Carabistouille a écrit : 17 mai 2018, 09:21
Là où c'est délicat, c'est que vivre à l'état sauvage, ce n'est pas forcément "vivre en harmonie".... Ou alors il faut définir de quoi on parle.
À une époque je m'occupais d'un tout petit élevage de cochons. Élevés en plein air, on leur fichait la paix durant leur première année d'existence, après quoi ils étaient amenés dans un abattoir. Pendant leur courte vie, ils étaient limité dans l'espace par une clôture, mais ils avaient énormément de place. À tel point que le seul moyen de vérifier qu'ils allaient bien, c'était évidemment le moment où ils venaient à leurs auges pour manger. Le reste du temps , ils étaient introuvable dans le parc (grand parc sauvage avec plein de genêts). Ils avaient des abris, pour dormir et se protéger de la pluie et du vent, dont la paille était régulièrement changée. Nourriture et eau en suffisance. Bref, ils menaient leur petite vie de cochon, sans prédateurs, sans stress particulier (hormis leur première rencontre avec l'électricité de la clôture!).
J'ai tenté d'imaginer un de ces cochons s'échapper et partir dans la forêt...Sincèrement, je ne suis pas convaincu qu'il aurait mieux vécu. Peut-être plus longtemps, éventuellement (ceci dit, le loup était présent pas si loin que ça...), mais avec certainement aussi plus de stress, j'imagine.
Tout dépend comment on voit les choses. Personnellement, j'aime vraiment la philosophie vegan et antispéciste mais je ne suis pas un extrémiste. Je pense qu'il y a autant de pratiques de pratiquants. Ceux qui ne veulent pas vivre en compagnie des animaux... je ne suis pas d'accord. J'aime les animaux, j'aime les humains et j'aime vivre en compagnie de deux. J'adore ça.
Dans ton exemple, effectivement tu décris un cadre de vie qui a l'air assez paisible pour les cochons.
Néanmoins je vais prendre un ton un peu provocateur (j'aime ça

), si on te fait vivre jusqu'à l'âge de 20 ans dans un cadre plutôt idyllique mais qu'on te tue alors que tu es peut-être en pleine bonne santé pour nourrir ceux qui s'occupent de toi. Je sais que si je te demande si à cette place tu te sentirais bien je fais de l'anthropomorphisme. Néanmoins on peut faire l'hypothèse que ça leur crée peut-être un inconfort un certain moment. Parce que si c'était pas si dérangeant de vivre de façon confortable et d'être abattu un jeune âge alors pourquoi on ne fait pas pour se nourrir entre nous ou je ne sais pas produire de l'électricité avec les cadavres de jeunes de 20 ans (puisque je crois que manger des membres de sa propre espèce créent la maladie du kuru...).
Certains diront peut-être qu'ils préfèrent vivre 20 ans une bonne vie de façon certaine plutôt que de vivre une vie complète avec tous les aléas de la vie actuelle. Parce que c'est une expérience de pensée, je fais l'hypothèse que devant le fait s'il était réel les mêmes personnes change d'avis.
Or en tant qu'êtres humains, je pense que nous avons le devoir de notre savoir. C'est-à-dire puisque nous sommes si cultivés sur le monde de la nature, nous nous devons d'avoir une attitude une peu plus regardante sur les espèces qui ne peuvent pas avoir ce regard.
Et puis ce qu'on oublie de dire, c'est qu'il y a les petits porcelets. Peut-être pas là où tu travaillais, mais il y a plein d'endroits où on enlève ses porcelets qui sont encore dans une certaine nécessité une proximité affective avec leur mère. Je ne fais qu'une hypothèse sur le malaise ressenti par les truies mais chez les vaches c'est sûr qu'elle témoigne en criant de leur détresse lorsqu'on enlève les veaux pour leur pomper le lait comme des usines sans système nerveux.
Une autre chose encore sur cet exemple que tu donnes, c'est la dimension du parc. Je serais content le jour où je verrais des animaux dans des enclos ou des parcs qui correspondent à leurs vrais besoins et à leurs vraies envies de se dégourdir les jambes. Après bien sûr que l'anthropomorphisme est tentant. C'est bien ce qu'essaye de dire Yann Moix dans la vidéo lorsqu'il dit que les animaux n'ont pas de projet.
Moi j'aimerais savoir si on peut manger un cochon mort de vieillesse? Parce que dans ce cas ça me dérange pas du tout et je trouve même ça écologique! Pour peu que ce soit du porc bio!
les extrémistes parlent d'exploitation d'animale dès qu'un animal est utilisé à des fins humaines... moi je ne suis pas d'accord avec eux. Comme tu le dis très bien, on leur construit une protection contre les prédateurs, on leur fournit des soins vétérinaires pour leur éviter la souffrance (si on les tue pas et on ne consomme pas de façon outrageuse leur production et leurs enfants), on leur apporte de l'eau et de la nourriture...
nous pourrions donc imaginer un lieu où non pas pour les cochons mais pour les vaches, chèvres, brebis, poules... ou l'harmonie serait que chacun s'entraide. On ne tue pas les veaux et on ne les enlève pas de leur mère mais on leur prend un peu de lait de façon raisonnable pour notre consommation. Je ne suis pas contre cela, je suis même plutôt pour car j'adore le lait et je suis sûr que dans une certaine mesure c'est bon pour la santé ou du moins ce n'est pas plus nocif que les laits végétaux. Mon choix de non consommation de lait est purement éthique (et aussi un peu pour la santé et l'écologie). Pour les poules c'est pareil, il pourrait y avoir des fermes où on leur laisse de temps en temps avoir des poussins (et pas pour les passer au broyeur), bref un vrai respect avec un apport mutuel entre l'homme et l'animal. Une sorte de ferme où on ne tue pas, et où on n'enlève pas les enfants et/ou la possibilité d'en avoir.
Ça ça serait pour moi un truc idéal, donc on est loin des extrémismes. Je resterai donc végétarien mêlé d'un fort respect pour la vie des animaux et leurs besoins de base.