Kraepelin a écrit :
Légalement et moralement chacun est responsable des gestes qu'il pose. Je crois que ça doit rester comme ça au plan juridique. Par contre, nous serions en dessous de nos devoirs si nous nous mettions des oeillères intellectuelles pour nous empêcher de constater que la réalité est toujours plus complexe que les résumé caricatural qu'en font les législateur et le vicaires.
Pour ma part, je crois que la violence conjugale répond à une dynamique où interagissent les variables appartenant à l'environnement et aux deux côtés de l'échange violent.
LoutredeMer a écrit :
Pour la minorité des victimes devant etre soignées psychiatriquement, oui, il faut le faire, comme il faut soigner l'agresseur. Mais je le répète, la responsabilité des coups appartient toujours à l'agresseur.
Je vous raconte ce que j'ai vécu il y a deux ans à peu près.
L'appartement dans lequel j'habite actuellement s'est libéré parce que les personnes qui y habitaient avant moi ne supportaient plus la violence du couple qui habitait juste au-dessus. L'homme battait sa compagne et avait menacé de mort avec une arme son propre fils. Le fils était parti; l'homme avait été incarcéré puis était sorti de prison.
Bref, je savais en emménageant que juste au-dessus de chez moi pouvait se dérouler un drame. J'étais donc très attentive aux bruits.
Un jour je croise ce couple dans l'ascenseur. J'ai tout de suite vu qu'ils s'agissaient d'eux. A quoi ? ils ressemblaient tous les deux à des "cabossés de la vie", portaient les stigmates de l'alcool, tout en étant par ailleurs tout à fait gentils et aimables.
Une autre fois, je rencontre l'homme tout seul; il me demande si son chat ne fait pas trop de bruit; il lui a acheté un jeu pour qu'il puisse s'amuser.
Bon je réponds que non mais je me demande s'il ne me mène pas en bateau avec cette histoire de jeu pour le chat: est-ce pour justifier les bruits légers de "cavalcade" que j'entends parfois. Je ne sais pas et ne le saurai jamais.
Puis un jour, j'entends des cris, des menaces etc... très forts (je n'avais encore jamais entendu de cris même étouffés; peut-être des éclats de voix mais rien d'alarmant). Là la porte fenêtre du salon était grande ouverte.
J'ai immédiatement appelé la police qui me répond que je dois rappeler si les cris se reproduisent. Argh, je ne m'attendais pas à cela... L'homme avait refermé la porte-fenêtre. Je n'attendais qu'un son de plus pour rappeler. Bon j'entends des éclats de voix très étouffés et je rappelle aussitôt. Cette fois, les flics me disent qu'ils arrivent. Ouf ! Peut-être entre-temps s'étaient-ils rendus compte qu'ils étaient déjà intervenus à cette adresse et que c'était sérieux.
Bref, j'ai su le lendemain lorsque le commissaire est venu prendre ma déposition qu'ils ont embarqué l'homme le soir-même. Il lui avait arraché une grosse touffe de cheveux, ce qui dénote une grande violence. Le commissaire me dit que cela aurait pu très mal finir.
L'homme a fait plusieurs mois de prison.
Et après ?
Et bien après il est sorti et elle l'a de nouveau accueilli.
D'après la femme de ménage de l'immeuble, ils se sont remis ensemble mais chacun chez soi.
Aujourd'hui elle a déménagé; j'ignore ce qu'ils sont devenus.
Tout cela pour dire quoi.
Evidemment c'est l'homme qui porte la responsabilité des coups, qui est dangereux et que l'on doit mettre hors d'état de nuire; mais sans une prise en charge de cette femme, et bien, elle l'accueille de nouveau. Et sans une prise en charge de l'homme, et bien il va de nouveau être violent.
A moins peut-être qu'ils ne se soient débarrassés l'un et l'autre de l'emprise de l'alcool. Mais même si c'est le cas, est-ce suffisant ?
Pendant qu'il était en prison, elle avait retrouvé un travail et fait une cure de désintoxication.
Je ne pense pas que l'homme ait appris en prison à être moins violent.
"L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine, la haine conduit à la violence... Voilà l'équation". Averroès
« Il est absolument possible qu’au-delà de ce que perçoivent nos sens se cachent des mondes insoupçonnés. » Einstein