jroche a écrit :Le Sunnisme, c'est près de 90% des musulmans.
90% qui n'ont aucune unité, sont fragmentés en 4 grandes écoles juridiques, elles même fragmentés en de nombreux courants, confréries, factions, nationalités, langues...
Quand on sait qu'une très grande majorité de l'Islam sunnite ne parle pas arabe, donc ne comprend même pas les prêches de leurs propres imams quand ces derniers citent en le Coran en arabe, ça laisse songeur sur la réalité d'un mouvement unifié.
Bref, toujours ce relativisme à la noix (pour rester correct) il y a de tout partout et donc tout vaut tout et réciproquement.
C'est sur que c'est tellement plus simple de faire dans l'ad hominem que de répondre vraiment. On en reparle de vos dérobade à répétition à propos du livre que vous avez cité quelques pages auparavant ? Je préfère être relativiste que lâche.
Pendant la plus grande partie de son histoire, le monde sunnite a été dominé par un Calife, à la fois Pape et Empereur.

Non mais sérieusement, ouvrez un bouquin d'histoire de l'Islam au moins une fois avant de proférer de telles âneries. Le seul califat universel du monde musulman où l'on peut réellement parler d'un Calife à la fois empereur et Pape, c'est la période Rashidun-Ommeyyade, qui va de l'origine de l'islam à 750.
Ca dure à peine un siècle et demi, il y a déjà une division Chiite/Sunnite/Kharidjite, le califat en question est encore majoritairement peuplé de non-musulman, et l'autorité du Calife est en réalité assez limité dès qu'on arrive sur les marges de l'empire, à savoir le Khorasan, le Maghreb occidental et l'Espagne. C'est d'ailleurs de là que viendront rébellion et sécession dès le VIIIème siècle.
Après ça, même si le Califat Abbasside joue encore un rôle de principale force musulmane de 751 jusqu'au milieu du IXème siècle, l'Islam ne va faire que se diviser et le rôle du Calife ne va que régresser, avec une impuissance politique toujours plus grande, culminant avec l'humiliant sac de Bagdad par les Mongols en 1258, où ce qui reste du Califat est transféré au Caire, via une revendication douteuse d'un obscur cousin du dernier Calife Abbasside de Bagdad, que les Mamelouk prendront sous leur protection comme une sorte de trophée.
Le monde musulman est d'ailleurs tellement indiférent au sort du Califat, qu'il faudra attendre le XIXème siècle pour que les Ottomans, qui s'octroient le titre, s'en servent réellement du point de vue religieux et politique, comme réponse à la prétention des Russes de se faire les protecteurs des orthodoxes des balkans, en prétendant eux être protecteurs des musulmans des anciens Khanats autour de la mer noire.
Pour l'essentiel de son histoire, le califat a surtout été un élément de légitimité et un élément identitaire, puisqu'il était d'usage de le citer en début de prière, et donc le faire ou pas indiquait souvent quels courants de l'Islam et quelle légitimité ont revendiquait et il était aussi celui qui pouvait distribuer certains titres, comme celui de Sultan, mais vite, on se passe de lui pour ça.
Son autonomie politique est donc le plus souvent très réduite, voir inexistante et son autorité religieuse dépend énormément de qui assure sa tutelle et de la volonté des dirigeants religieux à le laisser faire.
Et même dans les périodes de puissances, hormis celle cité au début, il y a des califats concurrents, qu'il soit chiite, avec l'Imam Fatimide, qui ambitionne au départ de carrément virer le Calife Abbasside (et il n'en est pas loin à la fin du Xème siècle), ou sunnite, comme le Califat de Cordoue.
Rien à voir avec un empereur donc, rien à voir avec le Pape non plus, qui a bien plus de pouvoir religieux et politique durant le moyen-âge et l'époque moderne que n'en a eu le Calife sunnite.
Et là, je ne parle que de la partie de l'Islam qui s'étend dans la zone de l'ancien Califat Ommeyyade, on pourrait parler de l'Islam asiatique, qui a encore une autre histoire, qui ne se soucis que très peu des califes.
A voir en termes de conversions. Cela posé, il y a d'abord un prosélytisme interne, resserrer les boulons, ramener les brebis égarées.
Non, il y a surtout une offensive des courants conservateurs, comme à chaque fois que l'Islam connait une importante crise. Et comme d'habitude, le jihad sert d'élément fédérateur. Le Wahhabisme et le salafisme jihadiste ne sont pas du tout les premiers courants musulmans prétendant revivifier l'Islam par un retour à une forme de pureté fantasmé. Ca se produit périodiquement et ça n'a toujours qu'une portée limitée., souvent parce que l'inertie des habitudes des populations qui sont mises sous leur tutelle ainsi que la pratique de la réalité du pouvoir épuise le jihadisme initial.
Il y aussi un phénomène de montée en puissance d'une bourgeoisie conservatrice dans un certain nombre de pays à dominante musulmane, soit lié à l'essor économique d'une partie de ces pays, soit lié à l'ouverture d'espace démocratique dont se saisissent ces populations, qui donne effectivement de l'écho à une certaines réislamisation des sociétés concernés. Mais c'est surtout sur le plan sociétal que ça se joue, et non pas sur le plan d'un combat pour l'Islam ou pour l'établissement d'Etat réellement dirigé par le religieux, comme le voudrait les jihadistes. Là, on est pas très éloignés de ce que peu produire le conservatisme chrétien dans des pays comme les pays d'Amérique du Sud ou d'Europe de l'Est, avec une population qui s’arque-boute sur quelques éléments identitaires et s'accompagne généralement d'un nationalisme très éloigné des idéaux d'une oumma unifié des partisans du jihad mondial.
Mais c'est moins lié à l'Islam qu'à l'évolution de l'économie mondiale, à l'urbanisation, à l'évolution de la place du rural dans les sociétés et aux changements sociologiques de ces dernières.
Une fois de plus, il ne faut pas voir l'Islam seulement sous l'angle des deux derniers siècles où il était très affaibli.
C'est ce que je fais et je ne vois pas du tout ce que vous voyez. Ce que moi je vois, c'est un Islam très divisé depuis le départ, qui n'a jamais su trouver une unité théologique après les premiers schisme et qui, comme les autres religions, a surtout su islamiser les sociétés en rendant islamique des éléments culturels antérieurs, plus qu'en les faisant disparaître, si bien que l'Islam, en tant qu'ensemble, est un conglomérat tellement disparate de nationalité, de langue, de pratiques diverses, de confréries, de tribus, de courants théologiques, qu'il faut être bien sôt pour penser qu'il y aurait une dynamique unique qui parcourrait l'Islam.
il y a une pression plus forte et conséquente et structurée, à l'échelle mondiale, que celles de toutes les autres religions réunies. Il y a quand même des pressions au niveau des états, et même de l'ONU, pour interdire sa critique.
Oui, parce que plus que les autres, cette religion est lié au politique et à sa légitimité et aussi parce que la seule grande autre religion planétaire susceptible de se pencher sur la question du blasphème à l'ONU, c'est le christianisme.
Et je ressors mon disque rayé, au nom de quelle autre religion maintient-on aujourd'hui une interdiction de la quitter sous peine de mort à l'échelle de pays entiers ?
Aucune, mais encore une fois, la seule autre religion comparable, c'est le christianisme.
Cela dit, tout ça ne change rien au fait que c'est faut de dire qu'il y aurait une dynamique unifié de résurgence de l'Islam, que c'est tout sauf pertinent de considéré que l'Islam ou même le sunnisme puissent être considéré comme un ensemble unique et que le christianisme est plus prosélyte que l'Islam.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)