Wooden Ali a écrit :
On entend beaucoup d'hommes de science éminents reprendre l'idée de Popper, - est-il connu pour quelque travaux scientifiques ? - selon laquelle une théorie scientifique n'est vraie que jusqu'à preuve du contraire et remplacement par une autre expliquant un plus grand nombre de faits ou expliquant les mêmes faits mais plus simplement.
... Mais cela suppose un critère de scientificité plus exigent que celui que propose Popper : celui qu'une hypothèse scientifique "h" soit formulée de telle façon qu'elle soit réfutable dans les faits et supporte une hypothèse inverse "non h" qui le soit également.
Cela aurait du sens si il était important de savoir si une théorie scientifique était "vraie" ou non.
C'est fondamental en logique de vérifier si une proposition est vraie ou fausse. Or, une théorie scientifique est comme je le rappelais plus haut : une théorie logique d'un genre particulier.
- Une théorie scientifique est un ensemble d'hypothèses vérifiées et non pas simplement confirmées. C'est une théorie logique, intégrant des observations paramétrées et des mesures instrumentales comme éléments propositionnels, établissant une loi ou un ensemble de lois dérivées objective(s) relative(s) aux régularités constatées.
Il me semble que tu doute du fait que la science soit une théorie logique !
Wooden Ali a écrit :
Ce qu'on attend d'une telle théorie est qu'elle permette de faire des prédictions fiables. Point.
Beh non ! Ça c'est ce qui est attendu d'un modèle théorique.
Confondrais-tu toi aussi les deux.... ?
Wooden Ali a écrit :
Savoir si elle est vraie n'est pas pertinent. On sait d'ailleurs déjà, a priori, qu'elle sera probablement inadéquate si l'on exige une plus grande précision ou si l'on étend son domaine d'application hors des limites où elle n'a pas été réfutée.
Relis moi bien, j'ai été assez précis je trouve... Je l'avais même mis en gros et en couleur... Je vais donc aussi souligner :
Une théorie est vérifiée* dans le cadre de sa preuve, alors qu'un modèle théorique ne l'est pas entièrement, comportant des hypothèses (parfois même ad hoc) qui ne le sont pas.
Wooden Ali a écrit :
La vérité d'une théorie scientifique n'a donc aucune importance. Il est même préférable de la savoir fausse : cela évite de la déifier et ouvre la voie à rechercher de meilleurs modèles.
Qui parle de déifier une vérité scientifique ? Et en quoi la vérité d'une théorie scientifique dans le cadre de sa preuve empêcherait de formuler des lois plus générales applicables dans des situations plus générales ?
Prends exemple sur les mathématiques. On y formule des vérités et pourtant rien de ce que tu décris ne se produit.
Wooden Ali a écrit :
C'est donc bien la réfutation directe qui a de l'importance. C'est elle seule qui peut nous renseigner sur la qualité des prédictions qu''une théorie peut faire et préciser les limites de son domaine de validité.
Je ne comprends pas ton "donc". Ce que tu dis là est vrai pour ce qui est des modèles théoriques, mais n'est absolument pas pertinent d'un point de vue logique pour ce qui est des théories scientifiques. C'est même très réducteur. C'est même carrément illogique.
Mais bon.. Je ne peux pas t'en vouloir, car même des gens comme R.Feynman ont repris ses approximations et erreurs.
Popper est très populaire car son épistémologie est facile d'accès est vraie quand pour ce qui est des modèles théoriques.
Le problème, et c'est un des ravages du poppérisme, c'est que l'on ne formule guère plus de théories scientifiques actuellement, par manque d'exigence et ou de compétence logique. On est loin du temps des Poincaré, Bohr, Heisenberg... L'un des derniers en date c'était un irlandais du nom de Bell.
Il faut bien avoir à l'esprit que Popper n'était ni logicien, ni mathématicien, ni physicien. C'était à la base un psychologue.
Wooden Ali a écrit :
Pourrais-tu par ailleurs, sur un cas pratique, préciser ce que tu entends par non-h ? Quelle est l'hypothèse inverse qu'on pourrait réfuter et qui montrerait la "vérité" de la théorie de la Relativité, par exemple ?
La relativité est une théorie scientifique qui comporte un assez grand nombre d'hypothèses. Il faut donc prendre toutes les hypothèses qu'elle pose et les examiner une par une. C'est un gros travail que tu me demandes là, un travail qui prendrait l'espace d'une thèse, voire de deux ou trois.
Prenons donc ici simplement le cas de l'espace courbe : "non h" c'est donc ici l'espace-temps Euclidien. On sait comment Einstein s'y est pris. L'hypothèse d'un espace-temps euclidien ayant été réfutée, l'espace courbe a donc plus qu'été confirmé : il a été vérifié à proximité de corps massifs. Il y a eu ce qu'on appelle une expérience cruciale qui a permis de trancher.
C'est comme ça qu'on avance en science.
Une théorie scientifique ne fait (formule) que le lien logique entre des faits observés, des hypothèses vérifiées autrement dit, des hypothèses nouvelles et des observations nouvelles.
Mais les lois de Newton restent vraies dans le cadre de leur preuve, un espace-temps Euclidien.
Il y a un autre exemple plus trivial de vérité scientifique, analyse bien cette proposition :
- "La Terre est arrondie de Massalia à Thulé plutôt que plate."
C'était une vérité (positive) connue dès l'antiquité, même avant Ératosthène, basées sur des observations.
Wooden Ali a écrit :
Le fait, que Popper ne soit qu'un épistémologue et non un chercheur n'a pas le caractère gênant que tu sembles lui attribuer.
[....]
D'autre part, le cursus universitaire de Popper comprend les Mathématiques et la Physique. Il n'usurpe pas le droit d'en parler. Ce qui compte, finalement, beaucoup plus que son CV, c'est la puissance de sa théorie qui a fait progresser l'épistémologie comme personne ne l'avait fait avant lui.
C'est un point de vue religieux dont tu nous fais part ici.
Je ne vois pas en quoi il aurait fait avancé la science d'un pouce, si ce n'est peut-être par son modèle des trois mondes, mais qui n'a pas grand chose à voir avec son épistémologie.
- On aurait dû se contenter de Poincaré, qui lui était un vrai mathématicien et un vrai physicien. Pas un docteur en psychologie...
______
Wooden Ali a écrit :
- Personne ne passe de temps à affirmer qu'une pomme qu'il a devant lui existe. Pas besoin d'en parler, il suffit de constater une évidence. Or, les croyants présentent à la fois l'existence de leur divinité comme évidente mais s'appliquent à déployer des efforts considérables pour convaincre les incroyants de la réalité de cette évidence. Cela veut dire qu'ils admettent in petto que l'existence de Dieu n'est pas aussi évidente que celle d'une pomme. C'est le début d'un doute.
+1
Une croyance c'est une affirmation que l'on tient pour vraie mais qui peut être fausse. Pas besoin de bosser la logique ou de pratiquer la méthode scientifique pour croire.