Bonjour ABC, pour tout de suite, je vous reprends ci-haut.
ABC a écrit :La notion de valeur humaine et d'échelle de valeurs est étrangère à la science (ce n'est pas son objet).
Mireille a écrit :Vous ne pensez-pas que nos valeurs changent au fur et à mesure que la science progresse ?
Telle que votre remarque est formulée, elle pourrait donner à penser que ces valeurs trouvent leur source dans la science elle-même, or ce n'est pas le cas. La science n'est pas une source de valeurs, c'est une source de connaissances objectives.
Les progrès de la science ont modifié l'ensemble de nos connaissances et ce que nous en avons tiré en termes de progrès technologiques modifie notre vie. L'accélération de l'échange des idées, le choc des cultures viennent ajouter un effet supplémentaire aux bouleversements induits sur le disque dur des croyances/convictions fortes sur lequel reposent nos choix de vie tant individuels que collectifs (ainsi que nos relations entre individus et entre nations, cultures, groupes d'intérêt... divers). Ces bouleversements se répercutent sur notre système de valeurs, et ce d'autant plus qu'antérieurement l'ensemble croyances, valeurs et connaissances formait un tout inextricablement lié.
Mireille a écrit :Nous marchons dans les pas que nous tracent la science et nous orientons à partir de ce que qu’elle nous livre.
La science ne nous trace pas de chemin que nos pas devraient suivre. Nous nous servons de la science et des progrès technologiques pour suivre le chemin que
nous avons décidé (le plus souvent sans même en être conscients) de suivre. Ce que nous livre la science, ce sont des informations qui nous permettent de prédire les conséquences de tel ou tel ensemble de causes. Elle peut donc nous aider à définir comment agir pour atteindre tel ou tel objectif reposant sur ce que nous décidons (ou pas) de considérer comme objectif à atteindre. Elle est neutre quant à préciser si ces objectifs sont bons ou mauvais. Il n'existe pas de science, au sens ou nous l'entendons, destinée et apte à préciser les valeurs que nous devons respecter ou au contraire modifier.
Mireille a écrit :N’est-ce pas à partir de ces valeurs d’ailleurs, reçues de par notre éducation que l’écart naturel se trace entre croyants et non croyants ?
Pas seulement entre croyants et non croyants (ça a même assez peu d'importance selon le croyance concernée, comme la présence ou pas d'un gros singe humanoide dans telle ou telle contrée reculée par exemple. Honnêtement, ça a quoi comme importance ?). Elle se creuse entre individus, entre sociétés, entre cultures...
...ce que nous devons parvenir à trouver, compte tenu des moyens de destruction, mais aussi de construction actuellement en notre possession, ce sont les choix qui nous permettront d'aboutir à une société soucieuse de répondre :
- d'abord à ses besoins primaires (manger, boire et respirer donc préserver la possibilité d'une vie sur la planète),
- ensuite à un certain équilibre entre les différentes composantes, cultures et nations de notre société mondiale,
- enfin, dans toute la mesure du possible, à un équilibre approprié entre intérêts (et libertés) individuels et intérêt collectif.
Mireille a écrit :Si je regarde les entreprises, elles affichent leur valeurs et tentent de motiver leurs employés pour augmenter leur rendement. D’où pensez-vous qu’ils prennent leurs informations, à la base ?
De ces employés eux mêmes, de leurs dirigeants et de leurs actionnaires. Bref,
ils, c'est nous.
Nous devons comprendre que
nous sommes les acteurs de ce que nous créons, dans notre société, dans nos entreprises, par les différentes actions que nous menons, par les pressions que nous exerçons sous diverses formes et par les conséquences de ces actions et pressions (le plus souvent sans même en être conscients). Il faut abandonner l'idée qu'il existerait une sorte de pouvoir mystérieux, détenu par un petit nombre d'individus très différents de nous et très puissants, qui mèneraient (à eux seuls) le monde dans la direction où il va. Les acteurs c'est nous, même si c'est à des degrés divers (et à des niveaux de pouvoir par individu variable).
Mireille a écrit :Même les études sur la motivation nous viennent de chercheurs en pédagogie.
Bref, la science peut étudier les motivations comme elle est capable d'étudier tout le reste mais elle ne définit pas quels objectifs sont à privilégier et quelles motivations sont bonnes en tant que telles. Les motivations ne sont pas figées, elles peuvent évoluer. Choisir de privilégier un ensemble de motivations plutôt qu'un autre est un choix que
nous faisons. La science ne pas pas faire ce choix à notre place.
Mireille a écrit :Je ne comprends pas ce que vous dites. La notion de valeur humaine n'est pas étrangère à la science, au contraire ce sera grâce à cette valeur justement qu'un jour les animaux seront libérés de la maltraitance qu'ils subissent, aujourd'hui.
Ce n'est pas la science qui dit si la vie humaine ou animale a de la valeur ou pas. La science est un outil de développement des connaissances
objectives et vous attendez d'elle un rôle de juge pour savoir ce qui a de la valeur ou pas, ce qui est bien ou pas bien. Votre vision de la science, de son rôle et de ses possibilités explique la catégorie science dans laquelle vous avez posé votre question. Cette question (on le voit à vos remarques) découle d'une interrogation subjective quant à la valeur et au respect de la vie animale ou humaine. Cette interrogation, la science ne peut pas lui apporter de réponse. Vous vous trompez sur son rôle et sur ce qu'elle peut nous apporter.
On peut toujours dire, bien sûr, que c'est la loi du marché (l'offre et la demande) qui décide de cette valeur, mais le marché c'est nous (en tant que demandeur de tel ou tel bien ou service et en tant qu'offreur de travail ou de capital). D'ailleurs, à un moment on achetait des esclaves (et ce n'est pas fini). La valeur marchande des biens que nous poussons nos entreprises à produire, la direction qui leur permet de faire des bénéfices, est une conséquence directe de nos attentes et de notre système de valeurs. La responsabilité de ce qu'elles font bien ou mal, c'est donc (collectivement) la notre.
Votre approche permet d'ailleurs de comprendre pourquoi les développements de la science ont bouleversé nos systèmes de valeurs. Lorsque ça c'est produit (à des périodes variables selon les pays et les cultures) la distinction entre connaissance objective, système de valeurs et système de croyances n'était pas encore identifiée. Le bouleversement de notre systèmes de connaissances a engendré un bouleversement de notre systèmes de croyances et, par contrecoup, du système de valeurs qui lui était attaché. Cet ensemble était indissociablement lié dans un système global et organisé de croyances, de connaissances (en partie justes, en partie fausses) et de valeurs (dont on ne peut pas dire si elles sont justes ou fausses, mais seulement si on décide de les choisir ou pas) définissant (entre autre) la place et le rôle de l'homme dans la société et plus généralement dans l'univers.
Nous en sommes maintenant dépourvus. On n'a plus de boussole. Nous pouvons donc faire tout et n'importe quoi... Et c'est d'ailleurs exactement ce que nous faisons.