thewild a écrit : 28 avr. 2018, 17:39Je ne me suis pas trop intéressé à son modèle, mais de ce que j'en ai lu (de la part de contradicteurs), c'est plein d'arbitraire et d'ad hoc justement.
ABC a écrit : 28 avr. 2018, 20:47Références please.
thewild a écrit : 30 avr. 2018, 11:45Les vidéos
Versus de Mr.SAM avec Jean-Pierre Petit. Désolé, c'est un peu long, mais parmi les critiques auxquelles JPP ne répond pas il y a les ajustements "manuels" des variables dans le temps pour que le modèle corresponde aux observations et les hypothèses ad hoc.
Cette série de vidéos ne présente pas d'intérêt scientifique (à part une remarque de JPP évoquant son idée actuelle d'introduire des masses imaginaires dans son modèle. Je suppose que le but serait d'introduire des masses ayant la particularité de se repousser, mais qu'en est-il de l'interaction entre une masse réelle et une masse imaginaire dans un tel modèle ? J'aimerais bien en apprendre plus à ce sujet).
Ce qui résume le mieux cette série de vidéos, malgré la bonne volonté et l'honnêteté manifeste de son auteur, c'est la citation suivante (extraite de l'une des 4 videos).
Nous ne sommes pas là pour valider ou invalider le modèle Janus, nous n'en avons pas les compétences.
Là par contre, Il y a un contenu réellement scientifique, donc plus intéressant. Par exemple
Il apparaît en tout cas qu'il y a une erreur quand JPP écrit les équations d'Einstein car il oublie un facteur c2 quelque part
Il se trouve que, suite à la lecture d'un article scientifique de JPP, j'avais signalé ce point là à Riazuelo il y a une vingtaine d'années par e-mail (suite à des échanges sur fr.sci.physics. J'ignorais alors son activité professionnelle, mais j'avais remarqué qu'on pouvait discuter sérieusement de sujets scientifiques avec lui).
Toutefois, quand Riazuelo parle d'interaction matière/matière gémellaire entre points podaux et anti-podaux, il s'agit effectivement d'un article de 1995. Je le cite :
En fait, et c'est sans doute la raison de supposer que la courbure est positive, on ne sent pas l'influence de la matière gémellaire située au point où nous nous trouvons, mais celle de la matière se trouvant au point antipodal. Encore une fois, je ne sais pas quelle justification l'on peut apporter à ce genre d'affirmation.
Entre temps, suite précisément à des échanges avec JM Souriau, JPP est passé à quelque chose de plus simple : un modèle a deux feuillets gémellaires plutôt qu'un univers unique se "repliant" sur lui même à la façon d'un ruban de Moebius (un univers doté d'une topologie de projectif P3 "repliant" les points podaux sur les points antipodaux). La justification que ne trouve pas Riazuelo à ce sujet est donc de nature topologique concernant le modèle cosmologique de JPP à cette époque. Toutefois, ce point n'est plus d'actualité vis à vis des travaux de recherche actuels de JPP.
Je cite encore Riazuelo
la seule solution autre que l'espace de Minkowski (dans le modèle de JPP où la masse totale de l'univers est nulle) correspond à un facteur d'échelle qui croît linéairement avec le temps. Dans un tel modèle, JPP fait (justement) remarquer que la courbure spatiale est négative (c'est écrit noir sur blanc dans le texte). JPP a-t-il seulement remarqué que cela contredisait son hypothèse de départ (où elle est positive) ? Si oui, il est malhonnête. Si non, il ne se rend pas compte que son modèle s'exclut de lui-même de façon assez irrémédiable, puisqu'un espace à courbure spatiale négative est infini, et qu'on n'a plus de relation entre un point et son image antipodale à laquelle il tient tant.
Cette objection tombe avec le modèle actuel de JPP à deux feuillets gémellaires.
Là, il fait un ensemble de manipulations bizarres et affreusement mal décrites pour expliquer que en fait, le temps ainsi mesuré n'est pas le vrai temps indiqué par une horloge en raison d'une hypothétique « variation des constantes fondamentales », dont la seule raison d'être est de sauver un modèle qui est de toute façon complètement bancal. Ce passage fait beaucoup penser à de l'analyse dimensionnelle de base.
Concernant la qualification d'analyse dimensionnelle, c'est effectivement tout à fait comme ça que j'avais compris la démarche.
Pour ce qui est du temps, l'idée physique de JPP c'est que le "bon tic-tac" n'est pas celui pour lequel la vitesse de la lumière, la constante gravitationnelle et la constante de Planck sont toutes 3 effectivement considérées comme des constantes. L'idée de JPP, c'est que quand on remonte le temps avec l'échelle de temps actuelle (échelle dans laquelle le temps de Planck est une constante) il se passe "de plus en plus de choses" (l'entropie diminue de plus en plus vite).
Une autre façon de choisir le tic-tac temporel de référence, une façon dans laquelle il se passerait le même nombre "d'évènements marquants" par unité de (cette nouvelle façon de compter le) temps pourrait être (selon JPP), de choisir comme période de référence la période de rotation d'un système de deux masses en rotation autour de leur cdg (je me fie à ce sujet à des souvenirs datant de 2001, époque où j'avais un peu lu certains articles scientifiques de JPP). Dans cette façon d'égrener le temps, le big bang serait rejeté vers moins l'infini (1).
Concernant, le modèle cosmologique de JPP à constantes variables, il y a effectivement des questions auxquelles je n'avais pas trouvé de réponse, notamment le point soulevé par Riazuelo
en redéfinissant son étalon de longueur tau = t / T, JPP oublie qu'il suppose ensuite que son étalon de durée, qu'il note T varie au cours du temps, et que donc on n'a pas comme il dit dt = T dtau, mais dt = T dtau + (dln T/dln t) dt
mais ça peut simplement (voir probablement) signifier que je n'ai pas compris le point correspondant ou encore l'endroit où il "retombe sur ses 4 pattes". C'est un vrai chat JPP quand il fait de la physique. JPP est fascinant par l'intuition physique dont il fait preuve face à telle ou telle problématique. Il trouve d'abord la solution, puis trouve petit à petit le chemin rationnel qui y mène. Parfois, il commet (me semble-t-il) une erreur à une page, par exemple une erreur de signe, mais il retombe sur ses pattes trois pages plus loin par une pirouette (une deuxième erreur de signe, me semble-t-il, annulant la première), une pirouette qui repose, en fait, sur son excellente intuition de physicien.
la présence avérée d'énergie noire
J'aurais plutôt dit la présence avérée, au vu des observations actuelles, d'un besoin de rajouter un certain nombre d'ingrédients dans un modèle cosmologique que l'on croyait correct sans ces ajouts avant ces observations. L'introduction de matière noire, d'une constante cosmologique et du scénario d'inflation sont les ingrédients actuellement envisagés. JPP envisage, quant à lui, l'introduction d'anti-matière à masse négative (interagissant seulement gravitationnellement avec la masse positive que nous observons et dont nous sommes faits).
Hypothèses ad hoc (forme de la variation des étalons de durée)
Si Riazuelo évoque certains points du modèle cosmologique à constantes variables, c'est aussi un peu l'impression que j'en avais retiré. Je ne sais pas, toutefois, quel est le niveau de dépendance du modèle Janus vis à vis de son modèle cosmologique à constantes variable. Par ailleurs, il est à noter que ce modèle à deux feuillets gémellaires à temps propres opposés et des masses de signe opposé correspond à un point de vue qui avait aussi été développé par Sakharov. Attention donc, de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
Méconnaissance ou incompréhension de notions de cosmologie (problème de l'horizon, notamment)
Là j'aurais besoin de plus de détails. Dans ce que j'avais lu de JPP (il y a longtemps), j'avais le souvenir du fait que JPP était extrêmement conscient de l'importance de la notion d'horizon cosmologique. En particulier, il mettait l'accent sur le fait que l'homogénéité de l'univers primordial posait problème précisément en raison d'un problème d'horizon cosmologique (problème à ce jour résolu par la période dite d'inflation dans le modèle cosmologique standard).
Aucune prédiction quantitative, et par conséquent aucune comparaison aux données actuelles. C'était pardonnable en 1995, mais certainement plus maintenant. En cosmologie comme ailleurs en astrophysique, on ne peut prétendre avoir le moindre sérieux si on ne fait pas de prédictions quantitatives.
Mouais. Pas faux. C'est bien pour ça que j'ai une confiance un peu mitigée dans des modèles se voulant définitifs rajoutant tous les dix ans de nouveaux ingrédients pour recoller à des observations qui contredisent leurs précédentes prédictions (et que dire, donc, de la théorie des cordes, des collisions de branes ou de la permutation entre dimension spatiale et dimension temporelle au franchissement de l'horizon de Schwarzschild).
Si on voit le modèle de JPP pour ce qu'il est, une voie de recherche, et ce avec des moyens et des appuis limités (voire même des oppositions assez marquées, cf. par exemple un colloque sur les astroparticules, organisé à Montpellier par Gilbert Moltaka), on peut se montrer un peu plus indulgent.
En tout cas, l'article de Riazuelo est intéressant. Dommage qu'il en soit resté aux premières approches de JPP datant de 1995, mais je suppose que cet article n'est, en fait, pas récent. Ce qui serait intéressant, ce serait un échange (courtois) d'articles scientifiques entre Riazuelo et JPP concernant son modèle Janus actuel (comme ça se fait parfois sur d'autres sujets scientifiques quand il y a débat relativement à tel ou tel modèle).
Concernant la difficulté de JPP a être écouté dans le monde scientifique cela tient, certes, en partie à ses centres d'intérêt, mais aussi au fait que, comme dans toutes les professions, la réussite demande (le plus souvent) une bonne dose de "politique", le choix des bons "éléments de langage" et pas seulement de la compétence. La politique au sens
- aptitude à se faire les bons "amis",
- aptitude à identifier et neutraliser ses ennemis,
- choix de la façon de dire les choses,
- aptitude à se taire même si on pense avoir des des choses à dire mais que ce n'est pas le bon moment ou encore parce que l'on a compris ou intuité que les exprimer provoquerait une réaction de rejet donc n'aurait pas d'intérêt, etc, etc
Ce n'est pas réellement un domaine d'excellence de JPP (c'est un euphémisme). C'est pire que ça. Il est hostile à tout ce qui s'approche de près ou de loin à de la diplomatie ou de la politique au sens précédemment défini. Il est bien meilleur physicien ET ingénieur que politique. Un peu de politique et de diplomatie ne nuit pas, à mon sens, quand c'est fait avec mesure et dans le respect de ses interlocuteurs.
(1) Un peu comme si on choisissait une échelle de temps de type tau=T0 ln(t/T0) où
- t =T0 représenterait l'instant présent et t = 0 le big bang dans l'échelle de temps actuelle,
- tau = 0 l'instant présent et tau = - infini le bigbang dans la nouvelle échelle.