition, s'occupe d'explorer la matière. Je suis bien d'accord avec cela. Est-il possible qu'il existe une sorte de "matière subtile" (désolée ces mots ne sont peut-être pas adéquats) ? Est-il possible de parler autrement qu'en termes d'opposition matière/esprit, opposition qui n'est peut-être qu'un conditionnement religieux.
Encore une chose qui me semble importante. Une expérience vécue par une personne ne prouve rien du tout. Elle n'est intéressante que pour la personne qui l'a vécue et éventuellement aussi pour ses proches qui ont suffisamment d'ouverture pour l'entendre et croire a priori que cette personne dit
sa vérité.
Dans les faits, nombre d'experienceurs ne peuvent même pas en parler avec leur conjoint et les divorces ne sont pas rares après le vécu de ces expériences. C'est dire !
C'est l'accumulation des témoignages et leur cohérence qui fait de ces expériences un sujet digne d'être exploré par la science.
Il y a, me semble-t-il, toujours les faits et l'interprétation des faits et cette interprétation peut être fausse même si elle est celle de celui qui a vécu l'expérience. C'est une chose d'avoir vécu une expérience ou même plusieurs, c'est autre chose de recueillir des centaines de témoignages et de les explorer. C'est encore autre chose de regarder 2 3 vidéos, lire des récits d'expériences sur internet et de penser que l'on peut s'en faire une idée adéquate.
Par exemple, certains ont pensé qu'ils étaient morts lors de leur expérience et ont continué à le penser
ou non après et d'autres c'est exactement l'inverse. Qui a "raison" ?
Voici les propos d'un experienceur:
"Certains marchands d’histoires fantastiques ont trouvé un filon à exploiter auprès des personnes anxieuses sur ce qui se passe, ou pas, dans l’au-delà.
Devant tant d’exploitation, je veux un peu lever le voile pour ceux qui n’ont pas vécu cette expérience dite de « mort imminente ».
(...)
Mais que dire d’une EMI ?
Pour cela, je précise une chose essentielle, c’est qu’on ne sait pas ce que c’est. Est-ce l’au-delà ? Y a-t-il un au-delà ? Est-ce une expérience de « mort » imminente ?
Qu’est ce qui nous est arrivé, nous n’en savons rien.
Alors, pas de conclusion hâtive car la seule chose dont on soit sûr, c’est que nous ne sommes pas morts.
Ceux qui comme moi, on fait une « EMI profonde » le savent, car si nous avons été à la limite de qui pourrait être la mort, nous ne l’avons pas franchie.
Donc, pas plus que ceux qui n’ont pas vécu cette expérience, nous ne savons rien de la mort.
Les expérienceurs qui n’ont pas vécu une EMI profonde peuvent croire qu’ils ont vécu la mort, car ils se sont réveillés, vivant dans un « autre état de conscience », ce qui peut donner l’illusion d’être dans la mort.
Mais ceux qui ont fait une EMI profonde, eux, sont allés jusqu’à la limite de la « mort », alors là, oui, ils savent qu’ils ont failli partir définitivement, en s’engageant sur le chemin du non-retour, mais donc ils savent aussi que le passage qu’ils ont vécu avant n’est pas la mort et que d’elle, ils ne savent rien. A ce moment-là, lorsqu’ils étaient à la limite de franchir le chemin de non-retour, certains ont eu le choix de revenir, d’autres non.
source:
http://iands-france.org.pagesperso-oran ... frame.html, dans "paroles d'emistes", "Aux business(wo)men des Expériences de Mort Imminente..."
Je vous invite à lire cet article dans son entier; il est très intéressant (même si je ne suis pas d'accord sur le fait de s'abstenir d'écrire un livre ou de lire les livres écrits pas les experienceurs; je ne comprends pas cette position).
Le rôle de la science est d'explorer les faits. C'est aussi, pour les EMI, de les protéger contre les récupérations sectaires. Faire reculer tous les obscurantismes, qu'ils soient religieux ou pseudo-scientifiques.
Emmanuelle