unptitgab a écrit :Finalement l'humain est un des rares animaux capables d'anticipation, mais comme les autres il n'agit que lorsque la nécessité est présente. Je doute qu'une personne censée puisse croire qu'une croissance continue n'est pas une projection directe vers de graves pénuries.
Espérons le. La nécessité est présente et nous sommes effectivement capables de nous en rendre compte. Saurons nous, comme les autres animaux, nous servir de l'avantage que procure le fait de le savoir ? Ca reste à voir.
unptitgab a écrit :Pourtant tous les états veulent que la croissance positive soit l'objectif unique de leur économie
Ce qui montre que la première étape, celle d'une connaissance objective et réaliste des difficultés à surmonter n'est pas franchie. N'oublions pas que le "leader charismatique", c'est l'opinion publique. C'est elle qui désigne aux hommes politique la direction à suivre.
kestaencordi a écrit : Nos besoins changent nos priorité. Une économie basée sur des ressources renouvelables est envisageable.
Peut-être, mais sommes nous prts à en payer le prix. Nous sommes adict à la croissance et au désir de posséder autant que le voisin (enfin, celui qui a plus bien sûr, pas celui qui a moins).
ABC/kestaencordi a écrit : Des questions sérieuses comme la gestion et l’épuisement des ressources ?paradoxalement
C'est justement notre constant besoinobjectif [tant collectif qu'individuel] de croissance que vous dénoncez et la pression économique et environnementale (induite par cette poursuite du toujours plus de tout) qui détruisent notre habitat : la planète terre.
kestaencordi a écrit :La pression sur l'environnement détruit notre habitat : la terre.
Oui, c'est bien ce que j'ai voulu dire.
kestaencordi a écrit :A court/moyen terme nos besoins priment sur nos valeurs.
J'aurais plutôt dit que c'est au contraire nos valeurs (tout particulièrement la poursuite du toujours plus de tout) qui priment sur nos besoins à moyen terme.
kestaencordi a écrit :Je suis moins pessimiste. les experts ne s'entendent pas sur l’état de la croissance économique dans 100 ans.
Dans 100 ans ? Effectivement, une projection à une distance pareille eu égard à l'accélération produite par notre entrée fracassante dans l'anthropocène montre un optimisme certain.
Juste un petit chiffre très simple. Pendant les dites 30 glorieuses (1946 à 1975), on a eu une croissance annuelle moyenne de 5%. Forçons légèrement le trait (ça facilite les calculs) et considérons un objectif (heureusement illusoire) de 7% par an pendant un siècle. 7% par an pendant 10 ans ça fait 1.07^10 = 2 et un facteur 2 pendant 10 décennies, ça fait 2^10 = 1024. En négligeant (pour simplifier) les gains de productivité (permettant l'obtention d'une valeur ajoutée supérieure avec une consommation de ressources plus faible) on la trouve où la multiplication par 1000 de nos ressources ?
kestaencordi a écrit :On peut espérer qu' à moyen et long terme (+100 ans) les énergies fossile seront remplacées par des énergies renouvelables, l’épuisement causant le besoin et la technologie l'offre, à un prix avantageux.
Ce n'est malheureusement que qualitativement exact. En termes chiffrés on a pas tout ce temps.
La main invisible d'Adam Smith et la notion de vérité des prix ont marché pendant un bon moment. Ça ne marche plus car les effets de notre société dépassent les capacités d'anticipation (actuelles) des marchés. La lucidité supposée des marchés repose, en fait, sur celles de ses agents. Elle se heurte aux limites d'un monde fini et à la rapidité des interactions. L'anticipation, propre des marchés, n'est ni d'une qualité, ni d'une efficacité suffisante pour nous aider à prendre le virage que nous devons prendre. Ce n'est pas le problème des marchés mais de nos valeurs. Ce sont ces valeurs qui dirigent les investissements vers les directions rentables, celles qui rencontrent les clients que nous sommes.
kestaencordi a écrit :Pour ce qui concerne une vision a très long terme ( 100 ans)...
On n'est plus du tout dans le cadre du siècle, mais effectivement on agit comme si c'était le cas. Ce que vous dites est, en un sens, rassurant parce que ça signifie que notre passivité n'est peut-être pas une preuve d'immobilisme de notre part mais, pour une part non négligeable, un problème d'information sur ce que nous sommes dès aujourd'hui capable de prévoir comme conséquences à court terme (moins de 30 ans) si nous ne réagissons pas de façon appropriée et même si nous réagissons de façon appropriée. Le but n'est plus d'éviter le choc qui nous attend (c'est déjà trop tard), mais de choisir la moins mauvaise façon de le gérer.
Jetez un peu plus qu'un coup d'oeil sur la conférence sur la collapsologie réalisée de 10 mai 2016 à la cité des sciences et l'industrie par Pablo Servigné, ingénieur agronome et docteur en biologie.
Elle met en évidence le dépassement d'un certain nombre de seuils combiné avec un certain nombre de fragilités (climatiques, écologiques, énergétiques, financières, économiques, geopolitiques) et ses conséquences.
kestaencordi a écrit :Un arrêt de la croissance économique causerait une véritable catastrophe humanitaire. aussi la croissance que vous voyez comme un objectif je la vois comme un besoin a court/moyen terme. ( 100 ans)
Ce n'est pas l'arrêt de la croissance qui, en soi, créerait des problèmes, mais l'arrêt de la croissance sans accompagnement par une inflexion appropriée de comportements et d'objectifs encore plus dommageables sans cette croissance.
Toutefois vous avez raison quelque part. Une désintoxication passe par une phase de sevrage...
...Mais pendant ce temps les dégâts continuent de s'étendre et les risques augmentent de façon imprévisible (notamment le risque d'un dérèglement climatique majeur). La catastrophe humanitaire on l'aura probablement (sauf bonne surprise de dernière minute. L'avenir n'est pas déterminé à l'avance car notre science actuelle ne maîtrise pas encore les prévisions climatiques à long terme et l'évolution globale des ressources nécessaires à la vie sur terre compte tenu de nos interactions avec elles). Ce qu'il faut, c'est donc s'efforcer de prévoir ce qui va se passer et de choisir les meilleurs compromis pour, a minima, préserver la compatibilité de la planète avec la vie.
On connait déjà certains risques comme, par exemple, le risque d'emballement du réchauffement climatique via des dégagements de méthane (un gaz à effet de serre) par fonte du
permafrost et/ou le risque de la libération du méthane des nodules de méthane tapissant le fond des océans (sous l'effet du réchauffement des océans).
kestaencordi a écrit :Est-ce de l’égoïsme mal placé?
Je dirais plutôt mal calculé. Il ne repose pas sur les projections maintenant disponibles et les risques partiellement connus.
kestaencordi a écrit :C'est une question de valeur.
Sur ce point là, je dirais plutôt non. C'est (d'une certaine façon) plus simple car ça peut s'étudier objectivement. Mais bon, peut-être faudrait-il qu'on se bouge un peu, au moins sur le plan de l'étude des phénomènes qui peuvent, à court terme (moins de 30 ans) nous mettre en difficulté très sérieuse si nous ne les anticipons pas correctement d'une part et/ou réagissons de façon inappropriée (par exemple en ne réagissant pas du tout).