Dave a écrit :
Psyricien a écrit :Oui, c'est observable, tu recueilles les informations. Ta capacité à les interpréter est une autre question.
Pour moi, ce n'est pas une autre question. Oui, bon, c'est une autre question, mais le phénomène de l'interprétation en tant que telle n'est pas disjoint (complètement séparable) du recueil d'informations. Dans l'exemple (la position « échec et mat »), les informations pourraient être : couleurs, formes, luminosité, radioactivité, etc. Il n'y aura pas l'information « échec et mat », car elle n'a pas été « conçue » au préalable. Il y a plusieurs types d'information en science que nous n'aurions pas découverts par les instruments appropriés sans un effort de théorisation et d'objectivation permettant de les concevoir. (...)
Mais, même les informations basiques sont en partie déjà une interprétation de nos cerveaux. Il y a les interprétations (ou conceptions) conscientes (la compréhension implicitement consciente ou pouvant être conscientisée)(...)
Psyricien a écrit :Dave a écrit :Pour moi, ce que l'on peut observer (ce qui est observable) doit d'abord pouvoir être minimalement concevable par le cerveau (pas nécessairement compréhensible).
Je cite ce passage parce que cela rejoint, me semble-t-il, les travaux de Mioara Mugur-Schächter sur sa méthode de conceptualisation relativisée, sur sa façon extrêmement rigoureuse de mettre en évidence les différentes strates de construction des connaissances.
Pour le moment, je ne me sens pas capable de résumer son travail. Je préfère en citer des extraits, en espérant que cela intéressera certains.
Cela apportera des éléments de réponse à la question de Wooden Ali sur le relativisme dont il est question.
Cela apporte aussi du grain à moudre à d'autres points soulevés dans cette discussion.
Extraits de l'infra-mécanique quantique de MMS:
"
Les langages naturels avec leurs grammaires nous ont profondément conditionnés à supposer plus ou moins explicitement que ce qui, dans les descriptions, joue le rôle d’entité-objet-de description, préexiste aux descriptions en tant qu’‘objets’ tout court, qualifiés à l’avance par des ‘propriétés’ qu’ils ‘possèderaient’ à l’état déjà actuel et indépendamment de tout examen. Ces suppositions n’ont jamais soulevé des difficultés avant d’avoir été confrontées au but particulier de décrire des microétats. (...)
A ce jour même, la question de savoir comment l’entité-objet d’une description est introduite, est entièrement occultée en tant que question explicite et générale, non seulement dans la pensée courante, mais aussi dans les sciences, et même dans les sciences les plus modernes.
Quant aux opérations de qualification, selon la pensée classique telle qu’elle est reflétée par les grammaires et par la logique,
tout le processus qui d’abord crée un qualificateur et ensuite crée les qualifications correspondantes est rétréci en un seul acte statique, presque passif, de simple détection sur une entité-objet préexistante, d’une propriété préexistante.
C’est précisément ce rétrécissement qui a fait contraste avec l’analyse d’Einstein des mesures de longueur et de durée. Le scandale soulevé par la relativité restreinte a consisté dans la prise de conscience (1905-1925) du fait que les qualifications d’espace et de temps se construisent par les processus physiques de mesure, et que les résultats des processus de mesure d’espace et de temps comportent des relativités à ces processus de construction. Cette prise de conscience a clairement influencé plus tard la démarche active et relativisante adoptée pour construire des qualifications de microétats. Dans l’élaboration des processus de mesure sur des microétats, cette prise de conscience déclenchée par la relativité restreinte s’est prolongée, généralisée et précisée.
A l’opposé de ce qui s’est passé concernant l’opération de génération d’une entité-objet – qui a été occultée – le schéma d’un processus actif et relativisant de qualification d'un microétat par des mesures qui créent la qualification obtenue, s’est royalement installé vers 1935 dans la nouvelle pensée scientifique et philosophique officielle. Néanmoins aujourd’hui encore ce schéma continue de surprendre. On a beaucoup de mal à se débarrasser de la contraction classique d’un processus de qualification en une simple détection d’une propriété posée comme préexistante, absolue et ‘possédée’ par l’entité-objet en état actuel, indépendamment de tout acte cognitif opéré sur elle. Ce sont toujours la grammaire et la logique classique, avec leurs objets et prédicats hypostasiés, qui mènent la danse dans la pensée courante.
Bref, le schéma descriptionnel DM/G,meG,VM/ qui vient d’être explicité pour le cas des microétats paraît tellement singulier parce que l’étape de génération de l’entité-objet reste quasi entièrement méconnue à ce jour, tandis que la structure de l’étape de qualification et les conséquences de cette structure, bien que largement discutées, ne sont pas encore vraiment assimilées. (...)
En outre, toujours comme dans le cas des microétats, les qualifications qui émergent à la fin sont marquées d’une manière indélébile d’une triple relativité: une relativité au mode de génération de l’entité-objet (ce mode peut tout simplement exclure certains examens, ou en favoriser d’autres, et en tout cas c’est lui qui produit le fragment de matière première pour extraction de connaissances, donc les connaissances obtenues en dépendront) ; une relativité à l'entité-objet elle-même (c'est à elle que sont directement reliées les manifestations qualifiantes observables) ; et une relativité au modes d’examen de cette entité. Ainsi la stratégie de conceptualisation explicitée dans le cas des microétats apparaît maintenant comme ayant incorporé une certaine universalité. (...)
La description des microétats introduit une instance particulière des traits universels de la toute première phase de tout processus par lequel l'homme extrait du réel où il est plongé et auquel il appartient, un début de chaîne de connaissances.
C'est en cela que consiste l'universalité de la science des microétats. Elle n'émane nullement du fait que tout système matériel est constitué de microsystèmes, comme on l’affirme souvent. C'est le contenu universel qui tient à la situation cognitive caractéristique de la phase absolument première d’une chaîne de conceptualisation qui est la source de l'impression d'essentiel que produit la mécanique quantique. Car cette toute première phase de conceptualisation existe nécessairement à la base de toute chaîne de conceptualisation."
http://www.mugur-schachter.net/publicat ... lications/
"L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine, la haine conduit à la violence... Voilà l'équation". Averroès
« Il est absolument possible qu’au-delà de ce que perçoivent nos sens se cachent des mondes insoupçonnés. » Einstein