BeetleJuice a écrit :C'est inquiétant, cette manie des médias occidentaux de vouloir à tout prix un "ennemi public n°1" à abattre.
Je ne pense pas que ça soit totalement volontaire. Il y a évidement une partie de propagande lié au positionnement idéologique de certains médias et au fait que leurs sources privilégiés soient plus d'un bord que d'un autre, mais je pense surtout qu'il s'agit d'un biais de confirmation involontaire.
Concernant la majorité du personnel médiatique, j'ai tendance à voir les choses comme ça aussi, mais ça ne dépasse pas le stade de la plus pure supposition.
Il est cependant difficile de ne pas soupçonner certains cadres médiatiques (éditorialistes, experts en tout genre), rompus au débat, de ne pas sciemment emmener leurs lecteurs ou auditeurs dans une direction toute tracée d'avance. Les collusions avec le monde politique sont nombreuses, les intérêts financiers sont bien présents, et le charlatanisme n'est certainement pas l'apanage des prescripteurs de pensée métaphysique, médicale, etc..
Au minimum, on peut en suspecter pas mal de reculer devant un espèce de terrorisme intellectuel carrément malsain, qui fait qu'au moins depuis le Kosovo, en France, on taxe de soutiens aux dictateurs les gens qui relativisent juste un peu le bien-fondé de la doxa ambiante (pour ne parler que de politique extérieure). Encore une supposition, mais j'imagine que c'est comme ça depuis des lustres. Ca fait quand-même bigrement penser au maccarthysme, pour donner un exemple facile, et on pourrait sans trop de risque se prêter à une analogie avec l'Eglise et ses procès en sorcellerie.
La politique étrangère russe n'est pas le premier storytelling médiatique qui finit par devenir déformant, l'élection de Donald Trump, le Brexit, la crise de l'Euro ont tous eu leur création de récit qui s'est fracassé sur le caractère plus nuancé et chaotique de la réalité.
Ce n'est aucunement une critique, juste une remarque : on pourrait remonter beaucoup plus loin dans le passé pour exposer le story-telling médiatique ambiant, sur des sujets divers et variés. Alors bon, Internet nous offre un moyen de mettre le doigt sur ses contradictions, ce qui fait qu'il est plus voyant ces derniers temps, et j'imagine que la désaffection de plus en plus de gens pour les médias de masse (au profit de médias "alternatifs", pas spécialement moins dénués d'idéologie pour certains) crée une sorte d'hystérie qui fait qu'on hallucine de plus en plus devant tant de débilité et d'arrogance. Les opinions qui vont à l'encontre de la doxa sont systématiquement diabolisés. C'est un peu mon credo, mais tu ne seras pas sans avoir remarqué la manie de la plupart des médias de constamment monter les gens les uns contre les autres.
BeetleJuice a écrit :
Et malheureusement, je ne pense pas que ça soit prêt de s'arranger, car face au brouillard d'information de notre époque hyper-connecté, les attentes vis à vis des médias sont contradictoires. On leur demande à la fois de donner du sens à un monde dont on perçoit aujourd'hui plus qu'avant l'aspect chaotique et complexe, mais on veut que ce sens soit simple et livré rapidement et on les fustige quand ils n'arrivent évidement pas à répondre à la fois à la demande de sens et de simplicité, à celle de fiabilité et de rapidité.
De la même manière, on demande aux experts d'être des oracles, ce qu'ils ne savent pas faire et on les fustige quand ils font de mauvaises prédictions.
Quand tu dis "on", tu parles des animateurs téloches, des intervieweurs et autres meneurs de débat ?
Je ne suis pas sûr que le "on" soit applicable à un quelconque segment de consommateurs de médias, perso.