Mireille a écrit : Dans cette discussion, j''appuis le point de vue de Plantu
Justement, non. Ce que vous dites est différent. Plantu
choisitde pratiquer l'autocensure, revendiquant qu'il fait parti du travail de dessinateur de juger de ce qu'il dit ou pas.
Vous, vous revendiquez l'idée qu'il y a aurait des limites universelles à ce qui peut se dire et mettez en accusation ceux qui les franchissent, sauf que ses limites épousent en fait votre propre subjectivité élevée en idéal moral.
C'est dans cette subtilité que se cache la censure ou la liberté d’expression. L'autocensure est valable si elle est
le choix du dessinateur parce que son sens de l'éthique ou de la morale l'amène à décider, en conscience, qu'il ne veut pas dessiner tel ou tel chose. Elle n'est pas valable si la limite est imposée de l'extérieure par la sensibilité de lecteur potentiel (donc qui n'auront même pas l'occasion de se plaindre après coup, on est dans le pur déli d'opinion, puisqu'il n'y a pas de fait s'il y a autocensure imposée).
Et je le répètes, accepter l'idée qu'il y a une limite à ce qu'on peut dire qui serait évalué par le public et non par l'artiste, c'est mettre le doigt dans l'engrenage du totalitarisme et du délit d'opinion, car parmi la foule, il y aura toujours des gens choqués et parmi ces choqués, il y aura toujours des gens pour utiliser cette émotion au service d'un propos politique.
Regardez combien sont promptes, par exemple, les organisations catholiques à employer l'émotion de leurs fidèles lorsqu'on fait une pièce de théâtre ou un film sur Jésus, comme justification pour interdire ces films ou ces pièces et réintroduire l'idée de l'interdiction du blasphème.
Regardez combien ont été prompts les théologiens musulmans de certains pays à revendiquer l'idée d'une interdiction globale de représenter Mahomet au nom de la colère supposée des fidèles qui ont manifesté contre les caricatures Danoise, prenant comme prétexte la "dignité" des musulmans pour camoufler leur volonté d'interdire le blasphème.
Et si Plantu trouve valable de se laisser imposer l'auto-censure par autrui, et bien à mon sens, c'est un con.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)