Je vous partage cet article http://garance.voyageuse.free.fr/revue/article_67.htm que j’ai trouvé intéressant qui a soulevé cette question chez Robert Gordon WASSON (https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Gordon_Wasson) et vous suggère, en le lisant, de ramener à votre bon souvenir cette belle toune : https://www.youtube.com/watch?v=xxaOItEmu3U.
Le sentiment religieux a-t-il pu naître de l’usage même du champignon, ou en tout cas des premières drogues naturelles hallucinogènes ? Pour le dire sans détour, l’idée du divin, du surnaturel, c’est-à-dire d’un Autre monde, paradis et/ou enfer, aurait été engendrée par l’effet des hallucinations. En résumé, les dimensions surnaturelles constitutives de la plupart des religions ne sont-elles pas nées, tortueusement, de l’esprit halluciné d’humains ?
Je cite une autre partie :
Des hypothèses passionnantes découlent de ces découvertes. Les humains auraient pu subir des mutations suite à une consommation, d’abord accidentelle, de drogues psycho-actives – d’où ces mythes universels de fruits qui ouvrent les portes d’un Autre monde ou de la Connaissance suprême (26). Il est très probable en tout cas que des aliments végétaux aient joué un rôle dans l’évolution des espèces - évolution qui a produit, on le sait, des bonds parfois aussi subits qu’importants, par des effets de constituants végétaux sur les tissus animaux (27). Mais encore, ces fameux champignons auraient pu stimuler notre activité cérébrale en développant ou accélérant des aptitudes mentales spécifiquement humaines, comme notre capacité d’un langage verbal et d’une symbolique – jusqu’à stimuler ce qui nous distingue des autres animaux : la conscience. (28)
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26 ESCOHOTADO A., 1989-90. Historia general de las drogas, 3 vol., Madrid.
27 DELAVEAU, 1974, op cit.
28 FORTE , 1997, op cit.
Pour ceux qui veulent aller plus loin, concernant ma deuxième citation, à savoir si la consommation de champignons aurait participé au développement de notre conscience, voir cet article : http://liberterre.fr/entheogenes/champi ... rence.html
Dans ce 2ième article l'auteur inconnu suggère qu'Il existe un facteur caché dans l’évolution de l’être humain qui n’est ni un "chaînon manquant" ni un telos annoncée d’en haut. Je suggère que ce facteur caché dans l’évolution de l’être humain, le facteur qui fit surgir la conscience humaine d’un singe bipède et à la vision binoculaire, impliquait une réaction en boucle avec les plantes hallucinogènes. Il ne s’agit pas d’une idée largement approfondie, bien qu’une forme très conservatrice de cette notion apparaissent dans "Soma : le Champignon Divin de l’Immortalité" de R. Gordon Wasson. Celui-ci ne fait aucun commentaire sur le développement humain depuis les primates, mais il suggère que les champignons hallucinogènes, en tant qu’agent causal dans l’apparition de la spiritualité, éveillent l’être humain et la genèse de la religion. Wasson pense que les humains omnivores auraient, un jour ou l’autre, rencontré les champignons hallucinogènes ou d’autres plantes psychoactives dans leur environnement.
La stratégie de ces premiers humains cueilleurs et omnivores consistait à manger tout ce qu’ils trouvaient et à vomir ce qui était déplaisant. Les plantes comestibles découvertes grâce à cette méthode s’avéraient innombrables. Les champignons étaient particulièrement remarquables à cause de leur forme et de leur couleur inhabituelles. L’état de conscience induit par les champignons ou d’autres hallucinogènes donnait une bonne raison aux humains cueilleurs de retourner régulièrement à ces plantes, afin de rexpérimenter leur envoûtante découverte. Ce processus aurait créer ce que C. H. Waddington (1961) nomma une "créode", une voie d’activité de développement (en d’autres termes, une habitude).'
Maintenant le mode de transmission, assez particulier, je cite :
Il est également possible de voir les plantes hallucinogènes comme des phéromones ou des exophéromones interespèces. Les phéromones sont des composés chimiques émis par un organisme dans le but de transmettre des messages entre des organismes de la même espèce. Le sens du message n’est pas intrinsèque à la structure chimique du phéromone, mais à la convention évolutionnaire établie. Les fourmis, par exemple, produisent un certain nombre de sécrétions avec des significations bien spécifiques pour les autres fourmis. Cependant, ces "langages chimiques" sont spécifiques à chaque espèce ; les fourmis d’une espèce ne peuvent "lire" les phéromones d’autres espèces. En fait, il existe un cas connu où un phéromone signifie quelque chose pour une espèce de fourmis tout en ayant un sens complètement différent pour une autre espèce, d’une manière encore plus flagrante que le "non" Anglais qui signifie "oui" en Grec.
Si les hallucinogènes opèrent comme des exophéromones, alors la relation de symbiose dynamique entre le primate et la plante hallucinogène est en fait un transfert d’informations d’une espèce à une autre. Le primate obtient une acuité visuelle accrue et l’accès à l’Autre transcendental, tandis que le champignon profite de la domestication du bétail sauvage par le primate, d’où l’expansion de l’espace occupé par le champignon. Là où il n’y a pas de plantes hallucinogènes, ce processus ne peut se produire, mais en présence d’hallucinogènes une culture est lentement confrontée à toujours plus d’informations nouvelles, de données sensorielles, comportementales et se trouve ainsi propulsée vers des états d’auto-réflexion de plus en plus élevés.
On peut raisonnablement penser que le langage humain provient de la synergie du potentiel organisationnel du primate par les plantes hallucinogènes. En fait, cette possibilité fut brillamment anticipée par Henry Munn dans son essais "Le Champignon du Langage" (1973). Munn y écrit :
Le langage est une activité extatique de signification. Lorsque l’on est intoxiqué par les champignons, la fluidité, l’aisance, la capacité d’expression dont on est capable sont telles que l’on est surpris par les mots qui proviennent du contact de l’intention d’articulation avec le sujet de l’expérience. La spontanéité que les champignons libèrent n’est pas seulement perceptuelle, mais également linguistique. Pour le chamane, c’est comme si l’existence poussait en lui.
D’autres écrivains ont senti l’importance des hallucinations comme catalyseurs de l’organisation psychique humaine. Julian Jaynes, dans son livre controversé Les Origines de la Conscience dans l’Effondrement de l’Esprit Bicaméral (1977), précise que des changements importants dans l’auto-définition humaine ont pu survenir, même durant des périodes historiques. Il suggère que lors de périodes Homériques, les gens n’avaient pas le même type d’organisation psychique intérieure que celle que nous admetons. Ce que nous nommons ego, correspondait à "dieu" pour les peuples pré-Homériques. Lorsque le danger menaçait de manière subite et inattendue, l’individu entendait la voix de dieu dans son esprit, une sorte de méta-programme de survie actionné en période de grande tension. Cette fonction psychique intégrante était perçue par ceux qui l’expérimentait comme étant la voix directe d’un dieu ; la voix directe du dirigeant de la société, le roi ; ou comme la voix directe du roi défunt, le roi dans une vie éternelle. Les marchands et autres commerçants, en allant d’une société à l’autre, rapportaient des nouvelles déplaisantes, du fait que les dieux disaient des choses différentes dans des endroits différents, développant ainsi les premiers germes du doute. A un certain moment, les peuples intégrèrent (au sens Jungien du terme) cette fonction autonome, et chacun devint dieu et réinterpréta la voix intérieure comme étant le "soi" ou, comme on l’appelera plus tard, l’"ego".
Les plantes hallucinogènes ont pu servir de catalyseurs pour tout ce qui nous différencie des autres primates, sauf peut-être la perte des poils.
En fait, je suis presque entrain de vous citer tout l'article
