Déterminisme et libre arbitre

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Dash
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Re: Déterminisme et libre arbitre

#201

Message par Dash » 15 juil. 2016, 16:49

jean7 a écrit :...le libre arbitre et qui n’est rien d’autre que la capacité technique, opérationnelle, à faire des choix.
Voilà, en pratique, c’est tout ce qui importe! Et Greem ne remet pas en cause que nous puissions faire des choix, donc il n’y a pas de problème à ce sujet. Ce qui embête Greem, c’est « qu’est-ce? » qui effectue le choix?

Qui est-ce qui évalue et qui choisit? La grosse orteil? Le foie? Le cortex préfrontal? Le thalamus? La mémoire? La somme de nos expériences? L’amygdale? Les émotions? Nos sentiments à l’instant présent?

Àma, l’erreur de certains est de créer une scission artificielle entre certaines parties d’un même et unique système pour les opposer à certaines autres de ses propres parties afin de pouvoir dire que certaines parties sont contraintes d’exécuter ce qui est évalué~décidé~opéré par d’autres parties. Mais c’est absurde pour plusieurs raisons...

Premièrement, justement, si le « je » et la conscience sont illusoire, ben n’en reste pas moins que c’est le système en question qui décide pour ce qu’il est ==> donc pour lui-même! Donc dans le pire des cas, la conscience n’est peut-être qu’un témoin, mais un témoin du libre arbitre de ce qui (le système qui) la génère en tant qu’illusion! Et à moins de conflits internes/externes, ben le système et son « témoin illusoire » ne sont pas contraints et sont donc libres! De plus, si le « je » et la conscience n’existe pas en soi, ben il n’y a pas d’opposition et donc l’absence de liberté de ces dernières illusions n’existe pas non plus! Il n’y a que le système qui agit pour et par lui-même, libre quand il n'est pas contraint.

Deuxièmement, à moins d’une anomalie comme une maladie ou un virus, etc., il est absurde d’opposer les différentes parties d’un même système alors qu’en fait, elles collaborent et participent tous à la résultante finale de ce qu’est et fait le système. Parce que la notion conceptuelle de la liberté de chosir n’a de sens qu’envers un système face à tout ce qu’il n’est pas lui-même. Sinon, l'on « efface » toute délimitation et nous pouvons faire du réductionnisme à l’infini où tout n’est plus rien, où il n’existe plus aucun « ensemble », aucun système complexe, mais seulement des unités de plus en plus petites : des cellules, des atomes, des quarks, etc., qui en « contraignent » d’autres de par leur activité respective, etc.

Bref, au final, comme je l'ai saisi depuis longtemps, dans les faits, en pratique ça revient au même, c'est juste que certains disent observer un verre à moitié plein et d'autres un verre à moitié vide. ....et que Greem ne réalise pas que le verre et son contenue sont exactement identique dans les deux cas! ;) :mrgreen:
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Emanuelle
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Re: Déterminisme et libre arbitre

#202

Message par Emanuelle » 15 juil. 2016, 17:28

Greem a écrit :
Emanuelle a écrit :Ce n'est pas bien difficile, me semble-t-il, de faire la différence entre les actions automatiques et celles que nous faisons consciemment.
Ce n'est pas le sujet de ma question, qui vous demandait non pas de faire la différence entre conscient et inconscient, mais de savoir qu'est-ce qui vous permettait d'affirmer que la conscience n'est pas un automatisme du cerveau ?
Nous avons un problème de vocabulaire.
Ce que je nomme automatismes (mais il y a certainement des façons bien plus précises de nommer que je ne connais pas), ce sont les actions effectuées sans qu'elles aient besoin de passer par un accord conscient, sans qu'elles franchissent ce que S. Dehaene appelle le seuil de conscience.
Dans sa conférence, il parle de nombreuses informations que nous percevons sans en avoir conscience.
Greem a écrit : Il y a tellement de bonnes raisons de s'inquiéter que je trouve un peu ridicule de dramatiser parce que notre cerveau est capable de fonctionner automatiquement.
Certains automatismes sont en effet indispensables.
Mais il y a d'autres automatismes qui traduisent l'absence à soi-même, un manque de vigilance ou d'attention.
Greem a écrit : Autrement dit, qu'est-ce qui vous permet de dire que vos réflexions conscientes sont autre chose que le résultat mécanique de votre activité neuronale ?
Ces mots sont-ils bien choisis ? Les termes du débat sont-ils bien posés ? Personnellement j'en doute beaucoup. Le réductionnisme peut-il suffire à définir la conscience ? Il semble que non d'après Gazzaniga, qui fait appel à l'émergence. J'ai bien l'impression que nous manquons de concepts actuellement.

Jean-Francois a écrit : En d'autres termes: comment savoir s'il existe réellement un "je" qui serait libre de décider de nos actions?
Comment se construit ce "je" ? C'est une très vaste question je pense.

Sur la liberté, quelques citations du doc http://lecerveau.mcgill.ca/flash/pop/po ... %20pdf.pdf:

(...)Pour terminer : une position intermédiaire. La liberté serait une question de degrés. Donc on ne serait pas soit libre, soit déterminés, mais plus ou moins libre ou déterminés. Cette idée est intéressante car elle sous-tend ce qu’on pourrait appeler la « conquête de degrés de liberté », un détournement de nos déterminisme à notre avantage par leur compréhension.

Mais elle nécessite de sortir de la dichotomie « liberté / déterminisme » pour aller vers de nouveaux concepts qui auraient à la fois des affinités avec les neurosciences et avec la notion de responsabilité.
Le psychologue Roy Baumeister suggère pour sa part qu’au lieu de parler d’actes volontaires librement choisis, nous parlions simplement de :
1- mécanismes d’autorégulation et
2- d’aptitudes au choix rationnel envers des options plus ou moins automatiques que génère notre cerveau.

1- L’autorégulation - ce qui permet de substituer un comportement à un autre en fonction d’une situation donnée - implique un effort conscient pour s’effectuer présente sous certaines formes chez d’autres animaux, l’autorégulation serait particulièrement développée chez notre espèce grâce à l’importance de notre cortex préfrontal.

2- L’aptitudes au choix rationnel - processus par lequel on évalue, par le biais du raisonnement logique, les suites possibles de l’action - implique la capacité de simuler à l’avance les conséquences de l’action - souvent en fonction d’un calcul coût-bénéfice. En guise de conclusion Libre arbitre et neuroscience

Les neurosciences ne peuvent peut-être pas nous rendre plus libres, mais peut-être plus attentifs à tout ce qui s’enregistre à notre insu dans notre système nerveux, à toutes ces « décisions par défaut » que prend constamment notre cerveau. Et peut-être pourra-t-on alors exercer un meilleur contrôle sur notre environnement, et donc sur nous-mêmes et conquérir ainsi quelques petits degrés de liberté…


Personnellement, je ne pense pas que la compréhension soit suffisante. Pour qu'il y ait changement, il est nécessaire d'agir. Vous en parliez, je crois, dans un fil, à propos des thérapies comportementales (?).

Quelques citations de ce document: http://www.automatesintelligents.com/ec ... ience.html

Section 3. Propriétés et limites de la conscience supérieure

Gerald Edelman est sans doute un des spécialistes du cerveau qui a le mieux réussi à préciser le concept omniprésent et pourtant bien mal compris encore de conscience. Ses principaux ouvrages s'inscrivent dans une réflexion générale sur la conscience d'inspiration matérialiste. Dans divers travaux, il a développé une théorie de la conscience que l'on peut résumer ainsi :

« On ne distinguera pas la conscience telle qu'elle se manifeste au niveau individuel de celle qui émerge dans les relations de groupe. La conscience supérieure ou conscience de soi ne présente pas toutes les propriétés d'omniscience qui lui sont généralement attribuées.

« Elle est partielle, des pans entiers de la représentation du monde par l'organisme, y compris les informations qu'il a sur lui-même, lui échappent définitivement ou durablement. Le champ de l'inconscient est considérable. On y trouve la plupart des automatismes vitaux pour la survie.

« Elle est tardive autrement dit non « primo-décisionnelle ». Les décisions, ressenties comme volontaire par le sujet conscient, résultent en fait d'une décision antérieure déterminée, elle-même provenant d'autres parties de l'organisme tout entier.

« Elle joue cependant un rôle, permettant d'attirer l'attention sur des phénomènes que l'expérience a classé comme importants pour la survie. Ceci au niveau individuel comme, grâce au langage, au niveau collectif. L'attention, à son tour, déclenche des mécanismes correcteurs, conscients ou inconscients. »
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Greem
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Re: Déterminisme et libre arbitre

#203

Message par Greem » 15 juil. 2016, 22:23

Dash a écrit :Sinon, l'on « efface » toute délimitation et nous pouvons faire du réductionnisme à l’infini où tout n’est plus rien, où il n’existe plus aucun « ensemble », aucun système complexe, mais seulement des unités de plus en plus petites : des cellules, des atomes, des quarks, etc., qui en « contraignent » d’autres de par leur activité respective, etc.
Pas à l'infini, mais dans la limite des plus petits phénomènes soumis à la causalité.

Mais qu'importe, je comprends ce que tu veux dire, et je te répondrais : et pourquoi pas ? Tu as conscience que la seule raison qui nous pousse à définir des échelles de compréhension sous forme de catégorie, ce sont nos limites intellectuelles ? Ce n'est pas parce qu'on est obligé, humainement parlant, de diviser le monde observable par tranche de temps ou de grandeur que ça veux dire qu'on aurait tort de s'en limiter à l'échelle minimum, si tant est qu'on ait la capacité de le faire.

Définir des catégories, ce n'est donc pas le problème et je n'ai aucun mal à admettre que la catégorie "moi" prend des décisions a priori "libre" car sans contraintes apparentes, mais quand ces catégories arbitraires sont tenu pour des réalité naturelles, alors on tombe dans l'erreur de l'essentialisme, et c'est exactement ce que tu fais quand tu prétends que la conscience est capable d'orienter nos décisions, ou quand Jean ou Etienne font les gros yeux parce qu'on remet en question ce "moi" qui, à notre échelle, nous apparait si personnel et cohérent.

Il y a une contradiction dans votre posture puisque même si vous reconnaissez le caractère physique de la conscience, vous vous obstinez quand même à en faire un phénomène émergement qui naitrait de la causalité pour surpasser celle-ci, et ne me reproche pas de brandir des épouvantails car ce sont tes propres mots que j'utilise. Et cette émergence, elle apparait comme quelque chose d'inconnue, inaccessible. Elle serait comme une "force" qui existerait quelque part, insaisissable, mais dont on observerait les effets (4 fois sur 10 ;) )

Si ce n'est pas du dualisme, ça y ressemble beaucoup. Votre libre arbitre est un peu ce que le déisme est au théisme, je trouve : Concorde avec les observations, mais inutile, et surtout, très rassurant.
Emanuelle a écrit :Le réductionnisme peut-il suffire à définir la conscience ?
Ouep, sinon ça revient à postuler l'existence "d'autre chose", ce qui n'est pas très judicieux.
Emanuelle a écrit :Le psychologue Roy Baumeister suggère pour sa part qu’au lieu de parler d’actes volontaires librement choisis, nous parlions simplement de :
1- mécanismes d’autorégulation
Oui mais voilà, nous n'avons aucune emprise sur ces mécanismes d'autorégulation. Cette conception des choses revient à diviser arbitrairement les causes qui nous conditionnent, comme s'il y avait les bons et les mauvais déterminismes.
"Ils terribles ce ses sceptiquo-maniaques-sionisto-propagandum."

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Re: Déterminisme et libre arbitre

#204

Message par Dash » 16 juil. 2016, 00:39

Greem a écrit :Si ce n'est pas du dualisme, ça y ressemble beaucoup. Votre libre arbitre est un peu ce que le déisme est au théisme, je trouve : Concorde avec les observations, mais inutile, et surtout, très rassurant.
Oui, mais non. C’est un problème essentiellement conceptuel et il ne perturbe que toi (enfin ici).

Le système que tu es à la possibilité de faire de la « science ». C’est-à-dire qu’il peut observer son environnement et en tirer des déductions, des généralisations, des conclusions. Il peut ensuite vérifier, tester, valider/invalider et donc anticiper, prédire, et, par conséquent, manipuler son environnement. Right? Dans ce cas ça ne te pose pas de problème, car la différence entre l’observateur et son environnement est implicite et naturelle.

Maintenant, le système complexe que nous sommes peut faire exactement la même chose, mais envers lui-même en s’observant lui-même! Et c’est dans ce cas que ça te pose problème, car « l’observateur » et « l’observé » sont une seule et même chose, ce qui, conceptuellement, introduit un paradoxe, une scission à cause de nos référents conceptuels.

Mais peu importe qu’elle est la partie ou la « somme des processus » qui observe et évaluent chez un système, chez un organisme vivant, quand cela est suffisamment complexe et développé pour pouvoir tirer des conclusions logiques et modifier des trucs envers lui-même tout comme il le peut envers son environnement, bref, pour appliquer la même méthode de manipulation de l’environnement envers lui-même, ben c’est que ce dernier ne fait plus partie des organismes qui n’ont pas cette possibilité (il n’y a pas de façon plus neutre de le formuler). Et certains d’entres nous conçoivent ou se représente cette dernière possibilité comme étant la possibilité pour un système d’agir sur lui-même (ce qui est loin d’être un abus de langage) alors qu’il est plus qu’évident que bcp d’autres organismes ont bcp moins la possibilité d’en faire de même. C'est un problème?

Ça va même au point où si mon cœur ne fonctionne plus comme il le faut, je peux « demander » à certains de mes pairs de me transplanter un nouveau cœur, afin de « m’extirper » de la « fatalité du déterminisme » qui me réservait une mort imminente! Je peux aussi, si le système que je suis est indisposé, souffre ou se sent contraint et limité par ses propres capacités/limites, demander l’aide de nutritionnistes, de médecins, d’entraineurs, de coachs, d’érudits et de professeurs afin de m’instruire, de me créer des « programmes » qui me conditionneront et me « modifieront »! Et si j’ai les connaissances et l’intelligence nécessaires (autodidaxie~métacognition), je peux également en créer moi-même en utilisant mon intellect (pardon, mon « cerveau »). Ce que je suis est donc libre (avoir la possibilité de) de se modifier lui-même (donc de s’autodéterminer dans une certaine mesure) s’il se sent contraint, limité ou s’il souffre de sa condition!

Tout comme le dernier post d’Emanuelle le mentionne, il y a donc un continuum, une échelle de liberté, d’auto détermination, etc. Vouloir à tout prix ramener la question à un aspect binaire « libre/non libre » m’apparait bcp trop simpliste.
Greem a écrit : Tu as conscience que la seule raison qui nous pousse à définir des échelles de compréhension sous forme de catégorie, ce sont nos limites intellectuelles ?
Greem a écrit :...et c’est exactement ce que tu fais quand tu prétends que la conscience est capable d’orienter nos décisions
Heu, ben si je réponds oui à ta première question et que nous nous mettons d’accord sur cette question précise, ça invalide alors ton deuxième extrait que je cite! :grimace:

Tu en as conscience? :roll: :mrgreen: :hilare:

Je ne comprends pas que tu ne puisses observer et admettre que la conscience (je parle du fait d’avoir conscience de x ou y et pas d'un truc « magique ») interfère dans le cours des choses. Avoir conscience, ou non, que des collègues de travail, P. Ex., se moquent subtilement de toi impactera forcément le cours des choses et donc de tes actions. Tout comme le fait de prendre conscience de certaines choses te concernant, envers toi-même et pour toi-même! Que ces prises de conscience se passent à un instant t précis juste avant que tu puisses les formuler dans « l’illusion de ton "je" » ne change rien à l’affaire.

Il n’est pas question de sémantique, de « pouvoir magique » ou autres trucs que tu nous accuses sans arrêt, il est question de ce qu’on peut observer — en pratique — tous les jours au quotidien! Tous les jours, j’observe des êtres humains qui n’ont pas conscience de subtilités dont moi j’ai conscience! Et, nécessairement, ces derniers ne peuvent agir en fonction de ce dont ils n’ont pas conscience! Quand j’observe un pauvre mec qui n’a pas les capacités intellectuelles requises pour réaliser et prendre conscience que les autres sont en train de se payer sa gueule, ben ça me démontre et me prouve à chaque fois que ce dont mon cerveau, mon « système » a conscience permet à ce dernier d’agir et de faire différemment que ceux qui n’ont pas le même « degré » de conscience!

Et il m’apparait même superflu (dans le cadre de cet échange) de tenter de savoir « qu’est-ce que la conscience dans l’absolu » et comment elle opère dans les détails étant donné qu’il est plus qu’évident qu’elle est une capacité plus ou moins efficiente et effective selon les individus et les espèces. Je me fous même, à la limite, du terme « consciences », du terme « intelligence », de ce qu’implique, ou non le « QI » et de tous ces débats stériles à propos des 36 façons de concevoir la conscience et l’intelligence. Je suis foncièrement pragmatique et ce que j’observe — concrètement — ce sont des capacités (bien réelles et concrètes) qui diffèrent dans leur qualité/quantité d’exécution. Certains individus et certaines espèces ont plus ou moins de ce qui leur permet d’agir et de manipuler les autres, leur environnement et eux-mêmes! Il y a bel et bien une échelle, un continuum entre le fait d’être totalement soumis et réactifs et le fait de pouvoir exploiter nos capacités pour modifier le cours des choses.
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jean7
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Re: Déterminisme et libre arbitre

#205

Message par jean7 » 16 juil. 2016, 02:45

Greem a écrit :mais quand ces catégories arbitraires sont tenu pour des réalité naturelles, alors on tombe dans l'erreur de l'essentialisme, et c'est exactement ce que tu fais quand tu prétends que la conscience est capable d'orienter nos décisions, ou quand Jean ou Etienne font les gros yeux parce qu'on remet en question ce "moi" qui, à notre échelle, nous apparait si personnel et cohérent.
Si la catégorie dont je parle n'avait pas une existence naturelle, tu aurais raison.
Mais je n'ai jamais parlé de libre arbitre que pour une catégorie naturelle : l'individu.
Ce n'est pas une vue de l'esprit. C'est une truc avec une masse, un volume, une température et même un code génétique caractérisable.

Le réductionnisme pour expliquer les caractéristiques de choses existantes, je comprend.
Pour les nier, je ne comprend pas. "Je ne trouve pas de libre-arbitre dans l'individu donc il n'en a pas", non, ça ne passe pas. C'est un raisonnement que tu ne tiendrais en général pour aucune propriété d'aucun autre objet. Je fais les gros yeux pour ça et ne comprend toujours pas pourquoi je n'aurais pas raison de le faire.

Et même en rentrant dans le "comment ça marche". La conscience me semble effectivement une étape nécessaire au fonctionnement du libre arbitre. Mais bien entendu, compte tenu du nombre de rouages en interaction et itération, son rôle ne doit pas être surjoué puisque d'une part sans reprise par d'autre systèmes des infos acquises consciemment, son rôle serait nul, d'autre part nous mémorisons aussi inconsciemment et enfin la conscience n'est effectivement qu'une catégorie théorique choisie arbitrairement pour étudier ce qui se passe.

Greem, ma position n'a pas bougée et je n'en suis pas fier.
Mais je ne vois pas ce qui ne te convient pas dans ce que je dis.
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Re: Déterminisme et libre arbitre

#206

Message par jean7 » 18 juil. 2016, 02:35

Dash a écrit :
Greem a écrit :Si ce n'est pas du dualisme, ça y ressemble beaucoup. Votre libre arbitre est un peu ce que le déisme est au théisme, je trouve : Concorde avec les observations, mais inutile, et surtout, très rassurant.
Oui, mais non. C’est un problème essentiellement conceptuel et il ne perturbe que toi (enfin ici).
Salut Greem,

Je fait un petit résumé du point où j'en reste pour tenter de lever les ambigüité qui tu me semble soupçonner dans mon point de vue.

La conscience n'est pas sous contrôle de l'individu.
Les trois premières justifications qui me viennent :
- techniquement la conscience inclue des input externes non maitrisables.
- ce que l'on observe de la conscience semble pouvoir s'expliquer par un fonctionnement automatique.
- le contrôle d'une partie d'un système biologique par le système complet serait une bizarerie dans la nature (existe-t-il un seul exemple avéré ?).

Le dualisme, je n'en parle même pas. Un petit truc dedans qui aurait toute les propriétés de l'individu sauf celles qui sont vérifiables et plus un tas d'autre grande choses… Je ne comprend pas le concept.

Le libre arbitre, propriété de l'individu complet, concept inventé qui rend compte de certains faits et gestes d'individus, existe. Ce n'est pas une hallucination collective, ni une illusion. Une construction, ça oui, probablement. Je veux dire que je ne vois pas de raison de penser que cette facultée soit naturelle, innée. Mais considérer tout ce dont nous sommes capable hors de nos capacitées innées comme des illusion me semble compètement abusif.

Voià pour ce que je "crois savoir".
Je ne pas convaincu que l'on diverge beaucoup là-dessus et je suis intéressé pour le savoir.

Coté opinion, je pense qu'on a tout intérêt à développer cette propriété acquise et transmise plutôt que de la nier ou de la combattre mais effectivement que ça mérite une réflexion et un débat.
Pour moi, un neo-humain sans libre arbitre peut advenir en quelques générations seulement par une éducation ciblée. Mais la société résultante serait extrèmement dangereuse pour l'espèce car un contrôle total par quelques uns ou pire un algorithme ou une règle serait beaucoup plus facile, y compris par une religion lambda.
Et je n'ai aucune idée du temps qu'il faudrait pour "ré-implanter" cette partie du logiciel.

Enfin, Greem, si tu pense sincèrement que le libre arbitre est un problème, ne vaudrait-il pas mieux ne pas nier son existence et on pourra réfléchir à ce qu'on peut faire avec et comment.
Le libre arbitre est à la causalité ce que le corps est à la physique

_______Léon______
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Libre-arbitre

#207

Message par _______Léon______ » 25 mars 2017, 11:28

Bonjour,

Comment peut-on définir le libre-arbitre ? Existe-t-il vraiment ? Est-ce qu'à travers l'incroyable univers qu'est le nôtre, nos consciences/nos esprits/nos pensées sont-ils réellement libres, où, au contraire, nos pensées ne seraient que le fruit de nos connexions neuronales ?

Autrement dit, peut-on se considérer libres dans nos pensées, où, si elles sont engendrées matériellement, ne doit-on alors pas pencher vers un déterminisme certain dans le cours qu'elles prennent, puisqu'elles sont nourries par ce qu'on mange et ce qu'on respire ? Et que dans ce cas, on se retrouverait dans une impossibilité de choix, quelque part.

_______Léon_______

PS : merci à la modération d'avoir déplacé le sujet. J'avais maigrement cherché auparavant, sans résultats probants. Mea culpa.

Message déplacé dans ce fil de discussion par la modération. Merci de chercher si un sujet n'existe pas déjà avant de le créer.

Freewont
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Re: Déterminisme et libre arbitre

#208

Message par Freewont » 22 juil. 2017, 16:56

Bonjour,

J'espère poster où il le faut.

La question du libre arbitre est essentielle à la compréhension de nos comportements.

« J'imagine qu'il est tentant, si le seul outil que vous avez est un marteau, de traiter tout problème comme si c'était un clou »
Abraham Maslow

C'est le principe même de la nécessité.
Le cerveau comme marteau et ses produits comme les clous.
Plus que tentant, il est déterminant.
Mais si l'on peut se retrouver doté d'un des innombrables outils biologiquement disponibles, rien ne nous permet d'en choisir sa taille , forme ou autre spécificité.
En d'autres termes, nous n'avons aucun pouvoir sur notre volonté et donc sur les choix qu'elle nous propose.
Un chêne, en effet, ne produira jamais que des glands et jusqu'à preuve du contraire il n’a pas non plus décidé de naître chêne.

Et si vous doutez quant à la nature humaine, interrogez-vous sur cette question : "Si l'on considère que nos volontés produisent des actes puisés nécessairement dans un réservoir d'énergie, pensez-vous réellement que nous avons la liberté, la guise de remplir ce réservoir quand bon nous semble, à la vitesse désirée avec le contenu que l'on souhaite ?
Ou n'est-ce pas plutôt une illusion qui conforte un égo piégé par l'ignorance que ce qui le compose et dans le même temps la peur mue par la résignation, de ne devoir s'accepter que spectateur et non acteur de sa vie ?

jean7
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Re: Déterminisme et libre arbitre

#209

Message par jean7 » 23 juil. 2017, 03:06

Freewont a écrit :Ou n'est-ce pas plutôt une illusion qui conforte un égo piégé par l'ignorance que ce qui le compose et dans le même temps la peur mue par la résignation, de ne devoir s'accepter que spectateur et non acteur de sa vie ?
Bonjour Freewont,
je n'ai pas compris ton histoire de réservoir, d'énergie, etc.

Pour ma part, il me semble que la question de l'égo, la peur, la résignation, etc., tous ces arguments émotionnels que l'on se voit balancé comme autant de tartes la crème dès lors que l'on entend soutenir l'existence du libre arbitre, posent deux problèmes :
1 fonder une réflexion sur des émotions mène directement dans une impasse parce que la préoccupation de vouloir se démarquer de l'ego, la peur, la résignation etc. revient aussi à ne pas avoir une réflexion libre.
Le mieux me semble donc de tenir ce type d'argument inutilisable à l'écart. Ce qui motive la réflexion d'autrui, il vaut mieux ne pas le pré-supposer.
2 tous ces attributs sont réversibles. Concernant le libre-arbitre, c'est très facile. Ce que tu évoque s'entend bien pour quelqu'un qui s'interroge sur lui-même. Mais le libre-arbitre avant tout est une capacité qui a du sens quand on l'observe chez autrui. On voit en effet les personnes prendre des initiatives, des décisions, émettre des idées non contraintes. Penser que chaque autre personne est capable de libre-arbitre est menaçant pour notre propre ego. Croire que tout le monde agit sans libre-arbitre a quelque chose de très rassurant.
C'est discutable bien sûr, je veux juste montrer par là qu'en supposant que les réflexions d'autrui sont pilotées par leurs émotions, que ce soit vrais ou faux, on ne peut aboutir à rien.
Mieux vaut donc s'attarder sur ce qu'ils écrivent que sur ce pourquoi ils l'écrivent.

Pour moi, la question "déterministe et libre-arbitre" n'est pas existentielle.
J'essaye juste de comprendre si le déterminisme théorique "dur" rejette le libre-arbitre pour des raisons théoriques incontestables ou par idéologie. En d'autre termes, s'il est à ce point simple et clair que la causalité implique l'absence de liberté, pourquoi est-ce qu'on en a pas de démonstration intelligible dans le cadre de la vie réelle, seul cadre où la notion de libre-arbitre peut avoir un sens.

J'explique un peu plus ce point : la causalité dit que depuis le big bang jusqu'à la fin de l'univers tout ce qui se produit est lié par des liens de causalité et que pour toute tranche de temps donné l'état de l'univers à t2 est la conséquence de l'état de l'univers à t1. Partant de là.
- Il n'y a rien de logique à en déduire que chaque événement à t2 est causé par chaque événement de t1
- on peut donc faire à t1 un état matériel dans lequel il existe des objets sans influence active les uns sur les autres (quand bien même ils sont tous là des suites d'une même cause = big-bang)
- si l'on débute une observation à t1, ce qu'on observe est donc bien une dynamique dans laquelle il y a des lignées d'événements libres les unes des autres.
- les individus sont des "paquets de conditions initiales", des objets synthétisant en leurs corps une capacité de réaction a des situations diverses très complexe. Dans ce paquet, il y a des éléments sous influence directe de l'instant immédiatement précédent, mais aussi des éléments sous des influences remontant bien avant t1. L'algorithme de réaction comprend des itérations, des interactions... de sorte que, tant que la technique de décryptage de cet algorithme nous est inaccessible, il est déraisonnable de ne pas tenir compte du libre-arbitre de l'individu en tant que capacité propre.
- a ce titre, le libre-arbitre n'est pas une illusion, c'est un phénomène. Ce phénomène ne s'oppose pas à la causalité, il est au contraire prévisible et explicable par la causalité. Il n'a pas de sens universel mais uniquement un sens à l'échelle des sociétés. C'est un épiphénomène qui concerne une partie infime de l'espace et du temps. Mais il prend une place considérable à l'échelle des sociétés.

Voilà, j'aimerais en gros comprendre où, là-dedans, il y aurait des infractions logiques à la loi déterministe.
Le libre arbitre est à la causalité ce que le corps est à la physique

jean7
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Re: Déterminisme et libre arbitre

#210

Message par jean7 » 24 juil. 2017, 02:12

(dérouté de Chialage, ego, ad hominem et concours de...)
Dany a écrit :
Cartaphilus a écrit :Salut à tous.

Rappel des épisodes précédents (c'est moi qui souligne): « Maintenant supposons qu'on fasse une copie parfaite de cet agent [...]
On a donc deux agents libres [sic], appelons-les A et B [...] les mêmes conditions initiales du point de vue physique, ils ont le même corps, le même cerveau, et ils entourés exactement du même univers physique à la particule près. [...]
C'est moi qui souligne ce que Dany a écrit :Et si tu veux, il y a deux univers différents qui viennent de naître, au temps 1 de Planck.
Dans ce message, publié à la suite de celui cité supra, Dany a écrit :Je n'ai pas vraiment changé les conditions initiales. C'est juste une autre manière de présenter la chose et je pense que l'auteur de la vidéo n'y verrait aucun inconvénient, puisque j'en garde l'esprit.
Allons, allons, est-ce bien raisonnable... ?
Bien sûr. La visualisation marche aussi avec deux univers différents. Ce qui compte, ce sont les chaînes déterministes respectives dans chacun des univers déterministes :

A toi de me dire, en tant que compatibiliste qui s'ignore, ce qui pourrait bien se passer pour que leurs choix respectifs soient différents.
Il n'y a pas à tortiller, si les univers sont identiques ils s'y passe la même chose et s'il ne s'y passe pas la même chose ils sont différent.
Cette expérience de pensée ne montre rien du tout sur la liberté de choix.
Il n'y a aucune raison, liberté ou pas, pour que la copie si elle est parfaite fasse différement que l'originale.

Dany a écrit :
Cartaphilus a écrit :Et aussi à toi de me dire (et je te l'ai déjà demandé) ce qui te gênes si je remplace les trucs-bidules subatomiques du temps 1 de Planck (qui interagissent entre eux selon la causalité et les lois de la nature) par des humains.
Il n'y avait pas d'humains au temps de Planck.
Et au temps de Planck, chaque "trucs-bidules subatomiques " était en interaction avec chaque autre.
Ce qui n'est plus le cas actuellement.
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#211

Message par jean7 » 25 juil. 2017, 14:08

Etienne Beauman a écrit :Si toutes tes actions sont déterminées je ne voie pas en quoi tu peux te prétendre libre.
Regarde mieux alors.
Prend un train sur les rails et convenons que "libre" dans ce cas veux dire "peut bouger". Il est à la fois déterminé (il n'ira jamais que d'une gare à l'autre) et libre (avancer, reculer, accélérer, freiner).

Revenons à l'individu.
Je pose que ses actions sont entièrement déterminées.
1 par des contraintes extérieures
2 par lui-même.
Sa liberté est en 2

Ce lui-même, est théoriquement le résultat du déterminisme, mais c'est sans aucune importance.
L'objet est de dire que "il" est libre.

Le fait que "il" n'est pas sorti du néant n'a aucune importance, une part conséquente de ses déterminants remonte a des temps immémoriaux. Ils sont tellement nombreux, diffus, dilués qu'il n'est pas matériellement (et peut-être théoriquement) possible d'en dresser une liste exhaustive et encore moins d'en discriminer les influences. Ce déterminisme-là, sur l'échelle de temps d'une vie, est virtuel.
Mais peu importe encore !

La liberté relative, pour un individu, pourrait par exemple être représenté par un ratio entre, pour une action donnée, les causes interne et les causes externes au corps de l'individu.
Une action a un temps de départ, et un temps de fin.
Il suffit de faire le bilan des conditions initiales au début de chaque action pour voir la liberté relative.
Elle n'a rien d'illusoire. Elle est effective autant que l'individu existe.
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#212

Message par Etienne Beauman » 25 juil. 2017, 18:28

jean7 a écrit :Revenons à l'individu.
Je pose que ses actions sont entièrement déterminées.
1 par des contraintes extérieures
2 par lui-même.
Sa liberté est en 2
La liberté consiste en la capacité de s'autodéterminer au moins partiellement en fonction de sa volonté.
Si la décision n'est pas fondamentalement capable d'être imprévisible, alors les choix de la volonté ne sont qu'épistémique.
Autrement dit, lors d'une prise de décision, il n'y a pas de choix :
  • l'une des alternatives sera nécessairement celle choisie.
  • les autres n’auraient pas pu être choisies.
car l'état de l'individu à un moment t fait partie des conditions initiales, que les contraintes soient externes ou internes, ne changent rien : s'il n'y a que des contraintes il n'y a rien de libre.

Alors oui je pense qu' à un instant donné t, on ne peut pas vraiment agir autrement*. (Quand on me demande de choisir yaourt au fraise ou à la vanille, ma réponse dépend de l'humeur du jour et on a beau rejoué la même scène dans des milliards de copie d'univers identique, si je suis copié à l'identique mon humeur du jour sera la même --> mon choix sera le même).
Mais alors quoi ?
Alors l'homme réfléchit.
L'homme crée des concepts qui n'ont rien de matériel.
L’homme a découvert la logique.
L'homme a inventé le langage qui n'a rien de matériel (on voit qu'à partir d'une seule proto-langue au départ on est arrivé à des milliers de langues de nos jours, alors que les principales préoccupations de l'homme étaient grosso modo les mêmes (se nourrir, se reproduire, se protéger du froid, des prédateurs, etc.), le déterminisme nous dit que dans les mêmes conditions initiales ont obtient les mêmes résultats, même les systèmes chaotiques sont prévisibles globalement, comment expliquer de telles différences si on nie le pouvoir de création propre à l'humain ?)
Bref l'homme se réfère à des valeurs.
Et le rapport avec la choucroute ?
Les valeurs ça se cultivent, plus on y mets des jetons et plus ça prends de l'importance pour celui qui mets les jetons.
Et ça on peut en être parfaitement conscient.
Un exemple pour tenter d'être plus clair :
On peut se rendre compte que pour être en forme il vaut mieux faire 15 km de courses à pied par semaine que fumer 20 clopes par jours.
Et vouloir ou pas être en forme, c'est pas une décision que l'on prends à l'instant t, c'est une valeur.
Et j'ai le choix de planifier de tendre vers cette valeur ou pas.
Être libre dans les faits, c'est donc agir en conformité avec les valeurs qu'ont a choisi de porter.
C'est arrêter de se raconter des histoires sur qui on est vraiment au fond, et agir comme on voudrait pouvoir agir.
C'est loin d'être facile, ça se travaille.
La volonté elle est en conflit avec d'autres déterminismes, et donc dans certaines conditions où un choix s'impose à moi, entre une alternative conforme à ma volonté ( je vais aller courir) et une autre non conforme mais envisageable (j'ai la flemme et en plus il pleut), ce n'est pas l'humeur du moment qui va jouer, mais le nombre de jetons que j'ai mis dans la valeur être en forme.
Ça peut sembler paradoxal mais il est souvent plus facile de ne pas agir selon sa volonté.



* sauf s'il n'y pas d'enjeu, un choix pris réellement au hasard entre deux objets identiques me semble tout à fait possible, et même si ça ne l'était pas... on sait créer des programmes qui savent le faire et on peut décider de s'y référer.
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#213

Message par jean7 » 26 juil. 2017, 01:50

Etienne Beauman a écrit :
jean7 a écrit :Revenons à l'individu.
Je pose que ses actions sont entièrement déterminées.
1 par des contraintes extérieures
2 par lui-même.
Sa liberté est en 2
La liberté consiste en la capacité de s'autodéterminer au moins partiellement en fonction de sa volonté.
Si la décision n'est pas fondamentalement capable d'être imprévisible, alors les choix de la volonté ne sont qu'épistémique.
Autrement dit, lors d'une prise de décision, il n'y a pas de choix :
  • l'une des alternatives sera nécessairement celle choisie.
  • les autres n’auraient pas pu être choisies.
car l'état de l'individu à un moment t fait partie des conditions initiales, que les contraintes soient externes ou internes, ne changent rien : s'il n'y a que des contraintes il n'y a rien de libre.
Je pense au contraire que ça change tout car ce qui m'intéresse ce n'est pas que la décision ou même l'exercice de la volonté soit ou non libre. C'est la liberté de la personne en situation d'exercice de la volonté.
Et ce n'est pas pareil du tout.
La première formulation est en opposition avec la causalité et le déterminisme.
La seconde ne l'est pas.

Le résultat est le même, bien entendu.
A savoir que la capacité d'autodétermination partielle est bien là.
Simplement, j'admets à la base les déterminismes génétiques, environnementaux etc.
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#214

Message par Etienne Beauman » 26 juil. 2017, 03:26

jean7 a écrit :Simplement, j'admets à la base les déterminismes génétiques, environnementaux etc.
Mais moi aussi.
jean7 a écrit :La première formulation est en opposition avec la causalité et le déterminisme.
Avec la causalité non. On ne prends une décision qu'en réaction à une situation.
jean7 a écrit :La seconde ne l'est pas
Selon quelle définition du déterminisme ?
cette déf a écrit :PHILOS. Doctrine d'après laquelle les actions des hommes sont, comme les phénomènes de la nature, soumises à un ensemble de causes extérieures.
Considères tu que tes actions sont soumises à un ensemble de causes extérieures ?
celle ci a écrit :Théorie philosophique selon laquelle les phénomènes naturels et les faits humains sont causés par leurs antécédents.
Considères tu que tout ce que tu fais n'est que la conséquence de ta naissance ?
Au royaume des cyclopes, les borgnes sont aveugles.
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#215

Message par jean7 » 26 juil. 2017, 08:35

Etienne Beauman a écrit :Selon quelle définition du déterminisme ?
cette déf a écrit :PHILOS. Doctrine d'après laquelle les actions des hommes sont, comme les phénomènes de la nature, soumises à un ensemble de causes extérieures.
Considères tu que tes actions sont soumises à un ensemble de causes extérieures ?
celle ci a écrit :Théorie philosophique selon laquelle les phénomènes naturels et les faits humains sont causés par leurs antécédents.
Considères tu que tout ce que tu fais n'est que la conséquence de ta naissance ?
Pour les deux définitions, et puisque je pars de l'hypothèse que la théorie déterministe est exacte, ma réponse est :
De façon universelle (prise en compte de l'univers dans tout ce qu'il contient et toute son histoire passée et future) oui. Mais cette position est totalement abstraite et virtuelle.
Relativement à la vie de l'individu concerné ou même relativement à la présence de son espèce dans l'univers non.
Et c'est cette position qu'il faut retenir pour coller aux réalités tangibles.


J'en connais au moins un qui va me tomber sur le râble. C'est compliqué, tarabiscoté.
En fait, je trouve ça très simple. Ma faiblesse est de ne pas connaitre de fondement théorique pour le justifier.

Tout le monde (ou presque) admet et comprend l'argument de l'impossibilité de l'efficacité de l'homéopathie à forte dilution "il ne reste plus une seule molécule de la substance revendiquée comme agissante".
Alors je veut bien qu'il n'existe pas de concept de molécule causale, mais je veux exprimer qu'en soit, les absolutistes du déterminisme oublient dans leurs affirmations que "effet voisin de zéro" et un euphémisme. Il n'en reste rien, moins que moins que moins que rien, de l'effet à Planck+1 de chaque sur chaque. Tenir compte de ces liens de causalité du premier temps aujourd’hui confine à l’irrationnel.

J'insiste que je ne parle pas de liberté absolue mais de liberté relative.
Je m'explique.
La liberté absolue veut dire libre de tout. Ce qui, il me semble n'est pas concevable.
La liberté relative veut dire libre de quelque chose. Et là, le moins qu'on puisse dire, du moment qu'on prend le train en route (je veux dire qu'on ne parle pas d'événements ayant un sens depuis le temps de Planck jusqu'à la fin des temps), la liberté devient le cas général. Je ne crois pas qu'on sache prouver qu'un événement ayant lieu actuellement soit la conséquence de tous les autres au temps précédent ! *

La liberté relative est tout simplement une banalité.

* Il me semble que Dany a tout d'abord défendu l'idée que c'était le cas de tous les événements de part la théorie déterministe elle-même, puis a reconnu devant Raphael qu'il s'était trompé.
Ce qui est vrais, c'est que la totalité des événements actuels sont conséquences de la totalité des conséquences au temps précédent. Ce qui est totalement différent.
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#216

Message par jean7 » 26 juil. 2017, 15:27

Atheos Ex Machina a écrit :Avant toute chose, il incombe aux tenants du libre arbitre …
Présent !
Atheos Ex Machina a écrit :de démontrer dans quelle proportion les mécanismes de nos choix comportent de l'indéterminisme.
Zéro pour cent. Je ne sais pas le démontrer, mais je suis aussi déterministe, alors je l'admet parce que le déterminisme me le dit.
Atheos Ex Machina a écrit :Secundo, si on observe de l'indéterminisme dans la façon dont s'opère nos mécanismes décisionnels, alors il incombe aussi aux tenants du libre arbitre d'expliquer en quoi cet indéterminisme n'est pas juste une force qui déterminerait (de façon certes imprévisible) nos décisions (comme elle déterminerait le comportement d'un neutron), mais bien un indéterminisme contrôlé par laquelle émergerait ou apparaîtrait notre liberté.
Pas de réponse à ça parce qu'on observe pas d'indéterminisme.

Notre liberté n'est pas indéterministe. Elle est relative.

Le déterminisme nous dit que tout les événements de l'univers depuis le big bang jusqu'à la fin des temps se succèdent de sorte que à chaque instant la totalité de l'univers est conséquence de la totalité de l'univers à l'instant précédent.
Il ne dit pas que chaque événement de chaque instant est déterminé par chaque événement de l'instant précédent.
Donc il dit qu'il y a des événements entre l'instant actuel et le précédent qui sont libres les uns des autres.
Le libre arbitre n'est qu'un cas de cette banalité.

Il me semble que c'est simple.
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#217

Message par jean7 » 26 juil. 2017, 15:50

MaisBienSur a écrit :
thewild a écrit : C'est quoi cette histoire d'échelle ? Il est déterministe à toutes les échelles ou à aucune.
Et si on retourne la question sur le libre arbitre ?
A partir d'où, de quand serions nous capable de libre arbitre ?
Post natal ? 2 mois ? 2 ans ? 20 ans ?
Et un singe ? une poule ? un vermisseau ?

:interro:
Il faut que l'individu existe en tant qu'individu.
Donc je lierais ça à la conscience de soit.

Mais ce n'est pas automatique, c'est un acquis.
Je pense qu'il doit être possible de généraliser une éducation basée exclusivement sur le respect de règles.
Si on trouve des règles avec chaque opportunité de choix, on a aucune raison de faire usage du libre arbitre et on peut ne pas le développer.
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Re: Déterminisme et libre arbitre

#218

Message par Emanuelle » 26 juil. 2017, 16:00

Un document que je trouve très intéressant dont je ne trouvais plus le lien et que j'ai retrouvé en faisant une recherche sur ce forum; Mireille l'avait déjà cité.

http://eugrafal.free.fr/Lafargue%20Cervea&Psycho.pdf

Le titre de l'article: "La volonté d'agir est-elle libre ?" de Lafargue et Sirigu.
Je cite leur conclusion: "Nous n'avons pas le choix de nos intentions car elles émergent à l'insu de notre conscience. Toutefois nous avons la possibilité de les réfréner, durant un très court laps de temps (deux dixièmes de seconde) juste avant le passage à l'acte."

La seule liberté de l'homme serait : s'arrêter, stopper, inhiber.
L'article est vraiment intéressant; il distingue entre intention préalable et intention en action et s'appuie sur plusieurs expérimentations.
Je ne prends pas le temps de détailler et laisse découvrir ceux que cela intéresse.
Cela me semble personnellement très juste.
"L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine, la haine conduit à la violence... Voilà l'équation". Averroès
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Re: Déterminisme et libre arbitre

#219

Message par jean7 » 26 juil. 2017, 17:00

Emanuelle a écrit :http://eugrafal.free.fr/Lafargue%20Cervea&Psycho.pdf
Le titre de l'article: "La volonté d'agir est-elle libre ?" de Lafargue et Sirigu.
Je cite leur conclusion: "Nous n'avons pas le choix de nos intentions car elles émergent à l'insu de notre conscience. Toutefois nous avons la possibilité de les réfréner, durant un très court laps de temps (deux dixièmes de seconde) juste avant le passage à l'acte."
Je m'excuse, je ne peux pas charger ce lien.

Mais de ton propos, je dirais que une chose pouvant être libre d'une autre et non libre d'une troisième et rien n'étant libre de tout, répondre à "la volonté d'agir est-elle libre" peut sans doute ouvrir le champs à beaucoup de réponses différentes et non contradictoires même si elles peuvent se résumer certaines par "oui" et d'autres par "non".

Donc dommage que je ne puisse lire le développement :|
Le libre arbitre est à la causalité ce que le corps est à la physique

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Re: Déterminisme et libre arbitre

#220

Message par Emanuelle » 26 juil. 2017, 18:15

jean7 a écrit : Je m'excuse, je ne peux pas charger ce lien.
Ok, voici les grandes lignes, sans donner le détail des noms des structures cérébrales.

Rappel de l'expérience de Libet de 1983: "Lorsqu'une personne accomplit 1 acte moteur "volontaire" (ex: appuyer sur un bouton), on mesure une activité cérébrale 350 millisecondes avant le moment où le sujet prend conscience de son intention d'agir." Cette activité cérébrale est appelée "potentiel de préparation motrice".

"Notez que la plupart des actes quotidiens sont réalisés spontanément: quand vous sortez du lit, quand vous ouvrez la fenêtre (...) vous ne méditez pas avant d'agir, sur les mouvements à effectuer." Ouf !

Les auteurs de l'article, membres de l'institut des sciences cognitives du CNRS de Lyon, se sont proposés d'identifier le substrat neurologique de l'intention d'agir.
Ils ont fait une expérimentation avec deux types de personnes:
- personnes lésées au niveau du cortex pariétal
- personnes au cerveau intact
"Pour déterminer le rôle du cortex pariétal dans la situation de "libre arbitre" ou du moins de volonté librement exprimée.
Expérience: les personnes appuient sur un bouton à un moment de leur choix; à chaque essai ils doivent indiquer l'instant précis où ils prennent conscience de leur intention d'appuyer."

Pour les sujets au cerveau intact : Potentiel de préparation motrice puis prise de conscience puis contraction musculaire (action). (comme dans les expériences de Libet)

"Les sujets lésés, eux, étaient incapables d'estimer le moment où leur intention de bouger survient. Ils sont pourtant capables de faire des estimations temporelles et d'identifier le moment où le mouvement de leur doigt commence.
Il semble donc qu'ils ont perdu l'accès conscient à leur volonté d'agir. On n'observe quasiment pas de potentiel de préparation motrice chez ces sujets.
Cela confirmerait que la volonté consciente d'agir s'enracine dans de tels prémices inconscients.

Ils sont ainsi capables d'amorcer une action de leur choix tout en étant incapables de prendre conscience de leur volonté immédiate d'agir."

D'où les auteurs distinguent deux sortes d'intention à ne pas confondre: "l'intention en action (la conscience spécifique du geste au moment où il va être réalisé) et l'intention préalable qui existe bien toujours chez ces patients lésés (intention d'appuyer sur le bouton selon les consignes de l'expérimentateur)

Ces deux intentions sont engendrées par des structures cérébrales distinctes."

(Suite plus tard.)
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Re: Déterminisme et libre arbitre

#221

Message par Christian » 26 juil. 2017, 20:44

jean7 a écrit : Je m'excuse, je ne peux pas charger ce lien.
Voici le texte en format pdf :
Lafargue Cervea&Psycho.pdf
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
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Re: Déterminisme et libre arbitre

#222

Message par ABC » 30 juil. 2017, 09:41

Le fil est très long. Je n'ai lu que quelques extraits de quelques messages, donc je risque de redire des choses déjà dites (je m'en excuse par avance).

A la question qu'est-ce que le libre arbitre ? (avant de décider s'il existe ou pas au vu de cette définition) je serais tenté de répondre :

c'est la possibilité de réfléchir avant d'agir, puis, parmi les choix d'actions possibles, d'agir en fonction du choix issu de cette réflexion en étant conscient de faire ce choix.

Est-ce qu'il existe ?

Au sens de cette définition, il me semble que la question ne se pose pas plus que celle de l'existence de la terre sur laquelle nous marchons.

Est-ce qu'il obéit à un déterminisme ?

Là par contre, la question est beaucoup plus difficile parce qu'il faut d'abord définir ce qu'est un déterminisme.

Je tente une première définition. Un phénomène est déterministe quand "on" peut prévoir exactement son évolution à partir des informations dont "on" dispose. Mais aïe ! Problème ! Avec cette définition on fait implicitement entrer en jeu l'information disponible par un observateur particulier ("on") lui faisant perdre tout caractère intersubjectif.

Deuxième tentative. Un phénomène est déterministe quand il est possible de prévoir exactement son évolution à partir de l'ensemble des informations qu'il est possible de recueillir sur ce phénomène et sur les lois qui le régissent (le "on" a disparu de la phrase, mais a-t-il réellement disparu ou est-ce qu'il est maintenant camouflé par cette deuxième formulation ?...)

Mouais, mezalor, comment rendre réfutable l'information selon laquelle tel ou tel phénomène serait ou pas déterministe quand il échappe à la prévision (je ne cite pas le phénomène en question pour éviter le risque de dérive sur un autre thème) ? Si on croit dur comme fer au déterminisme, il est toujours possible de dire, face à un phénomène que l'on n'a pas su prévoir parfaitement, que c'est la conséquence d'un manque d'information...
...mais que ces informations préexistent à leur observation (point de vue l'on peut obtenir en admettant, par exemple, que le futur existe déjà objectivement même si nous ne parvenons pas à accéder à cette information. C'est le point de vue de certains réalistes).

Mais est-ce que les informations sont des choses qui existent indépendamment des observateurs qui les recueillent Et du recueil de ces informations ? "Unperformed measurement have no outcomes" nous dit Asher Peres (bien que ça se discute. Les réalistes, ne sont pas d'accord). Les objets que nous observons existent, OK, mais les informations issues des observations grâce auxquelles nous les caractérisons, autrement dit les classifications en catégories que nous effectuons concernant ces objets (ou phénomènes) sur la base de la façon dont nous interagissons avec eux (une observation est une interaction) est-ce que ces catégories (ces classes d'équivalence) existent indépendamment de la notion d'observateur ? Pas sur.

Une information sur un objet (ou un phénomène), c'est le classement de cet objet (ou phénomène) dans des catégories (des classes d'équivalence). Or les catégories (couleur, masse, volume, composition chimique...) c'est nous qui les créons en regroupant ensemble des objets du fait de la similarité de la façon dont ces objets interagissent avec nous.

Du coup, je propose de définir non pas ce qu'est un phénomène déterministe, mais plutôt ce qu'est un phénomène que l'on sait être déterministe.

Un phénomène que l'on sait être déterministe, c'est un phénomène dont on sait qu'il est possible de prévoir exactement son évolution à partir du recueil d'un ensemble d'informations que l'on sait être accessibles à l'observation (au moins au plan du principe).

Avec cette définition, sait-on si le libre arbitre (tel que ce savoir est défini ci-dessus) est déterministe ? Ma foi...Je crains que la réponse ne soit une question de préférence dans ce que l'on a envie de croire ou de ne pas croire.

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Re: Déterminisme et libre arbitre

#223

Message par Etienne Beauman » 30 juil. 2017, 13:35

ABC a écrit :c'est la possibilité de réfléchir avant d'agir, puis, parmi les choix d'actions possibles, d'agir en fonction du choix issu de cette réflexion en étant conscient de faire ce choix.
Il manque deux étapes.
La liberté n'a pas lieu qu'avant des choix réels à faire, elle a lieu avant, pendant et après.
Tu as à mon avis bien cerné le avant.
Durant le pendant, la conscience enregistre et analyse tout un tas de truc. Ce qui peux permettre par exemple d’arrêter une action en cours car quelque chose survient (à une partie de poker, j'ai prévu, car je suis en bonne position avec une bonne main potentielle, de relancer très fort sur les 2 joueurs loose qui viennent de miser, au moment de parler je m'aperçois que le joueur qui parlera après moi à ce petit rictus qu'il a seulement quand il a une premium en main, au poker on dit qu'"on ne doit pas être marié à sa main", il faut savoir abandonner des mains qu'on avait envie de jouer, je suis libre de réévaluer mon choix, à la place d'une forte relance je peux suivre ou passer selon les cas).
Après, on peut toujours rejouer la scène à volonté et tenter d'évaluer ce qui aurait pu se passer si on avait agit différemment , et ça, ça prépare de futures décisions.

Enfin ce processus peur être fait avec des choix imaginaires.
Anticipation d'événement qui n'arriveront peut être jamais (cata), préparation d'évènements qui vont arriver (pour un entretien d'embauche), fantasmes...

ABC a écrit :Au sens de cette définition, il me semble que la question ne se pose pas plus que celle de l'existence de la terre sur laquelle nous marchons.
Accord fort, là où la croyance au déterminisme universel appliqué à l'homme est la conclusion d'un raisonnement, la croyance au libre arbitre repose sur une observation.
Les deux positions (croire au L.A. ou croire au D.U.) ne sont pas de même nature.
ABC a écrit :le "on" a disparu de la phrase, mais a-t-il réellement disparu ou est-ce qu'il est maintenant camouflé par cette deuxième formulation ?.
Pas vraiment à chaque fois qu'on utilise un verbe d'action on sous-entend un acteur, qui prévoit et recueille ? Un "on".
Si on croit dur comme fer au déterminisme, il est toujours possible de dire, face à un phénomène que l'on n'a pas su prévoir parfaitement, que c'est la conséquence d'un manque d'information...
Tout à fait.
C'est une grand faiblesse de la position déterministe, c'est qu'elle applique un double standard.
Pour déclarer qu'un objet quelconque est déterminé par une force quelconque, il suffit que cet objet se comporte toujours de la même manière, dans des conditions initiales jugés négligeables par rapports à ce qu'on souhaite montrer, en présence de cette force.
Prédictibilité et reproductibilité.
C'est impossible à mettre en pratique pour l'homme, dans les mêmes conditions je peux choisir pile ou face.
Je suis imprédictible, et si on reproduit l'expérience mon comportement peut varier.
Mais le déterministe prétends que c'est à cause des conditions initiales, celles là même qu'il juge négligeables pour déclarer un autre objet déterminé.

C'est un argument ad hoc, irréfutable.


ABC a écrit :Les réalistes, ne sont pas d'accord). Les objets que nous observons existent, OK, mais les informations issues des observations grâce auxquelles nous les caractérisons, autrement dit les classifications en catégories que nous effectuons concernant ces objets (ou phénomènes) sur la base de la façon dont nous interagissons avec eux (une observation est une interaction) est-ce que ces catégories (ces classes d'équivalence) existent indépendamment de la notion d'observateur ?
Tout à fait d'accord encore une fois, les concepts nécessitent un concepteur.

L'approche classique du déterministe revient à dire qu'on "aurait pas pu agir autrement", mais dans cette approche :
  • "on" c'est quoi ?
    Si on doit tout ramener au niveau atomique pour trouver les différences de conditions initiales qui expliquent l'action d'un individu, comment peut on distinguer, l'individu de l'extérieur ? quelle est la frontière ? Les bactéries dans mon corps sont composées des mêmes atomes que les neurones de mon cerveau.
  • "agir" ça veut dire quoi. Comment définir quelquechose qu'on définit comme impossible ?
  • "autrement" ça veut dire quoi, si on pose qu'un seul univers est possible ?
La position est absurde car elle est incapable d'exprimer ce qu'elle veut exprimer.
Elle se résume à : "cela est", et c'est tout ce qu'on peut dire du monde.
Un phénomène que l'on sait être déterministe, c'est un phénomène dont on sait qu'il est possible de prévoir exactement son évolution à partir du recueil d'un ensemble d'informations que l'on sait être accessibles à l'observation (au moins au plan du principe).
Selon cette définition du déterminisme, d'après moi, on ne peut absolument pas affirmer que le L.A. est déterminé.
Au royaume des cyclopes, les borgnes sont aveugles.
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Kraepelin
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Re: Déterminisme et libre arbitre

#224

Message par Kraepelin » 30 juil. 2017, 19:27

Je ne savais pas, mais il semble que la théorie de la relativité conduise à des constats déterministes. Dans le premier épisode de "La magie du cosmos", le physicien Brian Greene explique que le passé existe encore et le futur existe déjà, que le notion de "maintenant" est une illusion, etc ...

J'ai trouvé ça un peu angoissant ... :a7:
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ABC
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Re: Déterminisme et libre arbitre

#225

Message par ABC » 30 juil. 2017, 21:09

Kraepelin a écrit :Je ne savais pas, mais il semble que la théorie de la relativité conduise à des constats déterministes. Dans le premier épisode de "La magie du cosmos", le physicien Brian Greene explique que le passé existe encore et le futur existe déjà, que le notion de "maintenant" est une illusion, etc ...

J'ai trouvé ça un peu angoissant ... :a7:

Ces questions (notamment celles sur le temps) ne sont pas toutes aussi clairement tranchées que Brian Greene veut bien le laisser entendre. La physique classique est déterministe, certes...
...Mais la physique classique n'est plus considérée comme la bonne physique au niveau fondamental.

Certes, les évolutions quantiques sont unitaires, donc déterministes et réversibles (pas d'irréversibilité au niveau des lois fondamentales)...
...Voui, mais qu'est-ce qui évolue de façon déterministe ? Des états quantiques, états quantiques qui, selon le point de vue (actuellement) dominant (le point de vue positiviste) ne représentent pas objectivement des systèmes physiques, mais l'information dont un observateur dispose à leur sujet. C'est du moins le point de vue dominant (cf. Quantum Information and Relativity Theory, Asher Peres, Daniel R. Terno) bien qu'il ne fasse pas l'unanimité parmi les physiciens (1).

Selon nos connaissances actuelles, le résultat d'une mesure quantique n'est pas déterministe...
...Mais, selon les physiciens positivistes (le camp majoritaire), une mesure quantique n'est pas un phénomène physique objectif ; c'est une acquisition d'information par un observateur. A ce jour, les divers efforts entrepris par tel ou tel physicien pour trouver un endroit et une façon de casser objectivement la chaîne infinie de Von Neumann (la résolution du paradoxe du chat de Schrödinger) n'ont pas convaincu la majorité des physiciens. Aucune vérification expérimentale ne permet (à ce jour) de valider cette interprétation réaliste de la réduction du paquet d'onde (2).

L'hypothèse selon laquelle la mesure quantique serait un phénomène physique objectif (et, pourquoi pas, déterministe comme l'envisage Gerard 't Hooft, cf. Determinism beneath Quantum Mechanics, mais il est bien seul à l'envisager) reste donc une hypothèse présentant (à ce jour) un caractère métaphysique (ne signifiant pas nécessairement pour autant que cette hypothèse soit fausse, mais ce n'est pas celle préférée à ce jour).

Bref, déterminisme et irréversibilité (3), restent des sujets objet de controverse.

(1) De ce point de vue, baptisé Qbism (quantum bayesianism, voir même, selon une proposition de dénomination de Fuchs, quantum betabilitarianism), l'état quantique d'un système physique est considéré seulement comme un outil statistique permettant d'optimiser des paris sur le résultat de mesures relatives à ce système, je cite Wiki : "in this interpretation, a quantum state is not an element of reality—instead it represents the degrees of belief an agent has about the possible outcomes of measurements". La question de savoir s'il s'agit de la représentation d'un système individuel (point de vue plutôt réaliste) ou la représentation d'un ensemble (point de vue plutôt positiviste) reste malgré tout objet de controverses.

(2) Les expériences de Serge Haroche en cavité micro-onde supra conductrice tendent au contraire à confirmer la validité d'états quasi-classiques superposés, des chatons de Schrödinger, jusqu'à une échelle mésoscopique de plus de 10 photons (cf. Oscillation de Rabi à la frontière classique-quantique et génération de chats de Schrödinger).

On observe même des états superposés que sont des SQUIDS, des boucles de courant dans un état quantique superposé où deux boucles de courant circulent en sens inverse (cf. Definition : superconducting quantum interference device "A SQUID consists of tiny loops of superconductors employing Josephson junctions to achieve superposition: each electron moves simultaneously in both directions. Because the current is moving in two opposite directions, the electrons have the ability to perform as qubits (that theoretically could be used to enable quantum computing").

Si la physique quantique et son principe de superposition ont le dernier mot, des états quasi-classiques superposés "existent" à une échelle macroscopique (cf. Quantum Mechanics vs Macrorealism (Lecture 12) - Anthony Leggett) même si le phénomène dit de décohérence (cf. Environment as a Witness: Selective Proliferation of Information and Emergence of Objectivity in a Quantum Universe, Harold Ollivier, David Poulin, Wojciech H. Zurek) nous rendent inaccessible à l'observation (à ce jour et pour certainement encore longtemps) les effets d'interférence caractérisant ces supposés états quasi-classiques macroscopiques superposés.

(3) Il s'agit de la question de savoir si l'écoulement irréversible du temps serait un fait de nature, physique, objectif, valide à toutes les échelles d'observation (comme le pensent notamment des physiciens tels que Petrosky et feu Prigogine, cf. The extension of classical dynamics for unstable Hamiltonian systems) ou au contraire une émergence de nature thermodynamique statistique comme la température (comme le pensent les Gell-man, Balian, Rovelli, Martinetti, Connes...)

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