Alors votre "regard" pourrait être très intéressant.spin-up a écrit :Interessant, je vais m'y plonger plus en détail. Je travaille entre autres sur la connectivité entre les aires auditives et les aires du langage et de la voix, donc c'est quelque chose que je connais plutot bien.
Oui.spin-up a écrit : Il faut etre tres prudent sur l'utilisation et l'interpretation de termes comme "entendre".
Par exemple, lors d'une EMI, les personnes vont parler spontanément en termes de "voir" et "entendre", ce qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre.
Certains seront spontanément plus nuancés en utilisant des termes comme "percevoir" ou "ressentir".
Exemples:
"J’ai perçu mon corps de l’intérieur et il a été confirmé qu’en plus d’une allergie massive aux curares (limitée par des antihistaminiques dans le shoot) il y avait allergie au latex du tube. (M.H.)
Là j’avais l’impression de monter, de me déplacer, sans pour autant me déplacer. Et je percevais, c’est pas de la visualisation, je percevais une lumière, comme s’il fallait que je... (S-D.G.)
-Voyiez vous sous un angle précis comme d’ordinaire ?
Au début oui, lors du départ comme une fusée puis après, comment dire ? je voyais, ressentais, tout mélangé ! Pas possible d’être « technique » et de séparer ce qui est inséparable.
-Aviez vous l’impression d’avoir un angle de vision plus important, de voir à la fois devant et derrière vous ?
Je ne sais pas, mais sentir de partout… (C.D.)
Si on interroge précisément les gens sur les modalités de perception, voici ce qu'ils disent:
-Votre perception était-elle banale, ordinaire, légèrement différente ou totalement inhabituelle par rapport à celle de tous les jours ?
La perception est beaucoup plus aiguë qu’à l’ordinaire, je dirais plus « profonde ». (E.G.)
Plutôt comme une connaissance immédiate, une prise de conscience, c’est le rapport observateur/chose observée qui change, il n’y avait pas cette distinction habituelle intérieur/extérieur. (D.D.)
Je me souviens que ma vue était plus intense et plus précise qu'en temps ordinaire. Alors que je suis myope de mon vivant - ici, dans cette expérience, ma vue était très précise. (F.E.)
A la séparation de mon esprit de mon corps, j’ai entendu les pompiers discuter entre eux tout en veillant sur ma personne. Avant la séparation de mon esprit de mon corps, je n’entendais pas. J’étais inconscient. Là je pouvais entendre, voir ce que je voulais. Ecouter des conversations, voir le paysage (du Gers) environnant et me déplacer dans un espace et temps en une fraction de seconde et sans aucun effort. Par la grande clarté de l’espace aérien, la vue avait une grande portée, accompagnée d’une sorte de perception d’éléments non visibles. Aucune sensation de froid ou de chaud. Un équilibre parfait, une maîtrise sans défaut de mes sens.
En ce qui concerne les pompiers, je me souviens de les voir d’une manière globale sans porter d’attention sur les formes physiques. Dès ma sortie du véhicule la lumière environnante était radieuse et limpide, je ne voyais que l’image de leur esprit. La dimension de l’espace était une totalité, une globalité. (R.H.)
Une perception globale. (J-M.M.)
Tous mes sens étaient confondus, aucune séparation entre eux. (M.M.)
Je dirais une perception globale, faisant un tout. (D.U.)"
Emanuelle a écrit : Mais je donnerai plus tard le témoignage d'un homme ayant vécu une EMI alors qu'il était provisoirement sourd.
"Étant dans le coma, je me suis trouvé au-dessus de la table de consultation de médecins appelés à mon chevet et qui discutaient de mon sort et d’un éventuel traitement à appliquer. Je les ai reconnus car deux me soignaient, le Pr. Mi…. médecin-chef à l'hôpital A. de Montpellier, le Dr Be… , et le troisième qu'ils appelaient Ba…, que je n’avais jamais vu auparavant. Ils avaient convoqué mon épouse pour savoir quelle décision elle allait prendre (soit un enterrement à Montpellier, soit un rapatriement sur Bastia). Je les ai entendus l’autoriser à rester dans la chambre. Je la voyais assise dans un fauteuil dans un coin. Ils ont pratiqué une biopsie nerveuse sur mon mollet gauche et, pour essayer de dédramatiser l'atmosphère, le neurologue (Ba…) a tendu vers mon épouse une sorte de pince à épiler au bout de laquelle il y avait un petit filament blanc d'environ deux centimètres en lui disant: "Voyez, on dirait un bout de spaghetti".
Quelques jours plus tard, un traitement approprié ayant fait effet, j'ai raconté cette scène à mon épouse. Elle a été stupéfaite car son arrivée avait été très imprévue, et pour elle je ne pouvais absolument pas l’avoir reconnue à ce moment là puisque j’étais dans le coma. J’ai pu lui décrire avec précision les habits qu’elle portait, l’endroit où elle était assise, les médecins présents y compris le Dr Ba… que je ne connaissais pas et dont je n’avais jamais entendu prononcer le nom auparavant, ainsi que les paroles qu’ils avaient prononcées concernant mon état et la recherche d’un traitement.
Je précise que j'étais complètement sourd du fait de ma maladie à ce moment là. (J.L.)"
Extraits de Deadline-dernière limite. Dr Jourdan.