Hello Dave,
Tu dis :
Dave a écrit :C'est ce que je pensais aussi. Mais je ne comprends pas. Est-ce que tu veux dire que l'explication suivante
"l'observateur, un humain, même s'il observait la mort de tous ses semblables, ne pourrait conclure positivement qu'après sa propre mort."
serait suffisante pour conclure que
"tous les humains sont mortels"
est une affirmation irréfutable? Si c'est le cas, je ne comprends pas la subtilité de l'explication. Est-ce que tu pourrais me l'expliquer plus en détail?
Oui, c'est ce que je voulais dire, mais je me trompais. Et, tu as raison, wikipedia est confusant sur ce point. D'où d'ailleurs, la confusion avec l'analyse bayésienne.
L'affirmation "l'observateur, un humain, même s'il observait la mort de tous ses semblables, ne pourrait conclure positivement qu'après sa propre mort" démontre "tous les humains sont mortels" ne peux pas être prouvée de façon absolue - à la différence de l'affirmation "Tous les dodos sont mortels", qu'on
a prouvé de façon absolue, en tuant tous les dodos, ou de l'affirmation "Toutes les tortues sont mortelles", qu'on
pourrait prouver de façon absolue, en les tuant toutes.
Mais, en général, une hypothèse scientifique ne peut pas être prouvée de façon absolue, car elle porte sur un nombre d'événements potentiellement infinis. Et c'est là qu'intervient l'analyse bayésienne. Chaque fois qu'une hypothèse scientifique résiste à une tentative de réfutation, c'est à dire à chaque fois qu'une de ces prédiction est confirmée par l'expérience, la probabilité que la théorie soit fausse diminue un peu.
La démarche est :
Idée ==> Hypothèse scientifique ==> Expérimentations ==> Théorie scientifique ou hypothèse rejetée
ou encore
Affirmations générales ==> Prédictions testables ==> Confrontation des prédictions à la réalité ==> Probabilité bayesienne que la théorie soit vraie
ou encore
Affirmation non réfutable ==> Affirmation réfutable ==> Tentatives de réfutation ==> Réfutation de la théorie ou renforcement de sa confirmation.
Wikipedia mélange les étapes 2 et 3.
Dave a écrit :Cogite Stibon a écrit :Dave a écrit :Je n'ai pas d'exemple d'application concrète qui me vient en tête pour l'instant, mais ça me semble évident que, indirectement du moins, il en existe. Ne trouves-tu pas?
Non, je ne trouve pas. C'est pour ça que je te demande un exemple.
Indirectement, du moins, tu ne vois toujours pas d'exemples? Je pense à la recherche fondamentale, à la philosophie qui touche la science. Je vais y revenir.
Je te renvoie à ma réponse à Dash :
Le critère de réfutabilité est un critère de distinction entre ce qui relève de la science et ce qui n'en relève pas. Personne ne soutient que seul ce qui est scientifique a de l'intérêt, et que le reste doit être relégué aux oubliettes. Ce serait parfaitement ridicule.
Dans le cadre de cette discussion, portant sur un critère de distinction entre ce qui est scientifique ou non, quand je parlais "d'application pratique", je voulais dire "application pratique en tant que théorie scientifique".
Pour être plus précis, le critère de réfutabilité permet de distinguer ce qui se qualifie à l'étape 2 de mon schéma ci dessus, de ce qui ne s'y qualifie pas. Personne ne dis que tout ce qui se passe avant n'a pas d'intérêt. Par contre, une idée se voulant scientifique, mais qui reste depuis très longtemps à l'étape 1, sans que personne n'est jamais réussi à la transformer en hypothèse réfutable, a de forte chance d'être fausse.
Dave a écrit :
Cogite Stibon a écrit :Dave a écrit :Je dirais que la plupart des théories physiques admettent en leur cadre des affirmations irréfutables.
Là encore, tu as un exemple?
J'exprime ce qui est pour moi une évidence, à savoir le rôle utile d'une approche philosophique (et mathématique!) en complément de l'approche strictement scientifique (de la démarche expérimentale). Les concepts (scientifiques ou autres) ne sont pas des éléments « physiques » comme tels et ne sont donc pas, par nature, des éléments que l'on chercherait à réfuter. Si la science n'était que son degré « zéro », un robot suffirait à faire de la science. L'imagination et même la subjectivité des scientifiques font partie intégrante de l'activité scientifique. J'ai trouvé quelques éléments qui semblent aller en ce sens « évident ».
Une hypothèse n'a pas besoin d'être "physique" pour être réfutable. Quand Newton a formulé l'hypothèse de la force de gravitation - une force invisible et impalpable, agissant à distance et à travers n'importe quoi - il n'a pas proposé quelque chose de physique. Mais il l'a formulé de façon à ce qu'elle permette de faire des prédictions sur des événements observables. Elle était donc réfutable - et elle l'a été depuis
Dave a écrit :Cogite Stibon a écrit :Dave a écrit :D'ailleurs, il suffit d'avoir une seule affirmation théorique réfutable et d'avoir évidemment une certaine logique ou cohérence interne à la théorie afin de rendre scientifique celle-ci.
Ben non. Pour qu'une théorie soit scientifique, il faut que l'ensemble de ses prédictions soient réfutables.
Je n'ai pas dit le contraire. Pour moi, c'est plus qu'évident que les prédictions d'une théorie scientifique doivent être réfutables. Je parlais du « cadre » de la théorie et non l'ensemble de ses prédictions. Si tu avais lu correctement ce que j'ai écrit, tu n'aurais sûrement pas interprété mon propos d'une manière qui le rende inapproprié.
Je me suis mal exprimé. Ce ne sont pas les prédictions d'une théorie qui sont réfutables - elles sont conformes au réel, non conforme au réel, ou non testées - mais la théorie elle-même. D'une certaine façon, tout ce qui, dans une théorie, ne contribue à formuler des prédictions, ne fait pas partie de la théorie.
Dave a écrit :Cogite Stibon a écrit :Dave a écrit :Par exemple, éthiquement, appliquer la « règle d'or » (pourtant liée à une affirmation irréfutable ou à un cadre philosophique) n'est-il pas concrètement utile en favorisant (à long terme) une société plus saine, plus épanouissante pour la majorité des êtres sensibles que nous sommes, et permettant ainsi un plus grand espace et une plus grande disponibilité à l'activité scientifique?
Je n'ai rien compris. Quelle est cette « règle d'or » dont tu parles?
Pourtant, Dash a très bien compris la simplicité de ce que je voulais exprimer. Tu aurais pu au moins faire le tout petit effort de recherche qui s'imposait.
La encore, je te renvoie à la réponse que j'ai fait à Dash.
Dave a écrit :Cogite Stibon a écrit :Dave a écrit :La frontière entre ce qui est réfutable et ce qui ne l'est pas ne me semble pas être parfaitement définie, lisse et claire. Il n'y a pas de séparation nette entre les deux.
Tu as un exemple d'affirmation qui serait à mi-chemin entre le réfutable et le non réfutable?
Ça dépend du degré de formalisme.
Wikipédia a écrit :En premier lieu, comme l'approche de Bohm, les termes non-linéaires associées à des variables cachées ont du mal à être relativistement covariants. Toutefois des travaux récents (ex. A Relativistic Version of the Ghirardi-Rimini-Weber Model) tendent à surmonter ces difficultés.
Ensuite, on peut reprocher, pour ces théories, une approche ad hoc (c'est-à-dire que la théorie est inventée en fonction des résultats attendus, et non fondés sur une théorie existante qui mènerait naturellement à ces résultats).
Jusqu'ici, on reprochait à ces théories d'être non-réfutables, mais là encore des progrès récents apportent des propositions d'expériences (ex. Towards quantum superpositions of a mirror).
Si je lis bien, on avait des "théorie" qui étaient non réfutables, jusqu'à ce qu'on propose des expériences permettant de les réfuter. On est passé d'un côté de la barrière à un autre, je ne vois pas de théorie "à mi-chemin"
Dave a écrit :Une théorie est scientifique ou ne l'est pas. Je ne dis pas le contraire. Je dis juste que la frontière entre les deux est parfois difficile à distinguer. Combien de théories (ou d'expériences de pensée) considérées comme étant non scientifiques ont plus tard basculé dans le champ de la science?
Elles ont basculé dans le champs de la science quand on les a reformulé de façon réfutable. L'exemple le plus flagrant, c'est la théorie de l'évolution - les prédictions (et donc les réfutations potentielle) de cette théorie porte sur les découvertes futures de fossiles.
Dave a écrit :Par exemple, dans l'étude de ce qui touche la conscience, on réussit de plus en plus à rendre des concepts philosophiques (irréfutables) d'une manière scientifique, concrète. L'intérêt ici est donc d'utiliser des idées métaphysiques dans le but de s'en inspirer pour développer des idées (des concepts) analogues, mais scientifiques cette fois-ci. En ce sens, la métaphysique fait un peu partie de la science.
Non. On peut transformer des idées métaphysique en théories scientifiques, c'est différent. Une pomme sur un arbre n'est pas un peu une tarte.
Dave a écrit :Par contre, aujourd'hui, on peut relativement se passer d'épistémologie tellement le champ d'investigation strictement scientifique est vaste. Les questions purement techniques prennent déjà un espace et un temps considérable.
On ne fait pas de science sans respecter des règles épistémologiques rigoureuses.
Cogite Stibon a écrit :Dave a écrit : D'ailleurs, Popper lui-même reconnaissait la légitimité de la réflexion métaphysique. Je me trompe?
Je n'ai pas lu l'intégralité des propos de Popper. Tu as une source pour appuyer ton affirmation, ou tu me demandes de prouver une inexistence?
La seule source que j'ai utilisée, c'est Wikipédia. J'ai déjà mentionné la source et la citation au début de ce message. De toute façon, je ne pense pas que ce soit une affirmation extraordinaire. J'imagine que chaque chercheur a sa façon d'utiliser la métaphysique ou non. « Demander de prouver une inexistance »? À ce que je sache, mes propos ne font pas intervenir de surnaturel ou de magie. Je ne te demande rien, juste de la bonne foi, de ne pas interpréter mes propos de la manière la plus imbécile qui soit.
[/quote] Tu me reproches de te demander une source, au motif que tu me l'a fourni après que je te l'ai demandée ? Sérieusement, qui est de mauvaise foi ? Je ne t'ai jamais reproché de faire intervenir du surnaturel ou de la magie. Mon "prouver une inexistence" n'était qu'un exemple pour illustrer la notion d’irréfutabilité, une plaisanterie. Je me doutais bien que tu avais une source. La prochaine fois, je mettrais un smiley.
Pour le fond, je te renvoie une fois de plus à la réponse que j'ai fait à Dash.
Dave a écrit :Cogite Stibon a écrit :Bien vu. Mais un axiome mathématique est-il une affirmation ? Si on accepte l'axiome d'Euclide « Par un point donné, on peut mener une et une seule parallèle à une droite donnée », on développe la géométrie Euclidienne, qui est pleine d'applications concrètes. Mais si on le remplace par une autre version « Par un point donné, on peut mener une infinité de parallèles à une droite donnée », on développe la géométrie sphérique, qui est elle aussi pleine d'applications concrètes.
Et alors? Pourquoi ce « mais »? Une affirmation mathématique n'est pas une affirmation? C'est comme si tu disais qu'une affirmation irréfutable n'était pas vraiment une affirmation. Je ne comprends pas l'intérêt de ta remarque.
Un axiome mathématique n'est pas une affirmation portant sur le réel. Avant de se qualifier au critère de réfutabilité, une affirmation doit d'abord porter sur le réel.
"Tous les hommes sont mortels" ==> Affirmation portant sur le réel, mais non réfutable
"Le roi est mort" ==> Affirmation portant sur le réel, réfutable
"Vive le roi" ==> pas une affirmation portant sur le réel
Dave a écrit :Celle-ci est irréfutable, c'est évident. Ce qui m'embête, c'est l'affirmation de Wikipédia que je t'ai demandé de m'expliquer, puisque tu dis que ce n'est qu'une autre façon de voir son caractère irréfutable.
Comme dis plus haut, je m'étais trompé.
Dave a écrit :Dans un autre ordre d'idées, j'ai trouvé ceci.
Wikipédia a écrit :Le critère de réfutabilité de Popper peut être apparenté dans son principe à un test de réfutabilité bayésien, hormis le fait qu'il travaille uniquement en logique discrète (vrai/faux) tandis que les bayésiens font varier les valeurs de vérité sur une plage continue de l'intervalle ]0;1[.
Ça explique peut-être mieux le lien que l'on peut entrevoir entre la réfutabilité et l'inférence bayésienne.
Ça m'a l'air sérieusement tiré par les cheveux.
Dave a écrit :Tu sais, l'épistémologie n'est pas une philosophie simple et, aujourd'hui, le non-scientifique n'est pas vraiment apte, à mon avis, à développer à lui seul une épistémologie « révolutionnaire » ou nécessaire.
Pourquoi le faudrait-il ?
Pour les échantillons statistiques, comme dans d'autres domaines, il n'y a pas que la taille qui compte.
Raisonner a l'instinct sur des problemes de probabilites, c'est le desastre assuré. (Spin Up)
Une graphe sans échelle, c'est bon pour la poubelle