Ces articles montrent bien la position difficile dans laquelle se trouvent les penseurs modernistes qui veulent quand même rester dans le giron de l’islam et de la religiosité. Contrairement à Rachid Boudjedra qui, lui, pointe très clairement et rationnellement l’origine du problème… l’islam lui-même.
Yassine Al-Haj Saleh ne veut pas heurter le musulman pieux débonnaire, parce qu’il pense en faire un allié, en espérant que ce même musulman pieux débonnaire se retourne en masse contre les admirateurs de Daesh.
Mais la tâche est impossible, parce qu’il se heurte à une incohérence, une incohérence dont
il semble ne pas prendre conscience.
Il demande en fait au musulman pieux de prendre du recul par rapport à sa croyance. Mais dans une religion où, justement, prendre du recul par rapport à sa croyance est un péché impardonnable (c’est le cas de toute religion, mais dans l’islam, c’est particulièrement mal vu par Allah et ça mérite du métal fondu dans la gorge pour l’éternité. A bon entendeur...).
Yassine Al-Haj Saleh a écrit :Il existe bien des islamistes «modérés» qui s’opposent à l’organisation Etat islamique. Mais leur contestation reste modeste parce qu’intellectuellement, ils partagent la même idée de la religion que les extrémistes.
Ce qui est exactement mon propos depuis le début de ce match de catch.
Yassine Al-Haj Saleh continue :
Yassine Al-Haj Saleh a écrit :…L’explication réside dans le fait qu’au niveau intellectuel il n’existe pas de différence importante entre un modéré et un extrémiste. Tous aspirent à établir durablement le règne de l’islam, dans des pays qu’ils ne voient que sous l’angle de leur [seule] identité islamique.
…Même si Daech atteint le summum du mal, aucun parmi les autres islamistes contemporains ne remet en question la suprématie de la religion sur l’éthique ou de la charia sur la conscience.
Jusque là, il fait un constat impeccable. Mais où il fait une erreur, c’est quand il demande aux croyants de préférer les valeurs occidentales à certaines valeurs de l’islam, qu’il qualifie même de « prétendues valeurs ». Et ça, c’est le bide assuré :
Yassine Al-Haj Saleh a écrit :...elle (la pensée islamique actuelle, Dany) n’admet pas que la conscience humaine soit aujourd’hui fondée sur la liberté et l’égalité. La liberté de chacun inclut la liberté de croyance et l’égalité, celle entre les hommes et les femmes. Les musulmans pourraient contester cette introduction de “valeurs étrangères” dans nos “valeurs islamiques”. Mais comment échapper à l’évidence que ces “valeurs étrangères” sont plus porteuses de dignité humaine que nos prétendues valeurs ?
Là, il va se faire répondre à tous les coups :
« Qui es tu pour me dire de vivre comme un musulman hypocrite, qui préfère les valeurs des infidèles à celle de la Religion !?! »
D'ailleurs, dès le début de son article, malgré un titre lucide :
"Ce que les islamistes "modérés" ont en commun avec l'Etat islamique", il tombe aussi dans le piège dans lequel sont englués les bobos, qui croient de toutes leurs forces que le fondamentalisme ce n’est pas l’islam :
Yassine Al-Haj Saleh a écrit :Cela amène à se demander pourquoi les musulmans ne s’insurgent pas pour défendre leur religion, cette religion qui sert aujourd’hui à désigner des pratiques qui sont les plus criminelles de l’histoire de l’humanité. Pourquoi sont-ils incapables de dire clairement que ce n’est pas l’islam ?
… Tout simplement parce que
c’est l’islam, Yassine !
Et la seule option qui pourrait être réellement efficace, c’est celle de Rachid Boudjedra, qui dit :
France24, à propos de l'écrivain algérien Rachid Boudjedra a écrit :« Au nom de ma mère, je jure de dire la vérité, toute la vérité. Je ne crois pas en Dieu ni en la religion musulmane, je ne crois pas en Mahomet comme prophète… ». Il affirme ensuite que « de nombreux algériens sont athées, mais n’osent pas l’afficher par peur de l’opprobre de la société », ajoutant « qu’il préfère être un athée sincère qu’un musulman hypocrite ».